In need of hope | Shosh & Eira

Personnage Eira Cassidy
Date Été 2020
Lieu Snakes Life, Phoenix


Elle était perdue, complètement bouleversée par toutes les émotions qui l'assaillaient. Quand elle avait sauté dans le premier avion, elle n'avait même pas regardé où elle se rendait, mais une fois arrivée...Elle était loin de tout ce qu'elle avait toujours connu. Elle l'avait voulu, bien entendu, mais entre vouloir quelque chose et y être confronté, cela faisait une sacrée différence. Que pouvait-elle faire, où pouvait-elle aller, qui aiderait une étrangère dans ce pays déjà si divisé par toutes les révélations qui avaient été faites au cours des années écoulée...? Elle se sentait si isolée, si elle n'avait pas été aussi décidée à changer de vie, elle aurait pu regretter son choix et vouloir rentrer, uniquement pour ne plus se sentir si seule et perdue face à l'immensité du monde et à cette ville inconnue et nouvelle...

Le motel qu'elle avait trouvé était minable mais il y avait un point positif : la gérante qui lui avait parlé deu centre d'aide pour femmes. Elle aurait aimé pouvoir s'en passer, pouvoir se débrouiller seule et être la femme forte et indépendante qu'elle s'imaginait être. Sa fierté, elle en avait peu mais il en restait encore, la piquait rien qu'à l'idée de se rendre là-bas. Mais avait-elle le choix...? Non, elle ne l'avait pas. Elle devait aller voir des gens en mesure de l'aider, au diable sa fierté, au diable ce qu'elle pensait. Si elle voulait changer, si elle voulait avoir une nouvelle vie loin de la souffrance et de la manipulation, elle devait faire des efforts, elle devait prendre sur elle.

Franchir les portes avait été compliqué, elle avait longuement hésité alors qu'elle se trouvait devant le centre. En premier lieu à cause de ses angoisses et de sa fierté, mais aussi et surtout parce que ça ne ressemblait pas à un centre d'aide. La gérante du motel lui avait dit qu'elle pouvait venir, qu'elle serait en sécurité, mais ne s'était-elle pas trompé d'adresse en lui disant de venir jusqu'ici...? Elle espérait que non, que ce n'était pas une erreur. Elle poussa finalement la porte, se sentant presque plus perdue encore une fois à l'intérieur. Intimidée par le lieu, par la situation, la petite irlandaise essayait de savoir à qui parler et regardait partout, avec l'air de la souris terrifiée qu'elle était.

Ailish & Shoshana

It's who we are, we don't need no camouflage, it's a female federal and we're taking off. If you're with me, women, lemme hear you say.

La journée est plutôt calme. C'était quelque chose d'assez rare par ici. En temps normal, il y avait toujours quelqu'un pour pousser la porte, pour venir demander de l'aide. Shoshana aurait aimé ne plus avoir de travail, parce qu'alors cela voudrait dire que plus aucune femme n'avait de problème. Mais elle savait parfaitement que cela était illusoire. Si il n'y avait personne à aider en ce moment, elle se doutait que la journée ne se terminerait pas dans la même atmosphère. La tempête ne restait jamais bien longtemps au repos au Snake Life et son travail consistait souvent à attendre qu'un drame ne frappe à sa porte.

En attendant, elle se promène au hasard des couloirs du vivarium. Installer un centre pour femme attenant à un temple dédié aux reptiles avait toujours été un choix audacieux. Mais cela n'avait jamais réellement surpris Shoshana. Les gorgones avaient toujours eu un lien particulier avec l'animal au sang froid, le totem de leurs pouvoirs et de leur puissance. Aucune gorgone ne tremblait en passant ces portes et voir des humains inquiets ne faisait que leur rappeler une chose, leur travail était d'en faire des personnes si confiantes que jamais plus elles ne trembleraient devant quoi que ce soit.

C'est au détour d'un enclos qu'elle l'aperçoit. Elle est plantée là, perdue, juste devant la porte, comme si elle avait osé la franchir mais ne savait pas quoi faire ensuite. Une jeune femme, certainement intimidée ou qui ne s'attendait peut-être pas à trouver un tel lieu. Quoi qu'il en soit, c'est d'un pas sur que Shoshana se rapproche d'elle. Arrivée à sa hauteur elle lui sourit et lui parle d'une voix douce. « Bonjour Madame, je suis Shoshana, je travaille ici. » Elle l'observe un instant avant de continuer. Maintenant qu'elle se trouve en face d'elle elle tente d'analyser si oui ou non elle est venue admirer des serpents ou chercher de l'aide. Sa première intuition semble être la bonne, elle pourrait le lire dans les yeux de l'inconnue et les yeux, c'est son domaine. Pourtant elle lui demande quand même. « Est ce que je peux vous aider ? Etes vous venue rendre visite à nos pensionnaires ? » D'un geste elle montre les vitrines qui les entoure et continue. « Ou bien avez vous besoin d'autre chose ? D'aide peut-être ? » Et elle lui adresse un sourire bienveillant. Tout pour la faire se sentir en confiance.  

La jeune femme était en train de se dire qu'elle allait rebrousser chemin, pas parce que personne ne venait lui parler, mais bien parce qu'elle avait peur. Elle avait ces moments d'angoisse terribles où elle se disait qu'elle avait fait une erreur en partant, en quittant celui qu'elle aimait malgré tout et qu'elle devrait rentrer au plus vite, avant qu'il ne soit encore plus en colère qu'il ne l'était sans doute déjà. Presque tous les jours, elle avait ce sentiment qui voulait la tirer en arrière, la ramener à la maison. Et là, elle se sentait véritablement assaillie par cette sensation, prête à ployer sous le poids de cette prison mentale dans laquelle il avait réussi à l'enfermer...

La voix d'une autre femme la ramena à elle et la fit tourner le regard. Le sourire était rassurant et sincère, le ton de la voix doux, si bien que la jeune irlandaise commença à se calmer, à penser à autre chose. Elle ne souriait pas pour autant, en réponse à cette femme, bien plus âgée qu'elle, bien plus belle également, qui était venue la trouver. Elle aurait pu se sentir intimidée par une femme comme elle et pourtant, son ton de voix et son attitude criaient à l'irlandaise de lui faire confiance et de se détendre. Ce qu'elle fit, peu à peu. " Eh bien je...On m'a parlé de cet endroit, " commença-t-elle d'une voix timide, peu audible, habituée qu'elle était à devoir le plus souvent garder le silence. " On m'a dit que c'était un...refuge...pour les femmes... " Elle espérait ne pas se tromper, mais la douceur de cette femme lui faisait dire qu'elle était au bon endroit, que c'était bien ici qu'elle pourrait se sentir enfin en sécurité.