Into the promised land // DakoTim

CW : religion, xénophobie

Et les Béatitudes, einh ? J’ai besoin de te les relire les Béatitudes, hypocrite ?

Comment me suis-je retrouvée en train de crier ça à un pasteur au milieu d’un jardin public de Seattle ? L’histoire est un peu longue : accrochez-vous.

Étape 1 : j’ai accepté la proposition de Shoshana Stonegold de venir faire une campagne de recrutement parmi les femmes qu’elle accueille au Snake Life. Parmi elles, une particulièrement avait retenu mon attention. Margot Tilbury avait survécu, grâce à l’aide d’une jeune gorgone (la nièce de Shoshana apparemment, j’ai pas tout compris à l’histoire), à une secte appelée Elysium. Abandonnée par ses proches, elle avait quitté Seattle et trouvé refuge auprès des Stonegold, à Phoenix. Avant son endoctrinement, cependant, son CV était resplendissant et notre entretien m’avait convaincu de lui confier le poste de RH pour ma branche en plein essor de Seattle. Après le fiasco Aurore Lecomte, je n’avais aucune envie d’y retourner souvent alors ça m’allait très bien.

Étape 2 : quelques mois plus tard, je passe vérifier pendant quelques jours que tout se passe bien. Même si le temps à Seattle est toujours aussi moche, je suis contente de voir que tout tourne bien. Lors d’un petit repas mi-business mi-perso, alors que je demande à Margot comment elle gère la séparation avec la secte, elle me parle d’une communauté religieuse qui lui a donné ce même sentiment de solidarité dans une société froide et antipathique, mais sans la privation de liberté et l’intolérance. Tentée par cette occasion de renouer avec la foi, je prends leur contact. Jusqu’ici, tout va bien.

Étape 3 : cette étape vous apparaîtra peut-être hors-sujet. Pourtant, elle ne l’est pas. La veille de notre récit, je vais boire avec un groupe de filles avec qui j’avais travaillé à Seattle pendant la guerre. C’est la sortie la plus déprimante que j’ai vécu (et pourtant, rappelons que j’ai appris la mort de ma crush en plein milieu d’un date dans cette même foutue ville de Seattle). Toutes mes anciennes collègues sont soit en dépression et le rappellent entre chaque respiration soit avec un esprit de compétition extrêmement désagréable où elles critiquent toute la vie des autres en se comparant de façon élogieuse. De l’alcool fut nécessaire pour survivre aux multiples remarques sur mon absence de vie amoureuse, sociale ou familiale, sur les questionnements éthiques de mon métier et sur mes goûts apparemment critiquable en terme de musique, de mode, de vlogs YT…

Étape 4 : conséquences de l’étape 3 : j’ai une mauvaise gueule de bois. Je me trompe donc d’adresse pour le rendez-vous. Absolument pas consciente de ça, je m’assois sur un banc de l’assemblée, agréablement posée sur le bord d’un joli parc public ensoleillé. Je chante avec le reste de la communauté (aucun drapeau rouge ne s’élève quand on chante pour que l’Esprit Saint vienne ou que pour que Dieu ne nous pardonne nos péchés : c’est relativement consensuel même pour une personne au christianisme aussi atypique que le mien) jusqu’à ce que le pasteur commence à parler. Et là, tout dérape.

"Le Deutéronome nous enseigne de brûler les sorcières ! Qu’attendons nous, maintenant que Cordelia Kane, bras armé sur Terre des volontés divines sur ce pays qu’Il a élu comme son nouvel Eden, a réalisé une liste des pécheresses, pour purger notre société et devenir des vrais soldats du Christ ? "


Je peux vous le dire : la xénophobie, y’a pas mieux pour vous sortir d’un coup de votre gueule de bois. Debout sur un banc, je me retrouve à crier contre cet apôtre du meurtre quand une cinquième étape intervient. Je vois dans la foule un visage connu :

Tim ? Qu’est-ce que tu fous avec ces losers ?

Comment est-ce que je connais ce charmant docteur anglais ? Ça ferait une étape de trop pour un post déjà trop long : vous le saurez bientôt !