Sol ☀ She shines it when you're alone.

Alors que les guillotines battent leur plein dans la capitale, les parents Delacroix se retranchent en province, à Crest, où naissent d’un père djinn et d’une mère humaine Sol & Altaïr Delacroix, deux enfants, deux Surnaturels dans un monde où tout cela paraît encore bien étranger. Les jumeaux atterrissent dans une fratrie déjà bien fournie, où 3 aînés humains leur tendent les bras. Et ils sont aimés. Ô, comme ils sont aimés. La gamine, liée à sa mère, grandit à l’égale de ses frères et sœurs humains, à l’égale de son frère jumeau. Mais elle rayonne, Sol. Et nul ne peut contenir la lumière. Rapidement et sans qu’elle le désire, Altaïr se retrouve dans son ombre. L’enfant devient adolescente au regard envoûtant, et …
Et sa mère meurt. Alors qu’elle a 16 ans et sans que rien n’ait pu l’y préparer, Sol se retrouve projetée dans le purgatoire, séparée de son père adoré et de son jumeau. Mais surtout, séparée de ces aînés, qui l’ont regardée grandir et qu’elle ne pourra désormais plus jamais serrer contre elle.

Sol refait surface, sous le nom de Soline, liée à Etienne, un humain facétieux d’une vingtaine d’années. Au-delà de son simple devoir, d’accomplir les désirs de cet homme à qui elle doit tout, la blonde tombe passionnément amoureuse. Etienne est intelligent, charismatique … la passion consume l’âme fragile de la djinn, prête à tout sacrifier pour ce français ambitieux. Quelques années après leur rencontre, la djinn et son humain se marieront en petit comité, à Paris. Et leur union sera aimante. Certains crieraient aberration, crieraient contre-nature, crieraient inceste … Soline, elle, répondra simplement amour.
Soline cherche la trace de son frère, de son père, mais sans franc succès. C’est la dure loi des djinns. Mais elle s’en contentera. La terre est belle, la vie est belle, la France est belle. Pourquoi transgresser les règles quand l’univers a déjà tant à lui offrir ?
Indécrottable optimiste, Soline finit par assister son bien aimé dans ses projets fous, une révolte souterraine qui se monte dans les hauts cercles parisiens. Et ils y parviendront. Djinn au milieu des humains, Soline marche elle aussi dans les rues de la capitale, fervente croyante de leurs idées meilleures et d’un gouvernement plus juste. Et puis, février 1848, tout se retrouve avorté. Une révolution trop courte, bien trop courte. Dans laquelle Etienne perdra la vie et la djinn, son droit de rester sur Terre.

Cinquante années au purgatoire n’ont pas suffi à apaiser le chagrin de la perte d’Etienne. Elle le savait, Sol, que s’attacher était dangereux, que les humains duraient moins longtemps qu’elle-même … mais elle a tant de lumière à donner.
Alors elle y retourne, elle se lie de nouveau. Frida, cette brave allemande auprès de laquelle elle se fait appeler Solveig. Frida n’a qu’un rêve : devenir danseuse, et Solveig fera tout pour qu’un jour son humaine puisse devenir une étoile. Les années passent, la vie est douce dans ce temps que d’autres plus tard nommeront « Belle Epoque ». Frida s’est montrée bonne avec elle, et Solveig jouit d’une liberté dont elle n’aurait jamais su rêver.
Puis, alors qu’elle ne s’y attendait pas, attendait plus, Solveig tombe amoureuse. Il s’appelle Felix, il est allemand, il est blond. Il lui apprend la douceur qui se cache derrière la dureté. Il lui réapprend la lumière sous la poussière, le scintillement derrière la grisaille. Solveig s’installe avec lui, restant toujours proche de Frida qui lui a tant offert.
La guerre éclate. Une guerre terrible, durant laquelle Felix est appelé au front.
Solveig reste à l’arrière, avec Frida. Elle devient infirmière, usant de ses talents manuels autant que de ses pouvoirs pour apaiser les âmes traumatisées par les horreurs d’un combat sanglant que personne n’avait su anticiper. Dans chaque blessé, Felix. Dans chaque regard, ses yeux.
Le conflit s’achève, et Felix revient. Mais il n’est plus le même. Solveig fera tout, tout, pour que son amour revienne à lui. Ce ne sera pas suffisant. La blonde essaie de lui ramener la lumière, de paver son chemin d’une gaieté multicolore. Tout est inutile. Felix finira par se donner la mort en 1923. De chagrin, Solveig suppliera Frida de la laisser repartir, de retourner au purgatoire où toutes les rues cesseront de lui crier au visage son amour perdu.
Frida consent, mais la manœuvre est impossible.
Solveig attendra 6 ans encore, le deuil imputrescible chevillé au myocarde, errant parmi les vivants telle le spectre qu'elle semble être devenue. Jusqu'à ce qu'une Frida paisible trouve le repos dans son sommeil, libérant la blonde d'un quotidien où Felix a laissé trop de traces.

Elle y a passé, du temps, dans ces limbes. Sol a entendu qu’un deuxième conflit avait eu lieu, et elle est plus qu’heureuse de n’avoir pas eu à y prendre part. Elle est Solan maintenant, et c’est aux Etats-Unis qu’elle émerge dans l’adolescence d’un certain Sebastian. Sebastian est sourd et muet. Ce à quoi il aspire, c’est simplement cette vie que les entendants ont et qu’il ne peut que caresser du bout des doigts. Pour lui, Solan fera progresser la cause, elle avancera pour qu’on reconnaisse ses handicaps, elle se démènera pour que son humain et ami puisse mener la vie qu’il choisit.
Les 30 Glorieuses passent dans un battement d’ailes. Sebastian désormais adulte part pour Washington avec la djinn dans ses valises. Elle qui n’a croisé dans cette vie que des étreintes provisoires qui l’ont consumée de passion pour des humains qui à aucun moment ne s’attachaient à elle, la voilà face à Al.
Al, ce voisin du dessus taciturne, que jamais elle n’aurait cru pouvoir aimer. Et pourtant si. Encore une fois elle s’attache, une fois de plus, une fois de trop. En lui l’écho d’Etienne, de Felix, de tous ces autres bras qui l’ont faite tournoyer.
Solan répand la lumière. Elle vivra son idylle avec Al tout en restant cette loyale servante pour Sebastian. Et ce jusqu’à la mort de ce dernier, en 1984, au cœur d’une guerre glaciale auquel aucun d’eux n’a pris part. Solan repart, dans une chorégraphie qu’elle connaît par cœur désormais. Mais elle accepte. Elle accepte de perdre l’amour, elle accepte de perdre ce corps, elle accepte de tout recommencer, puisqu’il le faut. Puisqu’elle est née pour répandre la joie, pour éclairer la vie.

Chiara a 7 ans lorsqu’elle formule ce vœu intime et silencieux. Elle veut être actrice, comédienne. Solal lui apparaît, dans la douceur d'une fête foraine -la plus ancienne fête foraine des Etats-Unis, paraît-il, et sera sa fidèle suivante, sa compagnonne, sa baby-sitter. Solal recommence à zéro. Encore. Elle finit par souhaiter en silence que l’on retrouve son père, que l’on retrouve son frère, que quelque chose enfin puisse la mener à travers les vies en sachant que rien n’est perdu. Sol a beau savoir que ce recommencement fait partie de son destin, elle aimerait se raccrocher à quelque chose de plus stable, de plus doux. Quelque chose, ou quelqu’un.
Durant le collège de Chiara, la djinn travaillera d’arrache-pied pour remettre la main sur Altaïr, sur son père. Et cela paie : elle finit par retrouver, au détour d’une salle d’arcade, cette jeune femme blonde qui prétend s’appeler Lune. Mère et fille mettront du temps à s’apprivoiser de nouveau, à trouver cet équilibre, inconnu et familier, Sol et Lune.
En 2011, alors qu'elle doit entrer au high school, Chiara est en difficulté scolairement. Solal se fait lycéenne, allant s’ennuyer sur des bancs trop étroits parmi ces jeunes gens qui apprennent encore le monde. Et c’est là que l’amour frappe à nouveau.
Solal s’était rêvé douce, mesurée. Elle aurait voulu s’investir moins, pour ne pas souffrir de la perte, de la douleur. La vérité, c’est qu’elle en est incapable. Elle est le soleil, et le soleil ne saurait retirer la moitié de ses rayons d’or. Alors lorsqu’elle rencontre Milo, au détour d’une salle de classe pour des enfants moins brillants qu’eux, elle ne parvient guère à garder la distance. Elle est amoureuse de ce zouwu intègre et attentionné, et une fois de plus cela la consumera.
En 2013, la guerre éclate. Solal participe à l’effort, bien sûr. Pour la lumière. Contre la noirceur. Pour que son humaine et les siens, la brillance de son cosmos crew, puissent retrouver la paix. Revisitant ces souvenirs odieux qu’elle avait choisi d’oublier, la djinn se refait infirmière, apaisant les esprits et les âmes d’une lumière bienfaisante.
La guerre termine. La vie reprend. Comme avant. Ou presque comme avant.
Chiara et elle intègrent ensemble une école de dramaturgie après le lycée. Milo suit une autre voie, mais les deux tourtereaux se retrouvent, s’improvisent romantiques sur les toits de la ville. Il sait son histoire et il l’accepte. Elle sait ses failles et elle les comblera.
Jusqu’en 2018, où tout bascule. Milo est engagé, très engagé, pour la cause des zouwus. Il se retrouve dans des cercles qui lui promettent l’avènement d’une rébellion naissante. La djinn amoureuse l’aide, le soutient dans ses projets, mais … les semaines, puis les mois passent, et le jeune homme devient distant. Délaissée et malheureuse, avec cette passion sur les bras qui cherche vainement une cible qu’on a détourné d’elle. Solal souffre. Encore une fois. Jamais elle n’aurait pensé avoir à subir la perte sans avoir et subir la mort, et pourtant tout est là.
L’irréparable survient un soir, alors que Chiara et elle s’aventurent au hasard des bars. D’autres lèvres, d’autres mots, d’autres promesses. Et Solal se laisse embrasser, se laisse aimer entre ces draps étrangers, sans avoir conscience de l’effet dévastateur que cela aura sur Milo.
La nuit s’achève, et avec elle un amour de 6 ans auquel le jeune zouwu met fin sans préavis.

Solal est encore nostalgique de sa relation avec Milo, aussi se dévoue-t-elle corps et âme à son humaine. Ensemble, Chiara et la djinn rejoignent une troupe de théâtre amateur où elles essaient de faire leurs preuves.
Solal est fatiguée, cette valse insupportable de l’éternel retour l’a brisée une fois de plus en perdant Milo. Elle vit de son mieux, comme une jeune adulte humaine, dans les ressorts d’un monde qui ne fait que la repousser.