I feel it in my fingers (stonegoldmas)

Lun 23 Nov 2020 - 21:39

Stonegold Family

I feel it in my fingers, I feel it in my toes. Christmas is all around me and so the feeling grows. It's written in the wind, it's everywhere I go. So if you really love Christmas, come on and let it snow.

La maison sentait la cannelle et la sève de pin depuis plusieurs jours maintenant. Outre la préparation des différents plats qui composerait le traditionnel repas de Noël, Shoshana avait investi comme chaque année dans un nombre impressionnant de bougies parfumées qu'elle se plaisait à allumer régulièrement pour maintenir l'atmosphère festive dans toute les pièces. Cette année c'était à leur tour de recevoir. L'hôte pouvait varier, Dahlia ou Deirdre étaient aussi amenées à mettre la main à la patte d'années en années, mais elle avait toujours eu une préférence pour les années où la fête se tenait entre les murs de son foyer. Ici, elle était pleinement chez elle et elle pouvait choisir l'ensemble du déroulement des festivités. De plus, depuis les différents évènements ayant secoués la famille, la mort d'Eden, le départ de Caïn, elle avait l'impression que c'était dans sa propre maison que les tensions pouvaient être les plus basses. Pas que toute sa petite famille roule sur le bonheur, mais il lui semblait que c'était un environnement plus neutre, plus accueillant. Et puis de toute manière, ils n'avaient tous pas très loin à aller, les différentes maisons s'étendant sur le domaine. Il s'agissait autant d'un Noël en famille qu'entre voisins finalement.

Cette pensée la fait sourire alors qu'elle est assise tranquillement sur le canapé du salon, attendant l'arrivée des invités. Déjà elle imagine les rires et les discussions fuser dans la pièce encore vide, les estomacs se remplir, les yeux s'émerveiller à l'ouverture des cadeaux. Noël avait toujours été une période chère à son coeur, un moment de grâce au milieu du tumulte de la vie. Et ce sentiment c'était accentué avec l'arrivée de ses enfants. Il n'y avait rien de plus ravissant que leurs petits visages rayonnants devant le dernier jouet à la mode. Si cette époque d'innocence était désormais passée, elle ne se laissait pour autant pas de ces instants et continuait d'entretenir cette passion pour cette saison si particulière. Elle avait passé la fin d'après-mid à finir les derniers préparatifs et profite à présent de ces quelques instants de répits qui précèdent le grand boum. Les yeux papillonnants entre les différentes petites décorations installées avec gout et l'immense sapin s'élevant dans un coin de la pièce, elle se dit qu'avec tout ça, elle a perdu le compte des aller et venues de la matinée et ne sait pas réellement qui est encore présent ou qui est parti acheter les derniers cadeaux à déposer à côté de la pile déjà bien fournie aux pieds de l'arbre. Quand la sonnette de l'entrée raisonne, son visage s'éclaire instantanément. Gracieuse, elle se lève de son siège et se dirige vers la porte, appelant au cas où dans le hall d'entrée. « Ezra, Holly, Rhaegar, les invités arrivent. » Et d'une main délicate, elle tourne la poignée de la porte.

Holly était enfermée dans sa salle de bain, tentant de discipliner ses cheveux rebelles. Sa tignasse brune aux reflets dorés refusait de rester en place. Elle avait réussi à se maquiller, elle avait enfilé sa petite robe noire, mise des collants pour ne pas avoir froid mais ses cheveux refusaient de tenir en place, la faisant râler tandis que l’heure tournait. Le reste de la famille ne tarderait pas à arriver et elle n’était toujours pas prête et ne pouvait pas aller donner un coup de main à sa mère pour les derniers préparatifs. Elle fit une pause pour accrocher une paire de boucle d’oreille à ses oreilles, mettre un collier et quelques bagues à ses doigts, avant de se remettre face à son miroir le regard déterminé. Elle s’arma de sa brosse et d’épingle à chignon. Elle commença à rassembler ses cheveux en un chignon, avec des gestes lents et une concentration digne d’un passage d’examen. Elle adorait passer les fêtes en famille, mais dompter ses cheveux en dehors d’une queue de cheval était à chaque fois mission impossible. Elle ne savait comment sa mère avait fait durant son enfance, car aujourd’hui, elle galérait et s’énervait face à eux. Ce fut d’ailleurs la voix de Shoshana qui la fit sursauter, les appelant. Les autres arrivés. « Et puis merde ! » râla-t-elle. Elle abandonna, l’idée de coiffer ses cheveux. Elle passa deux coups de brosse pour les remettre d’aplomb et rangea le tout avant de descendre précipitamment, tout en tapant quelques coups à la porte de son frère. « Dépêche ! » lança-t-elle avant de descendre les escaliers pour accueillir le reste de la famille. La maison sentait tellement bon, sa mère s’était encore surpassée en cuisine et Holly eut un pincement au cœur de se dire qu’elle ne l’avait pas aidé. Son obsession pour ses cheveux la perdrait.

Elle rejoignit sa mère dans le vestibule qui ouvrit la porte. Elle posa son menton sur l’épaule de sa mère, un sourire espiègle sur les lèvres. La soirée s’annonçait belle, chaleureuse et joyeuse. Ce soir, ils mettaient tous leur préoccupation de côté, les soucis et les tensions politiques dans un coin pour profiter du réveillon pleinement. C’était ce qu’aimait Holly avec Noël, le temps semblait se suspendre et ne pas avoir d’emprise avant de reprendre son cours le vingt-six. Une bulle d’insouciance lui rappelant l’enfance. Une sorte de madeleine de Proust dont elle ne se lassait pas.

I feel it in my fingers

let it snow, let it snow, let it snow

Le plafond avait tournoyé lorsqu’Ezra s’était couché la veille. À gauche, à droite, à l’envers et à l’endroit; lui qui avait rêvé de la chaleur de ses couvertures et du confort de son matelas, il avait regretté de s’être allongé, sa chambre se transformant en montagnes russes dans lequel il n’avait aucune envie d’embarquer. Trouver le sommeil avait été dur, ses pupilles refusant de rester fixes alors que son esprit tourbillonnait à la merci de son thalamus débalancé. Peut-être s’était-il même levé une fois ou deux, les genoux sur le carrelage froid de la salle de bain et sa tête aux mèches sauvages écrasée sur le siège de la toilette, mais il n’en était plus très sûr. La nuit passa comme une simple rêverie, à la fois beaucoup trop rapide et beaucoup trop lente, son sommeil peu réparateur interrompu par un son de jointures frappant à sa porte et la voix de sa sœur lui intimant de se dépêcher. Merde. Il s’assied d’un coup sec dans son lit défait, trempé de sueur, et un regard à son réveil qui indiquait qu’ils étaient bien avancés dans l’après-midi lui arracha un juron marmonné. Il avait dormi beaucoup trop longtemps. C’était quel jour déjà ? Ah oui, Noël. Comment avait-il pu oublier ça ? Il savait comment cette journée importait à sa mère, et il n’avait jamais manqué une seule occasion d’être présent, proprement habillé et bien coiffé, l’air reposé. Alors qu’il réprima un nouveau haut-le-coeur, les souvenirs de la veille lui revenait à l’esprit par morceaux désordonnés. La Nouvelle-Orléans, la bouteille d’eau de mer, le café… puis tout avait dégénéré. Il n’était même plus certain comment il avait réussi à se rendre chez lui. Un portail ? Rhea ? Aussi fort qu’il essayât de se souvenir, la fin de la nuit restait dans son cerveau fatigué un puit noir et sans réponses.

Il tituba en dehors de son lit, son sens de l’équilibre encore un peu dérangé, alors qu’il essayait de se traîner vers sa garde-robe. Le t-shirt taché d’alcool et les boxers s’échangèrent pour un suit chic qu’il avait magasiné avec Shoshana quelques semaines plus tôt, assorti à celui de son père. Il ne remarqua même pas que sa cravate était un peu de travers alors qu’il sortit de la chambre pour se coiffer dans la salle de bain. Il ne se reconnu presque pas dans le miroir; c’est un visage déshydraté et des cernes foncées qui le dévisageait dans la glace, ses cheveux brun foncé en bataille sur sa tête. Un nouveau juron murmuré. Il entendait déjà ses parents le gronder et lui poser des questions sur la veille; où il se trouvait, pourquoi il était rentré aussi tard. Il ne pouvait pas se présenter ainsi devant sa famille, encore moins devant son père. Désespéré, il passa un coup de peigne dans ses cheveux, ce qui lui donna un air un peu plus présentable, et il fouilla dans le matériel de maquillage de sa sœur pour trouver un peu de fond de teint, de quoi cacher ses horribles cernes. Elle ne lui en voudrait pas il était sûr, de toutes façons, elle n’allait jamais le remarquer.

En descendant les escaliers, il se força à garder la même posture droite et fière qu’à l’habitude, mais il était bien difficile d’ignorer ses yeux épuisés et sa pâleur générale. L’odeur de la cuisine l’aurait normalement fait saliver, rien n’était meilleur que la cuisine de sa mère durant les fêtes, mais aujourd’hui les odeurs avaient un autre effet, renforçant son mal de cœur douloureusement. Restant un peu en retrait de la porte d’entrée qui accueillait différents membres de la famille, assied sur le sofa du salon, il salua tout le monde de signes de tête et de mains polis ainsi que des convenances verbales simples. Où était Reby ? S’il y avait bien quelqu’un qui allait pouvoir le sauver de l’embarras en trouvant des excuses farfelues c’était son cousin. Visiblement, il était en retard. Peut-être avait-il des difficultés lui aussi ? Il savait que sa pâleur et son silence n’allait pas échapper à l’œil observateur de sa sœur et de sa mère. Il attrapa son téléphone et texta Erebos discrètement, pour lui demander s’il arrivait bientôt.

egotrip

Âge : 32 ANS (01/01/1990) ❁ elle pensait pas vivre aussi vieille

I feel it in my fingers.

Stonegold Christmas 2020

Fredonnant et sifflotant, Erebos quitta son appartement à une heure qu’il estima être correcte. Depuis qu’il avait réalisé, trois jours auparavant, que sa montre avait rendu l’âme, le jeune sorcier ne se fiait qu’à la position de l’astre du jour dans le ciel. Certains diraient qu’il aurait été nettement plus simple et avisé de simplement utiliser son smartphone, comme tout le monde … mais l’idée n’avait même pas effleuré Reby.
Vêtu d’un sobre jean noir avec son pull rouge de Noël -celui-là même qu’il avait revêtu trois jours plus tôt, arrachant une grimace amusée à sa tante-, le jeune sorcier gambadait d’un pas léger en direction de Paradise Valley.
Clignement. Clignement. Mouvement de tête. Clignement.
La nuit était tombée depuis un moment déjà, la lune levée au-dessus de sa tête comme une douce promesse. Promesse d’une soirée agréable, avec sa famille. Les seuls êtres au monde qu’il aimait autant qu’il les craignait. Il songea à tous ces visages familiers et pourtant parfois si durs. Sa tante Deirdre, célibataire contre son gré, qui serait certainement arrivée avec plusieurs heures d’avance pour aider à tout préparer. Rhaegar et Shoshana, qui accueillaient le réveillon cette année-là. Ses cousins, Holly et Ezra. Sa mère. Sa sœur.
Ces deux derniers visages avaient une teinte différente dans l’esprit du blond. Deux âmes dont il s’était cru proche avant de réaliser combien tout les opposait. Alaska, notamment, avait pris ses distances avec son jumeau au fil des années ; elle n’était aujourd’hui plus qu’une étrangère dont le seul regret était d’avoir grandi à côté de lui.
Une sonnerie bien connue s’éleva d’une des poches de son manteau troué, tirant le blond Stonegold de sa rêverie.
Het cousin, t’arribes quans ?
Ces quelques mots muets sur l’écran fissuré du téléphone provenaient d’Ezra. Evidemment. Le jeune dragon métallique s’impatientait, certainement. Les multiples fautes de frappe laissaient suggérer un message tapé à la va-vite.
Clignement. Clignement.

Reby sentit ses lèvres s’étirer en un large sourire. Il était attendu. Il était … effroyablement en retard, réalisa-t-il en fixant sourdement l’heure affichée en haut à droite de son écran digital.
Pressant le pas jusqu’à presque courir, les cadeaux bringuebalants dans son sac à dos usé jusqu’à la trame, le jeune homme finit par débouler devant le portail doré de la résidence familiale. Avec un soupir, il le déverrouilla et remonta en un sprint mémorable l’allée centrale qui menait au pavillon de Rhaegar et Shoshana.
Le battant, demeuré entr’ouvert -sans doute à son attention-, laissait échapper le bruit de conversations animées ainsi qu’une délectable odeur de cannelle et de basilic. Oui, Noël avait commencé. Cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, ses tics complètement oubliés sur le paillasson, Erebos se sentit enfin rentrer à la maison.
« Bonsooooooooooooooooooir ! » lança-t-il à la cantonnade, stagnant quelques instants dans l’entrée pour y accrocher son écharpe au porte manteau et y reprendre son souffle.
En quelques pas guillerets, le sorcier déboucha dans le salon où les festivités venaient, semblait-il juste de débuter. Comme le laissait présager l’heure tardive, Reby était le dernier arrivé, et toute la famille se retrouvait, rassemblée en petits groupes disséminés dans le salon. Seul Caïn manquait … mais Erebos ne laissa pas sa pensée s’attarder sur son cousin, dont tous disaient qu’il avait trahi ses origines. Il avait un tout autre jeune homme en tête, et …

Là ! Reposant sur l’un des somptueux sofa de Shoshana, le teint olivâtre et les yeux perdus dans le vide, Ezra tentait visiblement de se donner une contenance. Contenance que son aîné allait se faire une joie de lui fournir. Ignorant la nuée féminine qui papillonnait dans la pièce et autour de Rhaegar, Erebos s’élança en trois grandes enjambées avant de se laisser tomber sur le canapé à côté de son cousin.
« Saluuuuuuuuut toi ! » fit-il avec un sourire extraordinairement large.
Clignement d’yeux au placard, Erebos se contenta de passer ses bras autour de son jeune cousin dragon et de le serrer fort contre lui. Très fort. Comme lorsqu’ils étaient enfants et cherchaient à se montrer leur affection si fort qu’ils se briseraient les côtes. (à noter : Ezra avait effectivement cassé une côte à Reby, une fois, mais c’était lors d’un tournoi intergalactique de baseball Lovecraftien, un sport inventé par les deux cousins qui consistait à taper dans tous les objets verdâtres qu’ils rencontraient au moyen de longs manches à balai … et non lors d’une de leurs fraternelles étreintes) (notons également qu’il n’y avait que deux participants à ce tournoi intergalactique, Ezra et Erebos, et que suite au tragique incident du vase brisé en 2009, les compétiteurs furent renvoyés chacun dans leur chambre par une gorgone furieuse, laissant le titre de champion inoccupé depuis).
« J’ai eu ton message, déso d’être en retard ! » glissa-t-il dans le cou du petit brun, qu’il tenait serré contre lui comme si sa vie en dépendait.
Puis, avec un regard inquisiteur pour l’air douloureux de son cadet, il questionna à voix basse, sa légendaire diplomatie au bout des lèvres : « Est-ce-que tout va bien ? T’as pas l’air très frais, Ez’. »

Dim 24 Jan 2021 - 17:57

Stonegold Family

I feel it in my fingers, I feel it in my toes. Christmas is all around me and so the feeling grows. It's written in the wind, it's everywhere I go. So if you really love Christmas, come on and let it snow.

La maison se remplie rapidement. Quand elle ouvre la porte pour laisser entrer Dahlia et Alaska, souriant à l’absence de Erebos, se doutant que son jeune neveu arriverait en retard, comme toujours. Quand Holly plante sa tête sur son épaule et qu’elle sent son souffle dans son cou. Quand Deirdre sonne à son tour, peu de temps après pour rejoindre le petit groupe déjà formé au salon. Quand Ezra les rejoint finalement, l’air légèrement malade. Ou encore quand Rhaegar sort de la cuisine, une bouteille de champagne à la main pour lancer le début des festivités. Voir sa famille réunie dans le salon lui donne chaud au cœur. C’est le genre de tableau pour lequel elle s’est longtemps battue, c’est tout ce qu’elle a toujours recherché. Des gens qui se retrouvent avec bonheur pour échanger des anecdotes et des rires, pour célébrer le fait d’être ensemble et de partager une histoire et des traditions communes. Elle est en grande discussion avec Dahlia sur les voisins qui viennent d’emménager, quand Erebos arrive enfin, grand sourire aux lèvres et entrain débordant. Maintenant que tout le monde est là, la fête peut réellement commencer. Elle se lève tranquillement, jette un regard à l’assemblée, se place derrière son mari assis, glisse ses mains sur ses épaules. « Et bien, maintenant que tout le monde est là, elle adresse un petit clin d’œil à Erebos, se remémorant leur après-midi emballage de cadeaux trois jours plus tôt, il est temps de passer aux choses sérieuses. » Elle laisse s’échapper un petit rire enjoué alors que son regard s’attarde un instant sur son fils. Ezra n’a réellement pas l’air bien et ses tentatives pour masquer ouvertement sa condition ne réussissent pas à berner la gorgone. Elle fronce légèrement les sourcils. Les enfants pensent toujours être plus malins que leurs parents, comme si ces derniers n’avaient jamais eu leur âge et n’étaient pas passés par les mêmes déboires qu’eux. Le voyant en grande discussion avec son cousin, elle décide pourtant de ne pas insister, pour l’instant.

A la place, elle se tourne vers Holly. « Holly ma puce, tu viens m’aider pour les petits fours ? » Et sans attendre sa réponse, elle se dirige vers la cuisine. La mère et la fille s’étaient amusées à préparer de nombreux petits fours au cours de l’après-midi. Si Shoshana s’était chargée du gros des préparations du repas, elle aimait toujours passer quelques instants privilégiés avec sa fille, profitant de l’occasion pour partager un moment agréable avec elle. « Ton frère n’a pas l’air en forme, tu sais où il était hier ? » Elle demande l’air faussement innocent, sachant pertinemment qu’elle ne saurait lui cacher ses réelles questions. En même temps qu’elle parle, elle sort du fort plusieurs plateaux et dispose le contenu sur de grandes assiettes. Passant près de Holly, elle s’arrête un instant, pose sa main dans son dos et ajoute. « Tu es superbe ce soir, cette robe te va si bien. » Elle la serre un petit peu contre elle et se dirige d’un pas décidé vers le grand frigo. Elle s’en voulait un peu de ne pas avoir appelé directement Ezra si elle avait des questions à lui poser, Holly n’était pas responsable pour les actions de son frère. Sortant des petits bols remplis de différentes sauces dans lesquelles tremper des petits légumes ou des chips artisanales, elle pose le tout sur un grand plateau et se retourne vers Holly. « Tu peux amener ça ? Je te suis avec le reste. » Puis, elle s’empare des assiettes préparées quelques secondes plus tôt et emboite les pas de sa fille. En revenant dans le salon, elle retrouve rapidement l’attitude festive, disparue en quelques secondes dans le chaos de la cuisine. Elle dépose les différentes assiettes sur la grande table basse et se saisit d’une coupe de champagne. « Joyeux Noël à tous, j’espère que ça sera bon ! » Elle fait une petite grimace, lève son verre puis le porte à ses lèvres pour avaler une petite gorgée.

Âge : 26 ans (14/04/1995)

I feel it in my fingers

Family Stonegold, Noël 2020

Noël, une fête de réjouissance et de festivité. C'était aussi l'occasion de se retrouver tous en famille. Tous ensemble. La grande famille au complet si on mettait de coté l'absence de mon père et de mon cousin. Je me souvenait des autres Noël, ceux ou il y avait encore tout le monde.
Je secoua la tête, chassant les idées un peu sombres qui flottaient dans mon crâne. Cela serait une bonne soirée. Je ferais tout pour, en tout cas.

Histoire d'être sur mon trente et un, je passais un certain temps dans la salle de bain. Après avoir eu une longue hésitation sur ma tenue, mon choix se porta sur une robe argenté qui m'arrivait aux genoux. J'avais aussi mis une paire d'escarpin de la même couleur puis passa à ma coiffure. Là, encore, je pris également tout mon temps, j'étais loin d'être narcissique mais j'aimais être bien apprêtée pour ce genre occasion, on ne fête pas Noël tout les jours. Une point de maquillage et j'étais enfin prête.
Ma mère et moi avions convenue d'aller chez ma tante, toute les deux. Nous vivions dans le même domaine, il n'était pas question d'y aller autrement. Je regarda l'horloge, nous étions dans les temps. Je connaissais ma mère pour savoir qu'elle appréciait la ponctualité.

Le temps lui donna raison quand nous arrivions chez Shoshana dans les temps. D'un simple coup d'œil, je vis que mon frère n'était pas encore présent. Mais il n'allait pas rater cette petite réunion de famille.
Notre hôtesse retourna en cuisine avec ma cousine Holly. J'avais aussi aperçu mon cousin non loin, assis seul sur le sofa, l'air étrange. N'étant pas aussi proche de lui que de Reby, je préférais rester à l'écart. Je ne disais pas que son mal-être ne me faisait rien, simplement, je n'étais pas la personne à qui il allait se confier. Donc, je restais au coté de ma mère, qui était en pleine conversation animé au sujet du voisinage.

Puis, mon jumeau nous avait enfin rejoint, il semblait content, la mine heureuse. Elle croisa rapidement son regard sans échanger une parole. Je restais auprès de la gente féminine tandis que Reby rejoigne son cousin. Je me désolais de le voir si loin de moi, on avait presque l'impression que nous étions devenu des étrangers. Pourtant, il y avait une époque ou nous étions toujours l'un avec l'autre. Comment faire pour que tout soit comme avant ?
Son frère avait l'air d'avoir accepté cette séparation. Moi, non. Je ne voulais que ça se finisse comme ça.
Quand ma tante leva sa coupe pour souhaiter de très bonnes fêtes, je pris ma coupe pour me joindre à son geste chaleureux. Pas question de faire la tête.

- Joyeux Noël !

Je profitais de la formation de petit groupe pour m'approcher de ma cousine Holly, c'était dans ce genre de fête que l'on revoyait des personnes qu'on ne voyait pas tout les jours. Après tout, elles s'étaient toujours bien entendu.

- Salut, Holly, tu as l'air en forme !

Code by Joy

Son frère arriva enfin. Il tentait de paraître droit, fier, inébranlable mais Holly connaissait assez son frère pour voir à travers son artifice. Qu’avait-il fait pour être dans un état pareil ? Elle n’en savait rien mais visiblement il n’avait pas totalement récupéré et la soirée allait probablement être bien longue pour lui. Elle se retint de soupirer et décida d’aller le voir plus tard. Elle salua sa cousine Alaska avec un grand sourire. Visiblement son frère était en retard. Erebos savait toujours faire des entrées fracassantes de toute manière. Mais elle n’eut pas le temps d’aller voir plus de membres de sa famille que sa mère l’appela pour l’aider en cuisine. « J’arrive Maman ! » répondit-elle avant de s’éclipser dans la cuisine avec Soshanna qui ne tarda pas à l’interroger sur l’état de son cadet. La jeune fille soupira et secoua la tête négativement. « Non, mais je pense que sa soirée a été arrosé pour qu’il est l’œil si vitreux. J’essaierai de lui tirer les vers du nez si tu veux. » Après tout, il pouvait peut-être plus se confier à sa sœur qu’à ses parents. Car se mettre dans un état pareil la veille de Noël ne se faisait généralement pas et ne ressemblait pas vraiment au Ezra que la jeune gorgone connaissait.

Dans le salon, elle entendit l’arrivée fracassante et joyeuse de son cousin. Elle continua cependant d’aider sa mère en cuisine qui lui fit un compliment sur sa tenue. Cela arracha un sourire gêné à la jeune fille. « Merci. » souffla-t-elle. Une mère pouvait-elle réellement être objective sur la beauté de sa fille ? Non. Mais c’était toujours plaisant à entendre.

La jeune fille attrapa le plateau que désigna sa mère et retourna dans le salon pour déposer le précieux contenu sur la table basse afin que tout le monde puisse se servir. Sa mère suivit et les coupes de champagne furent distribués, tandis que Shoshana lançait les festivités. « Joyeux Noël » répondit Holly avant de boire une gorgée du liquide pétillant. Elle n’avait pas l’âge légal pour consommer de l’alcool mais pour les fêtes un petit écart était possible, en famille...

Holly se tourna vers sa cousine, souriante. « Comment ne pas l’être pour Noël ? Comment vas-tu ? » demanda-t-elle. Cela faisait un bout de temps qu’elle n’avait pas vu sa cousine et les fêtes de fin d’année était un bon moyen de faire un point sur ce qu’il se passait dans la vie de ses proches.

I feel it in my fingers

In here they've got a little tree, how queer
And who would ever think
And why?
They're covering it with tiny little things
They've got electric lights on strings
And there's a smile on everyone
So, now, correct me if I'm wrong
This looks like fun

La soirée promettait d'être belle, douce et de permettre à tout un chacun de sortir de ce quotidien usant, de ces problèmes qui troublaient tous les esprits ces derniers temps. Et c'était clairement ce dont avait besoin Rhaegar ce soir. Entre ses responsabilités au Conseil, la politique de leur future présidente et le travail à la banque, beaucoup de choses reposaient sur ses épaules. Comme depuis toujours en fait. Mais parfois, l'ombre familiale et le poids des attentes se faisaient trop pesant sur le dragon. Parfois, il avait besoin d'oublier un peu. Et quoi de mieux que la famille pour cela ? Le soutien des siens, une chose sans laquelle il ne serait pas allé bien loin dans la vie, lui était aussi vital que l'air qu'il respirait, il aurait été incapable de se passer de sa famille, aussi dysfonctionnelle pouvait-elle être depuis que son neveu avait décidé de n'en faire qu'à sa tête. Heureusement que le cercle plus restreint de sa maison fonctionnait bien mieux : Shoshana, Holly et Ezra étaient autant de piliers à sa vie, autant d'ancres qui lui permettaient de toujours pouvoir se raccrocher à quelque chose.

L'odeur qui se répandait dans toute la maison suffisait déjà à faire passer les tracas quotidiens. Chaque fois qu'il rentrait d'une réunion ou de la banque, il se retrouvait dans ce cocon, qui sentait bon la cannelle et le pin, les arômes des fêtes de fin d'année en somme. Et à chaque fois, cela avait cet effet apaisant sur son humeur. Une soirée entière dans cette ambiance de fête serait plus que bienvenue pour faire oublier le reste, même quelques heures, de quoi le détendre, de quoi lui rappeler qu'il avait une belle famille les jours où il en doutait un peu, lui permettre de parler à ses enfants qui semblaient s'éloigner chaque jour un peu plus de lui et des gamins qu'ils avaient été un jour...Ce n'étaient d'ailleurs plus vraiment des enfants, tous les deux, mais que voulez-vous, on n'avait pas vraiment envie de voir grandir ses enfants, parfois. On avait juste envie qu'ils restent des gosses, des gosses faciles à protéger, à préserver du reste du monde et de ces changements...

Et c'était d'ailleurs un peu dans ce but qu'il ne rentrait à la demeure familiale qu'en fin d'après-midi, sans avoir vraiment mis la main à la pâte pour aider son épouse et sa fille dans leurs préparatifs. Mais qu'on ne dise pas que le dragon n'avait rien fait de ses dix doigts pendant l'après-midi ! Oh ça non ! Il avait couru les boutiques afin de trouver les derniers présents à rajouter sous le sapin, les derniers cadeaux qu'il voulait trouver lui-même pour les membres bien-aimés de sa chère famille. Car même si il pouvait sembler dur et exigeant, il voulait voir les sourires sur leurs visages et les petites étincelles dans leurs yeux. Comme quand ils étaient enfants et qu'ils déballaient les jouets qu'ils désiraient tant. Il espérait que ceux-là aient le même effet. Et pas que sur ses enfants, Rhaegar escomptait bien faire également impression sur son épouse, au moins, et ses sœurs, si possible. Quand il était rentré, il s'était dépêché d'aller déposer les dernières trouvailles au pied de l'arbre et avait filé pour se préparer, comme le reste de la famille. Du moins le supposait-il puisque, si il avait croisé Shoshana et Holly le matin, il n'avait pas vu Ezra de la journée. Intriguant mais pas plus inquiétant que cela, jugea le dragon alors que la soirée était sur le point de commencer.

La voix de son épouse appela toute la petite famille et ce fut avec un sourire aux lèvres que Rhaegar arriva dans l'entrée pour accueillir le reste de la famille avec les siens. Les siens, sauf Ezra. Retournant au salon avec tout le monde, il vit enfin son fils. Une mine défaite, des yeux fatigués, un teint qui n'annonçait rien de très réjouissant et, même si le jeune dragon tentait de faire illusion, Rhaegar voyait parfaitement qu'il n'était pas au mieux de sa forme. Quand les enfants comprendraient-ils qu'ils ne pouvaient rien cacher à leurs parents...? En particulier un état comme celui d'Ezra. Il avait été jeune aussi, le Rhaegar, même si il était parfois difficile à croire qu'il ait pu déroger à des règles de bienséance pour finir dans le même état que son fils actuellement. Alors il comprenait. Mais ce n'était pas pour ça qu'il s'en trouvait ravi. Il jeta à son fils un regard plein d'une certaine sévérité dont il avait le secret, on n'avait pas idée de se mettre dans un état pareil une veille de fête enfin ! Ce n'était cependant pas la peine d'enfoncer le clou, l'air malade du garçon était une punition suffisante pour la soirée, et Rhaegar passa simplement jusqu'à la cuisine.

Ramenant le champagne, le patriarche qu'il était se mit à servir les verres à ses invités, un pour chacun. D'accord, ses propres enfants n'avaient pas l'âge légal pour ce genre de boissons mais il semblerait bien qu'un certain jeune homme se moquait de cette limite de toute façon, quant à Holly, elle n'était plus une enfant non plus. Dans ce cadre familial, le dragon d'or se voulait détendu et n'allait certainement pas chipoter sur quelques années manquantes au compteur pour les laisser festoyer. Prenant l'un des verres comme les autres, il lança avec eux un « Joyeux Noël » enjoué et laissant une petite gorgée du liquide pétillant rouler sur sa langue avec plaisir. Il avait discuté avec ses soeurs, laissant les enfants entre eux, n'ayant même pas relevé le retard d'Erebos. De toute façon, à quoi cela aurait-il servi...? Il était peut-être un peu plus indulgent avec lui mais que ce soit la méthode douce ou la méthode forte, rien ne semblait prendre avec ce gamin. Et ce soir, il ne comptait pas s'énerver. Pas même avec Deirdre. Il préférait se rapprocher de sa gorgone et lui sourire, ravi de passer la soirée tous ensemble. « Tu t'es surpassé ce soir, je suis navré de ne pas avoir pu t'aider un peu avec tout ça, » dit-il en venant déposer un baiser sur la joue de son épouse tendrement.

code by Behemoth

I feel it in my fingers

let it snow, let it snow, let it snow

Ezra se sentait étranger, naufragé d’un autre univers sur le somptueux canapé de ses parents. Ce n’était pas un sentiment agréable. Mal à l’aise dans sa peau tirée, le tissu du complet comme autant de fibres rêches alors que normalement il n’aurait guère sourcillé. La cravate au nœud bien trop compliqué qui lui serrait le cou comme une vilaine corde. Même la piqûre du menthol qui collait à l’intérieur de ses joues, résultat d’un brossage de dents d’urgence, ne savait camoufler l’horrible goût de la veille. Il aurait voulu disparaître dans les coussins rembourrés, se faire oublier un peu pour que le mal être et la honte passe plus vite; horriblement conscient d’à quel point il détonnait au milieu de tous ses éclatants proches. Le cadet Stonegold avait l’habitude de se fondre dans cette masse dorée, dans le cachet étincelant des dragons métalliques, tout de droiture, de parfaites apparences et de blancs sourires, mais aujourd’hui il ne se fondait dans rien du tout. Le dos recourbé dans le salon, il avait l’air d’une caricature, une ridicule imitation de la grandeur de son père, ses cernes à peine camouflées et les yeux vitreux. Tache étrangère parmi les grandioses. C’est ainsi qu’il jeta un nouveau coup d’œil à son téléphone, les mots écrits à la va-vite sur l’écran restants en suspend dans leur petite bulle bleue, le petit crochet « vu » en guise de signature. Pourvu que son cousin débarque bientôt. Avec Reby, il n’avait pas besoin de faire semblant, pas besoin de se tenir à des standards impossibles; et un peu égoïstement, il savait que le sorcier et ses manières colorées ferait tant contraste qu’inévitablement, le poids du regard des autres sur sa silhouette maladive serait un peu allégé.

Tandis que d’autres invités arrivaient, Ezra croisa brièvement le regard de son père. Nul mots n’eurent besoin d’êtres échangés; la sévérité perçante dans les iris de ce dernier lui fit baisser la tête piteusement, fixant le bout de ses souliers comme s’ils étaient la chose la plus intéressante du monde. Il pouvait mettre tout le fond de teint qu’il voudrait, se redresser autant qu’il voudrait, Rhaegar lisait à travers lui, et il était déçu. La piqûre au fond de lui était sans doute plus vive qu’elle ne l’aurait été pour n’importe quel autre adolescent qui fait ses expériences, et il savait qu’il la sentirait encore bien brûlante dans les prochains jours. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Qu’est-ce qui le poussait autant à échapper à la surveillance molosse de leur garde du corps, à s’échapper de la maison pour aller faire le con avec de purs inconnus ? Il ne se reconnaissait plus, le Ezra fier et droit qu’il voulait être se battant férocement avec le Ezra chaotique et assoiffé de liberté qu’il avait été dans les derniers mois. Il savait deux choses pour sûr : il était vraiment con, et il ne toucherait plus à une goutte d’alcool pour le reste de sa vie. Peut-être n’était-il pas digne d’être le fils de son père au fond, peut-importe à quel point il savait se mentir. De toutes façons, il aurait bien du temps pour se taper mentalement sur la tête plus tard; pour le moment, valait mieux essayer de limiter les dégâts à son image personnelle aux yeux de ses proches. En vrai, il aurait presque souhaité voir Cain dans cette nuée dorée qu’était la famille Stonegold; ainsi, en comparaison, il aurait été assuré de ne pas être le plus raté de la bande.

Alors qu’il se perdait dans des pensées amères entre deux haut-le-coeur, Erebos arriva enfin, lançant à tous une salutation éclatante. Un sourire sincère s’accrocha fermement à ses lèvres alors que son cousin blond s’approchait de lui gaiement, vêtu d’un pull rouge qui contrastait violemment avec les tenues propres des autres. « Saluuuuuuuuut toi ! ». Il s’agrippa au sorcier qui le serra (très) fort dans ses bras, serrant des dents un peu alors que son estomac protestait. « J’ai eu ton message, déso d’être en retard ! ». Distribuant deux ou trois tapes amicales dans son dos, c’est d’une voix enrouée qu’il lui répondit. « Hey Reby. Pas de soucis, je suis juste content que tu sois là ». Alors que les deux garçons se détachaient et qu’Ezra faisait une place sur le canapé, un air mi-curieux mi-inquiet se dessina sur le visage du blond. « Est-ce-que tout va bien ? T’as pas l’air très frais, Ez’. » Le dragon retint un soupir résigné, bien trop conscient d’à quel point tout le monde semblait le percevoir. Il ne s’en sauverait pas ce soir. Il balaya rapidement le salon des yeux avant de répondre, s’assurant que personne ne tendait l’oreille, mais tout le monde semblait déjà occupé ailleurs. « J’ai eu une grosse soirée hier. J’étais en Nouvelle-Orléans ». C’était peu de détails, mais il n’osait pas trop expliquer alors que ses parents pourraient entendre, et de toutes façons… il ne se rappelait plus grand-chose après ça. C’était encore le vide intersidéral dans sa mémoire. Trou noir. Complètement effacé.

Ils furent brièvement interrompus par une distribution de flûtes de champagne, et bien qu’il remerciât d’un hochement de tête poli et d’un sourire, il se sentit légèrement mourir à l’intérieur alors que son regard se perdait dans les bulles dorées de son verre. Il leva malgré tout son verre avec les autres pour lancer un « joyeux Noël » le plus convainquant qu’il pouvait en réponse à sa mère qui lançait officiellement les festivités, et tandis que tous enfilaient leurs gorgées traditionnelles, il trempa à peine ses lèvres dans le siens, réprimant difficilement sa terrible nausée. Il jeta un regard autour de lui, repérant rapidement une plante dans laquelle il allait pouvoir discrètement vider le liquide pétillant plus tard, lorsque tous auraient bien avancé leur consommation. Revenant enfin à son cousin tandis que les conversations reprenaient de plus belle, il lui demanda avec un sourire pour tenter de cacher la grimace que l’odeur de l’alcool lui avait arraché : « T’as pas eu trop de mal à te rendre ici ? ». Il se doutait que Reby avait sans doute simplement oublié, d’où son retard, mais parfois il avait des aventures bien plus intéressantes à raconter que le monotone quotidien des autres Stonegold.

egotrip

Deirdre avait toujours aimé Noël. Du moins jusqu’à une certaine période de sa vie. Et les choses n’allaient pas en s’arrangeant. Elle avait évidemment commencé à beaucoup moins aimer ce moment lorsqu’il avait été évident que Cain ne serait jamais un dragon et que son géniteur avait donc décidé de tout simplement foutre le camp. Noël étant une fête de famille, cela ne collait plus vraiment avec la sienne qui se fragmentait. Et finalement, elle s’était d’autant plus brisée avec la trahison de ce fils qui n’avait été qu’un humain. Alors, la Stonegold n’assistait plus aux fêtes que pour sauver les apparences. Elle mettait sa rancœur de côté et retrouvait son frère, sa sœur mais aussi ses neveux et nièces. Il lui manquait pourtant quelque chose, quelque chose qu’elle tentait d’enterrer au plus profond de son âme. Il aurait été indigne d’admettre que de se retrouver en famille de la sorte pouvait lui faire mal. Non, la rousse n’admettra jamais qu’elle peut avoir des failles.

En se levant ce matin-là, elle avait longuement soupiré,

I feel it in my fingers

Have a holly jolly Christmas
And when you walk down the street
Say hello to friends you know
And everyone you meet

le regard fixé sur le plafond de sa grande chambre. Dans cette maison où, finalement, la vie ne régnait vraiment que lorsque le traditionnel réveillon se déroulait chez elle. Mais cette année, il se passait chez Rhaegar et Shoshana. Et l’héritière avait alors trouvé un moyen pour se défiler partiellement. Certes, elle ne manquerait pas la soirée. C’était totalement impensable. Mais cette année, elle ne se sentait pas d’aller apporter son aide à Shoshana comme elle avait pu le faire jusque-là. Allez savoir, c’est peut-être l’âge qui veut ça ? Peut-être le fait de savoir que finalement, ça famille ne sera jamais rien de plus que ceux qui seront au repas de ce soir. Elle évita tout de même de songer à noyer son émoi dans une bouteille qui serait sans doute hors de prix pour le commun des mortels. Non, Deirdre ne devait pas se laisser aller. Tout était toujours question d’apparence pour la quadragénaire et ce n’était pas près de changer. C’est d’ailleurs dans ce but du paraitre qu’elle a veillé à prévoir un cadeau pour chaque membre de sa famille, peinant sans doute un peu plus pour les enfants de Rhaegar. Elle espère pourtant avoir fait le bon choix car même si elle n’a pas été ce qu’on pourrait appeler une bonne mère, elle n’en reste pas moins une tante aimante. Certes, elle le montre à sa manière, qui n’est pas toujours parfaitement comprise. Pourtant, elle tient profondément à eux.

C’est vêtue d’une robe fourreau verte, découvrant légèrement ses épaules, que la rousse pris la direction de la maison habitée par son aîné. On ne peut pas dire que sa relation avec lui soit des plus agréable. Mais pour ce soir, elle ne devrait pas avoir trop de mal à faire un effort. Deirdre arrive en en même temps que Dahlia et Alaska, les saluant de manière quelque peu distante. Mais que voulez-vous, les embrassades ne sont pas sa tasse de thé. A l’intérieur, la Stonegold a cette tendance à rester légèrement en retrait. A croire qu’elle n’a plus vraiment sa place depuis que son fils a commis son terrible impair. Au cours de la soirée, elle se mêlera sans doute un peu plus aux autres, lorsque l’alcool fera son œuvre et l’aidera à se sentir sans doute un peu moins tendue. Elle est tirée de ses pensées plus ou moins absurdes par la coupe de champagne qu’on lui apporte. Elle leva même son verre avec les autres, arborant un fin sourire et glissant du bout des lèvres un “Joyeux Noël.” La rousse observa alors ses neveux et nièces. Ils semblaient tous s’entendre plus ou moins, cela faisait plaisir à voir. Mais ce soir, une autre personne semblait vouloir se rappeler plus que de raison à son esprit. Non, il ne fallait pas qu’elle y pense. Alors, elle pris une gorgée dans son verre, puis une deuxième. La flûte de champagne allait vite se vider à ce rythme.

We wish you a Stonegoldxmas

I feel it in my fingers

Noël. C’était des rires, de la joie. D’intenses préparatifs, de la décoration de la maison aux heures en cuisine. De ses petites paires de mains s’affairant comme les lutins du père noël pour offrir une fête si particulière, où le sens du mot famille prenait toute sa valeur. Cet instant traditionnel où les Stonegold se retrouvaient, mettant de côté les affaires, les problèmes pour profiter pleinement d’un instant de répit et d’union. La valse des cadeaux, les rires, les cris, les bouteilles et leurs cadavres, les odeurs si particulières à cette fête aussi.

Et Eden. Qui était là.

Dahlia regarde un instant son reflet dans le miroir, ce reflet désormais seul où nulle tête masculine ne viendrait se pencher ni déposer un baiser sur le front. Les années passent mais la dragonne n’arrive toujours pas à faire le deuil de cet homme parti trop tôt, trop brutalement. Le deuil d’une vie rangée, calme avec ses petits tracas, ses petits soucis, loin des affaires politiques et des drames agitant les autres familles. Si seulement il n’y avait pas eu cette guerre et encore ce...meutre. A cette pensée, les poings de la dragonne se serrent et son visage se crispe, l’étincelle de la vengeance et de la haine brillant au fond de son regard. C’est une légère vibration de son téléphone qui la tire de ses sombres pensées et un léger regard dessus pour voir l’heure approcher. Dahlia ferme les yeux, chasse une dernière fois ses funestes souvenirs et se regarde une dernière fois dans le miroir, réajustant légèrement les quelques boucles de sa coiffure, vérifiant les traits de son maquillage et la bonne accroche de ses bijoux, son collier surtout. Elle finit par se lever pour rejoindre sa fille, comme elles l’avaient convenu.

Y aller ensemble coulait de source et puis, la présence d’Alaska réussissait à apaiser le coeur tourmenté de la dame de platine. C’est donc avec un doux sourire qu’elle retrouve sa chère fille, direction la maison de Shoshana et Rhaegar non loin. Aussi étrange que cela puisse paraître, malgré les remous qui ont secoué la famille (et la secoue toujours), Dahlia appréciait la proximité entre eux, savoir sa famille complète non loin. C’est donc ensembles et avec Deirdre arrivée en même temps qu’elles franchissent le seuil, accueillies par Shoshana et cette si douce odeur de cannelle et de pin.

Dahlia laisse ses tracas dehors et habille son visage d’un sourire chaleureux, celui qu’elle réserve aux siens, ce sourire qui trahit malgré tout sa joie de se retrouver parmis eux. Seul dénote l’absence d’Erebos. Son fils serait donc le dernier et Dahlia appréhende sa venue, entre impatience de le revoir et crainte suite à ce fossé entre eux mais la discussion sur les nouveaux voisins lui permet de ne pas trop s’attarder sur ses questions. Mais quand le jeune sorcier finit par arriver, en retard d’ailleurs, Dahlia ne peut que simplement le regarder, le coeur tiraillé entre une intense envie de le prendre dans ses bras et la vision d’un parfait étranger.

Et le souvenir d’Eden, marquant et poignant, coupant alors les mots et la déconnectant quelques instants des discussions en cours.

Le toast levé pour les fêtes détourne son attention et la recentre sur ce moment. Pas ce soir, non. Ce soir, ce serait rire, légèreté. Alors la dragonne de platine lève sa flûte, laissant un “joyeux noël” flotter au milieu de l’assemblée. Quelle étrange atmosphère. Elle prend une gorgée du liquide pétillant, le laisse faire son oeuvre, les bulles éclatant même dans sa tête comme pour distiller des ondes de bonne humeur puis elle sourit à sa fille. Dahlia ne s'inquiétait pas trop pour sa fille et l'alcool. Du moins, en espérant que personne ne finisse avec la même tête qu'Ezra, bon sang il semblait bien malade et Dahlia lance un regard en biais à Rhaegar. Il avait prévu les seaux à moins que les plantes vertes aient besoin de nourriture ? La dragonne de platine finit par se tourner vers sa soeur ainée, visiblement commençant à se noyer dans sa flûte. Comment allait se terminer cette soirée ?

Âge : 32 ANS (01/01/1990) ❁ elle pensait pas vivre aussi vieille

I feel it in my fingers.

Stonegold X-mas

Lorsqu’il s’éloigna de son cousin, Reby eut un sourire maladroit. Tout en clignement d’yeux étranges, il fixa trop intensément le visage de son cadet brun. Le reste du monde n’existait pas. Il se moquait que sa mère soit là, que son oncle le juge du regard, que sa tante Deirdre s’engueule. Bien sûr, il aimait sa famille. Mais dans ce genre d’évènements, seul Ezra était moins guindé que tous les autres, du moins, moins guindé avec lui. Rhaegar le fixait souvent avec dégoût, comme si un filet de bave avait coulé le long de sa bouche. Pour Deirdre, il n’était que cet autre enfant non-dragon qui à tout instant pourrait bien encore lui claquer dans les doigts. Et pour Allie, et pour sa mère, il avait tenté d’être un fils, un frère digne de les aimer, mais depuis la mort de son père il ne devenait qu’un étranger.
C’était pour ça qu’il était parti, au fond. Pour éviter tous ces regards, tous ces non-dits, cette désolation, autant que pour se détacher et pour y faire ses propres preuves.
L’atmosphère de la maisonnée cependant était à la fête, et le blond dérida son front pour mieux sourire à son cousin.
« Et tu allais faire quoi, en Nouvelle Orléans ? »
Clignement. Clignement. Mouvement de tête. Clignement.
La réponse lui importait peu, finalement. Ezra était grand, il n’était plus cette petite chose qui avait tant besoin de lui. Avait-il eu jamais, d’ailleurs, besoin de l’aide de son cousin ? Ou bien n’était-il avec lui que par ce lien bien trop tenace qui venait de leur sang commun ? Ezra était un dragon ; en cela, c’était plutôt lui qui défendrait Reby, un jour, le temps venu, s’il devait arriver malheur.

Une tournée de flûtes de champagne interrompit leurs discussions. Erebos leva la sienne, proférant un joyeux Noël à contretemps de tous les autres convives qui le fit se faire tout petit. Il trempa les lèvres dans son verre ; c’était toujours aussi dégueulasse. Sans doute ne s’y ferait-il jamais, aux mondanités, aux rires guindés et à la pétillance des bulles.
Il posa sa flûte sur le sol pour se reconcentrer sur Ezra.
« Non, pourquoi ? »
Pourquoi aurait-il eu du mal à retrouver la maison où il avait grandi.
« Je sais pas si ta mère t’a raconté, je me suis pointé y a trois jours, persuadé que c’était aujourd’hui ! Y avait personne, alors j’étais triste. Et puis en fait non, j’étais juste là le mauvais jour ! »
Le sorcier eut un éclat de rire sonore, ce rire de crécelle inextinguible qu’on l’invitait souvent à taire. Mais il s’en moquait. Qu’ils se figent, dans leurs conventions. Le jeune homme se sentait trop bien pour avoir la moindre retenue.
« Du coup je l’ai aidée à faire des paquets cadeaux, c’était cool ! »
Clignement. Mouvement de tête. Clignement. Clignement.
En parlant de cadeau, il avait dans son sac à dos quelque chose à donner à Ez. Quelque chose de précieux, pour lui. Quelque chose de secret, aussi. Quelque chose qu’on lui avait confié, parce qu’il était fiable maintenant et que c’était bien possible qu’il soit un fidèle messager. Balayant la pièce du regard, personne ne les regardait plus, malgré son grand éclat de rire.
« Au fait … » il baissa la voix et s’approcha un peu de l’oreille du jeune dragon. « … j’ai quelque chose pour toi. De la part d’Aidan. »

Âge : 26 ans (14/04/1995)

I feel it in my fingers

Family Stonegold, Noël 2020

La famille était au complet. Enfin presque. Il n'y avait pas tout le monde. Mon père n'était pas là. Plus là. Même si nous n'étions pas aussi proche que lui et Reby, il restait mon père. Nous étions pas toujours d'accord sur tout, nous avions des disputes comme n'importe qui. Malgré sa nature de sorcier, il n'avait jamais eu de mal à s'intégrer au sein des Stonegold. Toute une famille de dragon. Je me souviens du sourire de ma mère quand il était près d'elle ou quand il la prenait dans ses bras. C'était une belle époque. Pourquoi cela semble t-il être si lointain, désormais ? Pourquoi avait-il fallu qu'il parte ? Qu'il disparaisse si brutalement. Je voulais pas l'oublier. Préserver sa mémoire. Prendre soin de mon frère comme il aurait souhaité que je le fasse. Même si je pourrais jamais vraiment l'aider complètement.
C'est dans ces moments, des réunions avec toute la famille que je pensais à Cain. Personne ne parlait de lui. Son nom n'était plus évoquée. Ni pas mon oncle. Ni par ma mère. Et encore moins par tante Dreidre. Ce n'est pas comme si elle avait dû le prononcer souvent. Je me demande si Reby pense encore à lui. A t-il des nouvelles de notre cousin ? Notre meilleur ami ?

Buvant une gorgée de champagne, je me rapprochais de ma cousine. La petite gorgone. Comme tante Shoshana. Plus jeune que moi, elle restait un membre de la famille. Ma famille. Prenant rapidement de ses nouvelles, elle fit de même pour moi. Il y avait un moment que je ne l'avais pas vu. Elle avait sa vie, j'avais la mienne. Si seulement on pouvait se voir plus souvent. Même si elle n'est plus dragonne, je ne veux pas l'éloigner de moi. Nos rapports ont toujours été plus facile par rapport à Ezra. Parce qu'Ezra est l'ami de Reby.

- Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu la famille au grand complet !

Toute la maison sentait Noël, elle respirait les fêtes de fin d'année. Même si tante Dreidre semblait vouloir rester dans son coin, elle et sa coupe de champagne, mon attention se pose sur ma mère. Je savais que certaines fois, c'était toujours dur sans lui. Sans Eden. Sans mon père. Je m'excusais auprès d'Holly avant de rejoindre ma mère. Je ne voulais pas qu'elle affronte tout ça seule, j'étais là pour elle. Comme elle avait été là pour moi. Ce serait toujours comme ça. Pour toujours. Je lui pris doucement la main, avant de lui ouvrir un sourire.

- Tout va bien, maman ?

Code by Joy

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