ABRAXAS 屮 trade all my tomorrows for just one yesterday

Naissance de Phoebus et Cléophée, à sept minutes d’intervalle. Ensemble avant même d’être nés, ils sont rapidement inséparables et seule la présence l’un de l’autre peut les apaiser de leurs colères et frustrations de nouveau-nés. Ils forment néanmoins un trio affectueux avec leur grand frère, Orpheus, pour le plus grand plaisir de leurs parents qui sont ravis d’avoir une fratrie aimante, fonctionnelle, rythmée par les aléas d’humains typiques à San Francisco.

Phoebus commence le piano et la batterie grâce à Orpheus. Il tombe immédiatement amoureux de la musique, qui lui permet de tisser un lien très particulier avec son frère, qu’il vénère et adore et dont il recopie absolument tous les comportements. Très vite, Orpheus devient pour lui un modèle et un idéal à atteindre. Il est âgé de quelques années de plus, et semble infiniment cool, quoi qu’il fasse, et sans le moindre effort. Phoebus, plus timide et réservé, tente d’en prendre de la graine.

A l’école, Phoebus devient bagarreur. Il veut être un bon garçon, un gentil garçon, mais apparemment tous les caïds de la cour de récré ne partagent pas cette utopique ambition et profitent du laxisme des enseignants et surveillants pour se moquer des petites filles et leur tirer les cheveux. Obsédé par l’idée de devenir un petit homme chevaleresque, Phoebe s’attèle à défendre la veuve et l’orphelin, surtout lorsqu’il s’agit de sa sœur Cléophée, envers laquelle il est très protecteur. Peut-être un peu trop.

A l’entrée au collègue, les choses se détériorent alors qu’il rencontre plus grand et plus fort que lui. Son égo en prend un coup. Il se réfugie dans la musique, seule capable avec Orpheus et Cléophée, de l’ancrer de nouveau à tout ce qu’il y a de beau dans le monde, et il se met à créer, à écrire de la musique et des paroles de chansons. Tout petit prodige en devenir qu’il est, ses notes à l’école en souffrent. S’il arrive à entrer au lycée, ce n’est que par la grâce de sa sœur qui l’aide à réviser et à travailler, et qui le laisse copier sur elle lorsqu’il n’y a plus rien à faire.

Pour la première fois, Cléo et Phoebus sont séparés. Ce dernier change de lycée pour aller dans une école qui propose un cursus spécialisé en musique où il pourra passer un diplôme qui lui plaît, pourvu que ses résultats suivent. S’ils vivent difficilement la séparation, ils savent que leurs chemins se séparent pour mieux se retrouver et font l’effort de fréquenter les mêmes cercles sociaux pour y remédier. En classe, Phoebus rencontre sa première petite amie, Rhiannon, une flûtiste extrêmement douée dont la beauté et la sensibilité le renversent. Ce sont les affres du premier amour, innocent, tendre et maladroit.

Un soir, après les cours, Rhiannon rentre seule chez elle et se fait agresser sexuellement par un homme qu’elle refusera d’identifier malgré l’insistance de ses parents et de la police. Elle se renferme sur elle-même et n’est plus que la coquille vide de l’adolescence pleine de vie et de rêves qu’elle était avant l’incident. Elle abandonne le lycée pendant quelques temps, avant de déménager définitivement. Pris en étau entre la tristesse et la colère, Phoebus devient soupçonneux de tous leurs camarades de classe, car n’importe lequel d’entre eux aurait pu être l’agresseur, il en est persuadé.

Il est de toutes les fêtes, de tous les coups fourrés du lycée dans l’espoir d’entendre une rumeur, un murmure, un semblant de confession, mais ne découvrira jamais la moindre piste. Il est obligé, pour la première fois, d’abandonner un combat, lui qui est si têtu et déterminé. Il a pris goût aux effervescences de l’adolescence, aux excès et aux bêtises, et continue à chercher un sens à tout ça. Il se perd dans les fêtes organisées par des gens qu’il ne connaît même pas, et c’est Cléo qui encore une fois arrive à le sortir de cette torpeur en le ramenant auprès de leurs vrais amis pour un nouveau départ.

A la demande de sa sœur, Phoebus accompagne Flora, sa meilleure amie, au bal de promo lorsque son petit ami la délaisse pour aller se saouler avec ses amis. Ils tombent amoureux de manière inattendue, improbable, presque magique. Cette fois, il ne fera pas les mêmes erreurs. Il obtient son bac par un quelconque miracle, et déménage à Nashville dans le courant de l’été pour percer dans la musique avec Orpheus et le groupe de musique qu’ils ont formé. Il revient néanmoins souvent à San Francisco pour être avec Flora et Cléophée.

La guerre éclate et les êtres surnaturels sont révélés. Le choc le paralyse et l’empêche de partir immédiatement ; après il est déjà trop tard, il est trop dangereux de voyager et toute la côte Ouest est bouclée, personne n’entre ni ne sort, ils sont trop proches de Seattle et de Dark Dragon. Phoebus et Orpheus sont obligés  d’être loin de leur famille pendant les combats et le musicien sera à jamais marqué par cette sensation d’impuissance, vieille ennemie déjà trop connue.

On murmure que la fin des combats est proche, les nombres de Dark Dragon diminuent, et les deux frères décident de prendre le risque de rentrer malgré tout. Alors qu’ils atteignent San Francisco, ils apprennent de la plus dure des manières pourquoi on leur a conseillé de ne pas se déplacer à découvert. Tout se passe tellement vite, et Orpheus subit l’attaque d’une sirène qui le plonge dans un coma irréversible. Les retrouvailles avec sa famille sont tachées d’amertume et de tristesse alors qu’ils perdent leur premier fils sans pouvoir l’empêcher.

Aux prises avec le désespoir et l’impuissance, Phoebus se jette à corps perdu dans la musique et le groupe qu’ils avaient fondé avec Orpheus avant la guerre, afin de pouvoir lui offrir le succès lorsqu’il se réveillerait. Il s’éloigne peu à peu de Flora, qui commence à fréquenter les cercles surnaturels qui la fascinent, ce qui rend Phoebus absolument furieux. Comment peut-elle tremper dans ces milieux-là après ce qui est arrivé à son frère ? Elle était là, elle l’a pleuré avec lui, et elle veut devenir l’amie de ces monstres ? Au fond, Phoebus a du mal à admettre la deuxième raison pour laquelle il voit ces rapprochements d’un très mauvais œil. Il se sait insupportable, mais il est terrifié malgré tout de la perdre, qu’elle l’abandonne, qu’elle le quitte pour quelqu’un de mieux, un surnaturel aux pouvoirs merveilleux qui saurait lui donner tout ce qu’il ne peut pas parce qu’il a du mal à se reconstruire et à lui donner l’attention qu’elle mérite.

Lors de leur vingt-cinquième anniversaire, le sol se dérobe sous leurs pieds. On diagnostique à Cléophée une maladie rare et fatale. Sa sœur jumelle n’a plus que deux ans à vivre, selon l’estimation des médecins. Pour la famille Astraea, c’est un électrochoc. Ils ne peuvent pas la perdre – ils ont déjà trop perdu, ils ne peuvent pas passer de trois enfants à un. Il faut empêcher ça, par tous les moyens possibles.

Phoebus retourne ciel et terre sans le moindre regard pour ses obligations, traverse le globe pour trouver les meilleurs médecins et spécialistes pour sauver Cléo. Les tensions au sein de sa famille se font encore plus présentes car il refuse de rentrer profiter des moments qu’il leur reste comme le souhaiteraient ses parents, dans l’espoir de trouver un remède. Il ne peut pas abandonner comme ça. Alors que Flora lui conseille de trouver un djinn, Phoebus insiste sur une solution plus immédiate ; ils n’ont pas le temps, ça pourrait prendre des années et Cléophée mourra avant, et tout cela aura été pour rien. Si sa petite amie, plus au fait des subtilités surnaturelles que lui, le lui déconseille fortement, Phoebus ne voit plus qu’une seule solution.

Phoebus invoque le démon des âmes, et conclut un marché. Il pourra sauver Cléo en devenant sorcier, en recueillant en lui une partie du pouvoir des âmes, lui aussi, mais il y a un hic – il lui faudra sacrifier son ouïe, son sens le plus précieux, celui qui le relie à la seule chose qui le fait encore vibrer, qui fait partie intégrante de son identité. Il n’hésite pas une seconde. Il prépare le rituel ; il sait que Cléo se réveillera dans le corps d’une autre, mais aveuglé par la peur de la perdre, il refuse de s’en préoccuper. Or, le lendemain matin, lorsque sa sœur ouvre les yeux, elle est dans le corps de sa meilleure amie, Flora. Folle de chagrin pour son amie sacrifiée et amère de la décision de son frère, Cléo s’effondre. Animé par la colère et la rage, Phoebus tente de se retourner contre le démon mais il est déjà trop tard, il doit vivre avec ce qu’il a fait, avec son erreur qui a coûté la vie à celle qu’il n’a jamais cessé d’aimer.

Phoebus est incapable de regarder ses parents dans les yeux plus longtemps, Cléo et lui ont besoin d’un nouveau départ, et de réparer cette foutue situation. Alors qu’ils enterrent le corps de leur fille, les deux jumeaux partent vers la Nouvelle-Orléans où Phoebus rejoint le coven de Fadila Sharabi, qu’il supplie d’accorder également refuge à Cléo, quand bien même elle est humaine. Il ne supporterait pas d’être séparée d’elle après tout ça. Il veut s’entraîner, devenir plus puissant afin de pouvoir recoller les morceaux.

C’est Phoebus qui lui propose en premier, mais ils sont hésitants tous les deux. Il pourrait retirer le morceau d’âme de Flora qui vit encore au sein de Cléo, les sauver toutes les deux, lui donner un autre corps, mais cela requerrait un nouveau sacrifice. Il a déjà fait cette erreur une première fois, il ne peut pas s’empêcher de penser qu’il risque d’empirer les choses, mais il ne supporte pas de voir Cléo comme ça. D’autant plus que ce genre de choses est strictement proscrit par les règles du coven, et qu’il risque bien de se voir changé en familier avant de réussir, laissant Cléo seule une bonne fois pour toutes dans le bordel qu’il a orchestré.