CHIAREN ★ blood, guts and angel cake

J’suis là ce soir, ouais. On pourrait dire que j’ai accouru comme un chien qu’on siffle, c’est p’tet vrai, quoi que j’ai pas trop le look d’un bien dressé.  Mais elle m'a envoyé un sms, sur le dernier portable que j’ai volé. J’l’avais appelé avec, je sais pas trop comment mais j’crois que j’ai retenu son numéro par cœur, d’habitude j’me souviens de rien. Sans doute la drogue. Ou ptet que j’ai juste pas envie de me rappeler, aussi. C’est plus facile d’oublier.

Il est là ce soir, Aaren. Bien sûr qu’il est là ce soir. Comment résister à une si belle invitation ?

-Hey, ‘want to fuck some loaded guy’s thing’s up ?

-On my way.

Le nymphe pose pas de questions. Il en pose pas parce qu’y en a pas à poser - Chiara veut foutre la merde, c’est pas lui qui va l’en empêcher. Bien au contraire. Il est trop heureux de l’aider, y en encore de la rage en lui, tellement parfois même quand il essaye de la recouvrir de drogue. Il y a de la rage contre lui-même, contre le monde entier qui demande qu’à exploser. Il sait pas qui est visé, il s’en fout un peu à vrai dire. Pourquoi elle veut faire ça, il se le demande parfois mais ils en sont pas encore là, pas encore à un stade où ils se disent des trucs trop intimes.

On est cassé, on le sait. Sinon on s’rait pas ensemble. Enfin je crois. On est vraiment pas du genre à s’livrer nos secrets. Mais ça, on le sait, on s’est reconnu. Je l’ai reconnu. Y a que quelqu’un d’aussi cassé qui peut apprécier quelqu’un comme moi. Qui peut me proposer des trucs pareil.

Alors continue Chiara, entrêmelons nos chaos, peut-être que deux trous noirs destructeurs peuvent s’annuler, ou peut-être qu’ils causeront encore plus de dégât avant de s’entre-détruire. Détruis-toi, détruis-moi, détruis-nous, dans la plus délicieuse des supernovas, et emportons le reste de l’univers avec nous.

Peut-être que quand ça arrivera, ils nous regarderont enfin. On sera plus invisible, on sera plus la trop banale que tu penses être et le rat d’égout que je suis, on sera reine et peut-être roi, on sera le centre et les maîtres du monde.

Même si c'est juste pour ce soir.

C’est pour ça que tu m’as invité moi, non ? T’aimes comment je te vois, comment je te regarde. T’es loin d’être banale, Chiara, et je comprends même pas comment tu peux penser ça - tu me le dis pas mais je le vois dans tes yeux, je le lis dans tes mensonges. Mais t’as pas besoin de me mentir à moi pour que je t’aime. T’es un caméléon, toujours le meilleur jour d’une personne différente selon qui ton interlocuteur veut que tu sois. Sauf avec moi. Tu pourras me montrer le pire de toutes tes facettes, ça sera jamais pire que moi.

Alors j’suis là, ce soir. Et tant pis si on pense que j’suis ton clebs.

T’as pris une batte, et je peux voir dans tes iris obscurs la sombre flamme qui brûle en toi. Tu comptes bien t’en servir et je sens une bouffée de passion montée en moi. Putain, qu’est-ce que t’es belle comme ça.

Un sourire déforme mes lèvres noircies alors que tu me demandes si j’ai peur. Pas vraiment, non. De quoi on peut avoir peur quand on a déjà tout perdu ? Tout et tout le monde. Sauf toi.

J’rentre derrière toi dans la grande tour de verre, le siège d’une sale entreprise de richou, ceux qui regardent les autres de tellement haut qu’ils disparaissent dans les nuages - au sens figuré, depuis le dernier étage de leur immeuble. Et c’est là qu’on va.

En tout cas Chiara s’arrête pas, elle s’attarde pas sur les premiers bureaux, et elle regarde vers le haut. Au sommet, ouais, c’est là qu’on va, c’est là que tu mérites d’aller Chiara.

Mais l’ironie, je peux pas m’en empêcher, j’ai jamais réussi à m’en débarrasser. Et j’ai pas envie de le faire, j’ai envie que tout ça, toute ma vie, reste tordante, c’est toujours mieux que d’en pleurer. Alors ma voix est ironique, cynique. Parce que c’est ce que je suis.

Puis faut que j’en ai le cœur net.

-On attends quoi pour démolir des trucs avec ta batte, exactement ? Le bureau du PDG ?

Je croyais pas si bien dire, hein ? Ouais, la réponse est assez évidente. Je sais pas ce qu’il t’a fait, babe, mais maintenant qu’on est ici, il va peut-être capter le message. Et même si ça change rien d'autre… Au moins ça nous aura défoulé.

Chiara sourit et je reconnais ce sourire. Oui, j'le connais bien, putain, qu'est-ce que j'le connais bien, il étire mes lèvres tout les jours. Ce sourire tordu et déformé, ce sourire désespéré. C'est ptet le seul que je sais faire correctement. Mais ça veut dire qu'elle a mal, et j'suis bien incapable de la réconforter comme il faut alors je le fais à ma manière. J'sais pas pourquoi t'as mal comme ça, Chiara mais j'sais ce que c'est, crois-moi. Alors ce soir pour une fois, détruisons autre chose que nous-mêmes et peut-être que ça nous fera du bien. Ou peut-être que ça nous détruira un peu plus aussi.

Quand elle me répond, elle m'attrape par la veste avec une brutalité qui me file un frisson d'excitation. J'adore quand elle est comme ça, putain, elle est tellement sexy. Elle sait qu'elle me domptera jamais vraiment mais j'aime la sentir essayé, j'aime pouvoir en jouer. Alors une fois dans l'ascenseur je l'embrasse sauvagement, j’la laisse me plaquer contre la paroi froide et bordel, qu’est-ce que c’est excitant. Mais on est pas là pour ça, enfin, pas encore en tout cas. Alors quand la porte de l’ascenseur s’ouvre, nos corps se décrochent l’un de l’autre - presque à regret, ou ptet que c’est juste l’impression que j’ai.

Ça finira bien par arriver de toute façon, c’est toujours comme ça avec Chiara, c’est comme si on jouait au chat et à la souris. C’est elle qui traque et c’est moi qui provoque et qui fuit. Pourtant je finis toujours par revenir vers elle alors que j’sais que je devrais pas. Mais, merde, je peux pas m’en empêcher. Surtout dans ces moments-là, surtout quand nos parties obscures se retrouvent pour exploser ensembles à la moindre friction. Et ce soir c’est ses putains de bureaux qu’on va exploser.

Je ris quand Chiara m’annonce la suite du programme. Elle a raison, c’est de la merde, ces trucs-là, et j’peux presque imaginer ses gens penchés sur leurs bureaux avec leurs petites vies minables, leurs potins et leurs dramas merdiques avec les collègues ou les voisines. Le genre de gens qui me regarde avec un mélange de pitié et de dégoût quand il me voit dans la rue en train de faire le trottoir, avant de m’oublier la seconde d’après et de voter pour des gens qui me laisseront crever dans une ruelle. Eh bah cette fois ils pourront pas juste détourner les yeux pour plus avoir à y penser. Cette fois ils pourront pas nous oublier.

Cette fois on brillera de cet obscure éclat malsain, hein, Chiara ? À qui tu veux montrer ça, dis moi ? Parce que je sais que c’est pas pour moi que tu fais ça, c’est pour toi, c’est pour prouver quelque chose à quelqu’un ou te prouver un truc à toi-même. De qui t’en a trop ras-le-bol ? De toute façon si cette personne te regarde pas elle peut pas comprendre ce qu’elle manque. Pourtant t’es tellement magnifique quand tu te déchaînes comme ça.

Alors je prends sa main en ricanant encore parce que ces cons peuvent pas savoir, ils pourront jamais comprendre. Ils aiment trop leurs vies bien rangées, ils aiment pas assez ceux qui foutent la merde comme nous. C’est dérangeant, hein, notre existence ? Vous inquiétez pas d’oublier, on sera là pour vous le rappeler.

C’est pour ça qu’on est là ce soir.

Je m’engouffre à sa suite entre ses tables trop bien rangées en dérangeant tout au passage, en renversant les pots de crayons, en arrachant les câbles qui passent.

Je m’en rends pas compte au début, j’ai tellement pas l’habitude - enfin c’est pas vrai, j’ai trop l’habitude que ça vienne m’emmerder mais cette fois on dirait bien que c’est de mon côté. Et c’est pas si désagréable, quelque part.

Y a des bourrasques qui sortent de nulle part et finissent de tout renverser, de tout chambouler. Et je ris de plus belle, parce que putain, quelle ironie de se pointer et de m’aider maintenant hein ? Toi non plus, t’aimes pas ce qu’il y a ici ?

-T’as raison, c’est trop bien rangé. On va foutre le plus gros bordel qu’ils ont jamais vu d’leur vie.

Ils pensent savoir ce que c’est, le désordre, le chaos ? Ils en ont aucune foutu idée. Alors j’vais leur montrer. On va leur montrer, Chiara, ma belle, ma douce Chiara, celle que t’es pas ce soir.

C’est vrai que tu peux l’être, j’sais que tu sais comment l’être. Mais t’as pas besoin avec moi. J'aime quand t’es dure et cassante, quand tu fais ressortir les côtés les plus sombres de toi, j’aime quand tu me ressembles un peu au fond. J’aime que tu me comprennes parce que y a peu de personnes qui ont réussi à le faire. Et celles-là je les ai laissées derrière.

J’espère que tu m’en voudras pas trop quand je t’abandonnerais aussi parce que t’auras touché trop fort et trop juste, quand tu me ressembleras trop. J’espère que ça te fera pas trop mal même si je sais que ça sera le cas. On aurait pas dû s’accrocher aussi fort l’un à l’autre, tu sais. Ça fera encore plus mal quand l’inévitable arrivera. Parce que c'est comme ça que j’suis - le prends par contre toi.

Mais pour l’instant on s’en fout de tout ça, pour l’instant on est tous les deux et on a qu’à faire ce qu’on sait faire le mieux, détruire. Même si d’habitude c’est nous qu’on démoli, ils ont mérité, tous autant qu’ils sont, qu’on foutent un peu leur vie en l’air à eux aussi.

Chiara éclate la batte contre l’écran d’un ordi avec un des feulement les plus sexy que j’ai entendu de ma vie. Ça y est, la vanne est ouverte, ça y est, c’est le moment de se déchaîner, de foutre la merde comme j’sais si bien faire. J’ai pas de batte moi, alors j’en attrape un pour l’éclater par terre, je shoot dedans comme si ça valait pas des centaines et des centaines d’euros, sans doute plus que j’en posséderais jamais en même temps dans ma vie.

J'sens le vent qui nous entoure, qui souffle plus fort et fait rouler les crayons et les pots de fleurs qu’on avait jeté sur notre passage. C’est ça, vas-y, aide-moi pour une fois. Aide moi à tout dézinguer.

-J’en pense qu’on fait que commencer, très chère, je réponds à Chiara avec les yeux brillants et un sourire carnassier. Et si t’essayais de viser celui d’après avec le prochain que tu vas péter ?

Non seulement on va bien les emmerder, mais on va s’amuser en le faisant, j’te le promet, Chiara. On va jouer au ballon avec leurs foutus outils qui sont à leurs yeux plus précieux que nos vies, on va essuyer les merdes qu’ils laissent par terre avec leurs jolis travaux qui vaudront plus rien après qu’on les ait souillés. Parce que finalement c’est pas nous les plus fragiles.

-Tu préfères le foot ou le baseball ? On peut tester un mélange des deux au pire.

Je sais qu’il y a plein de connard coincés qui trouvent ça horrible, de faire ça, mais de toute façon ce genre d'enfoiré est outré par mon existence entière. Ils aimeraient bien que je crève en silence pour pas les déranger. Well, guess what ? Moi aussi j’aimerais bien crever mais je compte pas le faire en silence, loin de là. Je ferais un gros fuck et j’vous insulterais jusqu’au bout.

Un jour viendra où vous pourrez pas continuer à nous ignorer.

Et ce jour-là je vais bien rigoler - et on dirait que ce jour-là est arrivé, alors que j’embrasse Chiara encore une fois au milieu des papiers qui volent et des feuilles déchirées. Qu’est-ce qu’elle est belle comme ça, bordel.

-On va s’éclater.

Aujourd’hui c’est nous deux contre le monde entier,

Aujourd’hui c’est nous deux qui règneront sur les ruines de leur royaume ravagé.

J’sens le vent souffler dans mes cheveux et Chiara qui regarde ça avec un sourire, elle a l’air d’adorer.

C’est stylé, non ? J’aimerais pouvoir te les donner, ses putains de pouvoirs, t’en ferais sans doute meilleur usage que moi, tu les contrôlerait mieux, même sans tous tes masques t’es toujours tellement meilleure que moi, Chiara. Un jour tu t’en rendras compte et tu voudras plus de moi, ou bien peut-être que quand je le sentirais arriver je fuirais avant ça, parce qu’encore une fois je suis trop con, beaucoup trop con pour toi.

J’te mérite pas, Chiara, j’mérite pas que ce soit moi que t’appelles pour t’éclater quand tu veux démonter des trucs et pourtant qu’est-ce que j’aime ça. Qu’est-ce que j’aime quand tu te pends à mon cou, moi non plus j’sais pas où je trouve la force de te porter mais j’ai pas envie de te laisser tomber. Dans tous les sens du terme, à défaut de forcément le faire un jour parce que j’suis pas un mec fiable, tu devrais le savoir. Mais c’est aussi pour ça que tu m’aimes, non ? Est-ce que ça serait aussi bien, aussi intense à chaque fois si on pensait pas que c’est la dernière ?

Le rugby c’est bien, ouais, tu me plaques par terre quand tu veux et même si je résiste pour la forme tu sais que j’adore ça. T’es au-dessus de moi et tu sens mon souffle haletant, l’effet que tu me fais déjà et t’aimes en jouer, hein ? J’peux pas t’en vouloir, je suis exactement pareil. Entre nous deux j’veux bien que ce soit toi qui me fasse perdre la tête, mais fais gaffe, moi aussi je peux mordre en retour.

Mais c'est mes lèvres que je mords en ricanant quand tu te relèves, pris à mon propre jeu, mais putain qu’est-ce que c’est bon, qu’est-ce que j’ai envie de toi. Mais c’est pas encore assez le bordel, ça sera encore mieux quand on aura fini et qu’on sera à bout de force, enfin on aura un décor à notre mesure, qui nous correspondra parfaitement. Une place qu’on aura taillé pour nous avec la pire partie de nous-même, et tant pis si on s’écorche sur les morceaux qui dépassent. C’est pas comme si on avait pas l’habitude de toute façon. C’est presque encore mieux, si on me demandait.

-Ah ouais ? J’croyais que tu savais à quel point j’aimais le sport de chambre pourtant.

Drôle d’appeler ça comme ça alors que la plupart du temps j’le pratique même pas dans une chambre.

-Pari tenu.

C’est pas comme si ça me dérangerait de me déshabiller pour toi. Pourtant c’est toi qui te loupe et c’est toi qui enlève ton haut en résille qui me fait vriller depuis qu’on s’est retrouvé un peu plus tôt. Je vais pas m’en plaindre, t’es toujours aussi sublime comme ça, avec ton soutien gorge gothique que t’as sans doute encore volé quelque part et ça me fait sourire. Plus t’es chaotique et plus je t’adore, j’m’en veux parfois de t’entraîner dans cette voie mais ce genre de truc me rappelle que tu l’es déjà sans moi. Ça serait dommage mais j’ai presque envie de te l’arracher, de le détruire comme tout le reste juste pour voir comment la dentelles et les lanières se déchireraient. Peut-être que si tu me provoques trop je le ferai. Alors j’espère que t’y tiens pas trop - au pire tu pourras toujours en voler un autre.

J’empoigne la batte de baseball pour seule réponse, pas besoin de dire à hautes voix qu’évidemment je veux essayer. Je veux voir encore plus de ta peau comme si j’étais addict à toi aussi au milieu du reste des drogues que je prends, mais t’es assurément la meilleure. Celle qui risque de faire le plus mal, aussi, mais après tout c’est pas moi qui devrait en avoir quelque chose à foutre des conséquences. Sinon j’veux être sexy pour toi, encore plus que pour le reste du monde, c’est bien un des seuls domaines où j’peux prétendre être à peu près à ta hauteur.

Alors que tu cours attraper un extincteur, j’attrape une tablette Apple en riant et j’fais le même geste que toi, mais y a un coup de vent qui arrive dans l’autre sens et je réussis pas mieux.

Toujours à venir me faire chier, le vent, c’est pas parce que je fais quelque truc qui lui plaisent que je le contrôle totalement et il me le fait bien comprendre. Mais tant pis parce qu’il tourne dans la pièce et éparpille la mousse que Chiara balance partout. Elle a l’air de tellement s’amuser, son rire résonne dans les pièces vides et je joint le mien plus rauque au sien. Je fous des coups de batte dans tous les sens, je fais tomber des ordi et des claviers dans la mousse, en marchant jusqu’à elle.

Une fois arrivé à ta hauteur, j’suis pantelant, Chiara, j’dois avoir des traces de mousses partout mais je m’amuse comme un fou aussi. Je souris tout le temps mais y a qu’avec toi que c’est sincère ses derniers temps. Je sais pas où j’ai foutu ma veste, sans doute qu’elle est resté par terre à l’endroit où tu m’as fait basculer par terre tout à l’heure, j’ai plus que mon t-shirt avec un col beaucoup trop échancré qui laisse à moitié apercevoir le “Revolution” tatoué sur ma clavicule. Lui on sait bien pourquoi il est là, tu l’auras vu ce soir plus que jamais et sans doute qu’un jour tu le reverras encore.

-J’ai perdu, c’est con. Si j’ai pas envie de l’enlever moi-même, c’est toi qui me l’arraches ?

Je t’avais dire de faire gaffe, Chiara, on est deux à pouvoir jouer tu sais. Puis on s’éclate déjà tellement, on va pas s’arrêter maintenant.

Elle déchire pas mon t-shirt, mais c’est fait avec tellement de sauvagerie que c’est tout comme. De toute façon je l’oublierais sans doute ici par terre, j’ai d’autres choses à penser qu’un bout de tissu que j’ai volé. C’est ses lèvres que j’ai envie de dérober encore mais elle le fait avant moi, avec son avidité qui me fait tourner la tête. Ça me fait ricaner aussi qu’elle me traite d’assisté, elle sait bien à quel point j’aime l’humour noir, et puis est-ce qu’il y a vraiment quelque chose de plus ironique que ce qu’on est en train de faire ce soir ?

-Ouais, une vraie honte de la société.

Ouais, j’suis un assisté de l’amour, j’ai besoin de toi Chiara pour me sentir exister. J’en vaut pas le coup mais t’es toujours là pour me donner l’impression que j’ai un peu de valeur pour quelqu’un. Même si t’as juste besoin de mon regard et de ma peau, juste besoin de mon chaos, quelque part c’est que t’as un peu besoin de moi. Ça me fait tenir, Chiara, au moins jusqu’à la prochaine fois que j’te vois. Si je finis engloutis par ma putain de vie, j’espère qu’au moins toi t’auras un bon souvenir de moi. Tu serais bien la seule.

J’ai bien envie de te répondre que je suis toujours prêt pour toi, mais ça ferait un peu désespéré. Pour l’instant c’est bien tant qu’on se dit rien, qu’on fait rien d’autre que se consumer, mais j’ai encore un peu trop peur pour complètement foutre mon cœur à tes pieds. Je préfère me dire qu’il est encore assez caché pour que tu puisses pas marcher dessus si tu voulais. Je veux pas me dire que tu l’a déjà fauché, parce que sinon je fuirais aussi loin que je peux. Même si t’es trop belle quand tu voles quelque chose. Je suis pas sûr que ça suffira. On dirait pas mais je flippe Chiara, les mots surtout ça m’effraie, alors continue plutôt de me dire que tu me veux avec ton corps et je pourrais continuer à prétendre que j’entends rien. J’pourrais rester avec toi, tant que tu veux bien de moi.

Alors j’me contente de te suivre parce que ça fait bizarre quand t’es plus collé contre moi, comme si j’étais plus tout à fait entier, que tes bouts cassés étaient plus là pour compléter les miens. Je fais semblant de résister mais t’aurais pas assez de force si j’essayais vraiment, pourtant j’te suivrais jusqu’au bout du monde si tu me guidais par la main jusque là-bas. Je te ferais l’amour au bord du gouffre pour qu’on goûte au danger encore une fois, et y a bien qu’avec toi que je fais ça.

J’te suis aveuglément sans savoir où on va parce que je m’en fous, c’est pas la destination qui compte, c’est que j’y vais avec toi. D’ailleurs j’peux pas m’empêcher de te rattraper pour te toucher quand même parfois, comme si j’avais envie de flamber, et que j’étais effrayé que tu me laisses sur le bords de la route.

Mais on arrive quand même jusque là-bas, et des éclats de rire empoisonnés secoue ma carcasse déglingué, comme si j'avais jamais eu l'occasion avant d'entrer dans un de ces putains de bureaux.

-Jamais, mais j’vais pas devoir attendre longtemps je crois.

C'est tellement haut qu’y a qu’en trichant que j’peux arriver dans un endroit comme ça. Non, y a bien que toi pour m'emmener là. Et j'adore que tu me permettes de souiller ce qui m'est d'habitude inaccessible. J'suis pas une bonne personne, Chiara, heureusement que t'as pas peur de ça.

Ensemble, toi et moi, on atteindra peut-être le septième ciel. On domine le monde depuis cette pièce, t’es la reine même si je serais jamais un roi. Mais je serais ton fou parce que j’suis déjà fou de toi, c’est juste qu’on aime autant mentir l’un que l’autre.

Mon ton est toujours provoquant et pourtant c’est à genoux que je me mets devant toi, j’espère que tu vas planter tes ongles dans mon dos déjà blessé, juste sous mes ailes encrées. Jusqu'a me les arracher, jusqu’à ce que la douleur m’absolve de mes péchés envers toi. J’crois bien que j’t’aime trop, Chiara, alors pardonne-moi. J’te le dirais pas à haute voix, mais j’saurais te le montrer.

C’est pour ça que j'agrippe tes hanches trop parfaites et que je commence à dévorer la peau de ton ventre avec passion. Tu sais, y a que comme ça que je sais faire. Est-ce que tu me foutras par terre ou bien tu t’ouvriras pour moi, Chiara ? Est-ce que tu me laisseras t’adorer, est-ce que tu me laisseras te vénérer ?