Liberi Fatali (Amy / Alaska)

Je ne suis pas à Phoenix. Pas maintenant. Pas aujourd'hui. Je profite de toutes les opportunités pour mettre le nez dehors. De sortir de cette ville ou j'ai vu le jour. Cette ville ou j'ai grandi. Cette ville que j'aime. Cette ville ou vit ma famille. Je ne me dis que je fuie ma famille. Non, je ne pourrais pas les fuir. Je suis lié à eux. Par mon sang, je suis une Stonegold. Je ne veux pas trahir mon héritage. Trahir ma famille. Trahir mon propre sang. Mais peut-être que je l'ai déjà fais. Même quand je n'y pense pas. Même quand je ne fais rien. Tout me ramène à Erebos. Reby. Mon jumeau. La moitié de moi-même.
Chaque fois, je repousse. J'annule. Je fais marche arrière. Je me suis promis d'avoir une vrai discussion. Une discussion à cœur ouvert ou chacun pourrait dire ce qu'il veut sur l'autre. Partager tout. Ne rien laisser de coté. Dire tout haut ce qu'on pense tout bas. Depuis si longtemps, on n'avait plus rien partagé. Mais on avait tant subi. Sa tentative de suicide. Son éloignement. La mort de notre père. La trahison de Cain. Son départ du foyer familiale. Tant d'épreuves qui ont entacher notre si belle relation. Notre lien est devenu su fragile. Si fin. Il suffirait d'un rien pour qu'il se brise. Je me dis que Reby aurait pu aussi venir me voir. Qu'il pourrait faire le premier pas. Mais je ne me fais pas des illusions. Je suis sa sœur. Je suis son ainée. C'est mon rôle. C'est à moi de le faire. Si je veux pas le perdre pour toujours. Il me suffirait d'un signe. De quelque chose qui ferait qu'il ne me rejette pas tout de suite. Qu'il me donne une chance.

Je saisis l'occasion pour quitter Phoenix, le temps de quelques heures de liberté. Je profite de cette journée pour régler quelques affaires pour ma boutique. Je fais quelques affaires, je regarde ce qui ce fait par ici. La Nouvelle-Orléans est bien différente de Phoenix. Ses quartiers sont différents. Ses habitants aussi. L'ambiance nocturne doit être aussi sympathique. Je regrette de ne pas pouvoir y rester plus longtemps.
Après les affaires, je décide de rentre visite à Rhea. Sa famille vivait dans cette grande ville et j’espérais pouvoir la voir. Nous avions le même âge, nous étions de la même race et une certaine volonté à vouloir dépasser ses limites. Toujours être à la hauteur, c'est important, surtout quand on fait partie des familles des dragon qui garde le crâne. Malheureusement pour moi, elle n'était pas là. Je me promis de lui laisser un petit mot quand je rentrais à la maison.

A travers des détours, je finis par tomber sur un petit endroit avec de l'eau. Comme un parc mais je ne connaissais pas assez les lieux pour dire ou j'étais précisément. Tout était si calme. Paisible. Tranquille. Il n'y avait presque personne. Face à l'eau, je tendis la main pour faire apparaitre une brume de mercure. Je changeais facilement entre la phase liquide et la phase gazeuse. J'alternais entre les deux. Même si l'élément que je contrôlais était pas très naturel, j'apprenais à la manipuler. C'était mon pouvoir. Peu importait si cela plaisait ou non. Je tournais le regard et croisa les yeux d'une femme. Une femme avec une chevelure presque blanche. Je ne savais pas si c'était de la réprobation. Si c'était pour moi. Contre moi. Je me dirigeais vers elle, assise sur un banc. Elle me demandait si je voulais quelque chose. Si seulement. Je pris place à ses cotés. Autant aller jusqu'au bout.

- Je suppose que vous avez vu ce que j'étais capable de faire.

Elle m'avait vu. Je le savais. Elle le savait. Inutile de se mentir là dessus. Mon regard était neutre. Ni de joie. Ni de colère. Juste quelque chose de neutre. J'étais encore trop pensive pour afficher mon sourire quotidien.

- J'ai vu votre regard. Je sais ce qu'il veut dire. Vous me jugez. Je veux savoir pourquoi.

J'ai parlée sans vraiment réfléchir. D'habitude, je suis plus avenante. J'arbore un jolie sourire. Je suis toujours celle qui apporte de la joie. Mais là, je ne sais pas, j'ai envie de lâcher prise. Quand je sens le regard de cette femme. Quand j'entends ses paroles, je sais pas pourquoi, je me sens attaqué. Pourtant, elle semble sympathique. Gentille. Pourtant, les mots sortent tout seuls. Je n'ai pas le temps de me rattraper. Je me rends compte de mon erreur une seconde après cette femme.

J'ai utilisée mes pouvoirs. Je sais le contrôler, il fait partie de moi depuis toujours. Pourtant, je me suis laissé distraire. Je n'ai pas fais attention. Et le mercure que je contrôle laisse des trace dans le Bayon, tout ce que je voulais éviter. Comme si cela ne suffisait pas, cette femme passe du sourire à la colère. Elle n'est pas contente. Mais vraiment, vraiment pas contente. J'ai jamais vu quelqu'un se mettre autant en colère. Ce n'est pas que je fais pas attention, d'habitude je fais attention. Je respecte la nature comme tout le monde mais là, j'ai commis une erreur. Et cette femme ne va pas la laisser passer. J'aimerais pouvoir trouver une explication. J'aime pas la façon dont elle me hurle dessus même si c'est ma faute. Pas besoin d'en avertir toute la ville non plus. D'accord, j'ai tort, elle a raison.

Je me dis que je devrais m'en aller. La Nouvelle-Orléans ne me réussi pas. Je pourrais m'en aller, revenir à Phoenix et ne plus remettre les pieds dans cette ville. Je pourrais partir sans me retourner. Cette femme serait tout de même capable de me suivre. Elle tient beaucoup à Mère Nature. Et là, je comprend. Je comprend que je dois être face à une nymphe. Ces jolies créatures qui prennent soin de la nature et de qui les entoure. Et moi, j'arrive avec mon mercure et je détruis tout. Oups. Je suis sur le point de répliquer quand je remarque une faiblesse. Une faiblesse au niveau de son comportement. Un défaut dans la cuirasse. Son état m'alerte, je suis sur le qui-vive. Prête à intervenir. Tout ceci est familier. Trop familier. Même ici, le souvenir de mon frère me suit à la trace.

- Je suis désolée, je voulais pas...faire du mal à la nature. Je recommencerais pas.

Je ne veux pas m'en faire une ennemie. Elle a l'air gentille. Sa petite démonstration me laisse admirative face à son caractère. Je suis surprise, je m'y attendais pas. J'espère qu'elle se sent mieux. Je me sens coupable d'être responsable de ce qui lui est arrivé. Je veux pas qu'elle ai mal. Je voulais pas faire du mal. Moi, je protège. Moi, je veille. Je ne blesse pas.

- Es-ce que tout va bien ?

Je me dis sans doute que je l'ai mérité. Je pensais pas à mal. Non, ce n'est pas mon genre de détruire. Je ne suis pas celle qui détruit, je suis celle qui répare. Je le fais depuis toujours, comme une seconde nature. Une qualité que je possède depuis que je suis venu au monde. Alors, je m'excuse auprès de la jeune femme qui s'est mise en colère. Je présente mes excuses pour m'être un peu emporté, pour avoir détériorer un endroit qui lui tient à cœur. Je sens que je suis tombé sur une nymphe, les créatures qui protège la nature. Ce sont des créatures bienveillante, dans mes souvenirs, mais farouchement opposé à la destruction. Posséder un don comme le mien, ce n'est pas quelque chose que les nymphes doivent aimer. Le mercure n'est pas un élément très propre. C'est même plutôt dangereux, à dire vrai, c'est pour cela que je m'entraine à le contrôler. Pour ne pas causer de tort.

La jeune femme présente ces excuses, elle aussi. Je crois que nous nous sommes un peu emporté, l'une comme l'autre. Reconnaissant nos torts respectifs, c'est déjà un bon début. Je n'aime pas me faire des ennemis. Je ne suis pas le genre de fille qui se fâche avec la première personne qu'elle voit. Préserver la paix, c'est ce que je fais, ce que je veux faire. Si j'admire autant le Conseil de la Nuit, ce n'est pas pour rien. Elle tapote le banc de nouveau, elle me tend un rameau d'olivier. Une offre de paix. Je retourne m’asseoir auprès d'elle, sentant la colère et la tension qui quitte mon corps ainsi que le sien. Ce serait pas mal qu'on parte du bon pied. Elle a pas l'air méchante, la nymphe.
Je reste aussi vigilante quant à son état fragile, je ne sais pas ce qu'elle a. Elle me dit qu'elle est malade. La colère ne doit pas arranger son état, un état que j'ai moi-même déclencher. Elle me dit que ça ira mieux. J'essaie de la croire. Mais je sais que parfois, il y a des choses qu'on ne contrôle pas.

Elle me demande ce que je suis, reconnaissant sas doute que je n'étais pas humaine. Hésitant entre dragon et sorcier, elle a presque failli trouver. Elle me demande aussi ce qu'était la brume. J'hésite à lui en parler au vu de la réaction qu'elle a eu. Pourtant, je ne suis celle qui ment, qui dissimule. Après tout, mes pouvoirs sont des dons du Grand Dragon.

- Je suis un dragon, en effet. Et ce que tu as vu tout à l'heure, c'était du mercure. Je sais que ce n'est pas quelque chose de très bon pour la nature. Mais je pensais pas à mal. Je voulais juste...enfin peu importe.

C'est tellement plus simple de parler avec quelqu'un que l'on ne connait pas. On a pas à se justifier. Aucun reproche. Ce devrait être comme ça tout le temps.

- Et toi, tu dois être une nymphe, n'est-ce pas ? J'ai entendu pas mal de chose sur ce que ton espèce est capable de faire.

Posant brièvement mon regard sur le Bayou, je reste silencieuse un petit moment avant de retourner face à la jeune femme. Je tends la main vers elle, prête à faire la paix avec elle. Enterrer la hache de guerre.

- Je m'appelle Alaska, et toi ?

L'orage passe rapidement, laissant place à un temps calme et avec un grand soleil à l'horizon. Maintenant que nous sommes d'accord pour ne plus de crier dessus l'une comme l'autre, la tension s'en va comme si elle n'avait jamais été là. Je me sens plus à l'aise, plus moi. Je ne suis plus en colère. Peut-être que c'est dû à l'endroit ou je me trouve ou c'est peut-être grâce à la nymphe. Je sais pas trop de quoi sont capable ses créatures, enfin qu'importe maintenant. On peut prendre le temps de discuter, sans colère et sans jugement. Promis. Je lui parle de ma condition de dragonne ainsi que de mes dons. La manipulation d'un des métal les plus dangereux : le mercure. Plus dangereux que ceux que manipule ma famille. Entre l'or, l'argent ou le platine, il n'y a pas de doute. C'est moi qui doit faire le plus d'effort, parce que je ne veux pas faire le mal. Comme le dit si bien la jeune femme, c'est une grosse responsabilité. Mais les responsabilités, j'en ai l'habitude depuis le temps. Je sais ce que c'est. Je suis aussi une sœur avant tout, je suis responsable de mon frère.

- J'ignorais que les nymphes étaient aussi sage !

Je fais rapidement le lien entre ses paroles, ses actes et sa colère quand j'ai accidentellement fait du mal à la nature. C'est une nymphe. J'en ai la confirmation quand elle me dit qu'elle est une nymphe d'eau. Cela se voit très clairement comme le nez au milieu de la figure. Mais je l'aime bien, elle est le genre de fille qui s'assume pleinement, sans se cacher. Oui, je l'aime bien, elle est chouette ! Je ne connais pas très bien cette espèce-là mais j'entends des choses à leur sujet. Des rumeurs d'autant plus qu'il y a aussi des représentants des nymphes au Conseil.

- Eh bien d'après ce que je sais, vous êtes des personnes qui prenne grand soin de la nature. C'est aussi une très grande responsabilité, je trouve.

Elle semble contente de faire ma connaissance, malgré un début plutôt agité. Ce n'est pas vraiment mon genre quand je fais connaissance avec une nouvelle personne. Enfin bon, maintenant que les choses sont claires, il n'y a plus de raison de se mettre en colère. Je ferais plus attention à la Nature désormais. Ou au moins, plus d'effort.

- Je suis contente de te connaître Amy. Je te promet que, d'habitude, je ne suis pas aussi agressive avec les gens. Je crois que j'avais besoin de m'en prendre à quelqu'un pour éviter de m'en prendre à moi-même.

Je me rends compte que la jeune nymphe et moi avons quelques points commun. Notre volonté de préserver la paix, de maintenir un équilibre. Même si le fait aussi pour la Nature, ce que je respecte également. Je ne connais pas bien cette espèce, tout ce que je sais, c'est ce que j'ai appris via les représentants des éléments qui siège au Conseil de la Nuit. J'aimerais bien en faire partie un jour, le dire à haute voix peut paraitre présomptueux mais j'ai toujours eu une admiration pour eux et pour leur cause. La paix entre les espèces. La paix entre les surnaturelles et les humains. Ce n'est pas simple avec la présidente au commande mais ce n'est pas impossible. Moi, j'y crois. Comme ma mère siège au Conseil, j'ai bonne espoir qu'un jour, je puisse lui succéder. Ce serait un honneur d'être un des représentants de ma famille.
Les conseils de la demoiselle me font sourire, elle est jeune mais elle semble avoir une grande maturité. C'est toujours bien d'avoir une qualité comme celle-là. Le bien commun. Cela semble être presque subjectif. Je pense que c'est possible. Compliqué mais possible. Surtout si il y a plus de gens pour aider dans cette cause.

- S'il y avait plus de personne comme toi, le monde se porterait bien mieux.

Elle me parle de la cause des nymphes, des actes de certaines qui sont dans une sorte de mouvement. Un grand groupe pour faire de grande chose. Cela peut s'avérer dangereux si une personne malveillante possède des dons aussi puissants. Je n'ai jamais entendu parler de nymphe qui serait contre la Nature. Ou qui ferait du mal à celle-ci. Ce ne doit pas être fréquent, je suppose. En tout cas, même si la jeune femme parait faible, elle semble possédait un caractère fougueux. La dispute que l'on avait eu, il n'y a pas si longtemps était une vrai preuve de force. Aurait-elle été capable d'utiliser ses dons contre moi ?

Ses paroles sont pleines de sens. Elle se demande la raison du fait que je m'en veuille autant. Je sais que mon don est un don du Grand Dragon, j'ai entendu maintes et maintes histoires sur lui. Sur ce qu'il était capable de faire. Je m'étais sentie honoré quand j'avais pris conscience de ce que j'étais capable de faire. Je savais ou était le bien et ou était le mal. J'avais vite appris la différence et pris conscience que je devais être en mesure de contrôler mon pouvoir pour ne pas causer de tort à quiconque.
Si seulement cela pouvait être aussi simple. Parce que je savais que depuis que j'avais vu le jour, j'avais eu une mission. Une mission importante. Vitale. Et j'avais lamentablement échouer.

- Est-ce que cela t'es déjà arrivée d'avoir un but dans la vie ? De faire tout pour y arriver sans jamais pouvoir l'atteindre ?

Je l'a regarde, son regard plein de colère n'est déjà plus là. Il y a juste de la bienveillance, de la force.

Je sais que le mal existe. Je l'ai déjà vu à l'œuvre. J'ai vu les dégâts qu'il inflige aux autres. A soi-même. La guerre. La maladie. La souffrance. Je sais ce que c'est. Je sais également que le Bien existe également. Sinon, il n'y aurait pas de lumière. De bonté. De gentillesse et d'espoir. C'est une bataille constante à l'intérieur de chacun de nous. Certains arrivent à résister à l'appel de l'obscurité, d'autres, non. J'ai vu mon cousin sombrer dans les ténèbres, même si c'est lui qui a commis ses actes, je suis responsable. J'aurais dû savoir. J'aurais dû être plus à l'écoute. J'aurais dû. Maintenant que j'ai échoué avec lui, je refuse de laisser sombrer mon frère. Je veux le ramener. Je veux le retrouver. Il est mon frère. Ma responsabilité.

Je sens que malgré sa gentillesse et la lumière qu'elle dégage, il y a quelque chose d'autre. De la souffrance. De la tristesse. Même si ma question me paraitre trop spécifique, elle semble comprendre. Trop comprendre. Trop impliquée. Elle me parle de ses anciens projets. D'un avenir radieux à Yale qui l'attendait. Un rêve brisé à cause de la guerre. Une petite balle qui a changé sa vie de façon radicale. J'ai eu beaucoup de chance, malgré mon désir de participer à la guerre, de me battre aux cotés des miens, Maman ne m'a pas laissé partir. Elle était sans doute prête à m'enfermer dans ma chambre plutôt que de me laisser y aller. Et me perdre.
Amy n'a pas voulu faire la guerre mais elle est devenu une victime malgré elle. Cela me touche. J'admire sa force, la façon qu'elle a d'être encore débout alors que ses espoirs ont radicalement changé. Ses rêves sont trop loin pour qu'elle puisse les atteindre, seule. Si seulement je pouvais l'aider. J'ai envie de l'aider mais j'ignore comment je peux faire. Je ne peux rien. Rien contre sa maladie, du moins. Je pose ma main sur la sienne, un geste de sollicitude. Même si je ne peux pas être à sa place, je peux essayer de l'aider. Même un peu.

- Ce doit être très dur pour toi. Tu es très courageuse. Je me serais effondrée depuis longtemps si j'avais été à ta place.

Je regarde de nouveau le paysage de la Nouvelle-Orléans. Un paysage calme. Paisible. Tranquille. Peut-être que si j'en ai l'occasion, je pourrais toujours y revenir. Quand on est ici, on semble être ailleurs. Je repense à ce qu'elle m'a dit. Et cela me permet de comprendre que même si elle pense qu'elle ne peux plus rien faire, je peux toujours faire quelque chose. Je pourrais aider mon frère et l'aider, elle. De toute façon, je ne peux pas la laisser. Ce n'est pas dans ma nature de faire ça. Elle m'a donné de bons conseils, à mon tour d'être à l'écoute et de l'aider. Ce serait déjà un bon début.

- Tu devrais continuer à avoir des rêves, Amy. Continuer à te battre comme tu le fais. Et peut-être qu'un jour, tu auras l'occasion de faire ce qui te plaît. Tu dois continuer à garder espoir en toi, en ce monde.