Harmonie du soir - Chiara

L’antivol a été difficile à enlever. Quand l’encre s’est répandue sur les manches, Chiara les a reprises elle-même, cousant maladroitement sur le parquet au beau milieu du salon. Mais elle n’a pas pu s’en empêcher, et ce n’est pas la sécurité de Valentino qui lui a mis des bâtons dans les roues. La clé c’est de se comporter comme une personne très, très riche. Le genre de personne avec tant de pouvoir et d’argent qu’elle vous enverra en prison à la moindre offense, au moindre « Je peux voir votre sac mademoiselle ? » et ça, l’actrice sait faire, c’est même sa spécialité. Quand elle parade au bras de Tristan, elle est radieuse. Robe longue jaune lumineuse sous la lune réhaussée d’une veste en cuir, gants excentriques. Ils sont beaux. Ils sont jeunes, le monde est à leurs pieds ce soir. Elle rit sans prétendre, elle aime sans le dire. Pas besoin de mentir parce que le triton s’en moque, il mentirait avec elle jusqu’à ce que le rêve s’étiole. Ils sont deux couleurs au milieu du paysage terne en noir et blanc, le pot d’or à la fin de l’arc en ciel.

Chiara ne répond qu’avec un regard de défi, quand il désigne l’hôtel Paramount, où les riches et les puissants viennent s’autocongratuler et festoyer jusqu’à ce que l’alcool dilue les divorces et les dépressions chroniques. Elle sait qu’au bras de Tristan, rien n’est impossible, il est la clé qui ouvre toutes les portes, même les plus soigneusement protégées. En se glissant derrière le gratin multicolore du satin et du taffetas, elle prend son air le plus dédaigneux, le plus capricieux. C’est là, niché dans l’arc de son sourcil, que se situe le mépris populaire proportionnel à la taille de sa carrière imaginaire. Elle fait mine de défroisser sa robe, désintéressée, tandis qu’elle entend le timbre délicieux, presque ronronnant, de la voix du triton. Et cette manière profondément insouciante de mener le monde en bateau, de prendre ce qui ne lui appartient pas, cette audace, cette profonde putain d’envie de vivre. Ils seront deux menteurs, deux tricheurs dramatiques mais ils iront brûler en enfer ensemble quand tout ça sera fini. « Subtil » glisse-t-elle, sibylline, à l’oreille de son amant alors qu’ils pénètrent dans le cœur de la fête.

Décoration qui pue l’argent, de l’or partout, du velours et des rires hypocrites. C’est parfait, tout simplement parfait. Il y a peu de plaisirs aussi intenses que celui de nager dans le bassin de l’élite tout en se moquant d’eux. Tristan et Chiara échangent un sourire complice, comme si la soirée n’était qu’une plaisanterie qu’eux seuls peuvent comprendre. Elle tourne dans sa robe, tout soleil qu’elle est ce soir, et danse jusqu’au bar tout de marbre. « Servez-nous les cocktails les plus extravagants possibles, s’il vous plaît. Nous avons quelque chose à fêter » Ils vont célébrer leur jeunesse, ils vont célébrer l’audace, l’excentricité, et le plaisir de ne pas être comme les autres. Ils vont célébrer l’ivresse et les mots doux, ce costume offert et cette robe à quasi seize mille dollars. En attendant, elle pianote sur la surface laquée, les yeux balayant la pièce et les invités. « Tu vois l’homme avec un haut de forme à côté de la blonde en bleu pervenche ? C’est Nhystofer Colan. Il a réalisé Exception, qui est sorti l’année dernière. Je tuerais père et mère pour jouer dans un de ses films, un jour. » Ça pourrait très bien ne pas être une façon de parler d’ailleurs, se dit-elle distraitement. Si seulement elle savait charmer comme Tristan sait charmer, si seulement elle était autre chose que cette actrice de théâtre amateur. Elle se souviendra toujours de cette professeur de théâtre au collègue, durant les tous premiers cours, qui lui a dit que le milieu était trop compétitif pour elle, qu’il y avait beaucoup d’appelés et peu d’élus, et qui a rajouté à voix basse, comme pour une confidence, que les rôles qu’elle pouvait décrocher avec la couleur de sa peau ne seraient pas enviables.

Ce jour-là, elle a juré qu’un jour, cette pathétique et frêle Barbie au rabais ne pourrait plus aller faire ses courses sans la voir, en magnitude et technicolor, parfaite et radieuse, sur tous les panneaux publicitaires de la ville. Ce soir, c’est un bout de ce rêve là qu’elle célèbre. C’est la promesse de demain, et des opportunités qui viendront avec l’aurore.
   

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Chiara n’a pas encore touché à l’alcool mais elle est déjà ivre de cet environnement radieux dont le nuage toxique imprègne ses pores. Elle se sent invincible, fortifiée par la présence de Tristan et son aisance, sa beauté surnaturelle et son audace. Seule, les choses auraient été différentes. Mais elle n’est pas seule, là est bien toute la question, elle n’est plus seule. Elle a cet allié, envers et contre tout, cet allié qu’elle séduit et qu’elle enlace autant qu’il la porte. Alors qu’on prépare leurs verres, l’actrice glisse une phalange distraite le long du visage ciselé de son amant, les yeux perdus dans le vague. « Je peux tout jouer » assure-t-elle avec une effronterie fabriquée de toutes pièces pour l’occasion. Ce soir elle est impostrice, dans son rôle extravagant comme une Greta Garbo des années folles. A force de jouer, on finira par la croire. « Ingénue comme femme fatale, Ophélie ou Agrippine, Blanche-Neige ou la Méchante Reine » Elle l’enveloppe d’un regard fiévreux. Elle peut sortir de sa peau d’actrice paumée quand il la regarde comme ça, parce que dans ses yeux à lui elle voit ce qu’elle voudrait être. Tristan ne pose pas de questions qui font mal, il prend la meilleure version d’elle-même, celle qui brille, celle sur laquelle il dirige lui-même les projecteurs. Parfois elle se demande ce qu’elle lui apporte en retour, pourquoi le triton s’entiche de l’humaine, s’entiche même d’une coquille vide dont les couleurs changent tous les jours.

Mais elle ne pose pas les questions qui font mal non plus. Elle ne veut pas mettre le doigt dessus, ne veut pas rompre la magie, au risque qu’il réalise et disparaisse dans un nuage de fumée. « Je peux être tout ce que tu veux et bien plus, si tu me dis quoi faire. Mais pour la scène de l’orgasme, j’ai pas envie de faire semblant » susurre-t-elle à son oreille, embrassant sa nuque et mordillant le lobe de chair. Désire-moi, projette tes envies les plus folles sur moi, je me fous que tout le monde nous regarde pourvu que tu ne regardes que moi. Le tintement des verres attire son attention, et elle retient le hoquet surpris qui naît dans sa gorge en entendant la composition du cocktail. Au lieu de ça, elle arque un sourcil las, l’air nonchalant de celle qui boit ces folies merveilleuses tous les matins au petit-déjeuner. Elle n’ose même pas imaginer le prix d’une telle extravagance, et attire le verre en cristal à elle dans un geste élégant. Quand la concoction arrive sur sa langue, ses prunelles pétillent autant que sa gorge. C’est ça que ça fait, d’être riche. Mutine, elle va chercher la fine feuille d’or à la commissure des lèvres de Tristan avec les siennes, avant d’être interpelée par le garçon. Comment ose-t-il interrompre sa scène, avec ses considérations matérielles et réalistes, comme un vulgaire assistant de production ? Elle est héroïne d’un film d’espionnage qui fait succomber son héros, et elle ne peut pas réfléchir à la fin si on lui parle du prix des cocktails. « Oh mais, on a déjà payé, n’est-ce pas mon amour ? » Chiara ronronne, enveloppant les deux hommes d’un regard de velours, comme si c’était elle qui envoûtait le garçon, comme pour avoir l’illusion irrésistible qu’elle aussi a ces pouvoirs-là. Elle est actrice et pourtant trop souvent spectatrice, second rôle dans sa propre vie, confrontée à ses limitations. Banale humaine qui touche du doigt l’infini des possibilités.  
   

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L’excès est total. L’extase est complète. Grandiose.

Heureusement qu’elle est habituée à feindre, qu’elle a les expressions appropriées bien en tête, qu’elle apprend vite en imitant les autres, parce qu’en entendant Tristan commander, elle peine à retenir un hoquet de choc. Mais elle ne veut pas se laisser perturber devant lui, elle ne veut pas tomber du piédestal sur lequel il la met. Alors elle se contente de sourire, avec ce haussement de sourcil un peu dédaigneux, caressant la nuque de son amant distraitement comme pour récompenser sa générosité. Son myocarde palpite, ça elle ne le contrôlera pas. Elle ne lui admettra jamais, mais elle ne peut pas s’empêcher d’avoir peur, d’aller trop loin un jour et de ne pas pouvoir revenir en arrière. Que Tristan parte, un jour, qu’il la laisse avec toutes ces dettes qu’elle est grisée d’accumuler à ses côtés, que la magie s’estompe, qu’elle n’ait plus rien, qu’elle soit obligée de fuir. Qui fuirait avec elle ? Sol ? Sans la magie dont elle s’entoure pour vibrer, qui est-elle vraiment ?

Les gouttes fraîches que le triton envoie valser sur sa gorge lui tirent un frisson – rien en comparaison de la décharge que lui envoient ses lèvres, sa langue sur sa peau quand il vient les chercher. Elle en oublierait qu’ils ne sont pas seuls, qu’à bien des égards elle joue son futur ce soir, que Tristan peut reprendre aussi facilement qu’il donne. Instinctivement, la main de l’actrice remonte sur la cuisse de l’impertinent, d’une lenteur exquise, jusqu’à caresser le tissu de son entrejambe. « Tu sais comment parler aux femmes » susurre-t-elle avec malice. Ce sera elle la surnaturelle alors, dans ce jeu de rôles tordu dans lequel elle adore se perdre. Elle sera djinn, royale, maîtresse des illusions et des apparences. Un peu trop approprié, un peu trop aux antipodes de la seule djinn qu’elle connaît sur le bout des doigts. Elle ne sera pas Sol, elle sera mieux, quand bien même elle sera incapable d’ignorer ses entrailles qui se nouent en y pensant. « Viens danser » Chiara ordonne, en retirant sa main pour aller happer celle du triton et l’entraîner à sa suite, dans un ballet de tissu jaune.

Ils sont peu à s’y mouvoir, la majorité des gens préférant s’auto-congratuler, parler affaires avec sérieux avec des sourires hypocrites. Mais l’actrice veut émerveiller, elle veut éblouir, et elle n’a pas de meilleure opportunité de le faire qu’avec Tristan à ses côtés. Il attrape sa taille d’une main experte, et la fait tournoyer une fois avant de la ramener près de lui. Très près. Ventre collé au sien, diaphragme presque comprimé sous la pression du corps fiévreux. « C’est un jeu dangereux auquel tu joues. L’amour ne me rend pas douce, il me rend inflexible. Tu as pris ce qui était à moi et tu vas devoir le payer si tu veux garder ta vie. » Baalkis lui colle à la peau sans difficulté, elle sent que son maintien change, sa posture se rigidifie, même les traits de son visage se tendent pour incarner la djinn impérieuse. Elle a déjà vu cette scène quelque part, dans un film avec Angelina Jolie. Il ne lui manque que la robe fendue et le pistolet attaché à la cuisse. La haine, l’amour, si subtil, si délicat. Le désespoir de celle qui n’a pas le choix mais qui lutte encore. « Donne-moi une bonne raison de ne pas t’envoûter jusqu’à ce que la folie te fasse perdre l’esprit, jusqu’à ce que la moindre de tes synapses crie mon nom » C’est la voix qui lui pose problème, dans la réplique précédente elle a tâtonné, tout hésitante qu’elle est, mais elle ronronne désormais, équilibre parfait entre désir et interdit, fièvre et fierté métallique.

Derrière eux, le serveur apporte un plateau de coupes de champagne aux pétales d’or au petit groupe qui entoure Nhystofer Colan, à quelques mètres plus loin. Le réalisateur se retourne vers eux brièvement, alors qu’on lui murmure la provenance des breuvages à l’oreille. Il a l’air interloqué mais se donne une contenance en levant son verre vers eux ; avec satisfaction, Chiara répond avec un sourire et un signe de tête. Elle aurait répondu avec une révérence de film d’époque mais Baalkis ne ploie devant personne.
   

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Chiara a envie de rire à gorge déployée, son corps entier détendu et irradiant de confiance en elle. Tristan réveille les parties d’elle les plus brillantes, les plus précieuses. Il la portera, il jettera la lumière sur elle-même s’il doit construire les projecteurs de bric et de broc. Elle ne lui dira jamais assez merci pour ça. La seule raison pour laquelle elle garde son sang-froid, c’est qu’elle donne une performance, et toute performance doit être parfaite. Tristan a cette assurance de celui qui ne risque rien, qui n’a pas besoin de fignoler, tracer en filigrane la perfection devant les autres. Il n’y a pas d’enjeux – et ça lui donne toute la prestance, le charisme nécessaire pour capter l’attention. Elle n’a plus qu’à affuter le matériel qu’il lui donne. « Tu as raison, mon cœur t’appartient » susurre-t-elle le cœur battant, sa jambe nue enveloppant la hanche de son amant. Le temps suspendu, quelques secondes où même la musique du gala semble s’essouffler, avant qu’elle ne virevolte encore une fois, attrapant l’aiguille sur son corsage et la plaçant sur la gorge de son amour bafoué. « Mais je t’aimerais mieux quand tu auras donné ta vie pour obtenir l’absolution » ajouta-t-elle, implacable et séductrice, écorchant légèrement la peau de Tristan dans un geste joueur. Une goutte de sang à peine perle sur le derme pâle du triton, et, performance terminée, l’actrice va y nicher ses lèvres, récupérant son dû et embrassant la blessure pour bonne mesure.

L’assemblée semble divertie, à défaut d’être impressionnée – Chiara ne veut pas lire la moindre déception dans leurs yeux, elle se contente de fixer son partenaire particulier. Finalement, ce n’est peut-être pas Nhystopher Colan qu’elle cherche à attirer dans ses filets. Qu’il vienne la chercher, songe-t-elle en laissant un de ses gants en soie couler le long de son bras et atterrir au sol, abandonné. La musique change soudainement pour une mélodie plus lente, enivrante, et elle entraîne le triton près des grandes baies vitrées pour rejoindre le balcon. Les jardins s’étendent sous eux, luxuriants et parfaits. Ils ont l’air de se fondre dans le décor, et pourtant, leurs mensonges se répondent et se complètent. « Danse avec moi. Pour de vrai » Chiara ordonne, un peu plus agressivement que nécessaire, comme toujours lorsqu’elle fait une demande qui la rend vulnérable. Pour de vrai, elle dit, parce qu’elle ne veut pas se perdre dans ces miroirs qui lui rendent une image d’elle faussée, une version améliorée qu’elle ne sera jamais – elle ne veut pas oublier la vérité cachée sous le vernis, ça lui rappelle d’où elle vient, ça lui rappelle où elle va. « Merci pour ce soir » elle murmure contre l’épaule de Tristan, bras autour de son cou, tanguant juste assez pour que cela puisse passer pour de la danse. Elle ne pourra jamais lui dire combien ça compte pour elle, à quel point lui seul peut lui accorder ça : voir et aimer ce qu’elle lui donne sans jamais douter. Ils ont une grande gueule tous les deux et pourtant si peu capables de se dire les mots qui pourraient tout changer.
   

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Ils sont seuls au monde, ou ils pourraient tout aussi bien l’être. Bercés par le silence de ceux qui n’ont pas besoin de musique pour s’accorder. Le brouhaha à l’intérieur de la salle s’intensifie, mais Chiara y est imperméable ; sa performance est terminée, et maintenant le rideau tombe sur tous les doutes qui l’accablent. Est-ce que l’armure de Tristan se craquelle, elle aussi ? Son sourire reste franc, son dos droit, mais son regard attend – comme s’il avait laissé tomber un jouet dans le sable et qu’il attendait qu’elle le ramasse pour en faire des châteaux. « Tu seras avec moi sur les marches » commence-t-elle, avec un rictus amusé, les images en technicolor de flashs crépitants devant ses yeux. « Non ? » Rattrape-moi au vol, Tristan. On s’amuse bien mais je sais pas si j’ai encore envie de jouer. J’arrête toujours quand je vois que je ne peux pas gagner.

L’actrice n’a pas le loisir d’entendre la réponse de son amant ; les portes de la baie vitrée s’ouvrent à la volée sur des agents de sécurité qui les regardent, furieux. Ils sont trop nombreux pour que Tristan s’oppose à eux tout seul, mais ça n’a aucune importance. Ils ont eu ce qu’ils voulaient de toute manière, pas la peine de s’attarder. Chiara attrape la main de Tristan et commence à courir à travers les jardins, non sans lancer un sarcastique « Merci pour tout, messieurs ! » entre deux souffles haletants. Elle entend le rire de Tristan à sa gauche, sent leurs pouls se mêler dans leurs paumes, et elle-même part dans un gloussement sonore, comme font les jeunes écervelés dont elle s’est toujours moquée.

Quand sa robe s’accroche dans les bosquets de ronces séparant le ponton de la plage, Chiara tire un grand coup dessus pour la dégager, arrachant une bonne quantité de tissu au passage avant d’égratigner sa jambe. Mais après un saut périlleux et quelques rires étouffés, ils sont de nouveau seuls dans la pénombre, pieds dans le sable froid, l’astre lunaire au-dessus d’eux comme un projecteur sur une scène de théâtre. Les yeux de Tristan brillent d’un éclat insondable, avec une intensité qui lui donne la chair de poule. Pourtant, sans détourner le regard, Chiara fait glisser une des bretelles de sa robe sur son épaule, puis l’autre, laissant le taffetas couler sur son corps comme un torrent d’or. « Elle était foutue de toute manière » elle glisse innocemment en allant chercher la chaleur de Tristan comme Icare le soleil. D’un signe de tête, elle désigne la mer à quelques mètres d’eux, noire, abyssale, tumultueuse, probablement froide comme l’acier – mais Chiara a des péchés à laver. « Cap ? » Cap de me suivre, quoi qu’il arrive ? Cap de m’accompagner au précipice quand je jouerai l’écorchée vive ? Montre-moi tes écailles et dépose les armes, je te montrerai mes failles en retenant mes larmes.

   

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