Living a dreaming day ft Lana & Milo

Living a dreaming day

"We are the heroes of our time, but we're dancing with the demons in our minds"

☽ Je déteste la Saint-Valentin. Ou plutôt j’ai commencé à détester ce jour il y a un peu plus de sept ans maintenant. Parce que ça dégouline d’amour et que ça me donne littéralement la nausée. Je le sais, ce jour-là je ne peux tout simplement pas mettre le nez dehors. C’est lors de cette journée que mon empathie devient un fardeau. Parce que je ressens cet amour que les êtres ont l’un pour l’autre dans un couple. Et ça contraste tellement avec mes propres émotions que ça m’en rend malade. Si on m’avait dit ce genre de chose à l’avance, je me serais arrangée pour ne jamais tomber amoureuse. Mais il semble que tout le monde ne réagisse pas comme moi. A croire que lorsque je broie du noir je suis plus sensible aux émotions de ceux qui m’entourent. Enfin cette journée allait ressembler à la précédente et au cinq autres qui lui avaient précédé : j’allais rester chez moi, me gaver de glace et regarder des séries susceptibles de me faire rire. Peut-être me faire livrer quelque chose de sympa pour les repas. En me réveillant, je m’étirais avant de poser la main sur la place libre à côté de moi. Le fait qu’elle soit froide me serra le cœur. Et surtout le fait qu’elle soit froide depuis aussi longtemps. J’en venais à me dire que jamais plus elle ne serait occupée. Il était presque inconcevable que quelqu’un puisse remplacer Ethan dans ma vie. Et si tel était le cas, il faudrait qu’un homme arrive à se faire sa place... Non, j’avais déjà beaucoup trop de chose à gérer pour songer à refaire ma vie dans tous les cas !

Une fois levée, je me décidais tout de même à prendre une douche, de préférence brûlante. Une fois la peau marquée par la chaleur, j’en profitais pour prendre ma forme de tortue des Galapagos. Je vous vois venir, à me dire que dans un appartement, on fait mieux franchement ! Oui et bien je fais encore ce que je veux, à ce que je sache ! Je reconnais qu’à une époque, je me suis demandée si je ne devrais pas prendre un animal qui vit beaucoup moins longtemps, histoire de pouvoir rejoindre plus vite mon mari. Il m’arrive encore quelque fois de me poser cette question. Puis, je me souviens que j’ai des responsabilités et des gens qui comptent sur moi. J’ai même certaines personnes sur lesquelles je dois veiller. Je ne peux clairement pas abandonner Milo et Sören. Oh, j’ai bien conscience que d’une certaine manière, je fais un transfert sur eux. Mais il est totalement hors de question que je les abandonne. Alors, pour eux et pour cette rébellion qui a vu le jour il y a moins d’un an, je prendrais sur moi cette année et toutes les autres à venir. Après avoir passé suffisamment de temps, à mon gout, sous forme reptilienne, je passais rapidement par une forme féline pour m’étirer de tout mon long avant de reprendre ma forme humaine. J’enfilais alors une tenue des plus confortable : un pantalon de survêtement et un sweat, trop grand pour moi, ayant appartenu à Ethan. Ensuite, j’attachais rapidement mes cheveux en un chignon totalement lâche, bien loin de ceux que je fais lorsque je vais travailler. Et me voilà donc partie pour une journée confortable installée sur mon canapé !

Alors que j’étais tranquillement devant un épisode d’une série, j’entends gratter à ma fenêtre. En tournant la tête, il semblerait qu’un félin ait eu assez de courage pour venir me voir. Moi qui tentais de m’anesthésier à coup de série débile, un matou me rappelait à la réalité. Lâchant un petit soupir, je me levais pourtant pour ouvrir la fenêtre. Je n’aurais pas dû... Presque aussitôt, la nausée me prend aux tripes. Sans ménagement, j’attrape la boule de poils, qui ne manque pas de grogner en retour. Et hop, la fenêtre se trouve rapidement close à nouveau. Je me retrouve à prendre de grande inspiration avant de boire un verre d’eau, histoire de faire passer le goût de bile qui m’emplissait la bouche. Pourtant, je n’eus pas le temps de retourner devant ma télé, quelqu’un toquant à ma porte. Je fronçais légèrement les sourcils. Le chat miaula alors en me regardant, comme s’il se demandait lui aussi qui pouvait venir troubler ma tranquillité. Je lui lançais un regard en haussant les épaules. “Aucune idée... Je vais voir". En ouvrant la porte, je me retrouvais alors nez à nez avec deux jeunes Zouwu. Je les regardais en lâchant un petit soupir, croisant les bras sous ma poitrine et prenant appui contre le chambranle. “Qu’est-ce que vous foutez là, vous deux ?” J’étais bien tentée de les renvoyer chez eux et de leur claquer la porte au nez. Après tout, ils avaient pu venir depuis Washington donc ils pouvaient y repartir tout aussi vite ! Mais je n’allais pas les renvoyer comme ça, ils venaient de faire le trajet... Lâchant un soupir dépité en me pinçant l’arête du nez, je capitulais bien vite. “Allez, entrez…” Je m’éloignais de la porte pour les laisser entrer. Ils refermeraient la porte tous seuls comme des gras. Le félin qui s’était incrusté bondit alors sur l’ilot central de ma cuisine en miaulant. “Oui je connais ces deux-là. Sinon ils n’auraient pas foutu les pieds chez moi !” Je reportais ensuite mon attention sur les deux jeunes. “Vous pouvez m’expliquer ce que vous venez foutre chez moi aujourd’hui ?” Moi qui n’aurais voulu voir personne, ils avaient presque le don de me faire changer d’avis.

Ⓒslytbitch.