L'erreur agite, la vérité repose [PV Farell]

Tu rêve. Ton esprit est ailleurs. Il flotte. Tu n'es plus dans cette rue. Tu n'es plus là. Tu es autre part. L'endroit ou tu es t'es familier. Tu sais ou tu es. Tu connais cet endroit. Ton ancien refuge au creux de la montagne. Coupé de tout. Coupé des autres. Coupé du danger. Tu as aimé cet endroit. Tu aimais sa simplicité. Tu aimais sa tranquillité. Tu savais que tu n'avais besoin de plus. Tu n'avais pas besoin d'avoir un contact avec l'extérieur pour être heureuse. Être ici te suffisait. Tu tournais la tête dans tout les sens. Tu savais ou tu étais. Tu étais dans le salon. Tu jouais avec une poupée. Comme tous les autres jours. Tu étais là, un œil discret vers la porte. Tu étais là pour couvrir Farell. Il n'avait rien eu à te dire. Tu avais vu son envie de liberté au fond de ses yeux. Tu sais qu'il va revenir. Il revient toujours avant que papa ne se rende compte de son absence. Tu sais aussi qu'il va revenir et qu'il te racontera ce qu'il a vu. Comme si c'était la plus belle aventure qu'il ai vu. Mais cette fois, il n'est pas là quand papa rentre. Même papa est différent. Il est sur ses gardes. Il sent quelque chose. Quelque chose de grave est sur le point d'arriver. Toi, tu ne sais pas ça. Tu ne sais rien. Tu sais juste que ton père t'entraine rapidement dans une chambre. Il te place dans cette penderie ou tu aimes te cacher quand tu ne veux pas aller au lit. Mais cette fois-ci, tu dois rester cachée. Tu ne dois pas faire de bruit. Quand papa s'en va, tu ne sais pas encore. Tu ignore que tu ne le reverra plus jamais.

Tu attends seule. Tu reste là. Le seul bruit que tu entends, c'est celui de ton cœur qui bat. Fort. Quand tu entends le coup de feu, tu paniques. Tu as peur. Tu ne sais pas ce qui se passe. Alors tu sors, sachant qu'on te la interdit. Mais tu n'as le temps que de faire quelques pas que tu le vois, lui. Ton frère. Farell. Mais ou était-il ? Ou était papa ? Mais tu savais tout ça. Tu savais tout. Sans rien dire, lui aussi était parti. Parti de sa vie. Loin. Tu essaie de le rattraper, de le rejoindre mais tu ne peux pas. Plus tu avances, plus il s'éloigne. Quoi que tu fasses, il est trop loin. Beaucoup trop.
Tu finis tant bien que mal par émerger du sommeil agité ou tu étais plongé. Tu connais ce mauvais rêve. C'est pas le même mais c'est toujours la même période qui revient. Tu secoue la tête. Tu n'es plus au même endroit. Tu ignore même ou tu es. Ton regard se pose sur quelque chose. Un chien. Tu te contente de le regarder. Tu ne sais pas trop quoi penser. Tu essaie de te rappeler les derniers évènements. Qui aurait pu te conduire ici. Mais cela ne tarde pas à arriver. Tu te souviens de la merde dans laquelle s'était mise Farell. Tu te souviens que tu avais dû le sauver de sa propre bêtise. Tu te souviens des mots que tu lui avais infligé. Et de l’acte désespérée pour en finir avec cette histoire. Tout revenait petit à petit. Tu voyais que ta plaie avait était soignée. Mais tu savais aussi ce que tu avais dis avant que tu t'effondres. Tu te souviens maintenant de la position dans laquelle tu étais. Quelque chose que tu avais évitée. Et de loin.

- Merde...

Tu te prends la tête dans tes mains. Tu n'arrives pas à croire que tu en ai là. Après tout ce que tu avais fais. Après tout ce qu'il avait fait. D'ailleurs, tu savais qu'il était pas loin. Tu n'avais pas besoin de relever la tête pour le savoir. Tu le sentais. Tu sentais son regard. Tu savais qu'il état trop proche de la vérité. A cause de toi. Il aurait tout ce qu'il lui fallait pour obtenir des réponses. Des explications. Même s'il avait déjà plusieurs pièces du puzzle.

- Tu les a eu finalement, tes réponses.

Il n'y aucune joie dans tes mots. Juste de la colère mal dissimulé. Tu n'aimes pas ça. Tu es trop à découvert. Tu t'es trop ouverte et tu en paye le prix. Et ses maudits souvenirs qui revienne. Qui se souvient de ton rôle dans cette histoire. Ainsi que le sien.

Tu savais plus vraiment. Tu n'avais aucune idée du temps que tu avais passé ici. Tu savais que c'était déjà trop. C'était beaucoup long pour toi. Tu ne voyais s'il faisait jour ou pas. Tu avais réussi à trouver une horloge quelque part. Tu avais dormi pratiquement une journée. Une journée entière à cause d'un produit à con.Tu savais que ton frère n'était pas innocent dans cette histoire. Tu savais qu'il avait fait quelque chose. Pour te contraindre à rester. Au moins quelques heures. Juste quelques heures. Tu regarde le plateau que Farell pose devant toi. De la nourriture. Instinctivement, ton ventre gargouille à la vue de la nourriture. Tu attends qu'il soit loin pour t'approcher du plateau. Non par prudence. Parce que tu ignores encore beaucoup de chose sur l'individu qu'il y a devant toi. Farell. Ton frère. Aussi familier qu'il n'était un inconnu pour toi. Tu entends qu'il ne voulait pas faire ça. Tu grignote la nourriture qu'il y a devant toi. Tu ne dis rien. Tu n'as rien à dire. Pour l'instant.
Tu attendais qu'il parle. Qu'il dise quelque chose. Tu savais que c'était à lui de parler. Tu lui avais donné les premiers pistes. Les premiers indices d'un schéma trop compliqué à comprendre. Tout ceci qui conduirait à notre histoire familiale. A la fois simple et compliqué. Tu savais qu'il avait presque trouvé. Qu'il étai si près de la vérité qu'il recherchait depuis notre première rencontre. Tu savais qu'il était intelligent. Tu savais qu'il comprendrait. Pourtant, il te demandait de lui confirmer. De dire les mots. De confirmer une vérité qu'il avait devant les yeux. Pendant tout ce temps. Ce n'était pas compliqué, pourtant, tu attendais. Encore. Tu ne pouvais plus perdre de temps comme tu l'avais fait avant. Si tu ne disais rien, si tu t'échapper encore une fois, cela ne changerait pas. Jamais. Comme si l'Univers t'envoyais un signe. Comme s'il te disait que c'était le bon moment. Que ton frère avait assez attendu. Que tu avais assez de fuir la seule famille qu'il te restait.

Tu étais en colère. Tu n'avais pas réussi à tenir ta promesse. Tenir Farell hors de danger. Hors de toi. Tu savais qu'en lui révélant ton identité, tout sera changé. Lui. Toi. Tout. Ton univers deviendrait le sien. Tes dangers et tes risques également. Regardant un instant l'animal, tu poussas le plateau avec ton pied qui tomba avec fracas sur le sol. Tu avais l'impression que tout se retournait contre toi. Que tes multiples secrets étaient en train de tuer à petits feu.
Tu te levais, faisant quelques pas pour arriver jusqu'à ton frère. Tu te rendais compte que tu tenais bien sur tes jambes malgré le peu de nourriture que tu avais avalé.

- Quand je t'aurais répondu, ta vie ne sera plus jamais la même.

Ton regard croisa le sien, l'espace d'un instant, tu avais encore envie de reculer. Vite. Parce que même s'il se doutait de ta réponse, il ne sera pas prêt. A comprendre que sa sœur se tenait devant lui. La petite sœur qu'il croyait morte il y a des années. Pourtant, tu étais bien là. Bien vivante. Mais meurtrie par les choix que tu avais dû faire. Pour survivre.
Je m'approchais de lui, arrivant rapidement à son niveau. Tu n'arrivais pas à croire que tu était sur le point de tout détruire sur ton passage. Une vrai tornade.

- C'est moi, grand frère. C'est moi. C'est Erin.

Cela n'avait été que des mots. Juste quelques mots. La simple vérité. Et pourtant, tu avais l'impression que le temps s'était arrêtés, l'espace d'un instant. Pas un son. Rien. Tout ce cinéma pour déposer les armes. Devant lui. Sachant que plus rien ne serait comme avant. Plus jamais.
Tu te relève, tu recules. Comme si tes propres te blessent, toi. Tu retournes t’asseoir sur le matelas ou tu étais installé un peu avant. Tu dois lui laisser le temps. Le temps de remettre ses idées en ordre. Tes yeux pleurent aussi. Tu ne sais pas pourquoi. Dans un sens, tu te sens libérée d'un poids. Comme si tu pouvais mieux respirer. Mais tu as peur maintenant. De ce qui va se passer après.

- J'aurais jamais te le dire. Jamais j'aurais dû, c'était une erreur. Je suis trop bête.

Ces mots, plus pour moi que lui, il étaient sortie comme ça. Parce qu'il fallait que je m'en prenne à quelqu'un. Pour la situation. Pour le reste. Et j'étais la parfaite coupable. Moi. Seulement moi.

Tu avais fini par lui dire. De confirmer une bonne fois pour toute cette certitude qui commencer à voir le jour. Les doutes qu'il avait. Les soupçons qu'il avait pensé. Tu avais tout fait pour retarder l'échéance, ignorant encore le moment ou tu serais prête à le regarder en face. Et lui dire que tu étais sa sœur. Tu l'avais ignoré pendant longtemps. Trop longtemps pour sa propre sécurité. Et aujourd'hui, tu avais finis par cédé. Tu avais baissé tes barrières et laisser ton frère t'atteindre. Pour de bon. Tu ne lui avais rien dit. Aucun mensonge. Pas un autre du moins. Tu avais dit ce qui te brûlait les lèvres. Quelque chose d'important. Beaucoup important et qui aurait fini par se savoir. Un jour au l'autre.
Il avait l'air heureux. Malgré les larmes qui coulaient. Il était heureux. Tu le sentais. Quand il te prit dans ses bras, tu ne t'y attendais pas. Cela faisait trop de temps que vous aviez été séparé. Tu avais appris à porter une armure. Mais avec Farell, cette armure n'existait plus. Elle n'était plus là. Tu te sentais trop vulnérable. Ce n'était pas une sensation que tu éprouvais au quotidien. Être là, simplement. Tu ne savais pas comment te comporter. Il y avait longtemps qu tu n'avais plus jouer le rôle de la petite sœur. Elle n'existait plus. Elle n'était plus là.

Il voulait savoir si tu avais quelque chose à lui dire. A propos de toi. De choses que tu pourrais lui dire. Des chose qu'il aurait besoin de savoir. Pour être là. Pour t'aider. C'était ces vérités-là que tu avais voulu lui cacher. Depuis le début. S'il n'y avait que les Chasseurs. Mais également tout le poids que tu portais. Tu venais de le retrouver, tu ne voulais pas qu'il soit impliquer. Tu voulais juste qu'il soit en sécurité. Tu n'étais plus la petite sœur fragile qu'il avait laissé derrière lui. Tu avais grandi. Tu avais évolué. Malgré tout.
Lui n'avait pas oublié. Même le surnom affectueux qu'il te donnait quand vous étiez petits. Quand nous étions encore jeune. Avant que le malheur n'arrive et ne frappe à la porte.

- Je peux me débrouiller seule Farell, j'ai l'habitude depuis le temps. Laisse-moi gérer ça, d'accord ? Tu n'as pas besoin de me protéger.

C'était la triste vérité. Tu ne voulais l'éloigner maintenant qu'il savait. Tu ne voulais pas qu'il fuit maintenant qu'il été là. Tu ne voulais pas le perdre. Plus le perdre. C'était ta seul famille. La seule. Tu ne voulais pas être trop brusque. Trop méchante. Tu devais apprendre. Apprendre à accepter le soutien et l'amour indéfectible de ton frère. Tu finis par le prendre dans tes bras. Tu en avais besoin. Tu avais besoin de sa présence malgré tout. Tu avais trop attendu. Tu avais dissimulé des choses. Tu en cachais d'autres. Tu voulais qu'il te pardonne. Tu avais besoin qu'il soit encore là. Même si tu ne voulais pas qu'il interfère dans les affaires sombres ou tu étais mêlés.

Ne me lâche pas. Ne me lâche plus jamais. Je ne veux pas que tu t'en aille encore une fois.

- Ne me laisse plus derrière toi. Jamais. Promet le moi.

Il y avait trop de temps. Trop de séparation. Tu ne savais plus comment être la petite sœur adorable et innocente. Parce que tu n'étais ni l'un ni l'autre. Tu étais sombre. Tu le savais. Tu avais contemplé l'abyme il y a longtemps. Tu y avais laissé ton âme pour survivre. C'était le prix à payer.
Posant ton regard derrière lui, tu voyais quelque chose de familier. Une arme. La même qu'il avait eu quand il avait menacé ces gars. La même qu'il avait utilisé pour se menacer lui-même. Celle qui m'avait contrainte à tout dire. Tout révéler. Tout ça à cause d'un simple morceau de métal. Tu réussi à la prendre, montrant l'arme à ton frère, un léger sourire en coin.

- Tu devrais même pas avoir cette arme. Tu sais même pas t'en servir.

Maintenant que la vérité, rien que la vérité, avait éclaté entre vous deux, il y avait quelque chose de différent. Comme si une petite bulle avait éclaté. Tu ne savais pas ce que cela annonçait pour toi. Ou pour lui. Maintenant, c'était trop tard pour fuir. Ce vieux mécanisme devrait être gardé pour d'autres occasions. Manipulant l'arme que tu avais trouvé non loin de lui, tu souriais quant à ses remarques. Si seulement il lui suffisait de tirer. Mais rien n'est simple dans ce monde et la manipulation d'une arme à feu est un art que tu avais finis par perfectionner. Tu ne voulais pas donner de nouvelles raisons à ton frère d'être de nouveau inconscient avec la vie. Il était aussi capable de se tirer une balle dans le pied par accident. Tu voulais préserver son intégrité, son âme. Vu que toi, tu n'en avais plus beaucoup. Et puis, ce n'est pas ce qui comptait pour toi. Il y avait plus important. Plus grave.

Tu avais grandis. Peut-être trop vite pour lui. Il avait été un grand frère. Un bon grand frère. Grâce à lui, tu n'avais jamais eu l'impression d'être seule. Tu n'avais jamais manqué de rien avec lui. Tu ne voulais qu'il soit comme papa. Il était bien à sa façon même si son attitude pouvait être désinvolte quelque fois. Tu voulais qu'il soit lui. Juste lui. Avec ses qualités et ses défauts. Parce que même s'il commettait des erreurs, c'était un être humain.
Tu n'étais pas doué pour parler de toi. De te tourner vers quelqu'un quand quelque chose n'allait pas. Tu te débrouillais seule pour ne pas impliquer quelqu'un. Une autre personne. Surtout pas ta famille. Tu savais qu'à l'époque, c'était différent. Tu allais voir ton père ou ton frère quand tu te posais une question. Quand tu avais perdu une de tes poupées. Quand tu avais peur.
Aujourd'hui, la petite fille craintive s'était transformée en jeune femme forte qui préférait vivre seule. Comme quoi, certaines choses sont faites pour évoluer. Aussi bien dans le bon que dans le mauvais sens.

Tu ne pouvais pas promettre que tu irais le voir si cela n'allait pas. Tu ne pouvais pas lui dire que tu resterais bien sage. Que tu serais prudente. Que tu ferais attention. Que tu ne ferais plus de mal à ceux qui te voudront du mal. Parce que tu n'avais pas été élever comme ça. Tu n'avais pas été formé comme ça. Même si vous veniez du même père, Farell et toi étaient encore différent. Trop sans nul doute. La vie était encore beaucoup trop compliqué pour mettre des mots sur ce que tu pouvais ressentir, là maintenant. Te dire que quoi que tu fasse, tu retournes au même point. Si tu faisais rien, lui non plus. Tu avais vu juste depuis le début, il était aussi instable que toi.

- Tu peux pas me demander ça.

Tu le regarde droit dans les yeux. Tu ne sais pas si c'était de l'exaspération. Ou de la lassitude. Tu sais qu'à force de tirer sur la corde, tu finiras pas en avoir marre. Assez de tourner autour du pot. Comme s'il pouvait pas se contenter de ce qu'il avait là. Ton frère t'avait retrouvé et la seule chose qu'il trouvait à faire, c'était de t'empêcher de vivre. Parce que fuir, c'était devenu ta vie à toi. Si seulement, il voulait bien le comprendre.
Tu te lève de l'endroit ou tu étais assise. Marchant quelques pas. Voulant trouver une alternative à une situation que tu avais toi-même provoqué. Tu préférais encore rester dans l'ombre. Au moins, tu n'avais aucune explication à donner.

Comme si tu avais voulu faire ça. Fuir. Survivre. Foncer dans le danger pour éviter que ce danger-là n'affronte quelqu'un d'autre. Parce que tu étais préparé à tout ça; Tu le savais depuis le début. Lui, non.

- Et puis qu'est-ce que tu vas faire si je fais pas ce que tu dis ? Tu vas encore me bourrer de somnifère pour que je me tienne tranquille ?

Cette solution t'était resté en travers de la gorge. Parce qu'il avait fait ça. Et tu ne voulais qu'il te fasse ça à toi. Comme si pour lui, tu n'étais qu'une petite fille. Tu te fichais de savoir qu'il s'en voulais. Tu te fichais de savoir qu'il était désolé. Tu voulais qu'il arrête. Vraiment. Parce qu'en faisant cela, tu n'allais faire qu'une chose. Une chose que tu savais faire très bien. Partir. Disparaître.
Tu savais qu'il te t'avait pas répondu quand tu lui avais demandé de ne pas te mettre derrière lui. Il n'avait pas promit. Il devait savoir que tu pouvais être une vrai tête de mule quand tu t'y mettais. Et tu ne faisais que commencer.

Tu avais tout fait. Tout dit. Une personne normal aurait surement laisser tomber. Lâcher l'affaire. Tu savais qu'il était pas facile d'essayer d'aider quelqu'un comme toi. Une personne incapable de laisser quelqu'un d'autre l'aider. Une personne vivant dans un monde rempli de secret dangereux. Une personne qui ne sait plus vivre. Une personne qui n'a fait que survivre. Toujours survivre. Tu n'avais plus de solution. Plus d'alternative. Tu avais fait. N'importe quoi pour faire fuir la seule personne à qui tu tenais plus que tout. Si tu pensais que la dissuasion d'un frère serait la meilleur solution, tu n'avais jamais pu imaginé que cela causera une tel douleur. Pour toi. Pour ton frère. Pour vous deux. Vous étiez ensemble mais vous n'aviez jamais été si loin l'un de l'autre.
Tu entendais ses craintes. Ses peurs. Mais cela ne le concernait pas. Cela te concernait toi. Seulement toi. Ta disparation. Ton passé. Tes secrets. Toutes les zones d'ombres que tu avais préféré garder derrière toi, dans un coin de ta tête. Des questions sans réponses qu'il s'était posé cent fois. Milles fois. Des questions qu'un frère avait tenté de trouver. A propos d'une sœur. D'une famille si loin. Tu savais qu'il s'inquièterait. Beaucoup. Trop. Qu'il ne pourrait pas t'arrêter mais qu'il ne cesserait jamais de s'en faire pour toi. Cela avait été son rôle, au début. C'était lui l'ainé. Il avait été responsable de toi pendant les premières années de ta vie. Tu l'avais toujours observé. Tu avais essayer d'être comme lui. D'agir comme lui. Avant même d'être du même sang, il avait été un modèle à suivre. Cela avait été comme ça. Et encore aujourd'hui, il était encore là. Il avait peur d'être celui qui se serait laissé derrière. Abandonné. Laissé de coté par l'autre. Comme si une énième colère contre lui pouvait être une raison de le laisser. Encore. Tu trouvais cela ignoble. Tu te trouvais ignoble. Parce que tu venais de comprendre que ce devrait être toi qui devrait couper les ponts. Après t'être révélée, tu serais obligé de fermer la porte. Couper les ponts. Encore. Une idée stupide qui te rendait malade rien qu'à l'envisager.

Il imaginais les pires scénarios possible et imaginable. Tout ce qu'il avait pu penser pendant ces dix dernières années. Dans ton cas, cela avait été différent. Parce que tu avais dû apprendre à te protéger par toi même. Tu avais dû grandir trop vite. Trop rapidement. Sans votre père, ni lui ni toi n'allait bien. Tu faisais n'importe quoi. Il faisait n'importe quoi. Tu avais cette crainte. Cette peur de détruire l'homme qu Farell était devenu. Il suffisait de voir son visage couvert par ses bras. Tu ne voyais plus ses yeux mais tu l'entendais. Tu entendais ses pleurs à moitié étouffés.
Tu savais que même si ses craintes n'avaient été réalisé. Mais les tiennes étaient véridique. Tu venais de lui donner un coup. Et encore un autre. Tu l'avais détruit. Abîmée. Prendre soin de toi et s'inquiéter pour toi était un prix trop élevé pour lui.

- J'ai pas envie de te perdre aussi mais...

C'était simple. Véridique. Comme une évidence. Tu n'osais plus t'approcher de lui. Tu ne voulais pas le briser plus qu'il ne l'était déjà. Mais ta vérité était dure et douloureuse. Il avait voulu que tu parle. Que tu sois honnête. Mais tout était si compliqué.

- Il y a tellement d'année qui se sont écoulé, tellement de temps qui s'est passé avant qu'on se retrouve. C'est juste que maintenant...tout est différent. Aussi bien pour toi que pour moi.

Chaque mot était douloureux à dire. Douloureux à l'intérieur de tout ton être. Tu ne le pensais qu'à moitié. Mais il nous fallait un électrochoc. Pour lui comme pour toi. Sortir d'une sorte de rêve éveillé et vivre dans la réalité. T'éloigner, toi, pour faire en sorte qu'on soit encore vivant demain. C'était cruel. Même pour toi.

- Je suis tellement abîmée, Farell, je sais plus ou j'en suis. Je sais juste que si je reste avec toi, je vais finir par t’entrainer vers le fond des ténèbres. Je suis en train de te détruire à petit feu. Il faut mieux que j'arrête...que je m'éloigne un peu.

Tu le regarde une dernière fois, Tu ignore ce qu'il va faire. Tu te remet sur tes jambes. Tu ne sais plus trop. Même si cette petite voix te dit de partir maintenant, tu attends encore un peu. Peut-être que c'est la dernière fois que tu le vois. Pour maintenir votre lien. Pour vous deux.

Tu avais voulu faire un pas vers lui. Dire quelque chose d'autre que ça. Révéler autre chose que ce qu'il voyait devant lui. Un autre visage. Une autre toi. Mais tu ne pouvais pas changer celle que tu étais. Tu ne pouvais pas oublier ce que tu avais fais. Alors, au lieu de faire un pas en avant, tu venais de reculer de deux pas en arrière. Tu étais douée pour blesser. Pour tuer. Pour faire souffrir. Comme une seconde nature. Mais tu ignorais que ton frère était capable de faire la même chose. Sans arme. Juste avec des mots. Ses mots.

Si la première qu'il t'avait insulté, il n'avait jamais su qui tu étais. Cette fois-ci, il savait tout. Il te connaissait. Il savait que vous partagez le même sang. La même famille. Pourtant, cela ne l'empêchait pas de te traiter de tout les noms. Les pires insultes qu'il avait à sa disposition. Tout ça pour ça. Hypocrite. Peut-être que tu l'étais un peu. Beaucoup. Tu n'avouais pas tout. Tu n'assumais pas. Mais cela faisait-il de toi, une si mauvaise personne ? Une connasse. Une malade. Une tarée. Tu gardais encore la tête debout. Tu restais debout alors tu prenais des coups dans ta tête. Dans ton âme. Connaissant la douleur mieux que personne, tu n'avais pas imaginé que tu pouvais souffrir autant. Et surtout de la main de ton propre frère.
Tu n'étais qu'un fantôme. Un être qui ne vit pas. Un être qui est mort à ses yeux à lui. Pour ton frère, tu n'étais plus là. Tu n'étais qu'un corps vide sans aucun sentiment vide. Si au début tu as senti ça, tu avais ressenti ça, tu avais changé d'avis. Trouver une lueur d'espoir quand ton chemin avait croisé celui de ton frère. Avec lui, tu avais espérais. Tu avais espérais revivre. Obtenir un second souffle. Et là, il te coupait l'herbe sous les pieds. Si lui n'y croyait plus, il n'y avait plus rien à faire. Personne ne se battrait pour toi. Personne le ferait si ton frère ne voulait plus de toi.
Comment dire que tu étais vraiment vivante. Comment dire que tu sentais battre ton cœur au fond de ta poitrine. Comment lui dire que tu avais de t'arracher cet organe tant la douleur de ses mots était insupportable. Douloureux.

Il allait partir. Quitter cet endroit. Te quitter toi. Et cela ne lui faisait rien. Cela avait l'air de presque le soulager. Un poids en moins sur ses épaules. Il n'en avait rien à faire. Tu n'arrivais pas à croire qu'il puisse dire ces mots après tout ça. Après avoir lutter aussi longtemps. Après avoir tout fait pour le protéger. Après avoir tout fait pour qu'il soit hors de danger. Tu avais tué pour lui. Tu avais blessé pour lui. Tout ça pour qu'il te quitte. Pour de bon. Si tu avais simplement voulu faire une trêve. Une pause entre vous. Lui voulait quelque chose de plus radicale. Comme un pansement qu'on arrache. Irréversible.
Tu n'arrivais à croire que tu pouvais l'aimer et le haïr en même temps. Éprouver cette amour et cette haine pour lui. L'envie folle de tout lui dire, maintenant, de le prendre dans tes bras pour qu'il ne te quitte pas. Mais aussi celle de lui mettre ton poing dans sa figure. Mettre un coup puis un autre. Et encore un autre.

- J'ai toujours tout fait pour toi. Absolument tout. Je t'ai même couvert des centaines de fois pour pas que Papa sache que tu partais sans sa permission. Je l'ai fais parce que tu étais mon frère. Et toi, regarde-toi et le comportement que tu réserve à ta petite sœur que tu prétends aimer.

Tu le regarde. Une dernière fois. Tu savais que tu ne voudrais pas le voir. Plus le voir. Ses mots sonnèrent comme une alarme. Un appel. Il n'y aurait pas de marche arrière. Il venait de tout casser. Tout détruire. Briser un lien fragile qu'il avait réussi à tisser entre vous deux. Lui qui avait tout fait pour se rapprocher. Il t'avait perdu. C'était inévitable. Trop tard. Tu t'approchais de la table qui était à coté de toi, l'envoyant à plusieurs mètres. Tu faisais pareil avec une chaise. Une palette. Plus une autre. Cela t'éviter de penser à ça. Tout ça. Même si cette envie était encore là. L'envie de l'envoyer valser avec les meubles que tu étais en train de détruire.
Une fois que tu en eu assez. Assez d'attendre. Assez de l'attendre. Tu finis par recroiser son regard. Encore une fois. Une dernière fois. Juste une fois avant de lui tourner le dos. Avant de partir, tu te tournais vers lui. Tu n'oublierais jamais ces mots. Toi, tu ne voulais qu'il oubli tes derniers mots.

- J'espère que tu es content. Tu viens de briser le lien qui nous unissait, toi et moi. Tu m'a bel et bien perdu. Vois le bon coté des choses, tu ne m'auras plus sur le dos.

Tu fais quelques pas. Ne voulant plus croiser son regard empli de colère. Être confronter de nouveau à son venin qu'il avait déversé. Plus jamais. Vraiment plus jamais. Tu t'en vas. Tu te retourne pas. Ignorant les larmes humides qui coulent sur tes joues. Et le cœur brisé que tu as laissé chez ton frère.