Temporalité
Nous sommes en 2022 magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 1639275293 La période jouable actuelle va du 30 septembre 2022 au 30 novembre 2022 magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 1050276528
Groupes à prendre
Nous cherchons activement des cerbères et des hybrides magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 1639275293
Le Deal du moment :
Carte Fnac+ Jackpot avec 30€ offerts sur le ...
Voir le deal
19.99 €

MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Dim 7 Mar 2021 - 20:29
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

L’atmosphère devenait légèreté, comme si le corset trop serré qu’elle avait porté tout le jour peu à peu libérait ses poumons. Solal se sentait différente, à marcher là, tenant la main d’un inconnu qu’une vie trop dure avait fracassé. Plus lourde de blessures à panser, plus légère de sens à donner. Un sens, oui. Quelque chose qui enfin brillait, dans l’obscurité descendante, qui lui rappelait qu’elle existait. Qu’elle pouvait aider. Qu’elle le devait, aussi, un peu, par cette morale qu’elle s’était fixée à elle-même.
Peut-être qu’elle aurait dû se taire, Sol. A trop se mêler de la vie des autres on passe pour une impertinente. Mais Magnus ne lui demandait pas de se taire, il avait seulement ce regard bleu où on lisait ce besoin d’être, pour un instant, enfin dans les yeux de quelqu’un. Il écoutait, l’oreille vive, le sourire à fleur de ses lèvres, dévoilant des dents bien trop blanches pour avoir vu souvent l’air libre. Le cœur de la djinn se serra. Parmi les pièces du puzzle étalé devant sur le sol, elle discernait, là tout au fond, cette rage de vivre chez Magnus. Comme une supplique. Viens me tirer de là, dis moi que tu comprends, j’ai besoin que tu comprenne parce que je ne sais plus trop moi-même, ce qui est normal, ce qui ne l’est pas, je voudrais être insubmersible mais le monde entier m’engloutit.
D'accord, oui, peut-être, alors … j'y pense
Quand je rêve à cette histoire d'amour nouvelle
Qui ouvrirait grand mes rideaux
D'accord oui je projette et j'invente une fille, de celle
Qui m'aimerait, ouais, même moi complétement vrai, mais
Avant ça j'veux d'abord qu'on rie
Des mots beaucoup trop doux comme des bonbons qui collent aux dents
J'veux qu'on s'taise aussi
Ces silences sereins des sentiments constants
Solal laissa s’étirer le silence, accueillant le rire de Magnus comme une pommade analgésique sur un cœur bien trop questionné. Il était beau, en cet instant, la joie fugace sur son visage qui l’inondait d’une lumière claire. Il était beau, il était grand, et sa main traînait autour de la sienne.
« Tu penses que t’es pas la meilleure version de toi-même, Magnus ? » elle posa la question en toute candeur.
Parce qu’un gars qui s’inquiète qu’une fille seule en dehors d’une boîte puisse se faire embêter, c’était pas fréquent. Un gars qui accepte de se laisser poser des questions, de se laisser emmener au loin par une démarche insignifiante, un gars qui écoute comme Magnus écoutait, un gars qui rie comme Magnus riait, un gars qui accepte avec violence le fardeau de l’humanité comme il le faisait avec brio, tout en laissant au fond de ses côtes enfermé ce cerf-volant blanc de peur que sa lumière inonde ; ça paraissait être déjà bien. Une bien belle version de soi-même. La meilleure, aucun moyen de le savoir pour Sol, elle qui le connaissait depuis une poignée de minutes. Mais une version qui suffisait à rendre une soirée noirâtre gris plus clair, et qui permettait dans la nuit de sentir la caresse du vent.

La dernière réflexion du grand brun la toucha autant qu’elle ne l’attrista.
« Je ne sais pas. » admit-elle, la gorge nouée, regard baissé vers ces pavés craquelés qui s’approchaient de l’appartement. « Les compromis, c’est bien. Mais si tu n’es pas en paix avec toi-même, comment est-ce-que quelqu’un d’autre saura l’être … »
Derniers mots perdus dans le vent, qui s’effacèrent aussitôt franchie la barrière de ses lèvres. A quoi bon, de toute façon, tenter de convaincre, elle qui était aussi perdue qu’une souris dans un labyrinthe. Sans issue, le labyrinthe.
De toute façon, ils étaient arrivés, rendus, devant cette porte en bois branlante qui faisait leur immeuble. D’un regard, Sol embrassa ce décor connu : la porte rongée par le temps, la sonnette à demi effacée par le soleil avec écrit « Delacroix – Flowers », la poignée qui se dévissait tout le temps. Ils étaient arrivés, chez elle, chez elles. Pourtant elle n’avait pas envie de monter. Elle voulait rester avec cet étrange étranger, qui la bousculait doucement en rendant sa soirée moins fade. Elle ne voulait pas lâcher sa main.
Du bout des doigts, la blonde sentit sous la pulpe de l’index la rugosité dans sa paume. Fronçant les sourcils, elle leva d’un geste vif la main de Magnus à hauteur de lumière, pour y remarquer doucement une coupure en travers de la peau. Alarmée, elle dénoua ses doigts des siens, de peur de lui faire mal encore.
« Mon Dieu, Magnus ! Je suis désolée, j’ai dû te faire mal, je … »  bafouilla-t-elle. « Comment tu t’es fait ça ?! On dirait qu’il y a encore des bris de verre dedans … Tu t’es soigné ? »
Et puis, parce qu’elle était Solal et qu’on ne se refaisait pas, elle proposa, emplie de grâce.
« Il faudrait faire quelque chose, je … je suis infirmière, j’ai de quoi faire là-haut, si tu veux. » Elle rougit. « Enfin, je veux dire, je peux te soigner, j’ai les outils qu’il faut … si tu veux. Tu n’es pas obligé, bien sûr. Je comprendrais, si … si tu préfères rentrer voir Iris, je … »
Ses pensées devenaient confuses, relents d’alcool encore pas évacué, mais si Magnus était blessé et qu’elle avait pressé sa main entre ses doigts indélicats, alors elle se sentait coupable, d’avoir touché, d’avoir blessé. Elle s’en voulait soudain, la djinn, et entre ses lèvres tremblantes la promesse d’infirmerie devint une supplication presque.
Monte, s’il te plaît. On n’a pas fini de parler, on n’a pas fini de saigner, toi et moi. Si tu repars, avec cette paume entaillée, si tu rentres chez toi pour qu’Iris dépose sur la plaie ses baisers et que je me retrouve juste seule, dans cet appartement sans âme, à attendre assise dans le noir que la terre arrête de tanguer pour rallumer les ampoules nues, je … je ne sais pas. Monte, s’il te plaît. Je ne te reverrai jamais après ce soir, c’est notre moment d’éternité. Celui où je peux tout demander, celui où tu peux tout répondre. Je n’ai pas envie que ça s’arrête. Je n’ai pas envie d’être laissée seule avec mes pensées vagabondes. Je n’ai pas envie que tu refermes la porte douce de ton rire pour les minutes qui s’égrènent. J’ai envie que tu ries encore, Magnus.
Je n’ai pas envie que tu t’en ailles.

ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
V. Raina Dragonstone
V. Raina Dragonstone
ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 P1ex



magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 509a54acaa56be975b1e2bc2c0c65b0a


Pseudo / Pronoms : evy / elle
Messages : 153
Âge : trente ans
Nombre de dés : trois dés
Résidence : phoenix, arizona
Profession : jeune avocate spécialisée dans le droit des femmes et de la famille
Faceclaim : elizabeth debicki
Pouvoirs/capacités : gorgone de niveau deux
Crédits : (c) huntingpearls pour l'avatar
Disponibilité RP : disponible ✺ (6/6) valkyria, iago, river, caliban, altaïr & holly
Multicomptes : rhea, scylla, daesyn & ciarán (oupsie)
Points : 322
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Lun 8 Mar 2021 - 20:20
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
T’as l’air malin avec tes réflexions philosophes dans la nuit, Magnus. C’est pas pour rien que tu fais socio, après tout. Mais t’as l’impression de comprendre de moins en moins, de voir dans le discours des autres et dans les tiens toutes les contradictions possibles, ça te décourage. Tu sais pas comment t’en es arrivé là, à voir toutes tes convictions t’échapper, à faire la différence entre ce que tu as toujours cru et ce qui se passe dans ton appartement. Mais Sol, Jiminy Cricket moderne en converses blanches, continue de te pousser dans tes retranchements, de poser des questions que tu t’es jamais posées et auxquelles t’as pas franchement envie de connaître la réponse. Est-ce que tu es la meilleure version de toi-même ? Est-ce que ça compte ? Est-ce que ça fait le poids face au tableau qu’Iris peint de toi ? L’espace d’un instant, molécules de silence dansant autour de toi, tu te demandes ce que dirait ton père. Tu sais qu’il aurait le cœur brisé, qu’il se sentirait responsable, qu’il détesterait d’entendre parler comme ça, si résigné, si vaincu. Mais il n’a pas élevé un rebelle, il voulait s’assurer que tu serais aimé à tout prix, pour que jamais tu ne connaisses la solitude comme lui, pour que jamais tu ne te fondes dans le tissu rêche d’un fauteuil de salon à toutes heures du jour et de la nuit. Lui non plus, tu ne peux pas le décevoir.

Est-ce que tu y crois, à cette légende urbaine ? Personne ne pourra t’aimer tant que tu ne t’aimes pas, toi ? T’es pas certain, t’essaies de te souvenir de comment c’était avant Iris, quelle image t’avait de toi. T’étais un petit con, on va pas se mentir. T’aimais bien rire mais t’étais pas toujours drôle. T’aimais bien plaire mais tu savais pas draguer. T’aimais bien impressionner mais t’étais pas vraiment téméraire. Mais t’étais gentil, et t’étais un bon ami, le genre sur qui on peut compter. Et pendant un temps, ça a été suffisant. Tu ne sais pas trop quand ça a basculé, quand tu as perdu les braises dans ton regard, quand t’as arrêté de rire, quand t’es devenu transparent. T’étais pas arrogant mais tu t’aimais bien, alors comment tu expliques ça ? Manifestement, être en paix avec soi-même n’est pas suffisant pour convenir aux autres, tout comme aimer n’est pas suffisant pour faire fonctionner une relation. Mais t’as pas envie de débattre. Elle a raison quelque part, t’as juste pas l’énergie de la contredire, pour la contredire il faudrait lui expliquer tout ça et t’as jamais été doué pour raconter des histoires. T’arrives jamais jusqu’à la fin, tu te perds toujours avant. Même quand c’est les tiennes.

La panique de Solal tranche dans le silence alors que tu suis son regard vers ta main. Tu serres les dents, un peu surpris. Non, tu n’as rien senti, en fait. Tu n’as senti que la chaleur de sa paume à elle, comme une vague de douceur voyageant de son épiderme au tien. Sol pansement, Sol délicieux cataplasme, Sol nuage de nerfs et d’étoiles. Pourtant la blessure est là, et dès que tu poses les yeux dessus, ça se remet à pulser. « Oh… Non, c’est rien, t’inquiète. Tu m’as pas fait mal. C’est un accident de vaisselle » tu souffles, la voix rauque, en évitant de faire défiler la scène derrière tes yeux de peur qu’elle ne la voie, avec son regard trop perçant et son cœur trop ouvert. « Je me suis pas rendu compte que c’était encore ouvert » Tu fais l’effort de rire, un petit peu, pour dire que c’est pas grave, que t’en as vu d’autres. Et c’est pas un mensonge, pas vraiment. Mais le prénom d’Iris dans sa bouche sonne comme une sentence, tu y penses une seconde mais ton corps entier se crispe. T’imagines les mains froides d’Iris sur ta peau, même température que son regard, tu l’imagines presser une compresse sur la plaie en appuyant un peu trop. Te soigner tout en te disant de pas trop faire le con, que ça n’arrivera plus si tu commences à faire un peu des efforts, que tu lui brises le cœur à chaque fois que tu l’obliges à perdre le contrôle.

T’es pas prêt, t’es pas plus avancé que devant la boîte. Et là-bas t’avais pas de solution, pas d’excuse. Mais là, t’as Solal. Tu la sondes, tu l’enveloppes de toutes tes questions et tu trouves la réponse presque tout de suite. Si facile, si naturelle. Tu veux pas partir. « Mais si t’as du désinfectant, j’imagine que ce serait pas plus mal. Et puis… » Tu déglutis. T’as honte de ce que tu vas dire mais tu sais qu’elle t’en tiendra pas rigueur, et que Iris est trop loin pour t’entendre. Ta main te fait mal, tout à coup. « J’ai pas envie de rentrer. Pas tout de suite. Je préfère rester avec toi. » Alors tu la suis, avec un sourire. T’as besoin d’une parenthèse, d’un abri, pour une heure ou deux. T’as besoin de lécher tes plaies et de sécher tes larmes avant d’y retourner plus fort, plus solide. T’as besoin d’être vu, besoin d’exister pour ne pas te faire fantôme devant Iris. T’as besoin de te retrouver, de rassembler les quelques pièces de toi éparpillées – peut-être que l’architecte pourra t’aider.  
   

   
CODAGE PAR AMATIS
   
MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Lun 8 Mar 2021 - 22:39
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

Gracile, docile, la nuit oscillait sur un fil, comme sur une prison céleste habile qui la retenait du bout des cils.
Des blessés, Sol en avait vu à la pelle. Membres arrachés, visages défigurés, du sang coagulé sur elle, recouvrant le monde de sa haine. Civières sur lesquelles reposaient des foules de corps déjà vides. Blessures du corps, blessures de l’être. Des traumatismes de l’enfance, des douleurs enfouies sous le venin sublime et sordide de l’oubli. Des maux qu’elle venait gratter, qu’elle devait exposer au grand jour, pour les soigner, pour les guérir. Bien sûr, aucune douleur n’était semblable -seule la joie était universelle. Pourtant la djinn les accueillait avec autant d’inquiétude, avec autant de préoccupation. Aucune blessure n’est anodine. Aucune fracture, aucune égratignure n’est simplement la douleur d’une aile d’ange brisée, sans être en plus de cela une faille, une brèche dans la réalité dont la tristesse pouvait couler.
Des blessés, elle en avait soigné, elle en avait laissé mourir, elle en avait serré contre elle en sentant le souffle de vie final passer entre leurs lèvres pelées. Et ça aurait pu la briser, Solal. D’ailleurs, elle était brisée. Chaque souffrance était un fardeau qu’elle avait à cœur de partager, chaque coupure un sacrifice doux d’une infime parcelle de son être, chaque mot de douleur un poids sourd qu’elle attachait à ses chevilles. Elle était brisée. De A à Z. De fond en comble.
Mais elle se relevait.
Elle se relevait, et toujours elle se relèverait. Parce que derrière les confessions et les noires scarifications, dans le courant sombre des eaux, il y avait toujours un suivant. Pour ce suivant, pour cette suivante, pour cette âme perdue ou souffrante qui ne cherchait qu’un passeur neutre, il faudrait bien qu’elle se relève. Car elle était Sol.
Car si elle ne le faisait pas, qui prendrait soin des écorchés.

L’écorché, ce soir-là, était Magnus, Magnus et son manteau ouvert sur cette poitrine fermée à double tour, Magnus et ses yeux d’océan qui se perdaient dans le vide éthéré, Magnus et ses mots qui tissaient la toile de la réalité sans jamais la dire tout à fait.
Ensemble, ils montèrent quatre à quatre les escaliers de bois grinçants qui menaient au sommet du monde. Ensemble, ils regardèrent la main tremblante de Sol qui glissait le panneton dans la serrure. Ensemble, ils entrèrent dans la pénombre de la colocation déserte ; désertée de ses habitantes, partie quérir à deux rues de là l’ambiance moins silencieuse d’une nuit.
« Viens. » dit-elle simplement à son hôte, l’attirant vers la salle de bain.
Lorsqu’elle alluma la lumière, tout autour d’elle sembla trop cru. La panique blanche des carreaux, ce rideau de douche à paillettes qu’elles avaient choisi avec soin, les élastiques à cheveux multicolores abandonnés à la va vite sur le rebord du lavabo. Jusqu’à cette pauvre brosse à dents, qui attendait avec patience qu’une bouche ait envie de se fluorer.
« Tiens, assieds-toi là. » proposa-t-elle à son invité, revêtant le visage sérieux de celle qui comptait bien sauver des vies. Ou … au moins, des paumes de main.
Pince à épiler, compresses stériles, désinfectant.
Sol prit place à côté de Magnus, sur le rebord de la baignoire. Le carrelage froid sous son corps frêle agita un frisson de nuit à la carrure de la blonde. C’était si surréaliste, cet inconnu, dans un espace qui était sien, un espace lui bien trop connu. C’était si étrange, si nouveau, si différent, que tout ce qu’elle avait pu vivre. Elle n’invitait pas un ami. Elle invitait un étranger, c’était doux et c’était précieux.
Pas étranger, un écorché. Un raturé. Un cabossé. Qui ne demandait qu’à rester.
« Je dois d’abord enlever les morceaux de verre » expliqua-t-elle d’une voix grave. « Je vais tenter de faire doucement, mais si ça fait mal il faut que tu me le dises. »
La coupure n’était pas profonde, mais juste assez pour que s’y nichent deux ou trois morceaux transparents qui venaient cisailler la peau. Comme sur le cœur de ce jeune homme des fêlures aussi transparentes qui dissimulaient sa faiblesse. D’un geste expert, Solal prit la main de Magnus entre ses doigts légers et frais. Concentrée, se mordant le bout de la langue pour ne pas risquer d’enfoncer encore plus le verre brisé dans la plaie déjà étendue, elle retira l’un après l’autre les reliquats dans la paume claire.
« Là, voilà. » elle parlait toute seule.
Car des blessés, elle en avait vu tant, Sol. Chacun d’eux la touchait, à sa façon, dans sa manière d’être au monde et d’exister malgré les failles. Elle en avait soigné tant, aussi, parce que la souffrance et la noirceur étaient ses luttes quotidiennes.
Même s’il n’était pas en danger, si cette plaie était bien fine encore dans la main douce de la djinn, elle ressentait cette onde grise. Ce chagrin, là, irréparable, qui semblait brider ses mouvements, lui interdire de rire trop fort et de laisser monter ses yeux.
Bris de verre retirés.

Le désinfectant, maintenant, qu’elle versa sur une petite compresse avant de tamponner doucement la main large dont la lisseur avait été souillée de verre.
Pour ne pas que cela s’infecte, pour ne pas que cela fasse mal. Pour que ce qu’on avait retiré puisse faire place à la guérison, la réparation, le renouvellement.
Plaie désinfectée.
Alors qu’elle releva la tête, Solal surprit sur son visage le regard troublé de Magnus. Quelques sentiments, quelques centimètres seulement des joues rosées de la djinn. Et ce cœur sot qui s’emballait, à voir cet océan si proche. Cette pulsation derrière ses côtés, qui criait oui, qui criait non. Qui lui hurlait de prendre en compte la coupure qui touchait le cœur. Et de la guérir. Ou de ne pas la guérir. Tout était confus et clair pourtant. Dans le regard bleu de Magnus, elle vit un sourire s’esquisser.
Alors elle sourit en retour, un de ceux qui contenaient le monde.
Il n’y avait plus à penser, il n’y avait plus qu’à panser. Dans la lumière trop froide, trop crue, entre les battements de ses tempes, Sol Delacroix mordit sa lèvre.
Il n’y avait plus qu’à panser.

ADMIN ◊ RESISTANCE
Ciarán Cearbhall
Ciarán Cearbhall
ADMIN ◊ RESISTANCE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 75fb9d6338aa9265f4e2041fc31fc9bd



magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Fp6I44sD_o


Pseudo / Pronoms : evy / elle
Messages : 173
Âge : trente-sept ans
Nom rebelle : Bagdad
Nombre de dés : cinq dés eau + un dé terre
Résidence : seattle, au plus près de l'eau
Profession : scénariste spécialisé dans le cinéma surnaturel
Faceclaim : sebastian stan
Pouvoirs/capacités : nymphe lié à l'élément de l'eau, maîtrise également la terre depuis plus récemment
Crédits : inthebleakmidwnter (avatar) adamantium (aesthetic), magma. (code signa), aithusa (crackship)
Disponibilité RP : disponible ◑
Multicomptes : rhea, scylla, daesyn, raina, abraxas, chiara, artemis, sheva & beatriz
Points : 72
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mar 9 Mar 2021 - 20:20
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
Une seconde. Le temps d’entendre le clic de la serrure. Depuis combien de temps t’as pas vu d’autre appartement que le tien, Magnus ? Tu clignes des yeux plusieurs fois tellement t’es surpris, pris à la gorge par des arômes étrangers, par les meubles qui ne sont pas les tiens, la décoration que tu n’as pas fixée au mur. Tu te sens tout perdu d’un coup, comme si les murs étaient trop grands, comme un explorateur qui découvre une nouvelle terre et qui ne sait pas encore l’apprivoiser. Comme un chat, tu voudrais aller te foutre sous le canapé pour observer, le temps de t’acclimater au lieu. Mais t’es pas là pour rester, et bientôt Sol te délivre de toute façon en t’entraînant dans la salle de bains. Elle est belle, dans la lumière blanche. T’avais déjà remarqué dans la rue parce que tu n’es pas aveugle – pas à ce point, mais là tu vois tout son visage, sans ombre, sans la confusion qui masquait ses traits. Tu souris devant les paillettes du rideau de douche. Tu te sens con soudainement avec ton rideau opaque à la maison.

Deux secondes. Le regard à la dérobée que tu accroches à ses yeux en t’asseyant. Décidément, t’as un problème avec ses cheveux, et il va falloir que tu t’en remettes. T’as une envie chelou de passer ta main dedans, d’en défaire les quelques nœuds, de sentir la soie dorée caresser ta peau. On dirait qu’elle a fait ça toute sa vie, alors tu te tais et tu la laisses faire, déplier ses outils et s’atteler à la mécanique du cœur. Remettre les boulons en place, enlever les grains de poussière et les échardes, polir le métal et enlever la rouille. Tu souris distraitement. Non, tu lui diras pas si t’as mal, tu sais plus comment faire. Mais étrangement, t’as pas tant peur non plus. Tu regardes pas la plaie, tu la regardes elle. T’anticipes pas la douleur, c’est pas comme d’habitude – t’es là, t’es présent, t’es pas à côté de ton corps ou dans la pièce à côté en te bouchant les oreilles pour pas entendre tes propres excuses saccadées. Tu pensais avoir oublié ce que c’était, mais t’es là, pourtant.

Trois secondes. Le silence qui dure quand elle t’annonce qu’elle a fini. C’est trop con, t’as rien senti. « Merci » tu susurres, avec une tonalité de surprise dans la voix. Finalement t’es peut-être parti, mais pas très loin. « T’as les mains douces » Ça t’a échappé, et tu regrettes presque, parce que tu sais qu’une digue en toi est en train de lâcher. Mais tu peux pas t’en empêcher. Tu te demandes pourquoi elle s’évertue, pourquoi elle fait ça, parce que ça existe pas les gens qui recueillent les épaves chez eux pour les réparer, sans rien demander en retour. T’aimerais lui rendre la pareille, t’aimerais faire quelque chose mais tu sais pas y faire et tu la connais pas. Tu voudrais tout savoir, tu voudrais lire dans son âme pour tout comprendre, pour savoir instinctivement ce dont elle a besoin. Tu voudrais être doué avec les mots, tu voudrais être télépathe, tu voudrais savoir écrire des poèmes, tu voudrais être fort, savoir réconforter, tu voudrais te modeler pour être la pièce du puzzle qui manque. Tu te voudrais chewing-gum, patafix ou autre connerie élastique, tu voudrais être le papier bulle qui enrobe, le fil qui peut recoudre, le ciment qui construit. Tu voudrais être le chêne, tu voudrais être le vent, tu voudrais être une montagne. Tu voudrais agir, tu voudrais te sentir vivre. Tu voudrais vibrer. Tu voudrais faire vibrer.

Quatre secondes. Le temps de prendre la décision, d’hésiter puis de te pencher. Souffle chaud trop près de son visage, ses yeux comme une flamme, pauvre papillon aux ailes froissées, tu n’avais vraiment aucune chance. Alors tu viens te brûler à sa chaleur, tu viens tout foutre en l’air mais elle a le goût du sucre et de ce que tu imagines être le printemps. Tu te perds, tu te bats contre ce qui bondit à l’intérieur de ton estomac. La digue, la digue qui flanche, et le désir qui t’inonde. La culpabilité, aussi. La reconnaissance, surtout.

Cinq secondes. Tu prends ton temps pour te reculer, malgré tout. Tu pourrais te frapper contre les murs – pas parce que c’était une connerie, mais parce que tu regrettes pas. Ta voix tremble, t’essaies de rester stoïque mais t’as peur qu’elle te gifle, t’as peur d’avoir mal fait, de lui avoir imposé quelque chose, t’as peur qu’elle te vire, que le moment se brise et qu’une nouvelle fleur se fane à ton toucher. « Je suis désolé, je… Je veux pas que tu penses que je suis venu pour ça. J’ai juste… » Tu sais pas comment te justifier, t’as peur d’être cliché, t’as peur de dire la mauvaise chose, tu regardes rapidement autour de toi et tu te détestes de repérer la pince à épiler restée sur l’évier, c’est la première chose que Sol pourrait attraper. Tu t’en veux d’y penser, tu sais que la femme qui se tient devant toi n’est pas celle qui t’attend à l’autre bout de la ville, mais c’est comme ça. T’as déjà commis le crime, de toute manière, alors tu ne vas pas renier le châtiment. Mais il faut qu’elle sache, il faut qu’elle sache pourquoi. « Je te vois » Tu dis simplement, parfaitement conscient que ce que tu dis n’a aucun sens mais les mots qu’elle a prononcés quelques instants plus tôt sont restés gravés dans ton esprit. Elle n’existe pas quand il ne la regarde pas. Mais elle n’est que lumière, elle n’est que douceur, elle est jasmin et lilas, elle est ta chanson préférée, elle est satin et soie et tu la vois. Et longtemps après ton départ, elle sera encore tout ça.

Une éternité. Dans l’attente de vivre, enfin, une vie pour toi.
   

   
CODAGE PAR AMATIS
   
MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mar 9 Mar 2021 - 22:41
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

Cinq. Solal se tenait, idéale, sur le bord de sa pierre tombale. Au bout d’un rêve trop banal qui la faisait sentir trop sale. Râle, effeuille tes pétales et qu’à la fin se lève le voile sur la clarté bien automnale de ton paradis vespéral.
Quatre. Elle sentit la flamme s’allumer, quelque part derrière son ivresse. Elle sentit la flamme s’allumer, derrière la paresse de sa liesse et dans son crâne comme une messe qui déchirait les instants presses. Encaisse, encaisse la détresse, encaisse la maladresse, encaisse la finesse. Ne laisse pas surgir les caresses.
Trois. Adresse de ses yeux si bleus. Bleu Magnus, bleu Solal, bleu océan. Bleu comme le feu, bleu comme les nœuds qui derrière les iris dansaient, bleu comme ce vœu solennel et peu judicieux qui semblait décrire son tracé sur le fond heureux des instants. Instants preux, instants pieux, instants peureux.
Deux. Océan, océan comme un cerf-volant, cette basse routine derrière leurs gants. Dans un battement élégant, battement de cils, battement de temps, Solal vit surgir fatalement l’absence totale d’évitement. Enfant, enfant dans ce renouvellement, cette panique de chaque instant où elle redevenait diamant.
Un. Soudain, dans la clameur de son chagrin, Solal fit face à ce destin. Un dessein comme lilliputien qui enfin devenait le sien.

Zéro. Quand les lèvres de Magnus se posèrent sur les siennes, Solal se désintégra. Elle devint nuit, elle devint rauque, elle devint poussière de nébuleuse à la clarté des néons grésillants. Quand les lèvres de Magnus se posèrent sur les siennes, Solal se désintégra. Parce qu’elle les avait appelées. Parce qu’elle les avait désirées. Parce que dans la nuit solitaire où elle se retrouvait plongée, ses lèvres fleuraient bon le musc et la fraîcheur d’un soir d’été. Solal se désintégra, consumée toute entière par les propres flammes de son être, par la propre douleur de l’autre. Solal se désintégra, cessa d’être femme pour être djinn, cessa d’être djinn pour être clarté, cessa d’être clarté pour être lumière.

Lumière voilée, lumière fêlée. La cicatrice dans la paume n’était plus une fêlure maintenant. Elle était la fenêtre rouge par laquelle filtrait tout Magnus. Il en sortait, il s’épandait, il éclatait enfin dehors. Le cerf-volant blanc libéré de sa prison de côtes fêlées. Rien que pour ça, ça valait le coup. Rien que pour ça, Solal le sut. Elle sut qu’elle venait de tout perdre. Elle sut qu’elle venait de tout gagner. Que cette nuit serait sa chute mais permettrait de se relever.
Milo s’imposa à sa conscience, visage souriant à travers les brumes. Une larme faillit perler.
Une larme vite effacée, par les mots censés de Magnus. Des excuses. Des excuses, des excuses, des excuses. Elle ne voulait pas qu’il s’excuse. Jamais. Il n’y avait pas à s’excuser, on s’excuse lorsque l’on fait mal, on s’excuse lorsque l’on trahit, on s’excuse lorsqu’on a menti. Mais Magnus, avec tous ses regards tremblants et ce mot glacé -Iris- sur ses lèvres, Magnus n’avait jamais menti.
Lumière salée, lumière brulée. C’était elle, la menteuse, l’imposteuse, celle qui avait voulu qu’il monte juste pour pouvoir le réparer. Stupide, stupide Sol. Parce qu’on ne répare pas les gens sans leur donner un bout de soi. Et qu’elle aurait dû savoir au fond, que ce bout d’elle était trop grand. Qu’en le trouvant elle se perdrait, se perdrait définitivement, sans l’ombre creuse d’une boussole, sans un plan du ciel à tracer.
La voix grave tremblait, désormais. Nue par magie, sortie des masques que depuis le début il posait sur les mots cernés de sa vie. Une toute autre voix. La même pourtant.
« Je sais. » fit simplement la blonde avec une main sur son bras qui s’était voulue apaisante.
Oui, elle savait. Elle avait su. Elle avait toujours su. Qu’elle ne pourrait tout lui donner sans perdre un morceau de son être, qu’elle ne pourrait tout lui panser sans devenir elle-même cassée.
Lumière éclipsée, lumière révélée. Il la voyait. Il la voyait, dans toutes ses failles, dans toute l’ardeur de sa lutte éternelle. Il la voyait, épouvantail, elle qui ne visait qu’à aider. Il la voyait, et maintenant que de leurs lèvres étaient nées un baiser fugace, il semblait toute la regretter.
Et que, pour une raison étrange, elle ne voulait pas qu’il regrette.

« Chuuuuuuut. » sa voix, bruissement à la limite des sons que l’on pouvait entendre.
D’un doigt à tendresse infinie, elle laissa glisser sur une joue la pâle caresse de son pouce. Pas assez, pas assez pour le réparer, pas assez pour faire taire ce cri qui dans ses côtes hurlait. Milo. Milo. Milo. Milo. Milo. Milo. Milo. Milo. Milo. Milo.
« Je te vois aussi. » glissa-t-elle dans le murmure d’une voix tiède. « Et je vais pas te faire de mal. »
Comme pour souligner son propos, malgré sa conscience qui beuglait, aveuglante comme un nouveau-né, elle se repencha à son tour pour déposer sur la lippe brune le nouveau calme d’un baiser.
Lumière retrouvée.
Le zouwu dans l’oubli plongé. Elle avait tant quitté ce monde, tant pris sur elle tous les péchés, qu’elle avait oublié de respirer. Et dans son cœur, parmi la houle et la clameur de tous ses torts, un nouveau nom faisait surface, un nom qui pouvait tout changer.
Magnus.

ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
Scylla Van Seabrook
Scylla Van Seabrook
ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 FtRFIe0J_o



magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 CSRzQvQV_o

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Unknown


Pseudo / Pronoms : evy / elle
Messages : 267
Âge : à peine trente ans, la fleur de l'âge
Nombre de dés : trois dés en contrôle sonore, deux dés en contrôle sensoriel, un dé en persuasion et hypnose
Résidence : washington, la belle capitale
Profession : attachée au ministère du surnaturel à la maison blanche
Faceclaim : logan browning
Pouvoirs/capacités : sirène ; manipulation sonore (3D), contrôle sensoriel (2D) & hypnose (1D)
Crédits : avatar by awonaa, aesthetic by adamantium, crackship by leah
Disponibilité RP : disponible ☾
Multicomptes : rhea, ciarán, raina, abraxas, artemis, chiara, elisheva, beatriz & jade
Points : 473
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mer 10 Mar 2021 - 21:25
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
Tu meurs mille fois dans l’attente, éclaté en petites constellations, éparpillé sur le sol à ses pieds. Tu sais pas pourquoi ça compte autant mais c’est capital, comme si le restant de ta vie dépendait de cet instant, de la lumière qu’elle choisira ou non de te retirer. T’es suspendu à ses lèvres, suspendu à ses paumes, suspendu à son cœur, son cœur qui a l’air assez grand pour contenir les cinq continents. Mais le bruissement de sa voix parvient jusqu’à tes oreilles et tu sens tes muscles se tendre, d’anticipation, de compréhension aussi. La lumière crue te traverse, te fend en deux lorsqu’elle te touche à nouveau, un geste tendre, presque maternel – ou ce que tu imaginerais maternel, en tout cas. Elle te touche à la joue mais c’est dans tout ton corps que tu le sens, comme un message envoyé à travers chaque nerf, chaque particule. C’est rien du tout, c’est anecdotique, c’est juste une caresse sur la joue, mais ça te fait rêver de plus, ça te fait rêver d’ailleurs, d’un monde dans lequel ces choses là se feraient dans l’abri que tu as construit et qui se détruit chaque jour un peu plus.

Elle te voit aussi, elle te dit. Ton regard vacille, l’espace d’une seconde – tu doutes immédiatement, t’as voulu qu’elle te croie quand tu l’as dit parce que t’as jamais été aussi sincère mais brusquement quand ça vient d’elle tu doutes. Pourquoi, Magnus ? Parce que tu penses pas le mériter ? Tu te crois à ce point incompris et invisible que t’arrives pas à computer quand on te retourne tes belles paroles dans tes tympans lacérés ? Tu crois que y’a rien chez toi à aimer, à voir ? C’est ça, n’est-ce pas ? A force qu’on te le dise t’as fini par le croire. Je vais pas te faire de mal. Non, tu le sais. Tu recules pas cette fois, tu te protèges pas, ne forme pas de bouclier avec tes bras. Elle te rend ton baiser et c’est comme la caresse de l’été. T’as la tête qui tourne, tu sais pas si c’est ce qui te reste de l’alcool ou la chaleur qui se répand dans tes veines, probablement un peu des deux, mais tu souris. Là, dans une salle de bains blanche avec un rideau de douche à paillettes, t’as retrouvé un petit bout de toi.

Et comme si elle t’avait entendu depuis l’autre bout de la ville, tu sens ton téléphone vibrer et tu sais que c’est elle. Tu sais qu’elle a compris que tu l’as oubliée, l’espace d’une seconde, et elle veut se rappeler à ton bon souvenir. T’es à moi Magnus, tu te rappelles ? Jamais personne t’aimera comme moi, personne sur cette terre pourrait t’aimer comme je t’aime. C’est moi, ta moitié, ton tout. J’aime pas quand tu l’oublies, j’aime pas ce que tu fais de moi quand tu t’éloignes, j’aime pas ce que tu m’obliges à affronter, j’aime pas comme tu me regardes quand je me défends, quand je te rappelle à qui tu dois tout ce que tu es. J’aime pas la larme qui coule sur ta joue, tu me fais passer pour un monstre. T’as de la chance que ces petits numéros ne m’atteignent pas, que je reste malgré tout. T’as de la chance de m’avoir, alors éloigne toi d’elle. T’as cillé, t’as tremblé toi aussi en même temps que ton portable. T’as peur, et t’es pas doué pour le cacher. C’est quelque chose dans tes yeux, dans la manière dont ta mâchoire se tend.

C’est dans le regard de Sol que tu trouves la force de demander. « Est-ce que je peux avoir un verre d’eau ? » Une pauvre excuse, une pauvre demande pour lui signifier que t’as envie de rester, même après le baiser, même après avoir pansé tes plaies. Quelques minutes, encore, quelques instants sucrés, un peu d’oubli avant d’y retourner. Tu repousses le moment, encore et encore. Il y avait un bout de toi dans la salle de bain, t’as bien l’intention de faire toutes les pièces et de repartir un peu plus entier. Alors tu te relèves et tu suis Sol, main dans la main. Tu laisses ton téléphone sur le lavabo.

Il fait sombre dans le salon, à peine éclairé par les rayons de la lune. Et Sol est belle, encore, sous cet énième éclairage. Tu souris, un peu blasé. Il faut que tu fasses gaffe, Magnus, prends garde à ton cœur entouré de ronces, si tu les transformes en boutons de rose t’auras plus jamais envie de partir et il faudra que tu partes à un moment. Ne te fais pas plus de mal que nécessaire. La liberté doit se savourer en petites doses. Tu t’assois dans le canapé, disparaissant dans l’obscurité. Silencieusement, tu supplies pour qu’elle n’allume pas la lumière – la pénombre est réconfortante, elle cache tes hontes et tes doutes, le feu de tes joues et la sécheresse de tes lèvres. « Merci. Pour tout. » Tu souffles quand Solal s’installe près de toi, ses genoux frôlent les tiens. Tu te détestes, bordel, tu te détestes d’être là et de t’accrocher à elle comme à un phare dans la tempête parce que t’es pas foutu de savoir nager. Mais faut te comprendre, t’as la tête sous l’eau depuis tellement longtemps, t’es avide des goulées d’air qu’elle te donne. Avec une douceur infinie, tu lèves la main vers le visage de Sol, tu replaces une longue mèche de cheveux blonds derrière son oreille, des brins de soleil qui t’électrisent. Tu laisses tes doigts glisser jusqu’au bout de la longueur, comme une larme sur une joue. Tu sais que tes yeux brillent dans la lumière de nacre, une lueur qui ne survivra pas à l’arrivée du jour.
   

   
CODAGE PAR AMATIS
   

_________________


in my defense i have none
I had all and then most of you. Some and now none of you. Take me back to the night we met. I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you. BY MAGMA.
MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mer 10 Mar 2021 - 22:21
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

Le second baiser était plus doux, leurs lèvres se retrouvaient déjà et elles faisaient plus amples connaissance posées simplement les unes contre les autres. Un instant, Solal avait cru que cela ferait mal. Que l’infidélité soudaine allait électriser sa peau, qu’une sirène assourdissante s’élèverait dans les murs blancs, qu’un fantassin tomberait du ciel pour lui hurler qu’il l’avait vue et qu’il allait tout répéter. Mais rien de tout cela n’arriva. Il y avait juste ce baiser, contenant la dérive du monde et l’absolution de leurs âmes, dans laquelle elle plongea sans crier gare.
Pas de cris, pas de rupture, pas de drame, juste l’étreinte trop agréable de leurs mains restées démunies que la djinn n’osait pas lâcher.
Et puis le téléphone vibra.
Un sursaut de sa conscience ivre, hoquet tressautant et violent qui la ramena sur le sol. Elle recula son visage. Milo. Est-ce qu’il lui avait écrit ? Est-ce qu’il lui avait enfin écrit ? Est-ce qu’il allait pouvoir la rejoindre, alors qu’elle-même ne pensait qu’au confort doux de la peau de Magnus, des mots de Magnus, des mains de Magnus ?
Mais ce n’était pas son téléphone à elle, sans doute abandonné depuis quelques minutes dans la chaleur d’une poche lointaine. C’était celui de Magnus. Instantanément elle vit l’homme en face d’elle se tendre, sa mâchoire se contracter, et derrière ses pupilles enflées le léger fardeau de la peur. De la colère, aussi, peut-être. De la tristesse, sans doute.
« Je … » débuta-t-elle.
Jamais elle n’achèverait sa phrase. Tourbillon de pensées et de ces envies contradictoires, tourbillon rempli de la houle et de la foule des sentiments opposés, tourbillon qui bientôt sombrerait dans la bonde du lavabo. Sol était comme cette eau du bain qu’on a laissé longtemps tiédir, sans pouvoir rejoindre son salut. Magnus avait retiré le bouchon, dégagé l’issue de secours, et toute entière elle s’engouffrait dans cette brèche de son quotidien, dans l’absence d’absence de quelqu’un, dans l’absence d’absence d’une main qui saurait la tirer d’elle-même en la forçant à être soignante, en la forçant à être étoile, en la forçant à s’être fatale.
« Oui. » répondit-elle en un sourire. « Oui, bien sûr. Viens. »
Le salon, plongé dans la pénombre, ne dévoilait pas son bazar à leur invité temporaire. Elle désigna d’une main lasse la surface accueillante du canapé, un de ces vieux meubles en tissu que Chiara et elle avait déniché on ne savait trop où, mais qui prenait place dans la pièce comme s’il avait toujours été là.
Tournant le dos à l’invité, elle remplit dans la cuisine éteinte deux verres d’eau à même le robinet. L’eau trop froide lui gelait les dents, et elle ne voulait pas avoir froid, ce soir-là, Sol. Elle voulait laisser la chaleur, laisser la lumière se répandre et lui offrir de quoi rêver. Puis s’en retourna au salon.

S’asseyant auprès de Magnus, elle laissa la lumière éteinte. L’allumer eut été un crime, l’allumer eut été la fin de cette intimité naissante qui se créait entre leurs corps. L’allumer, surtout aurait crié la honte. Car tout ici criait Milo, car tout ici criait Chiara, car tout ici criait Sören, complicité dans le cosmos. Sol savait que, en allumant, elle s’exposerait au jugement de tous les meubles dépareillés.
Gare à toi si tu t’allonges avec lui sur moi, Sol, lui intimerait le canapé. Des étreintes, tu en as eues trop, mais jamais avec cet homme-là. Va donc retrouver ton Milo, la pièce de puzzle qui te manque, dis-lui que tu es désolée et contrains-le à te parler. Alors, la table basse ajouterait que oui, Solal devrait se méfier de lui, de ce Magnus, de cet inconnu trop notoire dont les tibias s’approchaient d’elle. Les livres, par pans tout entiers, se déverseraient dans le salon, emplissant de leurs pages accusatrices l’obscure clarté de la pièce. Le parquet même, là sous leurs pieds encore chaussés, semblait grincer d’un ton aigri.
Non. Lumière éteinte. Et ce très sobre clair de lune qui se déversait sur leur visage. Solal était devenue ombre, et Magnus n’était que clarté.
« Pourquoi merci ? »
Malgré elle, elle sentit son corps tout entier transir et bruler lorsque l’autre effleura ses cheveux, son oreille, sa joue. Comme si elle avait plus de nerfs qui irradiaient depuis cet endroit, comme si en s’approchant trop d’elle il avait mis le feu à sa peau. Mais pas un feu dérangeant, pas un feu dévorant, pas un feu brûlant, non ; cette flamme douce et trop sèche qui allumait d’une main claire le réverbère de son cœur.
Et là, sous les frissons, sous les brulures, sous les aveux et la culpabilité, Solal eut cette pensée idiote. Qu’il lui faudrait vivre au présent.

Alors, quand la main de Magnus approche l’arrondi de sa joue, la djinn lève une main trop fraîche pour la plaquer contre sa peau. Elle reste ainsi un court instant, lovant la courbe de son visage dans leurs deux mains là réunies. Et puis elle baisse un peu la tête.
Plus de mots à faire dégringoler, plus de verre d’eau à apporter. Mais cette blessure à panser. Encore. Toujours. Que l’infirmière en elle ne peut pas décemment ignorer. Alors, quand elle ouvre la bouche, c’est la soignante en Sol qui parle, c’est la psychiatre en Sol qui parle, c’est épicure en Sol qui parle.
« Il s’est passé quoi avec Iris ? »
Elle sait qu’elle va regretter d’avoir posé la question, elle sait qu’elle va jeter un froid en amenant ça sur le tapis. Mais il n’y a pas de tapis, chez elles, il n’y a que ce parquet grinçant qui a cessé de menacer depuis qu’elle pensait au présent. Alors elle amène le sujet, parce que peut-être bien que jamais le sujet ne sera ramené. Parce que peut-être elle peut guérir, parce que peut-être elle peut aider. Parce que peut-être elle veut aider.
Et dans ce monde sublunaire, assise sur un divan vieilli, Sol Delacroix enfin se retrouve en faisant ce qu’elle fait de mieux. Rayonner.

ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
Jade Griffin-Knight
Jade Griffin-Knight
ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 SUsrlYEh_o

÷

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Bd47d1fc654946ac6d402a2b9316c05d47c24cef


Pseudo / Pronoms : evy / elle
Messages : 189
Âge : 151 ans
Résidence : la nouvelle-orléans, pas vraiment par choix
Profession : horloger, gardien des aiguilles du temps
Faceclaim : freddy carter
Pouvoirs/capacités : djinn, maître des illusions
Crédits : adamantium (aesthethic), ostara goddess (avatar)
Disponibilité RP : disponible ÷
Multicomptes : rhea la pile électrique & scylla la princesse des coquillages
Points : 87
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Sam 13 Mar 2021 - 12:37
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
Tout autour de toi, la tranquillité. Le silence comme une église, et c’est là que tu vas prier sur l’autel de Sol. Pour glaner un peu de sa chaleur, de sa douceur, pauvre pécheur que tu es. Tu sais que tu vas le payer, tu ne cherches même pas l’absolution. Dans l’obscurité, tu sais que c’est l’heure des confessions. Tu te sens plus chez toi ici que dans l’appartement froid que tu partages avec la femme de ta vie, t’as peur de t’enfoncer trop profondément dans le canapé, de laisser une marque trop visible. T’as peur de tout gâcher pour elle aussi, mais tu ne peux pas savoir. T’as l’impression de tout connaître mais tu ne sais rien de ce qui se passe derrière ses yeux bleus. Tu sais pas ce qu’elle sacrifie en te laissant toucher son visage comme ça – mais pourtant elle vient poser sa main sur la tienne et t’as l’impression que les étoiles te touchent enfin de leur clarté, que les planètes sont enfin alignées, quelque chose en toi bouge, Magnus. T’es pas tout à fait sûr de la direction mais ça te suffit, pour l’instant. « Parce qu’on le dit jamais assez. » Parce que t’as appris qu’on prend trop souvent les choses pour acquises et que c’est le meilleur moyen de tout détruire, de laisser la rouille s’installer et prendre le pas sur toute forme de beauté. Il faut reconnaître les autres, il faut les aimer, il faut les apprécier. C’est ça qu’Iris a essayé de t’enlever.

Tu ne bouges pas d’un cil quand Sol te pose la question funeste, la seule question à laquelle t’as jamais réussi à répondre, malgré tous tes efforts pour comprendre. Mais répondre à cette question c’est comme être piégé dans un sablier, enseveli sous les doutes, les insécurités, la culpabilité en frappant contre les parois sans que le moindre son ne sorte, jusqu’à ce que finalement il soit retourné et qu’une dune se déverse à nouveau pour t’étouffer. Plus désorienté à chaque fois, moins combattif, plus résigné. Tu ne comptes plus les tours de sabliers, aujourd’hui. « Je sais pas. » T’as peur qu’elle se matérialise, que le murmure de son nom la ramène ici. T’as peur qu’elle frappe à la porte pour réclamer son dû. T’as peur de ce qu’elle pourrait faire à Sol. T’as peur de pas réussir à lui échapper, qu’elle aspire cette soirée comme elle a aspiré toutes les autres. Et t’as honte de te le formuler comme ça, aussi. Mais étrangement, c’est dans cette obscurité légère, tu trouves une supernova absolue, et tu as l’impression de voir pour la première fois. « C’est même pas une platitude, promis. Je ne sais pas comment on en est arrivés là. » Iris habite tous tes muscles, elle hante ta gorge et tes poumons comme une fumée épaisse qui menace ton larynx de son opacité. Ne dis rien, arrête de parler. Elle ne pourrait pas comprendre, pour quoi je vais passer ? Prends tes responsabilités. « Je crois qu’elle est tombée amoureuse de celui en qui elle espérait pouvoir me façonner. Et quand elle s’est rendu compte que ce n’était pas moi… » T’as failli continuer, t’as failli dire qu’elle a commencé à te le faire payer. Mais la vérité est plus triste que ça, plus compliquée, plus sordide. Votre histoire est comme un long poème écrit avec passion et ardeur, les premières strophes écrites en noir avec une calligraphie précieuse, rythme mesuré, comme une plume qui danse sur la page – mais le poignet fatigue et les vers se font moins beaux, moins ordonnés, et il devient de plus en plus dur de continuer. Mais le muscle a la mémoire de l’habitude, la ferveur de terminer. Le poète continue d’écrire alors que l’encrier est vide, que rien ne se trace sur le papier, que les mots sont secs et oubliés. Mais la détresse persiste. « C’est un cercle vicieux. Plus j’essaie, plus je la déçois, et plus je veux la convaincre. Mais c’est épuisant. C’est douloureux. » On ne sait jamais où le cercle débute et où il se termine – y a-t-il vraiment une fin à tout ça ? Peut-on vraiment briser le sablier sans s’empaler sur le verre brisé?
   

   
CODAGE PAR AMATIS
   
MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Dim 14 Mar 2021 - 13:36
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

Elle n’est plus ivre, Solal, elle est alerte et éveillée. Ses sens engourdis par l’alcool redeviennent aptes à véhiculer toutes ces informations contraires qui s’agitent sous son épiderme. Sur sa peau. La main de Magnus est sur sa joue, et la djinn souriante sait qu’elle devrait le regretter. Mais elle n’a même plus de regrets.
Sol est engagée dans la course de l’histoire, engagée dans le fil de cette vie, et désormais il est trop tard. Trop tard pour reculer. Trop tard pour sauver ce qu’il reste encore de son ivresse. Trop tard. L’horloge de la cuisine, celle où Chiara et elle ont inscrits à toutes les heures qu’il n’y avait pas de temps pour vivre, vibre de son tic-tac sonore. Trop tard. Et Magnus qui trône là, dans ce décor de bien trop tard. Magnus, pour qui il n’est pas trop tard, pourtant. Ou bien peut-être bien que si, peut-être bien qu’elle sera contrainte d’abandonner, qu’elle ne pourra pas l’aiguiller. Mais elle tombera en essayant. Et ensuite elle se relèvera. Sol est partie prenante de Magnus, maintenant, comme Magnus fait partie d’elle-même.
Pourtant elle soulève ses doigts tièdes et laisse glisser doucement la main de son invité hors de leur étreinte silencieuse.
Iris est là. Iris s’est installée entre eux, assise sur le canapé, logée dans l’habitacle sombre. Iris se tapit dans la pénombre, et derrière chaque mot de Magnus la jeune femme laisse une tension. Un murmure. Une ombre, derrière la clarté enivrante des yeux azur de son hôte. Iris est là, et Sol sent bien sur leurs épaules soudain ployer le poids des jours. Ces jours creux, ces jours vides, ces jours atones, où tous deux s’étaient enfermés sans la connaissance de l’autre. Ces jours sans rires, ces jours sans larmes, ces jours sans vie. Elle les sent qui s’accumulent, qui font leur nid trop obsédant dans la gorge nouée de Magnus. Elle a envie de les chasser, de remplir sa cage thoracique de confettis multicolores qui lui donneraient enfin de l’air. Elle ne l’interrompt pas, cependant. Non. Sol laissa la tourbe incessante des tristesses borgnes se déverser ; hoche la tête d’un air hagard.
« Elle n’a pas le droit de te façonner. » lâche-t-elle dans un soupir. « Personne n’a le droit de te façonner, Magnus. »
Tu es unique. Tu es vivant. Tu es parfait. Chacun des êtres qui gravitent dans ce monde à demi malade est la perfection incarnée. Toi autant qu’un autre, Magnus. Toi plus qu’un autre, avec cette douce délicatesse qui caractérise tes pensées et la sombre courbe de tes lèvres qui n’arrête pas de m’appeler.

Un instant la blonde songea à ces autres lèvres embrassées, celles qui s’agitaient quelque part dans l’ombre d’une révolution. Milo. Déjà son nom semblait plus doux, comme de la craie après la pluie qu’elle dessinait sous le ciel clair.
Milo.

Non, Sol se recentre, Sol se concentre, Sol est ici, Sol est maintenant.
Sa main crispée autour du verre, empli d’une eau bien translucide qui reflète la clarté lunaire, la djinn voudrait faire quelque chose. Magnus. Elle veut faire quelque chose pour lui, mais elle ne sait pas quoi. Il y a ce visage qui l’appelle, qu’elle a envie de caresser, juste effleurer du bout des doigts pour sentir sur sa peau lassée le frémissement d’une autre courbe et la tension dans son cœur creux. Elle a envie de le toucher, là, d’avoir sa peau nue tout contre elle pour lui dire que la vie existe, qu’il existe, qu’il est un et indivisible, qu’il ne peut pas être façonné parce qu’il a déjà une forme, une chair, un corps, qu’il est un tout dont la lumière sait baigner de son auréole la chaleur morne d’une nuit fragile.
Elle ne le fait pas, Solal, parce que ça ne se fait pas. Parce que ce rêve est trop étrange, si c’en est un, si c’est la vie. Parce qu’elle se sent à la dérive sur un canot qui porte un nom. Magnus. Elle voudrait dériver avec lui, juste un instant, pour le tirer vers la surface, que sa tête crève vers l’air ambiant et que ses poumons s’emplissent de vie.
« Je ne sais pas quoi te dire. J’aimerais pouvoir faire quelque chose. »
Est-ce-que ça se fait, Solal ? Est-ce-que ça se fait, de dire ça, de faire ça ?
Non. Peut-être pas. Sans doute pas. Alors elle pose juste sa main sur le tissu recouvrant sa cuisse, et elle presse tout doucement. Juste assez fort pour qu’il le sente, mais pas assez pour qu’il ait mal, comme on appuierait sur un bleu pour vérifier son existence.
Elle a des milliers de choses à dire mais aucune ne franchit ses lèvres. Elle se dit qu’elle voudrait que le temps s’arrête, elle voudrait que la vie s’arrête, que l’univers dans son entier puisse faire une pause un court instant, pour que Magnus puisse respirer. Pour que la faille dans son armure finisse par avoir raison d’elle, que l’arc-en-ciel se déverse pour projeter sur les murs sombres de nouvelles ondées colorifères. Elle se dit qu’il est beau, là, si près d’elle. Elle se dit qu’elle ne regrette pas, qu’il y a assez à faire au présent pour se soucier du reste du temps. Elle se dit qu’elle est détestable de s’efforcer à penser ça. Elle se dit qu’au fond rien ne compte, tant qu’il est là, tant qu’elle est là.
Elle se dit qu’heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière.

ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
V. Raina Dragonstone
V. Raina Dragonstone
ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 P1ex



magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 509a54acaa56be975b1e2bc2c0c65b0a


Pseudo / Pronoms : evy / elle
Messages : 153
Âge : trente ans
Nombre de dés : trois dés
Résidence : phoenix, arizona
Profession : jeune avocate spécialisée dans le droit des femmes et de la famille
Faceclaim : elizabeth debicki
Pouvoirs/capacités : gorgone de niveau deux
Crédits : (c) huntingpearls pour l'avatar
Disponibilité RP : disponible ✺ (6/6) valkyria, iago, river, caliban, altaïr & holly
Multicomptes : rhea, scylla, daesyn & ciarán (oupsie)
Points : 322
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Dim 14 Mar 2021 - 23:48
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
Tu souris, en te réfugiant dans l’obscurité comme tu l’as toujours fait. T’en es reconnaissant, y’a jamais de laideur dans le noir, jamais d’aspérité. Tu trouvais ça réconfortant, gamin. T’avais toujours hâte que le jour tombe, y’avait ces belles couleurs puis le néant, le silence. Aujourd’hui encore, t’observes le coucher de soleil avec avidité. Tu préfères le réconfort de la pénombre, de la quiétude, quand t’entends rien ça veut dire qu’il n’y a pas de porte qui claque ou de table qui se retourne. Tu marcheras pas dans du verre demain matin. Et puis il y a les étoiles. Tu te souviens quand t’étais gamin et que ta mère les regardait avec toi, dans le jardin, au milieu des primevères et du chèvrefeuille. Quand elle est partie, ton père a voulu la remplacer mais c’était pas pareil. Tu l’aimais d’essayer, mais ses efforts n’ont jamais payé. T’as essayé avec Iris, bien des années plus tard, mais elle s’est relevée vite, les yeux plein d’ennui. Dans le salon de Sol, tu les vois à travers la fenêtre qui te narguent et t’appellent.

Tu souris, avec une légère mélancolie dans les iris. Tu sais que Solal a raison alors tu hoches la tête, presque imperceptiblement. T’espères que tu t’en souviendras lors des nuits suivantes, quand tu seras allongé près d’Iris en craignant l’aube. T’espères que t’auras la force de caractère, la volonté de récupérer les bouts de toi disséminés aux quatre coins de l’appartement et les garder précieusement contre ton cœur pour ne plus les laisser partir, pour ne plus oublier. Mais t’espères aussi que t’as pas à le faire, au fond. T’espères toujours qu’un beau matin elle va se réveiller et elle va t’aimer, toi. Qu’elle va te voir, qu’elle va sourire, que vous arriverez au crépuscule sans devoir tailler dans un bloc de glace à la pelle et à la pioche pour vous retrouver.

Tu souris, devant son honnêteté et sa candeur. Sol infirmière, c’est si évident que c’en est douloureux. Il en faut des comme elle pour que le monde puisse continuer de tourner, pour arracher quelques instants de plus à l’humanité, pour panser les plaies qu’on s’inflige ou qu’on se laisse infliger sans broncher. Sol sauveuse. Sol nectar. Sol coton. Tu sursautes quand elle pose sa main sur ta cuisse, le tissu s’enfonce dans le motif violacé qui se trouve dessus et dont tu avais oublié la présence. Tu sens ton visage se tordre, tes yeux briller. Instantanément tu regrettes, comme tu regrettes d’avoir levé les bras, la toute première fois qu’elle est venue vers toi. Elle te l’a dit, qu’elle ne te ferait pas de mal, et tu la crois. Mais c’est comme ça.

Tu souris, tout de suite, comme pour te rattraper, comme pour compenser, pour détourner son attention. Ce ne sont pas des choses pour ces yeux-là. Tu prends de nouveau sa main dans la tienne, comme pour renouer le contact, comme pour demander pardon. « Tu fais déjà quelque chose. » Tes mot effleurent sa main et s’y écrasent en douceur, doigts entremêlés, t’oses pas la regarder. Rire nerveux. « Je rappelle qu’à la base je voulais m’assurer qu’il allait rien t’arriver, et finalement je suis là et c’est toi qui répares les pots cassés. » Comme quoi on peut vraiment pas compter sur toi. Mais quelque part, t’as réussi aussi. Elle est en sécurité, du moins t’aimerais le croire. T’aimerais croire qu’elle risque rien avec toi, que t’es pas en train de lui prendre quelque chose, qu’elle ne va pas maudire ton nom lorsque le jour se sera levé. « Je veux pas que tu te sentes obligée. Je sais que tu as… » Pause. Tu sais qu’elle a quelqu’un. Tu sais qu’elle l’attend, elle a l’air de l’aimer, et avec un peu de chance elle est plus heureuse avec lui que tu l’es avec Iris. Mais elle est déjà là, vous ne pouvez pas accueillir tout le monde alors tu te contentes d’une généralité. « Tes propres soucis » Mais t’es là, et tu peux pas bouger. Tu effleures à nouveau sa main de tes lèvres. Tes propres contradictions ne t’échappent pas mais tu veux pas les démêler. Tendrement, tu traces des constellations avec ton souffle sur son poignet. Dis moi d’arrêter. Dis moi d’arrêter parce que moi j’aurais pas la force. J’ai trop faim de l’espoir que tu m’offres, ta peau est trop douce et t’as le goût de la liberté. Dis moi d’arrêter avant que je me perde complètement et que je gâches ta vie à toi aussi.
   

   
CODAGE PAR AMATIS
   
MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Lun 15 Mar 2021 - 8:26
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

Ne t’arrête pas.
Les mots voltigent dans le silence et la pénombre qui vient se reposer entre eux. Elle sait qu’Iris est là, quelque part, logée dans le poids de son dos et la courbure de leurs yeux mornes. Iris. Une fleur. Une couleur. Une fille. Une fille qui blesse, une fille qui crie, une fille qui exige. Elle n’a pas le droit de juger ce qui se passe chez les autres, Solal, pas sans les connaitre, et elle le sait derrière la faille trop fracturée de cette soirée. Pourtant quelque chose lui échappe, quelque chose d’important, quelque chose de grave.
Quand elle a posé sa main tiède sur le genou de Magnus, il a eu ce sursaut qui lui a fendu la poitrine. Comme s’il avait mal dès qu’elle le touchait ; elle se demande si elle aime tant son Milo que toucher quelqu’un d’autre la brusque, l’électrise, lui fait du mal à lui. A elle.
Et puis la dernière pièce s’assemble. Ces bras qui se lèvent à son approche. Putain. Elle en a vu, pourtant, des enfants brisés, qui cachent leurs plaies et leurs bleus bruns parce qu’ils aiment trop celui qui les leur a infligés. On l’a habituée à les déceler, ces enfants cassés, qui se présentaient sous ses yeux avec leurs larmes dans la figure. Ces enfants qu’elle a dû séparer de leurs familles, parfois, alors qu’eux-mêmes hurlaient que non. Mais c’était pour les protéger. Protéger. Protéger.
Et devant elle il y a Magnus, qu’elle ne sait comment protéger lorsqu’elle comprend, souffrance muette, l’éclat trop brillant de ses yeux.
Ne t’arrête pas.
Elle devrait sans doute faire quelque chose, avoir un sursaut de conscience avant de se briser au sol, mais les yeux immenses du jeune homme l’ancrent solidement au canapé, ce canapé qui la jugeait et qui leur interdisait l’accès.
Le sourire de Magnus surgit de l’obscure noirceur de la pièce. Son rire, même presque, pourtant Solal ne répond pas.

Parce que Sol ne peut plus répondre, elle ne peut plus laisser l’arbitraire des mots poser des bombes à sa place. Ce ne sont pas les mots qui agissent, pas eux qui font ce qu’elle est. Elle n’est rien qu’une djinn perdue, une djinn paumée, avec des souvenir dans la trogne et les lèvres de Magnus sur elle.
Ne t’arrête pas.
Elle aurait envie de brûler, de se consumer toute entière au contact doux de ses yeux, de parcourir son corps glacé de mains qui sauraient le guérir. Elle aurait envie de tout lâcher, qu’ils se serrent l’un contre l’autre dans un réconfort utopiste et que demain leurs âmes se sauvent. Elle aurait envie qu’il ne s’arrête pas.
Mais il va sans doute s’arrêter. Il y a Iris, et il l’aime. Peut-être. Sans doute. Il y a Iris tout contre eux, dans chaque latte du plancher. Sans doute était-elle une sorcière qui avait chargé tous les meubles pour qu’ils posent leurs regards sur Sol.
« T’en fais pas pour ça. » esquisse-t-elle dans un flot de voix.
Il va s’arrêter et Solal ne sait plus vraiment si ça la rassure ou si ça l’effraie. Elle sait qu’elle a envie de lui, envie d’être là pour lui, de lui montrer qu’au-dehors de sa violence infâme se niche la beauté du monde et qu’elle pourrait la lui montrer. Elle sait que les yeux de Magnus l’engloutiront et pourtant elle ne recule pas, elle ne cille pas, quand il pose ses lèvres sur elle et que ce contact l’embrase. Elle frissonne, tout au plus, dans la froideur de leur distance. Distance trop grande. Distance trop pure. Distance qu’elle doit soudain combler, et elle le devra à tout prix.
Alors elle se rapproche, et il n’y a toujours pas de mots.
Ne t’arrête pas.
Sol se rapproche et sans un bruit, elle pose son autre main sur une joue triste, rendue grise par la pénombre et qu’elle voudrait tant colorer. Ses pensées hurlent comme des furies, mais elle n’écoute pas le passé, le futur. Elle écoute ici, maintenant, elle écoute la douleur de Magnus et ça lui brise tellement le cœur qu’elle a besoin de le réparer.
Alors elle l’embrasse à nouveau. Ce n’est pas un coup de tête, ce n’est pas irréfléchi, elle sait ce qu’elle fait en cet instant. Elle n’a pas envie de penser à toutes les conséquences absurdes que ça aura sur toutes la suite. Elle l’embrasse à nouveau pour compenser tous ces mots vides, ces mots creux, ces mots trop sales qu’elle ne saura pas faire sortir. Elle l’embrasse à nouveau et ça devient lumière sans l’être. Elle l’embrasse à nouveau et tout ce qu’elle voudrait lui dire crée un feu d’artifice de papillons dans sa poitrine désincarnée.
Ne t’arrête pas.

Si tu t’arrêtes, je disparais.

ADMIN ◊ INDEPENDANT·E
Abraxas Astraea
Abraxas Astraea
ADMIN ◊ INDEPENDANT·E
Personnage
:

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 6251a3d8b13cf206f22cd8c94b5fe289bc053913

Pseudo / Pronoms : evy
Messages : 116
Âge : vingt-sept ans
Nombre de dés : un dé
Résidence : le vieux carré, berceau de la sorcellerie dans la belle nouvelle-orléans
Profession : luthier, il répare les instruments à défaut de pouvoir réparer le reste
Faceclaim : alfred enoch
Pouvoirs/capacités : sorcier au pouvoir des âmes 屮 séparation et guide des âmes, invocation, localisation & projection astrale
Crédits : oolympia
Disponibilité RP : disponible 屮
Multicomptes : rhea, scylla, ciaràn, raina, chiara, artemis, beatriz, elisheva & jade
Points : 296
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Lun 15 Mar 2021 - 19:04
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
T’es pas obligé de partir. Tu peux te battre contre le temps, contre ces aiguilles que tu voudrais tellement arrêter. Tu pourrais t’aplatir, te fondre dans les meubles, sur le sol, vivre à l’intérieur du canapé, comme la mascotte silencieuse de l’appartement. Tu pourrais fuir, ne jamais y retourner. Tu sais pas comment tu vas affronter Iris, après ça, comment tu pourras la regarder dans les yeux et prétendre que rien n’a changé, que la digue est toujours là. Mais ce serait mentir, et t’en as marre de mentir. A-t-elle, mais surtout à toi. T’as envie de la candeur que tu observes dans le visage de Sol, ces profondes certitudes sur la vie et ce qui la rend belle, sur ce qu’il faudrait vivre et comment il faut se préserver, s’effleurer au lieu de se cogner, murmurer au lieu de hurler.

T’en fais pas, elle te dit. T’as jamais su ne pas t’en faire. En grandissant, t’étais inquiet de tout, de l’orage, des toboggans trop rapides, de la lumière trop vive. Tu te souviens des photos de toi bébé que ton père ressort de temps en temps – tu faisais toujours la gueule, t’avais les sourcils froncés tout le temps, comme si t’essayais de résoudre une équation insoluble à toute heure du jour et de la nuit. On peut pas blâmer ton père pour grand-chose mais on peut le blâmer pour ça ; il t’a élevé en marchant sur des œufs, en te montrant que tu peux pas être heureux si t’es seul, et tu seras seul si tu t’inquiètes pas pour les autres. Le fourmillement constant, la menace des conséquences, tu ne la connais que trop bien. Pourtant, elle est à l’orée du bois, ce soir. T’as le cœur anesthésié, et tu te dis que de toute manière, qu’est-ce qu’Iris peut te faire qu’elle ne t’a pas déjà fait ? Qu’est-ce qu’elle pourra dire qu’elle ne t’a pas encore dit ? Est-ce que ça change quelque chose, que tu sois là ? Est-ce que t’es vraiment en train de tout foutre en l’air ? Est-ce que tout est de ta faute ?

Electrifié, quand elle se rapproche de toi à nouveau, quand elle pose sa main libre contre ta joue. T’as trop l’habitude d’être les vagues qui se brisent sur les rochers, mais elle se fait écume sur ton océan. Ses lèvres retrouvent les tiennes comme on retourne au péché, encore et encore. Tu sais qu’elle te parle sans un mot, que les phrases se perdent entre vous, les dermes s’entrechoquent et les pensées aussi. Tu passes une main derrière sa nuque comme le serpent s’enroule autour d’Eve et vous mordez dans la pomme ensemble, plus fort, plus désespérément aussi. Tu la goutes comme un fruit défendu, du bout de la langue, tu viens chercher les dernières gouttes d’alcool et de regret. Puis le tonnerre. Tu recules, pris de court par le bruit. Ton cœur bat fort. De l’enfance, t’as gardé la peur de l’orage.

La pluie torrentielle se déverse sur les fenêtres et ta gorge est sèche. Ça forme presque une mélodie, une berceuse régulière et entêtante. Le paysage se brouille derrière la vitre, cristallisant ta bulle, ton refuge. Tu peux même plus voir le monde au-delà. Tu déglutis, et incline la tête sur le côté. « Je prendrai un taxi pour rentrer, ce serait trop con de chopper une pneumonie ce soir. » Ton rire est un peu étranglé mais il fera l’affaire. Ce sera le convoi du condamné, celui qui te ramènera vers ton destin de gré ou de force pour que tu assumes tes conneries. Mais il serait peut-être temps d’affronter la pluie, de ne pas te réfugier dans le confort d’une banquette en tissu. Peut-être que l’eau pourra laver tes péchés, mais ce faisant elle fera aussi disparaître l’arôme de Sol. T’es pas censé vouloir qu’il reste sur ta peau, surtout quand Iris posera ses mains sur toi, mais t’as envie que quelque chose reste, au moins. T’as envie de penser à cette nuit là lorsque t’auras l’impression d’étouffer de nouveau, t’auras besoin de savoir que y’a quelqu’un qui t’a vu, et tu te raccrocheras à ça jusqu’à avoir la force de regarder Iris sans avoir le cœur qui se serre.

   

   
CODAGE PAR AMATIS
   
MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mar 16 Mar 2021 - 10:22
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

Les lèvres entr’ouvertes, elle déverrouille d’un geste simple l’âme prise au piège de Magnus. En cet instant, Sol est à des années-lumière de penser aux péchés commis, à des années-lumière encore de penser à la rédemption. Elle pense juste à ce cerf-volant, aux confettis multicolores qu’elle devra laisser s’échapper. Et il n’y a pas d’autres moyens, elle ne connaît pas d’autre moyen.
Au fond, elle sait qu’elle n’est plus soule, l’alcool a déserté son sang, pourtant l’ivresse toujours est là. Ivresse de sentir qu’entre leurs lèvres à peine assourdies par la tristesse, par la soirée et par l’ennui quelque chose d’important se joue. Solal n’est pas une pécheresse. Solal est la lumière intense qui exsude des âmes damnées, Solal est la plaie trop béante qui ne demande qu’à panser, Solal est l’univers entier qui se déverse dans les autres.
Quand elle sent les mains de Magnus venir se loger dans sa nuque, elle oublie tous les mots bizarres qui peuplaient les parois concaves de son crâne à demi-ouvert. Pourtant l’effet est bien présent. Une lumière déchire le ciel avec un craquement sinistre, et la djinn sait qu’elle a atteint la destination qu’elle visait. Oui, ce n’est qu’un éclair, et dans les secondes qui suivent le bruit du tonnerre vient s’y mêler. Oui, d’autres diront que ce n’est que la nature, qu’un nuage trop chargé de pluie qui vient larguer ses mornes ondées sur la silhouette sombre d’Edgewood. Pas elle. Non. Elle ne s’y trompera pas.
Cet éclair qui déchire le vide, c’est la carapace de Magnus qui enfin s’ouvre à l’inconnu. Lumière vive, brulante, dévorante, qui viendra inonder les cœurs. Vacarme entêtant, insoluble, qui hurlera de toutes les voix. Parce Magnus est là. Parce que Magnus est vivant. Parce que Magnus a besoin d’elle et qu’elle aura besoin de lui. Ecoutez, tous, dans vos rues vives, sous les pavés, quelque chose arrive sous vos yeux, écoutez, écoutez, ce n’est pas le tonnerre dehors c’est l’inéluctable destin de celui qui n’y croyait plus. C’est la promesse indivisible de l’homme qui a vécu la violence et s’est relevé sans lutter. C’est le renouveau.
Pourtant il se recule, Sol rouvre les yeux, juste pour saisir la pluie dense qui voudrait les couper de tout. Les éclairs strient le ciel nocturne, projetant des flashs lumineux qui éclairent leur prunelles d’azur.
Il n’y a plus qu’eux deux dans le monde.

Un rire étranglé dans l’autre gorge, là pour lui lapider le cœur.
« Tu crois que je vais te laisser ressortir sous cette pluie ? » Si tu le fais tu te dissoudras, l’eau lavera tout ce qu’on vit ; je ne suis pas la marée, Magnus, je suis la scintillance d’une plage sur laquelle tu trouveras asile. « J’ai un futon. Viens. »
Parce qu’il est déjà trop tard, de toute façon, Solal. Parce qu’elle a déjà signé en bas de la page, là sur son arrêt de mort, elle sait bien ce qu’elle sacrifie mais elle ne pense qu’au présent. Milo appartient au passé, et elle l’espère à tous les futurs parce qu’elle ne sait plus vivre sans lui. Mais dans le présent est Magnus, là, qui plaisante à propos d’une pneumonie quand tous ses pores hurlent cette peur qu’on le laisse enfin rentrer chez lui.
Alors elle se lève, Solal, puisqu’il est si tard, leurs mains toujours solidement liées, et elle l’entraîne vers cette chambre qu’elle a oublié de ranger. Où traînent encore les décombres d’un mobile à étoiles pailletées qu’elle a tenté de fabriquer pour l’anniversaire d’Ani. Un livre ouvert, d’Alistair Nightingale, qu’elle n’ose pas lire trop tard le soir. Du vieux tissu Winnie l’Ourson récupéré dans une friperie dont elle voudrait faire un coussin. Cette peluche géante de chien tout doux, offerte par ses amis proches, ces photographies de sa mère, tout ce qui crie son identité aux visages borgnes de tous les passants. Elle évolue au radar dans ce décor à la pénombre ostentatoire, pas besoin d’allumer la lumière tant elle connaît les lieux par cœur. Pas envie, non plus. La pièce est étroite, et son fatras multicolore la rend plus exiguë encore. Mais elle n’a pas honte, Solal, car Magnus a goûté ses lèvres et au bout d’elles tout ce qu’elle est.
Soudain la gêne s’empare d’elle. Oui, mais … et s’il n’en voulait rien ? Et s’il s’était laissé aller à l’embrasser, sans pouvoir lui refuser cela, s’il s’était laissé happer finalement parce tout ce qu’elle faisait. Elle avait proposé de marcher, elle avait proposé de monter, elle avait proposé de soigner, elle avait proposé de dormir, elle avait touché, caressé, embrassé. Et si …
Elle lâche la main de son hôte et lui jette un regard anxieux, retenant ses doigts de venir trouver le coin de sa bouche où ses dents souvent rongent ses ongles.
« Enfin, je te propose mon futon … je veux dire, si tu préfères rentrer, je comprendrais. Je voudrais pas … » Lèvre mordue, lèvre tremblante, lèvre coupable. « … je voudrais pas te causer des ennuis. »
De nouveau la silhouette d’Iris qui jaillit dans la pièce, entre eux. Une invitée non-invitée qui s’est invitée dans sa chambre. A travers ce fantôme tangible, Solal dévisage Magnus. Tentant de rester impassible mais dans ses prunelles une supplique, adressée au monde qui tournoie.
Je n’ai pas envie que tu partes.

ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
V. Raina Dragonstone
V. Raina Dragonstone
ADMIN ◊ ORDRE DE CAÏN
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 P1ex



magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 509a54acaa56be975b1e2bc2c0c65b0a


Pseudo / Pronoms : evy / elle
Messages : 153
Âge : trente ans
Nombre de dés : trois dés
Résidence : phoenix, arizona
Profession : jeune avocate spécialisée dans le droit des femmes et de la famille
Faceclaim : elizabeth debicki
Pouvoirs/capacités : gorgone de niveau deux
Crédits : (c) huntingpearls pour l'avatar
Disponibilité RP : disponible ✺ (6/6) valkyria, iago, river, caliban, altaïr & holly
Multicomptes : rhea, scylla, daesyn & ciarán (oupsie)
Points : 322
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mar 16 Mar 2021 - 19:40
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
T’as plus la moindre notion du temps. Déjà dans la boîte t’étais trop hagard, trop perdu pour te souvenir de l’heure. Mais maintenant ? Ça pourrait être des heures, des jours après. Seule la pluie qui tambourine contre la vitre marque le passage des secondes qui s’égrènent, douces et meurtrières, comme des notes honteuses dans tes tympans. Mais t’as pas honte. C’est ça qui te la coupe – t’as pas vraiment honte. Tu voudrais te sentir plus coupable que ça, tu voudrais avoir un peu plus de respect pour ce que t’as essayé de construire ces dernières années. Tu voudrais honorer tes cicatrices et la main qui te les as données. Mais l’eau qui tombe lave ta conscience, aussi. Ça te crève d’y penser, mais peut-être que t’as besoin d’une excuse, aussi. T’as besoin d’un point de bascule, t’as besoin de ne plus avoir le choix. Et Sol fait ça à merveille.

Tu lui as rien demandé pourtant elle a lu en toi à chaque étape de la soirée. T’osais pas prendre mais à chaque fois elle t’a donné. D’abord architecte, elle devient refuge, et chacune de ses échardes te pique avec délice alors que les planches de bois s’assemblent, que la parenthèse se construit. Tu reculeras pas, tu retourneras pas dans les bois. Quand elle t’entraîne à sa suite tu ne dis rien, trop reconnaissant, trop maladroit. Chaque pas te rapproche du précipice, et tu sais pas encore si tu sauras voler ou si tu es voué à t’écraser sur les rochers. Mais ça, tu peux pas le savoir avant de sauter.

Ca devient réel, d’un coup, ça devient intime quand tu rentres dans sa chambre à peine éclairée, la chambre des échos de tous ses soupirs. Tout ce que l’obscurité te révèle d’elle t’attendrit – ça te surprend presque, avant d’être toutes les métaphores que tu lui as affublées ce soir, Solal est une personne. Ses rêves, ses désirs, ses habitudes viennent se draper autour de toi, viennent te lier les mains autour de la sienne. Tu lis sa littérature comme ses yeux, tu respires son odeur, t’as l’impression de marcher dans un royaume dont elle est la souveraine et tu viens la vénérer, la célébrer, l’adorer. Dans ses couleurs psychédéliques, tu te peins rêveur. Chérir, loger au cœur, au ventre, pour que jamais la nuit ne se meure. T’es parti trop loin, t’hésites même pas quand c’est à son tour de tâtonner, de ne pas être sûre. Tu prends le relais, cette fois. Tu te plonges si fort dans ses iris à elle que t’en oublies la tienne. T’oublies que vingt secondes avant t’avais la même peur qu’elle. « Non, je veux rester » tu affirmes, l’œil brillant et décidé. C’est peut-être la première fois que t’es sûr d’un truc depuis des jours, peut-être des mois. Comme promis, dans cette nouvelle pièce du refuge de Sol, tu récupères un autre bout de toi à rajouter à ta collection, pour remplacer ceux qui manquent depuis bien longtemps.

C’est quelque chose dans la manière dont elle te regarde, qui te fait vaciller un peu plus. C’est quand tu comprends que c’est pas juste pour toi, c’est pour elle aussi. T’es pas en train de piller comme tu pensais être en train de le faire. Elle semble avoir vu que t’avais encore quelque chose à donner, toi aussi, quelque chose que même Iris n’a pas su faire complètement taire. Alors d’un revers de l’esprit, tu l’empêches de tambouriner avec la pluie pour te rappeler à l’ordre. « T’as l’air d’être une sacrée personne, Sol. » Tu regardes autour de toi, avide de la vie que tu y décèles, de la fragilité et la vulnérabilité des projets qui s’y trouvent, de toutes les étoiles qui forment la constellation qu’est Sol. T’as un appartement témoin, tes murs sont vides et ton cœur aussi. Avant t’avais l’habitude d’accumuler des breloques, des photos, tu jetais jamais rien parce que tout te rappelait quelque chose de particulier, des souvenirs de voyages les plus ridicules aux lettres et journaux dans lesquels t’écrivais. C’était le bordel, et Iris aime l’ordre. Alors t’as plus grand-chose, mais y’a plus d’espace pour l’amour que tu lui portes, certainement.

Tu redeviens hésitant en te dirigeant vers le lit, mais tu puises un peu d’assurance dans la toile que Solal a tissé entre vous deux. Tu te serais assis sur le futon, mais tu supposes qu’il est plié quelque part et t’as pas envie d’être le gars à qui il faut tout dire, tout ordonner. T’as appris à détester ça chez toi, quand bien même t’arrives pas trop à t’en défaire. Alors tu t’assois et tu tentes de prétendre que c’est normal, que t’y penses pas plus que ça et que t’y as ta place. « Je voudrais bien faire quelque chose pour toi, ce serait la moindre des choses après m’avoir soigné, accueilli, posé des questions existentielles sur le sens de la vie… » Sourire narquois, sourire en coin. T’avais oublié qu’il était là celui-là, tiens. Y’a-t-il un autre bout de toi caché quelque part sous cette couverture duveteuse ?
   

   
CODAGE PAR AMATIS
   
MEMBRE ◊ PACTE
Sol Delacroix
Sol Delacroix
MEMBRE ◊ PACTE
Personnage
:
magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 E0e9

❂ ❂ ❂

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Sf45

Hate is always foolish, and love is always wise.

❂ ❂ ❂

D e l a c r o i x

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Mo6Ckrc


Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 473
Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face
Nombre de dés : 2
Résidence : WASHINGTON ☀ colocation avec son humaine et amie Chiara
Profession : COMEDIENNE avec son humaine ☀ LECTRICE bénévole dans les établissements pénitenciers
Faceclaim : Blake Lively
Crédits : poets-dpt (ava), self (aes), underratedboogeyman (aes delacroix). (aes).
Multicomptes : Caliban & Orpheus & Hecate & Nova-Blue & Llyr & Borée
Points : 1241
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mer 17 Mar 2021 - 11:37
Je dessine à l’encre vide un désert.
Sol x Magnus

Il y a ce quelque chose d’étrange quand quelqu’un tiré de son contexte ouvre la porte de votre quotidien. Quand votre meilleur ami de lycée vient vous rendre visite à la fac. Quand votre mère apparaît dans un décor peut familier. Quand vous mélangez deux groupes d’amis qui ne se sont jamais rencontrés. Il y a cette sensation bizarre que le décor ne cadre pas, qu’il y a quelque chose de dysfonctionnel, et pourtant … Pourtant Magnus prend cet espace, comme si un creux qui faisait sa taille et sa forme avait été creusé pour lui. Comme s’il avait toujours été là. Sol le regarde, dans l’attente, et lorsqu’il lâche qu’il veut rester c’est comme un allègement sublime qui s’empare de toute sa personne.
Son cœur est beaucoup trop battant. Il résonne comme un gros tambour au précipice de son esprit. Rythme effréné, effaré, décomposé, rythme trop dur, trop rapide, trop maladroit. Solal a oublié comment on fait, comment on retrouve le chemin quand on oublie de respirer. Quand on passe tant de temps pour les autres qu’on finit par être en apnée. Néanmoins elle sait que c’est elle, c’est son identité nouvelle, de n’être là que pour les autres, de pouvoir être heureuse par eux au milieu du marasme du monde. Si Magnus sourit, sa soirée ne sera pas vaine. Si Magnus la regarde, s’il la voit vraiment, alors elle sortira du papier peint derrière lequel on l’a cachée pour être une femme, pleine et entière, à qui l’on accorde une soirée.
Il dit qu’elle a l’air d’être une sacrée personne.
« Toutes les personnes sont sacrées. » les mots jaillissent, instantanés. Toutes les personnes sont sacrées, oui, ça ne veut rien dire et ça dit tout d’elle. Toutes les personnes sont sacrées, toutes les personnes méritent l’attention, méritent l’amour, la dignité. Toutes. Même les plus viles, même les plus faibles, même les plus malades et dangereuses. Toutes les personnes sont sacrées. Prendre une vie est un crime, la détruire sans pouvoir l’ôter est une aberration du monde, toutes les personnes sont sacrées. Elles sont sacrées parce qu’elles existent, parce qu’elles luttent, parce qu’elles bataillent chaque matin pour dégager du sens à ce bazar. Toutes les personnes sont sacrées, Magnus, et elle se battra jusqu’à la mort pour chacun reconnaisse ça. Toutes les personnes sont sacrées, quand on creuse derrière leurs pupilles, quand on creuse derrière leurs actions, quand on creuse dans leur myocarde vide pour y trouver de l’or en boîte. Toutes les personnes sont sacrées, elles sont des prismes de lumière et si la noirceur les attire c’est qu’on ne sait pas les éclairer.
Toutes les personnes sont sacrées et quand Magnus est sur le lit, c’est comme s’il y avait toujours été. Pourtant, ce lit, quelqu’un d’autre s’y assoit d’habitude, quelqu’un de plus petit, de plus doux, quelqu’un qui prend bien trop soin d’elle et qu’elle est en train d’oublier. Mais en cet instant c’est Magnus qui pose son corps sur les draps de coton, Magnus qui lui sourit enfin et dans ses yeux bleus des questions.

Alors elle s’assoit à son tour, au bord du lit, en équilibre, elle sait qu’elle est déjà tombée.
« Il n’y a rien à faire pour moi, Magnus. C’est normal, tout ça. »
Car elle veut croire que c’est normal. Demain, elle recommencera, il y aura d’autres âmes à penser et elle leur donnera des bouts d’elle, des bouts puissants, des bouts tranchants, des bouts qui sauront les élever et couper leurs fils de marionnette. Demain, quand Magnus ira mieux, elle trouvera d’autres blessés sur qui elle posera les mains ; et pourtant chacun de ces êtres à ses yeux restera unique. Toutes les personnes sont sacrées, toutes les personnes sont uniques, indivisibles. C’est ce qui fait que Solal est une bonne infirmière. Quand elle regarde vos blessures, elle ne vous traite pas comme un autre, elle vous regarde pour ce que vous êtes et vous savez, sans l’ombre d’un doute qu’elle ne vous oubliera jamais, que sa vie restera marquée de ces minuscules cicatrices chez vous qu’elle a su recoller.
D’un geste cent fois répété, regard de Magnus dans son dos, elle relève ses cheveux blonds une queue-de-cheval négligée. Un mouvement si simple, si délicat quand cela vient d’elle. D’un effleurement gracile des doigts elle regroupe dans sa nuque claire les quelques rebelles égarés qui échappaient à sa poignée. La chair de poule de cette caresse qu’elle s’inflige souvent à elle-même lui arrache un frisson fugace qui résonne dans l’air bruissant. Elle a les cheveux attachés, elle sait que cela lui donne l’air sévère, un peu plus vieille, un peu plus triste. Mais elle est infiniment plus vieille et infiniment plus triste que ce qu’elle paraît déjà.
Lorsqu’elle se tourne vers son invité, elle surprend sur son visage las ce regard troublé scintillant dans la pénombre de la pluie.
« Tu veux dormir tout de suite ? »
Un murmure, qui quitte ses lèvres en un instant pour s’envoler dessus les draps rebondir comme un météore. Sol sait de quoi il a besoin, Sol sait où les emmène ce soir, Sol l’a su à l’instant feule où leurs yeux sourds s’étaient croisés à l’halogène sur les pavés. Magnus ne le sait pas, encore, peut-être. Ou alors il attend, quelque chose, un signe las, un signe plat, un signe qui sonne le glas de leur relations extérieures, qui les enfermerait enfin dans une bulle, dans un couffin.
Et dans cette attente silencieuse, elle demande s’il veut dormir.

ADMIN ◊ INDEPENDANT·E
Abraxas Astraea
Abraxas Astraea
ADMIN ◊ INDEPENDANT·E
Personnage
:

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 6251a3d8b13cf206f22cd8c94b5fe289bc053913

Pseudo / Pronoms : evy
Messages : 116
Âge : vingt-sept ans
Nombre de dés : un dé
Résidence : le vieux carré, berceau de la sorcellerie dans la belle nouvelle-orléans
Profession : luthier, il répare les instruments à défaut de pouvoir réparer le reste
Faceclaim : alfred enoch
Pouvoirs/capacités : sorcier au pouvoir des âmes 屮 séparation et guide des âmes, invocation, localisation & projection astrale
Crédits : oolympia
Disponibilité RP : disponible 屮
Multicomptes : rhea, scylla, ciaràn, raina, chiara, artemis, beatriz, elisheva & jade
Points : 296
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Mer 17 Mar 2021 - 20:37
Je dessine à l'encre vide un désert

“High off of love drunk from my hate
It's like I'm huffing paint and I love her the more I suffer
I suffocate and right before I'm about to drown
She resuscitates me, she fucking hates me”

   

   
Non, c’est pas normal. Tu le sais, toi. Tu sais que c’est pas la norme la gentillesse, la générosité. T’es peut-être jeune mais t’es pas si con, plus si naïf, tu sais qu’il n’y avait qu’une personne avec qui tu aurais pu te retrouver ce soir et c’est elle. Peut-être que c’est le destin, après tout. Un signe de l’univers qui tente de te mettre sur la voie des réponses à toutes les questions que tu te poses au plus noir de la nuit, quand t’arrives pas à dormir et que tu penses trop fort. Rien de toute cette situation n’est normal, pas le naturel avec lequel les choses se sont faites, pas le rythme effréné de ton palpitant, pas cette déchirante sensation de vouloir habiter ce lit, ces placards, ces livres, ce plancher. T’es comme une méduse, tu viens t’enrouler, tu viens électriser, tu viens condamner. Pourtant c’est toi qui te sens damné quand tu la regardes passer ses mains dans ses cheveux, d’un geste distrait pour les remonter dans une queue de cheval floue, mèches folles échappant à sa vigilance dévoilant sa nuque. T’as des frissons rien que d’y penser – furieuse envie d’apposer tes lèvres juste là, là où la pousse des cheveux commence, envie de peindre ses épaules de ton désir. Ça te surprend, la violence avec laquelle tu la veux, tout à coup.

Tu sens tout ton corps se tendre, ta mâchoire se contracter. Le tableau est parfait, là, t’as presque envie de retourner toute la pièce à la recherche de papier et d’un stylo pour écrire les vers que les rayons de la lune sur sa nuque t’inspirent. Tu veux marquer à l’encre toute la beauté, la chaleur qui se dégage d’elle, la fièvre qui monte en toi et que tu tentes péniblement de garder à bout de bras. Tu sais que t’es pas censé être là. Mais à cet instant-là, tu préfèrerais te crever les yeux plutôt que de partir. « Ecoute j’ai malheureusement laissé mon jeu de cartes chez moi mais… » Ah c’est malin, ça. T’en as de bonnes, Magnus. Mais il faut bien que tu lui montres que t’es pas seulement un truc à réparer, t’es pas juste un gars paumé qu’elle a ramassé dans la rue malgré ce que tu crois, à force. Toi aussi t’es une constellation, peut-être. Avec des bouts de verre et de broc au lieu des étoiles, d’accord, mais t’as été quelqu’un à un moment et c’est toujours agréable quand tu t’en rappelles, même si ça arrive de moins en moins souvent. « Je suis pas fatigué, donc si tu veux regarder un film ou… Ce que tu veux. » Ta voix est moins taquine, plus rauque. Tu sais que tu suivras rien au film si elle choisit d’en mettre un, tu sais que tu seras distrait si tu fais quoi que ce soit, mais tu deviendras ce qu’elle veut que tu sois.

Tu te rends même pas compte que tu t’approches, que tu replies les jambes pour que tout ton corps soit sur le lit. Papillon de nuit qui volette vers sa flamme, tu vas gaiement te brûler les ailes. T’es si proche, torse contre son dos, son parfum prend d’assaut ta peau. Tu te reconnais pas, tu sais pas d’où vient la spontanéité avec laquelle tu caresses ses bras nus du bout des doigts, un vestige d’une ancienne version de toi qui est restée prise au piège sous un rocher d’humiliations. Avec l’électricité statique, le bout de ses cheveux vient se coller à tes clavicules, centaines de terminaisons nerveuses qui t’attrapent au ventre et tu ne les écartes que pour te laisser la place d’aller embrasser, enfin, la nuque tant désirée. « Je ferai tout ce que tu veux. » C’est presque une supplication, du plus profond de ta chair jusqu’à sa peau à elle, une prière qui ne se prononce jamais parce que trop peur de rougir. Du bout de la langue tu traces une ligne verticale dans son cou, quelques centimètres de promesse, d’engagement, de dévotion. Tu vois la texture de sa peau changer sous ton souffle chaud. Dis-moi que tu me veux comme je te veux, par pitié.
   

   
CODAGE PAR AMATIS
   
Contenu sponsorisé
Personnage
Joueur•se

magnus - Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus - Page 2 Empty Re: Je dessine à l'encre vide un désert. ☀ Sol & Magnus

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum