Hey sister, I'm back ! [Sol]

Sam 6 Mar 2021 - 20:20

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Boum.Boum.Boum
J'entends mon cœur qui bat à vive allure. Je crois qu'il n'a jamais battu aussi fort. Je le sens au creux de ma poitrine. Je l'entend. Et cela sonne comme un rappel à l'ordre. Il y a encore quelques heures, j'étais enfermée dans une cage comme un animal. Prise au piège. Loin de tout. Et pourquoi ça ? Parce que j'avais ressuscité. J'étais de retour parmi les vivants, rare sont les personnes qui peuvent se permettre de dire ça. Je savais que je devais prendre ça comme une bonne chose, comme un signe. Comme si le destin voulait que je vive ma vie. Mais je voyais pas ça comme ça. Parce que si j'étais vivante aujourd'hui, c'était parce que quelqu'un avait payé le prix fort à ma place.
Et quand ce n'était pas la culpabilité et le chagrin, le reste du temps, je vivais dans la peur. Dans l'angoisse et la terreur de revivre une nouvelle fois ce que j'avais vu et subi pendant 5 ans. 5 ans. 5 ans de mon existence.
C'était pendant ces années que j'avais le sentiment d'avoir été brisée. Que quelque chose était cassé en moi. Je ne saurais dire de quoi il s'agissait exactement mais je le sentais. Tout les jours. Je sentais cette noirceur dans mon âme. Mon âme brisée en des millions de petits morceau. Je pense que même une seule vie ne suffit par à tous réparer. J'étais déjà revenu, maintenant, je devais payer le prix. Moi, seule devait le payer. Mais c'était un fardeau, une malédiction. Comme un boulet au pied, je trainais mon fardeau. Parce que c'était le mien. Il le fallait. Qui pourrait le faire.

J'ignorais tout de l'endroit ou j'étais recluse. Je n'avais aucun nom, aucune adresse. Juste un vieil hangar à l'abandon, à l'abri des regards des curieux. Aucun voisin à des kilomètres à la ronde. Quand j'avais vu les premières maisons, je ne m'arrêtais pas. Je continuais à courir. Toujours courir. Mettre le plus de distance possible entre moi et l'enfer qui se trouvait derrière moi. Hors de question que j'y retourne. Je n'avais plus confiance en rien ni en personne. Ni aux personnes. Ni à moi-même. Je me sentais perdu. Par chance, je portais un sweat et un pantalon de couleur sombre. Ils étaient trop grand et sales mais la couleur me permettait de me fondre dans la nuit. J'ignore combien de temps j'ai pu courir. Je sais que j'ai dû m'arrêter quelque fois pour me reposer mais je tenais à reprendre la route rapidement. Quand j'entendais un bruit, je repartais. Je ne voulais pas m'attarder plus longtemps.

Un couple de personnes âgées ont acceptés de me conduire dans une grande ville. Je n'arrivais plus trop à me souvenir ou je voulais aller. Je voulais m'éloigner. Mais dès que nous sommes arrivés à Washington, au moment ou la voiture s'arrêta à un feu rouge, je quitta la voiture en courant. Je me sentais pas bien. Je voulais m'en aller. Je ne pouvais pas rester. Je ne devais pas rester. Toutes les pensées de mon cerveau arrivaient en même temps. Je voulais que tout ça s'arrête. J'en pouvais plus. Je me cachais dans une ruelle, à l'abri des passants. Je restais accroupi pendant de longue minutes. La pluie commença à tomber mais je m'en fichais. J'aurais pu m'abriter un peu plus loin. Mais je ne bougeais pas. Les larmes coulèrent sur mes joues, je ne pris pas la peine de les essuyer. A quoi bon ? Je ne savais pas vraiment pourquoi je pleurais. La peur ? La crainte d'être rejetée ? Ou parce que je souffrais des blessures dû à ma captivité et des violences subi par mon bourreau. Peut-être même tout à la fois.

Une fois trempée jusqu'au eaux, je pris une grande inspiration. Puis une deuxième. Et fini par me lever. Je regardais autour de moi. Je regardais le nom du quartier ou j'étais. Edgewood. Je répétais ce nom en boucle. Il me disait quelque chose. Pourquoi ?
Puis je compris. C'était ici que vivait ma grande sœur. Sol. Pouvais-je la voir de nouveau ? Lui dire que j'étais vivante ? Es-ce que c'était une bonne idée ? Si je l'a voyais, je devrais aussi revoir ma mère. Maman. Ce nom était si doux. Il y avait longtemps que je ne l'avais plus prononcée. Pourtant, ça faisait mal. Parce que je l'ai avais quitté. Serais-ce trop égoïste de ma part de revoir ma famille ? Après m'être battu pour revenir ? Mais je pouvais pas rester seule. Je ne savais pas ou aller. Alors je laissais mes pieds me conduisent là ou ils voulaient aller. Je baissais la tête et rentra mes mains dans mes poches pour me réchauffer.

Et puis je la voyais. Sol. Elle était là. Je l'avais vu quelque fois quand elle avait appris mon existence. Mais je me rappelais son visage. Elle était quelques mètres devant moi, elle marchait. Peut-être qu'elle rentrait chez elle ? Je la suivais à bonne distance. Puis elle prit une ruelle. Et s'arrêta. Elle devait sans doute avoir compris qu'elle était suivi. A cause du bruit de mes pas. Ou simplement une intuition. Je m'arrêtais aussi. Il n'était plus question de reculée maintenant. Son regard se posa sur moi. J'étais pas si loin, elle était capable de voir mon visage grâce au lampadaire qui éclaira le chemin.

- Sol...

Je restais là, je ne bougeais pas. Je ne savais pas quoi faire. J'attendais qu'elle fasse quelque chose. Qu'elle dise quelque chose.

:copyright:️ Belzébuth

Ven 19 Mar 2021 - 20:04

Hey sister, I’m back !

Sol x Isis

Les pas de la djinn résonnaient sur les trottoirs de Washington. Une ville qu’elle arpentait depuis suffisamment longtemps pour y gagner en assurance et retrouver finalement son chemin en toutes circonstances. La ville, cocon immense et bienveillant, lui ouvrait ses grands bras zélés dès qu’elle en avait l’occasion. Sol rentrait chez elle, par une soirée bien comme les autres, ou des bourrasques de vent froid lui arrachaient des frissons doux, zigzaguant entre les averses.
Hélas, on ne peut juger une soirée avant de l’avoir toute vécue. Et la journée que Sol vivait était loin d’être comme les autres.
Tandis que la blonde resserrait autour d’elle son imperméable, protégeant son visage séché des vives larmes bleues de pluie, une résonance incertaine se fit entendre derrière elle. Entre ses omoplates, là, quelque chose, quelqu’un, un inconnu qui la fixait. Elle entendait son souffle las, elle sentait sur elle ses yeux gourds. Quelqu’un. Elle s’arrêta, incertaine du taux de confiance qu’elle devait avoir dans son futur proche. Quelqu’un. Une pulsation cardiaque de trop.
Depuis quand Solal Delacroix avait-elle trop peur des regards ?
Non, c’était stupide et c’était absurde, elle n’allait pas juste avoir peur d’un inconnu dans une ruelle. Pourtant … dans l’halogène des réverbères, la blonde enfin fit volte-face.
Et tout l’univers s’écroula.
Ce visage hagard, sous la capuche, était de ceux qu’elle connaissait. De ceux qu’elle avait cru connaître, avant qu’il ne s’effondre dans le noir. Ce visage, là, on lui avait déjà présenté. Pè… Lune, mère lui avait déjà présenté. C’était celui d’une sœur sorcière, celui d’une demoiselle perdue qui en elle avait vu son aînée. Sol avait eu du mal, au début, au tout début, avec cette famille. Pardonner à Lune avait été long, et douloureux. Apprendre qu’elle avait une fratrie, en plus d’Altaïr et Sirius, une toute autre paire de manches. Et la connaissance de ses autres habitant de le cœur de son père avait fait pour la blonde djinn épreuve d’un long cheminement, que jamais elle n’aurait su faire si elle n’avait pas eu Milo pour l’aider à chaque étape.
Mais Milo n’était plus là, maintenant.
La jeune femme là, en face d’elle, ne pouvait pas exister. Elle était morte. Lune l’avait pleurée. Sol l’avait pleurée, aussi, mais surtout à l’intérieur d’elle-même, pour montrer à sa mère éteinte le visage de celle qui sera forte. Elle était morte, morte, morte et enterrée, parfois elles allaient sur sa tombe, y déposer des gerbes de fleurs, non.

Isis Delacroix était morte.
En face d’elle était l’imposture. Illusion djinn, peut-être, sans doute, ou bien manipulation de quelque sorte. Isis était morte. Si elle n’était pas morte, alors pourquoi les larmes, pourquoi les cris, pourquoi les silences entêtants et les nuits qu’avaient passé Lune ? Si elle n’était pas morte, qu’est-ce qui arriverait, qu’est-ce qui arrivait ?
Si Isis avait été djinn, Sol aurait su, Sol aurait cru, aurait senti cette vibration toute nouvelle et familière de l’âme qu’elle avait cotoyée. Isis était sorcière, et Sol n’avait qu’une seule issue dans cette ruelle encore pluvieuse. Le doute.
« Qui es-tu ? »
Qui es-tu, toi ? Car tu n’es pas ma sœur, tu ne peux pas être elle, ma demi-sœur trop brune est morte et avec elle une part de moi. Une part de nous. Une part des Delacroix. Qui es-tu, qu’es-tu ? Je ne veux pas croire en ton nom, je ne veux pas croire en ta voix, je ne veux pas entendre encore le frisson d’Isis qui m’appelle. Dis-moi que tu n’existes pas, que tu es mirage de mon cœur, de mon âme, qui es-tu, toi ? Qui es-tu ? Tu ne peux pas être ma sœur, je ne veux pas que tu sois ma sœur. Ou peut-être que si. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mais si tu uses de mes faiblesses pour venir hanter mes cauchemars, qui que tu sois, je te déteste. Tu ne peux pas être ma sœur.
Accrochée à ses certitudes qui semblaient soudain peu nombreuses, Sol planta son regard d’azur sous l’ombre fourbe de la capuche. Et elle répéta.
« Qui es-tu ? »

Dim 21 Mar 2021 - 19:55

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Je suis en face d'elle. Je suis en face de ma sœur. Sol.

Même pendant mon absence, je sentais qu'elle était toujours la même. Je n'avais jamais pensée la revoir un jour. Pendant tout ce temps, je n'avais vu son visage que dans des rêves éphémères. Des illusions. Certaines fois ou la douleur était présente, trop présente, je pensais à elle. A ce qu'elle aurait fait. A ce qu'elle aurait voulu que je fasse pour survivre. Encore un jour de plus. Et puis finalement, j'étais devant elle. Son visage plongée dans le mien. Plus moyen de faire machine arrière. Je le savais.

Je voyais son visage se décomposer, changer du tout au tout. Milles et une pensée devait traversait son esprit en ce moment. Des questions plein la tête. Pourquoi ? Comment ? Mais pourtant, elle resta silencieuse.
Dit-moi quelque chose Solal. Parle moi.
Je me contentais d'attendre. Je ne pouvais rien faire de plus. Jusqu'à ce que j'entende enfin une parole. Trois petits mots. Qui-es-tu ?
Ces quelques mots répétée une seconde fois me torturait encore et encore. Même si mon âme été brisée, j'avais l'impression de sentir une lame qui remuait mes terribles blessures intérieures. J'avais mal. Parce que ma sœur me croyait morte et enterrée depuis si longtemps. Mais j'étais bien là. Tout mon être voulait hurler, criait de toutes mes forces.

J'étais bien vivante, je respirais. Mon cœur battait, je le sentais. Je n'étais pas le fruit d'une illusion. J'étais bien là. Comment pouvait-je vivre si ma propre sœur me prenait pour un fantôme ? Je releva ma capuche, exposant mon visage de façon claire même si je savais qu'elle m'avait reconnue.

- Tu sais qui je suis, Sol.

J'avançais quelques pas, j'arrivais à sa hauteur et je pris ses mains dans les miennes. Même si une partie de moi voulait m'en aller, fuir de nouveau, je n'en avais pas la force. Je le savais. C'était la seule chose dont j'étais sûre.

- Je peux comprendre que cela est très troublant. J'ai été dans la même situation quand...j'ai compris ce qui s'était passé. J'aurais dû m'y prendre autrement.

Je relâcha ses mains, je redoutais une nouvelle fois ses mots, sa réaction. Je savais pas à quoi m'attendre. Je reculais de quelques pas, j'avais peur, je le savais.

- Je suis désolée, tellement désolée. Je...je ne devrais pas. Je ne...veux pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi.

Je laissais mes larmes coulaient, je n'avais aucun intérêt à arrêter ça. J'avais peur. J'avais besoin d'elle. Mais je ne voulais pas lui attirer des ennuies. Mais j'étais trop égoïste.

:copyright:️ Belzébuth

Ven 26 Mar 2021 - 20:55

Hey sister, I’m back !

Sol x Isis

Isis Delacroix était morte.
Sol ne l’avait pas tant connue, au fond. Lune les avait présentées, elles s’étaient croisées, elle s’étaient plues, comme une paire de sœurs esseulées qu’on avait privées de famille. Oui, depuis Alta, Solal s’était crue dépourvue de frères et sœurs. L’existence d’Isis même était un miracle. Quand elle avait disparu, quand elle était … morte, la blonde djinn avait erré dans les flots gris de ses pensées un peu amères des jours durant. Sans trop savoir si elle pleurait la mort de cette sœur perdue ou cette famille décomposée qui partait en poussière d’étoiles.
L’inconnue au regard trop vide, l’imposture tenue en face d’elle, s’approcha près de sa silhouette sous la bruine aux mille lueurs pour saisir ses mains dans les siennes. Tu sais qui je suis, Sol. Oui. Oui, elle savait. Bien sûr qu’elle savait. Mais tout un pan de réalité reposait en équilibre instable sur l’idée qu’elle ne pouvait pas, ne devait pas, ne pouvait possiblement pas se dresser dans cette rue obscure. Si elle était là, alors … alors. Non. Oui ou non. Oui. Oui, elle savait, elle avait senti un instant, dans l’effleurement de leurs doigts blonds, qu’elle ne mentait pas. Non, elle ne voulait pas y croire, ne pouvait pas y croire. Et pourtant … pourtant si fort, oui, si fort, elle savait qu’elle l’aimerait encore.
Elle porta une main à ses lèvres, et les larmes jaillirent d’elles-même, un flot clair et incontrôlable qui lui défigura les paupières comme autant de perles de sel.
« Isis … »
Sa lèvre inférieure trembla sous le coup d’émotions contraires. Sans savoir plus où elle était, ce qu’elle voulait, comment on pouvait retrouver comme ça au milieu d’une nuit noire cette petite sœur qu’on croyait morte.

Isis s’éloigne d’un pas, creusant doucement la distance entre leurs deux corps Delacroix. Un fossé presque infranchissable au bord duquel les deux pleuraient. Et ça parut insupportable. Solal était décomposée, Solal était recomposée, Solal était comme explosée. Des sentiments dans tous les sens, soulagement, incompréhension, cette certitude au creux des côtes que Lune n’était pas au courant.
« Isis, je … » bafouilla-t-elle, la gorge nouée par les sanglots dont l’illégitimité crasse semblait emplir tous ses poumons. « Je comprends pas, je … tu étais morte. »
Tu étais morte. Simple mais vrai, comme tout ce qui tourbillonnait dans la caboche blonde de Solal. Tu étais morte et tu es là, debout devant moi, explique moi, explique moi s’il te plaît, je ne comprends pas.
Et puis, arc-en-ciel de lumière, Solal combla vivement l’espace qui s’était fait entre leurs êtres pour serrer sa sœur dans ses bras. Isis était un peu plus petite, et Solal passa ses grands bras autour des épaules malhabiles, serra de toutes ses forces une sœur comme pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Et inspira à pleins poumons l’odeur fruitée de ses cheveux, la tremblance triste de sa peur et de l’angoisse qu’elle contenait.
Elle voulait que tous les atomes de sa sœur soient pressés contre elle, pour s’assurer qu’elle était là, qu’elle était vraiment là, que ce n’était pas un mirage ou le souvenir d’une autre fois. Isis. Isis. Isis. Dis moi que c’est vrai, Isis, dis moi que c’est vraiment toi, je t’en prie, dis moi que ce n’est pas un piège, un rêve ou une caméra cachée, Isis, s’il te plaît.
Dans un murmure presque voilé, elle lui parla creux de l’oreille :
« Pardon. » Ce ne serait jamais assez. « Pardon, Isis. Je suis là. Je suis là maintenant. Je serai toujours là maintenant. Je … explique moi. Je suis là. Je suis là pour toi. Pour toujours. Je suis désolée. Je suis là. »
Parce qu’elle ne savait pas quoi dire et qu’il n’y avait rien de plus vrai.
Elle serait là.

Sam 27 Mar 2021 - 10:41

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Je lui avais donné du temps. Du temps. C'est tout ce que j'étais capable de faire. Tout ce que j'étais capable de donner. Je me demandais encore et encore si c'était une bonne idée. Si j'avais bien fait. Si c'était une bonne chose d'avoir débarqué dans la vie de ma sœur alors que j'avais disparu depuis si longtemps. Je m'étais sans doute montré trop égoïste. Parce que j'avais oublié une chose. J'avais souffert. Ça, je le savais. Mais ce que j'ignorais, c'était que les autres avaient également souffert. Qu'ils avaient été triste. Parfois, je pense à l'endroit ou je suis censée reposée. L'endroit ou j'étais censée être. Ma tombe. C'est peut-être morbide. Je le conçois. Mais je ne peux m'empêcher de savoir à quoi elle ressemble. Les fleurs qu'ils y a autour. Ou l’épitaphe inscrit sur la pierre tombale.

Puis, elle comprend. Elle sait. Que je suis bien là. Que suis réelle. Que je suis pas une illusion. Mon cœur me serre quand je vois ses larmes. Même si c'est des larmes de joie, je me veux. Parce que j'ouvre une blessure qui est censée être cicatrisée. Parce qu'elle a une vie. Elle a tournée la page. Et pourtant, je suis là. Elle comprend pas. Parce que je suis. Parce que je devrais être morte et enterrée. Même ce mot, elle n'arrive pas à le dire. Moi non plus.
Je me dis que c'est trop tôt. Pas le moment idéal. Je me dis que je n'aurais pas dû. Et pourtant, elle comble la distance. Elle me prend dans ses bras. Je sens ses bras autour de moi. Qui me serre fort. Je respire mieux. Je sens que mon cœur cesse de battre aussi vite. Parce que ma sœur est là. Elle est là.

Elle me répète qu'elle est désolée, elle s'en veut de sa réaction. Elle veut être là. Comme avant. Je ne la lâche pas. Pas encore. Parce que j'ai dû attendre tellement longtemps avant de la revoir. Avant de revoir son regard. D'entendre sa voix. Même le froid ne me gêne plus. Même la douleur me parait supportable.

- Je...je me souviens pas de tout. Je...crois que j'ai...été tuée.

Je me détache d'elle mais je garde mes mains dans les siennes. Parce que je n'ai pas parlée de tout ça. Ce qui fait que je tiens sur mes deux pieds. Si seulement tout pouvait être plus simple. Pas si compliquée.

- Quand j'ai ouvert les yeux, je...comprenais pas ce qui m'était arrivée. Je t'ai vu...j'ai vu Maman...j'ai voulu vous rejoindre mais...j'ai été emmenée. Je ne sais pas qui c'était, ni ou j'étais. Ils...ils m'ont fait du mal, Sol.

J'ai dû mal à parler. De parler de ça. Les mots sont dures. J'ai l'impression de revoir. De ressentir. Encore et encore. J'ai mal. Physiquement et mentalement, j'ai l'impression d'être brisée. Détruire. Condamnée à vivre de cette façon. Parce que je sais pas comment aller mieux. Je lui lâche les mains. Pas pas méchanceté. Mais pour serrer mon petit corps frêle. Fragile. Couvert de blessure.

- Je sais pas quoi faire, Sol. Je sais pas comment je dois faire pour vivre...après tout ça.

:copyright:️ Belzébuth

Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face

Hey, sister, I’m back !

Sol x Isis

Sol tenait sa sœur dans ses bras, petite silhouette sempiternelle. Elle tenait sa sœur dans ses bras, tremblante sous la nuit et la pluie. Isis la déesses égyptienne, Isis la dernière née, Isis qu’elle avait si peu vue et pourtant à qui elle tenait tant. Parce qu’elle tenait à chaque personne au fond qui pouvait la croiser, parce qu’elle aurait voulu tous les soigner, tous les aider, tous les aimer, mais qu’il n’y avait plus assez d’âme en elle pour tous les recueillir.
Alors elle la serrait doucement, elle avait peur de lui faire mal ; ou pire, de ne pas lui faire mal, qu’Isis soit un simple mirage qu’elle ne pouvait pas enlacer. Remontait à l’orée des maux les vestiges d’une suave chanson qui repeuplait l’esprit de Sol.

♫ Isis
Oh chou, lapin-chat, sucre mon petit délice
J’ai tout
Misé sur nous ♫

Oui, si elle avait à la faire Sol miserait tout sur sa cadette, parce qu’elle était de ces âmes pures qui croient que la famille est reine, que jamais elle ne pourrait trop haïr un membre de sa fratrie. En cet instant, le nez enfoui dans les cheveux châtains d’Isis, elle repensa à Altaïr. Combien son jumeau lui manquait, combien tant elle aurait aimé que ce soit lui, dans cette étreinte, avec elles, étendant ses bras. Il était tellement son pilier que 16 ans durant elle croyait que jamais elle ne vivrait sans lui. La vie était étrangement faite, que ce soit elle qui survive pour serrer Isis dans ses bras.
Isis qui se sépara d’elle, leurs doigts toujours entrelacés.
« Tu … crois ? »
Les mots de sa sœur lacérèrent ce qu’il y avait dans sa poitrine. Comment. Pourquoi. Pourquoi faire du mal à une jeune femme, surtout à elle, surtout à celle qui de chaque instant souriait. Isis.
« Je suis désolée, Isis, je … »
Plus aucun mot à retrouver, Sol aurait pourtant voulu dire combien ses regrets faisaient mal, combien elle aurait tant voulu que tout se déroule autrement. Mais déjà Isis la lâchait, déjà sa jeune sœur reculait pour se noyer dans l’ombre claire des réverbères trop détrempés. Non, t’éloigne pas. avait-elle envie de crier, mais on ne crie pas dans la nuit, mais on ne crie pas dans le bruit. Quand on est Sol, on ne crie pas. Tout court.

Passant une main dans ses cheveux, elle se rapprocha de sa sœur pour lui passer une main fine dans son dos toujours détrempé.
« Viens à la maison, Isis. »
Elle proposa, sans une seconde songer à ce que Chiara dirait, parce qu’elle avait la certitude que sa belle humaine comprendrait. Elle comprendrait, en la voyant. Que quelque chose leur arrivait. Quelque chose de grave, de prenant, qui n’arriverait pas deux fois. D’un geste du pouce tout de même, elle prévint sa colocataire.
Je suis là dans 3 minutes, et y aura ma sœur avec moi. C’est important. Je t’expliquerai.
« Allez, viens. »
Sol passa un bras clair autour des épaules de sa cadette, encore frissonnante auprès d’elle. Elle posa des lèvres un baiser sur une tempe trop malmenée par des pensées envahissantes.
« … ça va aller, Isis. Je te le promets, on va rentrer, tu vas me dire ce qui s’est passé, on préviendra Lune, et ça va aller. »
Oui, ça va aller. Elle le disait pour convaincre, sa sœur mais surtout elle-même. Il fallait qu’elle le dise encore, parce qu’elle n’était pas vraiment sûre que la vie puisse leur pardonner l’infraction sévère et plénière qu’Isis lui avait infligée. Mais ça irait, non ? Ça irait forcément. Oui. Oui, ça va aller, ça va aller.
Oui, ça doit aller.

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Compliqué. Ma vie était juste compliqué. Au début, je trouvais ma vie normale. Même si pour certains, vivre en compagnie de djinn pouvait être à l'opposé de la simplicité. Mais ils étaient ma fratrie. Ma famille. On partageait le sang de notre mère. Le notre. Notre lien. Il a fallu que tout se complique. Par ma faute. Parce que j'étais trop têtue. Trop têtue pour rester à la maison alors que la guerre faisait rage. J'avais rien écoutée. J'en avais fais qu'à ma tête. Parce que je ne supportais pas l'idée que les miens soient dehors. Et qu'est-ce que j'avais gagnée finalement ? Plus de problème. Toujours plus.

J'étais partagée. Terrifiée. Apeurée. Aucun mot n'était susceptible de décrire les sentiments que j'éprouvais actuellement. Elle me disait qu'elle était désolée. Ce n'est pas ta faute Sol. Ni celle de Maman. Non. C'est la mienne. C'est ma faute. Uniquement la mienne. C'est moi qui me suis mise dans cette situation. Ces problèmes sont les miens. Pas le tiens. Non, pas les tiens, Sol. Je voudrais lui dire. Tellement de chose. Mais rien ne sort. Rien du tout. Je suis là, incapable de dire à ma sœur que je suis fautive. Parce que c'est le cas. Je ne peux pas dire que c'est la faute des autres. Non, c'est la mienne.

Elle me propose d'aller à la maison. A la maison. Ca fait longtemps que je ne l'ai est plus entendu. C'est tout drôle d'entendre des mots aussi familier. Cela faisait longtemps. J'avais longtemps rêvé de mon chez-moi. De la maison. Avec le temps, les souvenirs finissent par s'estomper. Alors, je me contentais de me rappeler encore et encore. Les images. Les couleurs. Les odeurs. N'importe quoi. N'importe quelle détails. Pour ne pas oublier. Je me dis que c'est trop beau pour être vrai. Que je ne peux pas aller chez Sol. Intervenir davantage dans sa vie. J'ai l'impression que c'est pas bien. Que c'est mal. C'est égoïste.
Il faut qu'elle se montre plus insistante pour que je réalise qu'elle parle sérieusement. Ses bras autour de mes épaules. Ses lèvre qui dépose de la douceur sur mon crâne. Je décide de la suivre. Parce que c'est ma lumière. Mon ancrage. Si elle me lâche, je sens que je ne pourrais pas tenir sur mes deux jambes. Je me sens faible. Pas seulement physiquement. Je me sens tellement vide.

- D'accord. On va à la maison.

Elle veut que je lui parle. De tout ça. Quand on sera chez elle, on sera bien. Ca irait bien. Elle me le dit plusieurs fois. Quand elle parle de Lune. Quand elle prononce son nom. Maman. Je trouve ça encore bizarre de Sol ne l'appelle pas Maman. Moi, je l'ai toujours fait. C'est tellement naturel. Quand elle m'a vu pour la dernière fois, j'étais une adolescente. Aujourd'hui, je suis une adulte. Mais je suis si meurtrie. Détruite. Je me sens aussi fragile qu'une enfant. Pendant qu'on marche, je repense à Maman. Je me rappelle son visage. Le son de sa voix. Son sourire. Sa joie. Oui, je me souviens.
Mais est-ce qu'elle me reconnaitrait ? Je suis si différente. J'ai perdu mon innocence. Ma joie. Ma confiance. Ma force. Je ne savais plus qui j'étais, dans le fond. Maman saurait-elle ?

- Maman. Si elle me voyait aujourd'hui. Si elle me voit...dans cet état, elle s'en remettra pas. Je sais pas si c'est une bonne idée, Sol. Je veux pas lui faire plus de mal.

Oui, j'ai fais du mal. C'est vrai. Je suis morte mais j'ai fais souffrir à cause de mon impulsivité. Maman. Sol. Mes autres frères et sœurs. Isida. J'étais dans ses bras. Je me souviens. J'ai tué Orion. J'étais une meurtrière. J'étais maudite. Je le sentais. Je sentais cette noirceur en moi. Elle était présente. Tout les jours. Je devais vivre avec ça. Avec cette culpabilité. Je peux pas entrainé ma famille. Je les détruirais eux aussi. Oui, eux aussi.

:copyright:️ Belzébuth

Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face

Hey, sister, I’m back !

Sol x Isis

Lorsque Solal avait pour la première fois rencontrée Isis, elle avait 10 ans. La djinn s’en souviendrait toujours. Elle ressassait muettement sa colère contre son père, d’avoir engendré descendance, de lui avoir tout enseigné pour ensuite tuer son humaine par amour pour Dieu savait quoi. Elle avait voulu lui en vouloir, mais elle était seulement … déçue. Déçue que la grandeur sublime dans laquelle on l’avait élevée se retrouve réduite à néant. Pourtant, elle savait à quoi ressemblait le purgatoire.
Des ombres mouvantes, là, sans cesse, le noir du noir, le gris du bleu, les lumières qui hurlent et qui sifflent. Les âmes damnées qui caracolent, qui viennent lécher la moindre surface de votre conscience assoupie. Et l’immuable temps figé, temps perdu pour aider autrui, l’inéluctable moment flou où rien ne vient vous déranger.
Sol frissonna en y pensant.
Oui, la première fois que Solal avait déposé les bleus de ses yeux sur Isis, la sorcière demeurait alors une enfant, une adolescente tout au plus, et quand lors de cette rencontre la brune avait levé les yeux, Sol avait su. Elle avait su, enfin, finalement, ce que ça voulait dire « grande sœur ». Qu’il tenait à elle de la protéger, de l’accompagner dans la vie sur le chemin qu’elle choisirait. Bien sûr, d’autres de ces chocs avaient suivi. Isida. Orion, Stella. Sirius retrouvé. Le seul de ce vaste palmarès à demeurer absent, désespérément absent, subsistait Altaïr, et Sol parfois désespérée songeait à son jumeau au piège dans les enfers du purgatoire.
Elle était l’aînée, le pilier. Comme elle avait pu, de loin, toujours restant près de Chiara, elle avait mené Isida et Isis là où elle avait pu, au fond. Car on ne peut pas aiguiller quelqu’un qui ne veut pas être aimé. Alors elle avait ravalé son amour, rangé sa fierté dans son ventre, et attendu séance tenante que sa famille se recompose. Sol avait cru y parvenir, caresser ce doux rêve du doigt, quand la guerre avait éclaté.
Serrant Isis un peu plus fort, pétrie d’incertains questionnements, elle emmena l’adolescente qu’elle avait vue devenir femme jusqu’à la porte de son appartement.
Chiara n’avait pas l’air d’être présente, aussi les cheveux dégouttants d’une pluie antédiluvienne, les sœurs Delacroix se firent place dans l’appartement de Solal.

« Tiens, assieds-toi, je vais faire du chocolat chaud. » fit-elle avec un doux sourire, en désignant le canapé.
Des gestes cent fois répétés, avec Chiara, avec Milo, avec Sören, avec Daesyn, avec tous ceux qui le demandaient. S’il y avait une recette au monde que Sol Delacroix maîtrisait, c’était celle du chocolat chaud. Juste ce qu’il faut de cacao, ni trop froid ni brûlant, pour ne pas que se développe la petite peau du lait trop cuit. Une cuillère à café de miel. Un peu de mini chamallows. Si elle avait pu décrocher des rayons de soleil dorés pour les parsemer là-dedans, elle l’aurait fait sans hésiter.
« Bon. »
Elle s’assit face à sa jeune sœur, les tasses disposée entre elles deux. Isis sur le canapé, elle au Sol. Elle eut un regard bienveillant pour sa cadette, frigorifiée, et visiblement étourdie par l’indolore cotillon fourbe du souvenir traumatisant.
« Lune préférera te savoir vivante, Isis. » Elle avait toujours eu du mal à appeler Lune Maman, tant pour elle ça restait Papa, c’était étrange et pourtant elle s’était faite à ce nom en pendant su sien. « Lune préférera savoir que sa fille est en vie. Toujours. Elle a déjà trop perdu de nous. Alta, Orion, toi … »
Moi aussi, je vous ai perdus. Mais elle n’avait pas le droit de dire, seulement d’avoir la gorge nouée. Elle était grande sœur, pas maman, elle n’avait pas ce droit immense d’être endeuillée comme l’était Lune.
Sol étouffa d’un bref soupir les larmes qui tentaient de monter.
« Je … explique moi ce qui s’est passé, Isis. » lança-t-elle avec douceur, entre deux gorgées de chocolat chaud. « J’ai du mal à comprendre. Je t’ai vue mourir, au même titre qu’Orion, et … »
Et pourtant tu es là.

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Au début, je ne voyais que de l'ombre, l'obscurité la plus sombre. Chaque pas que je faisais, chaque fois que je tournais la tête, je sentais encore cette obscurité m'envahir. Comme si j'étais encore là-bas. Comme si je n'avais jamais quitté ma prison. Me répétant encore et encore que tout ceci n'était qu'un cauchemar. Le pire des cauchemars. La pire des punitions. Le pire des châtiments. J'ai cru que j'allais sombrer de nouveau, m'écrouler sur le sol et ne plus pouvoir me relever ensuite. Pourtant Sol était là. Ma sœur. Mon soleil. Ma lumière. Je sentais ses gestes doux à mon encontre, ces gestes si familiers. J'entendais sa voix. Sa voix douce et pleine de bienveillance. Ma sœur. Ma grande sœur. Elle était toujours là. C'était trop égoïste de ma part de m'éloigner alors que je venais de la retrouver. Je venais de débarquée dans sa vie, comme un fantôme. Une illusion. Je ne pouvais plus reculer.

Elle m'entraina dans son sillage jusqu'à son appartement. Je la suivais dans un endroit que je ne connaissais pas. Elle me conseilla de m’asseoir en attendant qu'elle nous prépare une boisson chaude. Je suivis ses indications en silence, je pris place sur le canapé, mes mains serrés l'une contre l'autre. Aucun mot ne sortit de ma bouche. Je restais là, sans bouger. Elle finit par arriver, prendre place en face de moi, les chocolats chauds devant nous. Devant l'odeur de la boisson, j’eus du mal à ne pas me jeter dessus tant la faim et le froid me tenaillait.
Elle me parla de Lune. Maman. Elle me disait qu'elle serait contente de me voir. De voir que j'étais là. De voir que j'étais vivante. Vivante et pas dans une tombe. Oui, maman me manque. Elle me manque beaucoup. Trop. Elle m'a perdu, moi, elle a perdu d'autres enfants. Orion. Mon frère Orion. Si elle l'a perdu, c'est uniquement ma faute. Ma faute. Ma culpabilité. Comment pouvait-je regarder ma mère dans les yeux et lui dire que j'avais tué son fils ? Et toi, Sol ? Tu ne m'aimeras plus. Je le sais. Je le sens. Ça me tue de savoir ce que j'ai fais. Ça me tue de te laisser dans l'ignorance. Mais je peux pas, je viens à peine de te retrouver.

- J'ai essayé...j'ai essayé de l'aider...Orion. Mais j'ai pas pu, Sol.

Elle me regarde, elle me demande ce qui s'est passé. Ce qui a bien pu se passer pour que je me tienne, debout devant elle. Debout et bien vivante. Contrairement à Orion. Contrairement à lui. Parfois, je regrette qu'il est été tué, je voudrais qu'il soit vivant, que ce soit lui qui soit devant Sol au lieu de moi. Je pose mes mains sur la tasse, dégageant sa chaleur réconfortante.

- Maman...elle m'a dit de rester à la maison ce jour-là mais je n'ai rien écouté. Je savais que vous étiez dehors et je voulais être avec vous. Je suis allé là-bas, j'ai vu Orion...il...je crois qu'il était blessé. J'ai voulu le rejoindre mais...j'ai été touchée. Tout ce que je me souviens, c'est la voix d'Isida...j'arrêtais pas de l'entendre me dire que j'allais m'en sortir, qu'il fallait que je garde les yeux ouverts. Je me sentais de plus en plus faible, je sentais la vie qui quittait mon corps. C'est là que j'ai su que j'allais mourir.

Je bus une gorgée de chocolat, savourant le goût sucré du chocolat ainsi que celui du marshmallow. Je posais la tasse quand je sentis les larmes qui coulaient sur mes joues humides. Je passais certains détails sous silence, pour moi.

- Pourtant, je me suis réveillée, je comprenais pas pourquoi j'étais...vivante. J'arrivais pas à comprendre. Je n'ai pas eu le temps d'apprendre quoi que ce soit, de toute façon. J'ai été emmené. Je sais pas ou c'était. Je ne savais pas qui c'était. Je crois qu'il n'y a aucun mot susceptible de décrire...l'enfer que j'ai vécu. J'ai l'impression que cela a duré bien plus que 5 ans.

Je sais que je ne lui dit pas tout. Que je garde des choses pour moi. Mais je ne peux pas lui dire tout. Je ne peux pas lui décrire toutes les tortures que j'ai subi, toutes les attaques physiques et psychologiques. C'est trop dur. Beaucoup trop.

- Sol...j'aimerais tout te dire...vraiment tout, mais je peux pas. Si tu savais ce que j'ai vécu, tu me verrais différemment. Tu m'aimerais différemment.

:copyright:️ Belzébuth

Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face

Hay sister, I'm back !

Sol x Isis

Elle était si jeune. Si, si jeune. Maladroitement, Sol essaya de se souvenir lorsqu’elle-même avait cet âge-là. L’âge où tout devenait possible, le monde s’ouvrant au-devant d’elle. Un sourire flottant sur ses lèvres, elle repensa vaguement au temps où elle courait, blonde, dans les prés, son frère la pistant en riant, lorsque l’insouciance filiforme peuplait ses journées disparates.
Mais c’était fini. Pour elle, tout était fini. L’insouciance, les prés et les rires. Pour elle, tout cela avait coulé sous les ponts, s’était enfui dans le courant, et elle se tenait désormais sur la berge d’un fleuve immense qui semblait donner aux années la dimension d’un dé à coudre. Pas pour Isis. Isis était là, Isis était vivante, même si la blonde ne comprenait pas encore réellement comment. Elle était vivante, elle était jeune, elle avait des années encore avant de croquer dans le fruit pourri de la déconfiture. Pourtant en cet instant, Isis ne paraissait pas réjouie, Isis ne paraissait pas jeune. Elle avait des milliers d’années et autant de larmes sur le cœur que Sol aurait voulu sécher.
Alors elle sourit, bienveillante, les mains jointes comme une coupe autour du mug de chocolat, son regard clair qui invitait Isis à tout lui déballer.
Elle écouta sa sœur cadette, muette devant sa douleur grêle.
La scène rejouait derrière ses paupières. La douleur. Le ciel comme des cendres qui venaient recouvrir le monde. Les membres arrachés, les gémissements, la rougeur de chaque autre vie. La guerre. Toutes les guerres. Sol avait soigné dans des guerres qu’Isis n’imaginait même pas, combattu pour que naisse la lumière et pour que les étoiles fleurissent. Sol avait des souvenirs vivaces de tous ces instants où le monde semblait promis à se damner. Et pourtant. Pourtant elle était là, encore, assise face à une Isis triste, une Isis morte sans l’être.
« Hey. »

Sol les connaissait, ces mots-là. Tentative de dissimuler le traumatisme, le cœur trop lourd. Tentative de garder la face, encore un peu. Du temps où elle exerçait comme psychiatre, bon nombre d’adultes brisés disaient les mêmes sur son divan.
La djinn se leva lentement, pour tomber dans le canapé, à côté de la jeune sorcière. Aucune trace de Chiara, elle devait être trop affairée pour les avoir entendue rentrer. Ou bien, elle avait dû sortir, sa douce sa belle sa tendre humaine. Sol était seule avec sa sœur. Sol était seule avec ses pleurs.
Elle passa un bras autour des épaules fatiguées, trempées encore d’une pluie froide, et serra sa sœur tout contre elle, attirant sa tête d’une main pour la poser au creux de son cou.
« Je peux t’aimer différemment, Isis, mais je ne peux pas t’aimer moins. » commença-t-elle, presque en berçant. « Je n’ai aucune idée de ce que tu as pu vivre, aucune. »
C’était vrai, elle ne savait pas, elle ne pourrait jamais savoir.
« Je sais juste que, des fois, en parler, ça aide. »
Passant une main sous son menton, elle releva la tête d’Isis pour la regarder dans les yeux. Ces petits yeux encore si jeunes qui faisaient pourtant bien trop vieux pour n’avoir pas vu des horreurs.
« Alors si t’as besoin, j’écoute. Et je ne t’en aimerai pas moins. »
Et puis, la question qui fâchait.
« Qu’est-ce qui est arrivé à Orion ? »

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Quand j'étais avec Sol, j'avais l'impression de retrouver un havre de paix. Avec elle, je me sentais moi. Avec elle, je me sentais protégée. Protégée du reste du monde. Protégée des autres. Protégée du mal. L'obscurité. La noirceur.
Quand j'étais loin, il m'arrivait d'avoir suffisament la force de penser à ma famille. Maman. Sol. Isida. Tout le monde. Je me disais que tant que j'étais loin, ils leurs arriveraient rien. Que mon sacrifice permettrait d'assurer la sécurité des miens. Dans un certain sens, je me sentais courageuse d'endurer les souffrances qui avaient été les miennes. Me dire que si j'affrontais tout ça, personne n'aurait à les subir. Parce que la douleur change les gens. Elle les transforment à tout jamais. Revoir Sol, c'est comme revenir des années en arrières. Redevenir, l'espace d'un instant, l'adolescente souriante et joyeuse que j'étais. L'écouter de parler de sa vie. Ses passions. Toute sa vie. Aujourd'hui, c'était moi qui racontait les histoires. Des histoires plus sombres et rempli d'horreur. Des horreurs qui avaient fait partie de mon quotidien.

Elle me prend dans ses bras, serrant ses bras autour de moi. Bercé doucement comme une enfant. Je l'entend me dire qu'elle ne m'aimera jamais moins. Qu'elle continuera d'être là. Je ferme un instant les paupières. Je prend sa main dans la mienne. J'ai besoin de sa chaleur. J'ai besoin de savoir qu'elle sera là. Qu'elle ne s'en ira pas. Qu'elle ne disparaitra plus. Qu'elle serait toujours là quand je reposerais les yeux sur elle. Je ne mérite pas pas tout ça, je ne te mérite pas, Sol. Je croise son regard empli de douceur, empli de sollicitude et de bonté. C'est le genre de regard que je ne veux pas décevoir. Mais c'est déjà trop tard, je le sais. Mais c'est mon secret. Mon fardeau. Mon erreur.
Quand je repense à Orion, je me dis qu'il n'aurait jamais dû être là. Au mieux, il aurait dû être à mal. Revenir à la vie. Ne pas avoir été tué. Il méritait de vivre. Lui, il le méritait. Moi, non. Je n'avais rien d’exceptionnel à offrir au monde. Rien de spécial. Alors, pourquoi ? Pourquoi la vie est si tragique ?

- Orion...Il a combattu, il s'est bien battu...mais il y avait tellement de monde. Tellement de danger. J'ai...j'ai pas réussi à le prévenir à temps.

Si seulement les choses avaient été différente. Si j'étais partie plus tôt de chez moi. Si j'avais été là plus tôt. Je ne peux pas me résoudre à l'idée que j'étais responsable. J'étais fautive. En tort. Pour toujours, je porterais la faute. Serre-moi fort, Sol. Permet moi d'oublier, l'espace d'un instant.

- J'arrive pas à oublier, Sol. Dès que je ferme les yeux, j'ai l'impression d'être...d'être de nouveau morte. J'ai peur. J'ai peur de sombrer dans les ténèbres et de tous vous entrainez avec moi.

Je regarde ma sœur. Mon modèle. Mon ainée. Ma famille. J'ai peur de la décevoir. J'ai peur de n'être plus que l'ombre de moi-même.Un fantôme

- Je sais plus qui je suis...

:copyright:️ Belzébuth

Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face

Hey sister, I’m back !

Sol x Isis

Isis s’était abandonnée contre elle, comme accablée par un poids bien trop lourd dans les bras de son aînée. Comme si la volonté même de poursuivre son récit, de poursuivre son existence l’avait totalement désertée. La jeune femme prit la main de Sol, y déposa les tracas flous qui jonchaient la courbe de ses cils.
D’un doucereux geste du pouce, Sol caressa le dos de la main de sa cadette au lourd chagrin. Isis, Isis, Isis. Isis la petite, la dernière, Isis la belle, Isis la morte, Isis sacrifiée dans cette guerre ignoble, Isis tombée toute proche d’Orion, Isis tenue dans les bras de sa sœur, Isis dont les yeux se vidaient doucement de toute leur âme profonde. Isis.
Sol la serra un peu plus fort, sa petite sœur frigorifiée, le pull encore tout détrempé de l’averse qui bruinait dehors. A vrai dire, même en étant sèche, Isis aurait eu sans doute froid. Ce froid là rentrait dans ses os, venait lui ravir toute la joie qu’aurait pu donner ce moment. La blonde lisait bien ces regards, les hésitations de ses mots. Sol lisait toute la douleur blême, les instants tristes, la mort sûre fourbe qui avait dévoré sa sœur.
Elle tenta de la déglacer, d’insuffler un peu de chaleur dans le corps fragile de sa sœur. Isis paraissait minuscule, recroquevillée sur le canapé. Isis paraissait minuscule, dotée d’une conscience bien trop lourde qui lui comprimait la poitrine.
Sol ne pouvait plus ressentir. Sol serait seulement un soutien, un pilier, comme un point d’appui, pour qu’Isis puisse sortir de là, qu’Isis puisse bien se réchauffer, ressortir de ces murs étroits avec la lumière dans le cœur.
« Hey. »
Caressant les cheveux de la sorcière, Sol parla doucement, à voix basse, pour que les démons de sa sœur ne puissent pas se réveiller.

« C’est normal d’être perdue. C’est normal. T’as vu à quoi t’as survécu ? »
Son murmure se voulait enjoué, une douce mélopée pour la sorcière qui sanglotait intérieurement.
« Tu as combattu dans une guerre, alors que t’avais seulement 16 ans. T’as vu ton frère tomber, mais t’es restée là sur le front. Tu es … » Morte. « Tu as disparu à ton tour. Et je n’ai aucune idée de ce que tu as traversé, mais … »
Sol hésita.
« Mais tu es là, aujourd’hui, près de moi. »
Elle raffermit sa chaude étreinte autour des épaules de la brune, la calant bien sous son bras pour que sa sœur soit au plus proche.
« Alors, c’est normal de pas savoir. Pas savoir ce qui s’est passé avec Orion, pas savoir comment tu as survécu. »
Ne rien savoir du tout, d’ailleurs.
« Moi, à ta place, je serais probablement morte à force d’angoisser sur tout ça. »

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Il n'y avait qu'elle et moi. Juste Sol. Je n'avais pas besoin de réfléchir. Et surtout, je n'avais plus besoin de lutter. Avant, je sombrais dans un océan sombre. Le poids de la culpabilité, de la tristesse et du chagrin m'entrainaient au fond. Je coulais. Toujours et encore un peu plus. Seule, je n'arrivais pas lutter contre les vagues. Seule, je n'avais pas la force de remonter à la surface. Sol était ma bouée de sauvetage. Elle était mon souffle. Mon oxygène. C'est pour ça que je lui parle. Que j'essaie de lui parler. De répéter des mots que je me suis répéter cent fois. Milles fois. Mais les mots n'ont pas de sens quand je les dis à haute voix. Seul la voix de ma sœur me ramène dans la réalité. Sa voix me rassure. Sa voix me console. Elle anesthésie ma douleur. Mon chagrin.
Je l'entends me dire que tout ça est normal. Normal que je sois aussi perdu. Aussi terrifié. Aussi mal. Mais j'ai l'impression que plus rien n'est normal. Mourir et revenir à la vie, ce n'est pas normal. Non. Non, c'est pas normal. Pas bien. Elle me parle de ce que j'ai traversé. De ce que j'ai enduré. Affronter avant d'être dans ses bras.

Je sens son amour, son affection qui emplit mon cœur et mon âme brisée. Avec elle, tout semble simple. Facile. Tout semble surmontable. Sol est courageuse. Forte. Quand elle me dit qu'elle n'aurait pas su gérer, je n'y crois pas. Je ne veux pas y croire. Parce que je connais ma sœur. Et ma sœur est plus forte que ça. Contrairement à tout ça, je ne suis pas Sol. Je suis Isis. Et Isis est faible. Fragile. Entourée par les ténèbres.
Je peux pas croire Sol. Je ne peux pas rester dans ses bras sans ressentir cette souffrance. Cette culpabilité. Cette douleur. Je ne devrais pas. Je ne peux pas être triste. Je ne peux pas être comprise si facilement. Ce n'est pas normal. Après ce que j'ai fais. Je me sens coupable.

- Sol...non...non...dit pas ça.

Je me lève brusquement, je m'éloigne de ma sœur. Je met le plus de distance possible entre elle et moi. Je peux pas supporter ça. J'ai pas le droit d'être consolée. J'ai pas le droit d'être rassurée. Si j'avais été une djinn, j'aurais méritée le purgatoire. A la place, je suis revenu. J'ai eu le droit à une seconde chance. Une chance que Orion n'a pas eu, lui.

- Il y a des choses que j'ai faites. Des choses terribles. Impardonnable. Que je voudrais oublier. Mais je ne peux pas.

Je recule jusqu'à un mur. Je m'effondre. Je touche le sol. Les bras autour des genoux. Mes yeux empli de larme. Je n'arrive pas. Je n'arrive plus à supporter son regard. Sa sollicitude. Sa bonté. Je ne mérite pas son amour. Je ne mérite pas d'être sa sœur. Je ne mérite rien de tout ceci.

- C'est ma faute. C'est à cause de moi qu'Orion est mort. Tout est ma faute.

Je ne peux par regarder ma sœur après ça. Après lui avoir dit. C'est pas possible. Je me sens monstrueuse. Immonde. Tellement honteuse. Je ne peux rien faire pour lui. Pour Orion. Je ne mérite que la haine et la colère de ma famille. C'est tout ce que je mérite. Je le sais. Je le sais depuis que j'ai réussi à sortir de mon enfer.

- Déteste-moi, Sol. C'est tout ce que je mérite.

Maintenant, tout est entre les mains de Sol. Si elle me dit que je dois partir. Quitter sa maison. Son foyer. Sa vie. Si elle le fait, je n'aurais plus la force de rester debout. Je m’effondrerais. Pour de bon.Parce que je n'aurais plus de raison de lutter.

:copyright:️ Belzébuth

Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face

Hey sister, I’m back !

Sol x Isis

De l’extérieur, la blonde donnait toujours cet air de ne jamais décourager. De savoir là où elle allait, ce qu’elle faisait, les liens qui l’unissaient au monde. Sol donnait toujours l’impression d’être une flèche de lumière ardente qui fendait la tourbe au passage pour filer vers ses idéaux.
Pourtant, elle doutait, la djinn. Elle doutait de tout, et tout le temps. Peut-être même était-ce ce doute qui lui permettait d’avancer, ce doute qui l’aiguillonnait encore à aller plus loin, plus haut, plus fort, à s’engager plus entièrement.
Quand Isis se dressa d’un bond, Sol sentit qu’elle perdait la bulle de calme qu’elle avait créée. Non, Isis, reste avec moi, s’il te plaît. Solal la regarda debout, Solal vit les mots dans ses lèvres qu’elle peinait à articuler. Elle murmura entre ses dents. « Il n’y a rien d’impardonnable, et surtout pas de moi ma sœur. »
Les mots de la jeune sorcière étaient saccadés, entêtants, convaincus d’on ne savait quel crime qu’elle n’avait sans doute pas commis. Le cœur immense d’une grande sœur se serra dans la poitrine de Sol. Que fait-on à une âme si jeune pour qu’elle puisse errer à ce point ? Qu’elle se sente coupable, passe encore, elle avait plus de 200 ans. Mais Isis ?! La jeune, la pauvre Isis ?
Lentement la blonde s’approcha, posa des mains fraîches et tremblantes sur les épaules de sa jeune sœur en s’accroupissant auprès d’elle.
« Isis. »
Sol attendit qu’elle relève la tête à la mention de son prénom.

« Isis, j’ai besoin que tu m’écoutes, et j’ai besoin que tu comprennes, d’accord ? » Elle soupira. « Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je n’en ai pas la moindre idée, et je vois bien que tu n’es pas en état de me raconter. Tu n’as pas tué Orion. »
Des larmes montèrent sans prévenir, en écho à celles de sa sœur. Tentative vaine de les chasser, Sol battit vivement des paupières. Elle avait tant perdu de sa famille. Altaïr qui ne se montrait pas. Stella qui l’avait repoussée. Orion et Isis, mort à la guerre. Et voilà qu’Isis revenait, et qu’elle était prête à tomber pour des fautes qu’elle avait dû faire alors que sur le monde entier n’était que terreur et poussière.
« C’était la guerre, Isis. »
Une guerre horrible. Une guerre atroce. Membres arrachés, yeux rendus opaques, sorts qui arrachaient doucement la vie de ceux qui la méritent. Combats sans fins, blessures sans fin. Une guerre qui n’avait aucun sens, aucune vertu, aucune beauté. C’était juste la guerre, et c’était un cauchemar encore. Comme toutes les guerres précédentes, et comme sans doute toutes les suivantes qui restaient encore à venir et dont les augustes caresses emplissaient les terreurs de Sol.
« C’était la guerre, et tu t’es battue avec courage. Orion s’est battu avec toi. Parce qu’il est mort sous tes yeux ne veut pas dire que tu l’as tué. Ne t’en veux pas pour les morts que tu n’as pas pu empêcher. »
Sinon, Sol sombrerait aussi, de tous ces maux, de toutes ces morts qu’elle avait tenté de sauver et qu’elle n’avait pas su empêcher. De tous ces destins vagabonds qu’elle avait guidé vers la tombe sans pouvoir bien sécher ses larmes.
Une larme singulière quitta le nichoir de son œil pour venir dévaler sa joue.
« Je ne veux pas te détester. »
Mesurant combien c’était vrai, elle serra Isis sur son cœur. Je ne peux te haïr, ma sœur.

Hey sister, I'm back !
Ft @Sol Delacroix

Les mots sortaient de ma bouche. Comme s'ils avaient besoin de sortir. Comme s'ils avaient besoin d'être dit. Je ne m'arrêtais pas. Je ne m'arrêtais plus. Je ne savais pas comment faire. Comme si j'avais besoin de lui dire. De dire que j'avais honte d'être là. Que je me sentais coupable d'être vivante. De marcher. De respirer. D'entendre mon cœur battre fort dans ma poitrine. J'avais dit. Presque tout dit. J'avais dis tout ce qui me passait par la tête. Comme si j'ignorais si j'aurais assez de souffle pour dire les choses. Ressentir les choses. Parce que je ne savais pas si je pouvais être pardonné. Une personne pouvait le faire.
J'entendais les paroles de ma sœur. Je l'entendais, elle, comme si il n'y avait rien d'autre dans ce monde. J'entendais sa voix douce qui semblait enveloppé de lumière et de bonté.
Sol. Je n'aurais pas pu décrire l'amour que j'avais pour elle. Cette force qu'elle avait. Cette lumière qu'elle avait quand elle me parlait. Quand elle posait son regard sur moi. Elle pouvait ma pardonner. Elle le pourrait toujours. Je voulais la croire. Je le voulais de toute mon âme. J'avais l'impression que je pourrais être impliquée dans le plus grand des mystères, elle serait toujours là. Toujours debout à mes cotés. Comme un ange gardien.

Je me sentais pas de croiser son regard. Je me sentais d'être près d'elle. Je me sentais sombre. Vide. Sans aucune émotion. Tellement détruite. Je me sentais pas capable. Elle était ce que je serais jamais. Elle était ce que j'avais toujours voulu être. C'est la simple mention de mon prénom qui fit que je voyais son regard. Comme si je le voyais pour la première fois. Comme si j'étais encore cette petite fille qui voyait sa sœur pour la première fois.
Ces mots était appuyé. Sans la moindre hésitation. Dans doute. Juste une infini certitude. Quand elle parla d'Orion. Quand elle parla de sa mort, j'avais l'impression d'y croire. J'avais l'impression que c'était vrai. Que je ne l'avais pas fais. Pas vraiment. Pourtant, je sentais les ombres. Les ténèbres qui s'accrochaient à moi depuis la guerre. Une autre partie de moi. La partie détruite.

La guerre. Je pensais que c'était autre chose. Quelque chose que je n'avais pas imaginée quand je m'étais convaincu de me battre au coté d'Orion. Je pensais juste que c'était quelque de mieux. Mais à la place, il n'y avait que la mort, les blessures et le carnage des corps en décomposition. Ces images sombres et ensanglantés resteront gravé dans ma mémoire. Parce que j'avais voulu le faire. J'avais voulu être aussi courageuse qu'Orion. J'avais voulu prouvé à Stella que je n'étais plus une enfant. Que j'étais capable d'être aussi chose que ce que j'étais. Peut-être qu'elle avait raison. Peut-être que depuis tout ce temps, elle avait juste eu raison.
Je serrais Sol dans mes bras frêles. Je la serrais fort pour ne pas qu'elle s'échappe. Je ne voulais pas qu'elle s'en aille. Je voulais bien vérifier que ce soit réel. Qu'elle était bien vivante. J'avais longtemps rêvée du jour ou je la retrouverais. Du jour ou je pourrais la revoir. Et maintenant, elle était bien là. C'était bien plus intense. Plus fort. Tellement plus que tout ça.

- Je ne pourrais pas vivre dans un monde ou tu me déteste.

Je me détache d'elle, sans pour autant la lâcher complètement. Elle était là. Elle était bien là. J'avais encore ce doute. Une petite voix qui me disait que tout ceci n'était qu'éphémère. Qu'une petite illusion et je pourrais retourner dans la cage sordide dans laquelle j'avais été. Je voulais que ce soit toujours bien réel. Bien vrai. Que j'étais sortie d'un enfer. Pour de bon.

- Stella avait raison...elle avait raison sur tout.

Je pose mon regard sur Sol. Sol, la douceur. L'amour personnifiée. Un contraire de Stella qui n'était que rage et force. Une personne que je n'avais pas pu être. Une personne qui m'avait volontairement éloignée. Une femme avait d'être une sœur.

- Si je l'avais écoutée...

Si j'avais été la petite soeur qu'elle souhait. Si j'avais été autre chose que ce que j'étais à l'époque. Je n'aurais pas été à cette maudite guerre. Orion aurait pu être vivant. Bien vivant. Mais accepterait-elle que je sois de retour et pas lui ? Sera-t-elle capable de m'accepter ? Au moins , maintenant. Pour de vrai

:copyright:️ Belzébuth

Âge : 229 ANS (21/06/1792) ☀ une vingtaine sur la face

Hey sister, I’m back !

Sol x Isis

‘Elle aimait avec d’autant plus de passion qu’elle aimait avec ignorance. Elle ne savait pas si cela est bon ou mauvais, utile ou dangereux, nécessaire ou mortel, éternel ou passager, permis ou prohibé ; elle aimait.’

Oui, elle aimait, Sol. Elle aimait cet oisillon tombé du nid qui la serrait si fort contre elle, comme si elle avait peur peut-être que la blonde djinn s’évapore. Tendrement, l’aînée caressa les cheveux toujours humides de sa cadette.
« Je ne vais pas te détester, Isis … je ne te déteste pas. »
Doucement elle posa sur le haut du crâne de la jeune sorcière un baiser pour la consoler. Pour lui transmettre plus de force, plus de couleur, plus de possibles. Car tout était encore possible. La guerre avait tué le monde, déchiré l’âme de l’univers, mais elle n’avait pas tout détruit. Il restait encore des possibles, un monde qu’elles pourraient reconstruire. Sol avait déjà commencé, depuis 6 ans que c’était fini. Sol avait déjà commencé, et il était temps qu’Isis la rejoigne.
« Stop. »
Sol arrêta d’un simple mot la litanie des doux regrets que sa sœur lançait dans l’air meuble comme autant de perles brillantes. Non, Isis n’était pas coupable. De rien. Orion était mort et pas elle. C’était affreux, injuste, maladroit, le destin s’était moquée d’eux, mais c’était comme ça. Des milliers de gens étaient morts, ou avaient laissé dans cette guerre quelque chose de pire que la vie. Orion était mort, et pas elle. Rien que cela aurait dû être une célébration. Oui, un de leurs frères était mort ; une de leurs sœurs était en vie. Devaient-ils pleurer le premier plus que se réjouir de la deuxième ? Non.
Solal rêvait toujours d’une famille, et si personne ne l’entendait, elle pouvait bien tisser elle-même les liens pour tous les rassembler.

La blonde plongea son regard bleu dans les prunelles de sa jeune sœur. Isis était exténuée. Il fallait qu’elle dorme. Un coup d’œil à son téléphone ; pas de réponse de Chiara.
« Isis, stop. Ecoute moi. Tu vas aller prendre une douche. Ou un bain, peu importe, ce que tu préfères. Je crois que Chiara ne va pas rentrer ce soir, alors après je nous ferai des enchiladas et on pourra regarder un film toutes les deux. Tu dormiras sur le canapé. Et après … »
Sol prit une grande inspiration.
« Après, tu iras retrouver Lune, parce qu’elle a besoin de savoir. Moi, j’expliquerai à Stella. »
A cette pensée, la blonde faillit grimacer. Elle avait mis beaucoup de temps à avoir une relation stable avec sa cadette au sang chaud ; les premières rencontres houleuses avaient doucement laissé place à une sororité profonde. Pourtant Sol avait souvent peur qu’à nouveau leur relation bascule et que Stella elle aussi parte en lui claquant la porte au nez.
« Et si tu veux comprendre ce qui s’est passé, pourquoi, comment, je … on va trouver, d’accord ? C’est promis. »
Elle pensait à Morgan et à son coven, à Daesyn multicolore, elle pensait à tous les sorciers qu’elle avait un jour cotoyés, peut-être même à d’autres djinns qui auraient des explications. Elle trouverait. Elles trouveraient, toutes les deux. C’était une promesse.
Car dans ce possible pour elles, dans tous les possibles existants, elles avaient tout le temps pour ça. Isis demeurerait en vie, Isis demeurerait vibrante, elles auraient tout le temps du monde pour que l’univers la recueille.
Et c’était plus qu’il n’en fallait.

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