Mutual association PV Isaac

Relation mutuelle

S

alvation is coming, right ? Right ?

Il ne faisait ni jour ni nuit. Le jour tentait d’étirer de plus en plus sa carène de chaleur alors que la nuit continuait toujours un peu plus de reprendre le droit qui était le sien, ne laissant derrière que les derniers rayons d’un soleil flamboyant. Le ciel se différencie doucement, le ciel s’assombrissant alors que des réminiscences d’orange et de rouge dansent doucement sur l’horizon, brisant la ligne de l’océan, se reflétant violemment sur les vagues, presque incertaines.

Deux choix. Deux chemins. Deux personnalités différentes dans une seule et même personne. L'un tuant lentement l'autre. Doucement et en silence tuant tout ce qu’il lui restait d’humanité. Lentement, mais ça le tuait un peu plus à chaque fois. Chaque fois qu’il se regardait dans le miroir, Isaac n’avait jamais pensé devoir se battre au grand jour, contre les choses qu’on l’avait éduqué à éradiquer. Isaac se rappelle sa mère lui demander ce qu’il aimait le plus dans la chasse. Il se rappelait ses tentatives d’approche pour le sortir de ce qu’elle considérait comme le voleur de sa progéniture. Son côté n’était pas le sien et ne le serait jamais. Si un jour, l’humanité de sa mère aurait pu le sauver, aujourd’hui, il n’en projetait que du dégoût. Les monstres lui avaient retiré son humanité la journée où leurs secrets avaient été révélés au grand jour et il n’y avait rien de plus aisé à jouer qu’un monstre parmi l’espèce qui l’avait vu grandir, qui l’avait élevé et que des êtres surnaturels tentaient d’éradiquer.

Il se rappelait comment les professeurs de l’académie, les sergents dans l'armée l'avaient regardé de haut, sans émotion alors que ses rêves et ses espoirs s’envolaient, parce que tout ce à quoi il pouvait penser, c’était de se battre et de s'entraîner. Combattre et tuer. Instinct ou raison. Se répétant toujours derrière sa tête, comme un refrain agaçant.

Ils ont essayé de faire de lui un guerrier, mais il en avait aussi fait un monstre.

Regardez ce qu'ils ont fait.

Un monstre plein de haine.

À quoi il répondait ironiquement maintenant qu’il n’était plus qu’une simple pièce sur l'échiquier, il en était le jeu complet. Et pour gagner sur lui, il allait falloir l’analyser et gagner sur lui, apprendre le danger du jeu auquel il désirait jouer. La peur rend les gens puissants, s'ils savent comment la contrôler pour leur bien.

-Les serpents ont évolué pour se cacher parmi les fleurs.

Isaac soupira avant de rouler des yeux. Elle n’avait rien compris ou jouait-elle simplement à l’innocente ? Il n’était l’ami de personne, sauf de lui-même. Certes, il avait des relations mutuelles. Certaines d'entre elles ne se croisaient que sous les draps, d'autres à la pointe de l’épée et d'autres encore, sur la plage, à ne parler que pour faire passer le temps.

Puis Isaac se demanda, néanmoins, à qui faisait-il réellement confiance ? Qui détestait-il ? Et à quel point se blessait-il avant de trouver la réponse ? Quelqu’un le serait inévitablement, il en était certain, mais il continua d’espérer que ce ne serait pas lui, lui qui n’avait plus rien à perdre à part lui-même.

-Il y a une mince ligne entre relation mutuelle et relation personnelle. Devinez de quel côté de la ligne vous vous trouvez en ce moment ? Pour ce qui est d’être mon ennemi, je vous conseille vivement de ne pas franchir cette ligne là, car il n’y aura qu’un seul gagnant.

Il la regarda avidement de la tête aux pieds avant de rire de bon cœur.

-Pour l’instant, nous ne sommes qu’un contrat mutuel dit-il avant de renchérir de votre côté, il semble que vous aillez de la difficulté à bien choisir vos amis, ou vous avez un talent indéniable pour vous en faire des ennemis.

Do you have something to lose ?

A

child to my own hatred, is that even possible ?  

Se délecter devant le produit de sa vengeance, c’était tout ce qu’il lui restait. Petite, terrible vengeance. Corsé, victime de, savourer sa vengeance ou pousser sa vengeance trop loin. Dans les livres, personne n’'expliquait les répercussions de la trahison. Personne ne vous explique ce qui vous arrive lorsque tout le monde vous trahit. Personne ne vous explique comment devenir un monstre et personne ne sait comment éviter d’en devenir un.

La légende qu’il était devenu parmi les siens n’était pas un mythe. Son cœur était rempli de rancune et là où sa patience tenait de certaine limite, sa vengeance, elle, n’en avait aucune. Certains disent de lui, alors qu’il cherche désespérément à faire couler le sang de ses ennemis tapis dans l’ombre, ce qui restait de vivant dans le cœur d’Isaac, cherchait à se venger. Lui qui n’éprouvait plus le bonheur d’être vivant, préférait détruire la vie des autres, plutôt que de sentir qu’il n'avait pas réussi à donner un sens à la sienne. Il y avait de la vie, dans ses yeux, certes, mais c’était de la survie psychologique. Pour ce qui était de son âme, n’importe qui, le connaissant un tant soit peu, la savait morte, enterrée sous des tonnes de trahison, de promesses non tenues, de déception.

S’il ne possédait pas grand-chose, sa vengeance lui appartenait à lui seul. Dans ses yeux, le crime se consomme, la vengeance assouvie et il ne s'arrêtera que lorsqu’il sentira que tout espoir est perdu ou qu’il perdra lui-même la vie. Si le monde lui avait tout pris, il comptait bien la lui rendre en double. Isaac s’arrêta momentanément en entendant la réplique de Belonne et lui esquissa un sourire compréhensif. Il ne connaissait que trop bien le plaisir qu’avait le monde à le faire souffrir.  Malédiction de ses nuits, emprise de ses jours entiers.

La différence est qu’après toutes ces trahisons, Isaac ne gonflait pas la tête, il se savait esclave à jamais de sa propre haine et avait décidé il y a bien longtemps de la posséder et d’en faire son propre esclave à son tour. Une autre sorte de relation mutuelle. Il pouvait être rude, pourris, cruel et un imbécile, mais il ne se faisait jamais oublier et n'oubliait jamais rien. Il était à l’apogée d’utiliser tout ce qu’on lui avait enseigné et il ne laissait rien au hasard.

Quelque part, la faiblesse de son humanité le rendait plus fort, plus adaptatif.

-On finit tous par survivre, on n’oublie jamais, la douleur sera toujours tapie quelque part. Sauf que survivre, n’est pas une question de mérite, c’est aussi une question de chance.

Isaac soupira. Le malheur était partout et il ne pouvait que s’identifier à ce que Belonne pouvait traverser, car il ressentait la même chose. Il se demanda, si, comme lui, elle se questionnait dans l’obscurité de la nuit, à cogiter les malheurs et à se demander ce qu’il avait fait  à la vie pour mériter de vivre de cette façon. Était-elle anxieuse à se demander ‘’que restera-t-il de moi, demain ? À chaque nuit, à chaque yeux clos, se demandait-elle, elle aussi, si elle y survivrait encore ? si peu sûr….

-Charles Darwin à dit ; les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement. Ce sont eux, les vrais survivants.

Il se rappela aussi les paroles de Charlie, sur le champ de bataille. Effrayé peut-être, tétaniser par les horreurs qu’on ne leur avait pas parlé, lors de la guerre. Le sang, les morts, les tragédies. «Plus on s’y adonne et moins on y voit clair.» Était-ce donc vrai ?

-La souffrance, la haine et l'envie, c'est sûrement ce qui me représente le mieux. Si vous m'enlevez ça, il ne me reste plus grand chose. J’ai appris il y a longtemps que je n’ai plus rien à perdre. Et vous ? Vous avez encore à perdre ?

Cette fois, il n’y avait  dans son ton, aucune menace. Il voulait simplement savoir, comprendre. Savoir si des gens importants la retenaient encore de sombrer dans son monde de haine. Et si c’était le cas, il lui offrirait probablement de renoncer, car il savait ce qui l’attendait, de l’autre côté et il ne souhaiterai ça à personne.

Trust me, there's a whole lot more to lose than your humanity

A

child to my own hatred, is that even possible ?  

L’homme est un être éternellement en deuil. Dans la tête d’Isaac, les gens sont de la merde.
Des entités dégueulasses qui veut détruire tout ce qu’il voit et encore plus tout ce qu’il touche. Des parasites. Si l’idéal biblique représente l’humanité depuis le début comme un fléau, comment était-on supposé s’en sortir ? Isaac l’écouta avec attention. Il espionnait ses lèvres trembler avec tristesse lorsqu’elle mentionna qu’à son différent, elle avait encore beaucoup à perdre et Isaac soupira. Soupira par amertume et par tristesse. Elle qui n’avait pas encore tout perdu, perdrait beaucoup plus encore que ce qu’elle ne croit, lorsqu’il ne lui resterait plus rien qu’elle-même. Isaac l'épaule encore quelques instants avant de l’inviter à remonter la plage en direction des rues de Seattle.

Il savait qu’elle s’en mordrait les doigts lorsque tout ce qu’il lui resterait serait la haine, mais il ne pouvait pas l’empêcher. La douleur était partout, le deuil, dans chacun d'entre nous. Comment pouvait-il penser à la sauver , alors qu’il n’avait même pas réussi à se sauver lui-même ?  Marchant sur la plage, Isaac pensait qu’ils étaient en quelque sorte, des âmes bruyantes paradoxalement meublées de silences, de cachettes secrètes qui, bien que présentes de corps, se retrouvent ailleurs par l'esprit.

Devenir adulte, c’est être piégés par le matériel de l’existence, victimes de leur vanité ou de leur paresse intellectuelle. Être adulte c’était de se piéger soit-même dans le deuil des petites choses. Être adulte, c’est de se tuer sois-même, envahis par les erreurs et la peur de sois.

-Il y a bien peu de monstres qui méritent la peur que nous leur accordons.

Isaac était effrayé par son propre esprit. Il sait que des monstres fous y sommeillent. Il a peur. Peur d’avoir peur, peur de perdre encore. Isaac à connu les nuits noire de l’âme, rempli d’anxiété. Il a vu à quel point l’équilibre mental est fragile. Cette fragilité qui chancelle une fois, et qui se refroidit un peu plus chaque jour. Isaac l’entendait hurler à travers ses mots et savait parfaitement lire entre ses lignes. Il la regarda, lui faisant comprendre qu’il comprenait parfaitement ce dont elle avait peur, mais qu’il n’avait pas les mots, il n’avait tout simplement rien à dire. Il soupira de nouveau, se grattant le menton, réfléchissant à des mots qui lui ferait du sens.

-Survivre est différent pour tout le monde. Vivre, c'est un peu rediriger tous les jours son désir de survivre. Un jour ou l’autre on finit toujours par tuer une partie de soi-même pour survivre. On a tous du sang sur les mains, quelque chose, quelque part doit mourir, pour survivre.

Isaac chercha doucement quelque chose dans le revers de sa veste et en ressortit une médaille. Médaille d’honneur d’un temps passé et hésita plusieurs secondes avant de la sortir, puis lui montra finalement ce qu’il en était. La médaille réfléchissant avec le reflet des lampadaires.

-Parfois, la pire chose qui puisse t’arriver, la chose à laquelle tu penses que tu ne peux pas survivre... c'est la chose qui te rend meilleur qu'avant.

Il finit par la ranger de nouveau et résista à l’envie de s’allumer une autre cigarette, sa main se portant tout de même, en geste fantôme, automatique sur son paquet de cigarette mais se retint de finir le geste. Il faudrait qu’il arrête, mais il n’y arrivait pas, comme beaucoup de choses, il n’arrivait pas à lâcher prise.

- En méprisant tout, je... je ne voulais plus être en deuil de quoique ce soit, ressentir de la perte ou de la culpabilité, ou m'inquiéter. Je voulais être dur, calculateur. Je veux être sans peur. Deep down...cela semble impossible. Ici, dans cette ville, avec ce qu’est devenu le monde, j'en suis plus que sûr. Sometimes, la meilleure façon de survivre, c’est de mourir un peu plus chaque jour.

Sometimes vengeance is the only way to get through all the suffering.

A

child to my own hatred, is that even possible ?  


Isaac, dont les perceptions étaient aiguisées par l’horreur, ressentit soudain le drame de la confrontation de ces deux principes irréconciliables. Entre la haine et la compréhension, entre l’horreur et la beauté de la naïveté. Isaac se rendit également compte que, quelque part en lui, un certain désir était apparu. Un désir qu'il n’avait jusque-là jamais rencontré; trouver quelques-uns qui comprendraient ses besoins, ses erreurs et son parcours, sans même qu’un véritable mot ne fût prononcé.

Toutefois, de prêt, ont aurait pu penser que ses yeux n’étaient que des ténèbres vides, si dangereuses, si merveilleusement proches des siens. On pouvait voir, qu’ils étaient remplis de minuscules étincelles de lumière, comme les étoiles éparpillés sur l’étendu de la nuit. Était-ce possible de détecter la lueur d’espoir ? Ou était-ce encore un jeu et les étoiles n’étaient plus que réduit à être des étincelles de rage qui ne s'éteindrait jamais ? Isaac pensait savoir la réponse, mais il ne savait pas ce que Belonne pensait, ressentait. Était-elle si naïve à ce point ? Il lui esquissa un sourire et un hochement de tête sincère pour répondre à sa première question. Il en avait bien vécu des histoires d’horreur et des histoires sans ‘’happy ending’’. Il avait vécu la guerre, la mort de ses frères d’armes et il avait tué beaucoup de gens, pour un concept qu’il ne comprenait toujours pas. Sans les nommer, sa vie avait commencé dans un monde rempli de tragédie, comment pouvait-il s’en sortir autrement ? Continuer de survivre, jusqu’à ce que la douleur ne se ressente plus ou ne plus rien ressentir pour continuer de survivre ?

Si Isaac était bon menteur, il était encore meilleur pour se mentir à lui-même. Imbriqué dans une guerre qu’il n’avait pas commencé, la guerre l’avait forgé à être ce qu’il était. Il était né homme, mais il avait grandi en monstre et il ne croyait pas qu’il y aurait de chemin différent. Chaque homme à ses douleurs secrètes, que le monde ne connaît pas; et souvent nous appelons un homme froid et sans cœur, alors qu’il n’est que le réceptacle d'années de tristesse et de trahison accumulées. Isaac se pinça les lèvres par amertume en écoutant les nouvelles paroles de la chasseuse de prime. Elle ne comprendrait pas, tant qu’elle n’aurait pas tout perdu. Elle ne le comprendrait que lorsque tout ce qu’il resterait d’elle, ne serait que les tragédies de son passé. Elle le comprendrait lorsqu’elle n’aurait plus personne pour se rappeler les bons côtés de sa personnalité, lorsqu’il n’y aurait plus personne pour apaiser ses douleurs. Elle le comprendrait lorsque tout ce qui lui resterait, serait le poids de ses propres erreurs et l’éventualité qu’elle est la seule et unique responsable.

- Dans mon livre à moi, j'appelle ça de la naïveté. Cette vie, c’est ma nouvelle normalité et je m’y suis adapté. L'es-tu  ?

Il lui lança un regard froid avant de poursuivre, espérant lui faire comprendre que parfois, les hommes n'ont d'autre choix que de sentir des sentiers battues.

-Je ne suis pas le méchant de cette histoire. Je fais ce que je fais simplement parce que je n’ai pas d’autre choix et...rien à perdre. Il y a beaucoup de monstres silencieux dans ce monde qui prendraient ma place sans arrière-pensée, et la plupart d’entre eux n’auront jamais cette chance. Avez vous quelque chose, quelqu’un à venger ?

A person is created by their surroundings, not by what's within or outside.

I

ts their time to understand that being merciful is not the same as being nice. They will learn to not mix those two things up again.



La caresse de son regard prêtait à son silence même un attrait pénétrant. Son regard vibrait de la joie mauvaise de son secret dévoilé qu'il ne partageait jamais.  Son regard change de couleur, éclairé par les lampadaires et se fixe sur Belonne si durement que pendant un cours instant, même les étranger semblent changer d'itinéraire lorsqu'ils arrivent à leur hauteur. Un regard irréductible... mais aussi un regard pur, solitaire... un regard qui s'impose! Ici, dans ce regard qu'il lui partageait, remplis d'amertume, restait pourtant allumé d'un feu qui ne mourrait jamais vraiment.

Isaac avait de nombreuses fois  reçu le tranchant de la lame. Cependant il savait qu'il était temps pour lui d'être celui qui tient la poignée plutôt que la lame. Isaac à trois faiblesses. Me myself and I. Il est le seul diable pouvant pêcher comme il le fait. Il sait qu'il est trop tard. Il se préparait depuis longtemps pour aiguiser la lame qui l'avait poignardé jadis. Son cœur bat une triste petite histoire, ce chagrin est un frisson pervers. Il savait depuis longtemps ce que son éducation demanderait de lui. Il savait qu'elle lui donnerait une vie mortelle, avec son propre chagrin, sa propre damnation, la même qui tue les autres. Plusieurs lui ont dit que le poison qu'il avait choisi de consommer le tuait à petit fait, mais il le savait déjà.  Malheureusement, un homme peut s'habituer à certains types de poisons. Pour survivre, il fallait la contrôler, s'y baigner. Pendant la guerre, il comprend rapidement que  la peur qu'il  ressentait était la seule raison pour laquelle il avait survécu. Et il s'était juré, une fois la première guerre finie, qu'il infligerait pour tracer son propre chemin plutôt que de laisser la peur avoir de nouveau contrôle sur lui. La peur est le poison qu'il sirote. Isaac avait enterré sa propre personne il y a longtemps, maintenant il se découvre un peu chaque jour.

-Les cicatrices sont éternelles, la douleur est temporaire. J'avais l'habitude de penser que les cicatrices étaient des rappels que j'avais survécu, mais j'ai découvert que ce sont des rappels de tout  que j'ai perdus. Je suis si affamé de pouvoir, si affamé de prouver que je n'ai peur de rien que je sirote cette méchanceté comme si ce n'était pas du poison mais  plutôt  une opportunité de devenir a better version of myself.

Isaac s'arrêta et l'invita à s'asseoir un peu sur un banc situé devant un parc central. Et il l'observa encore un peu. Qui était-elle vraiment ? Quel était son bagage ? Plusieurs illusions lors de leurs rencontres, la tension musculaire et le feu dans son regard lorsqu'elle avait compris qu'elle était suivie, la chasse, cet instinct de survie, elle présentait tous les atouts d'une chasseuse, sans réellement en porter le fardeau. Elle était remplie de contradictions comme lui, mais elle n'avait rien accepté. Elle était faible et forte à la fois. Isaac soupira de nouveau et se raidit à la prochaine question de Belonne. Il allume une nouvelle cigarette, remarquant que la chasseuse de prime l'avait déplacé et esquissa un sourire mesquin, suivi d'un regard brûlant d'avertissement. La flamme se refléta sur son visage, lui donnant un air plus chaleureux, des traits plus doux plus humains que monstre. Lui qui n'avait pas toujours été un monstre avait observé l'abysse trop longtemps. Un brouillard de fumées de cigarettes et de relents de nostalgie l’enveloppa et reflétait sa déchéance mais il resta tout de même stoïque et tenta d'avoir l'air plus compréhensif. Il ne recommanderait pas le chemin de la vengeance pour personne, car il savait à quel point le chemin était périlleux et solitaire, mais son éducation l'avait bâtit pour survivre à ce genre de situation, il avait été créé pour arrêter le chaos, par le chaos. Il soupira.

-Celui qui combat des monstres doit veiller à ce que lui-même ne devienne pas un monstre. À trop regarder l'abîme, l'abîme vous regarde aussi. Vous êtes la seule à pouvoir contrôler le chemin que vous décider d'emprunter.

Isaac n'était pas tout à fait un méchant, mais il agit de manière suffisamment antagoniste pour ne pas être différent. Trop de choses était arrivé au héro déchu, notamment proscrit par une lignée de grands chasseurs. Pour lui, tout ce qu'il comptait, c'était de venger ce qui lui était personnel, estimant que la loi n'était tout simplement pas assez appropriée contre les monstres qu'il chassait, trop corrompue et ignorante pour lui être d'une quelconque utilité. Il justifiait ses actions en prétendant une certaine justice au lieu de la vengeance mais n'importe qui pouvait facilement voir que c'est tout ce qu'il cherchait à faire. Instinct ou raison ? Cependant, c'était un chemin de non retour qu'il avait décidé d'emprunter. Plus il chassait les monstres des histoires d'horreurs, plus il en prenait leur personnalité. Il finit par relâcher un second nuage de fumée avant de se tourner vers elle.

- C'est à toi de décider. Tu ne sauras jamais à quel point tu es forte jusqu'au jour où être forte restera la seule option. Vous êtes toujours en vie, je crois que ça en dit beaucoup jusqu'où vous serez prêt à aller pour faire ce que vous considérez juste.  La clé, c'est d'arrêter de se mentir et de comprendre que parfois, la meilleur justice, c'est de la faire soi-même.

Be careful, the devil has a pretty face

H

laid back for a second, with a grin, satisfied. At this point, the idea of victory tasted better than anything else.

Ils faisaient les parfaits menteurs. Agissant comme des amants, étranger à eux-même, ami compliqué, chasseur chassé. Le retour à la réalité commençait doucement à refaire surface, l’adrénaline prenant ses derniers élan alors que les la jambe gauche d’Isaac n’arrêtait pas de trembler, comme s’il piétinait le sol, le martelait, tentait de se contraindre à ne pas paraître rigide, sur les nerfs, trop alerte.  

En toute honnêteté, il était imprésionner par la femme assied à ses côtés, se faufilant à ses côtés comme une amie de longue date, s’enfonçant dans un autre de ses mensonges qu’il tenait du bout des doigts, qu’il émanait de tout son corps et ce sans effort.Tout deux dansait la danse du mensonge comme si ils étaient né pour la propager. Elle était, de loin, une rivale excitante et la plus capable qu’il ait rencontré depuis très longtemps qui ne faisait pas partie du cercle des chasseurs, ou selon ce qu’il en savait pour le moment. Une pensée le traversa. Il irait probablement chercher des informations sur Belonne s’il comptait faire équipe avec elle pour d'autres contrats dans le futur. Il ne pouvait pas se fier seulement à son instinct et à ce qu’il avait vu, dans la chambre d'hôtel qui était à peine à quelques kilomètres d’eux. Mise à part le respect qu’il avait pour elle, lors de leurs chasse commune, elle pouvait aussi bien être une ennemie, invisible, insaisissable pour l’instant. Il se laissa toutefois aller à sa naïveté. Elle était, étrangement, comme un pied à terre pour Isaac.

Pour un instant, malgré l’adrénaline de la vie qu’il venait tout juste d’enlever, qu’il lui avait empêcher de prendre, égoïstement, pour l’éviter de sombrer un peu plus loin et surtout car il prenait personnellement tous ceux qui tentait de se mettre au travers de sa route, Isaac se sentait un peu plus calme qu’à son habitude. Erreur de jeunesse ou tentative de se repentir en évitant que quelqu’un d’autre n’emprunte le même chemin que lui ? Isaac soupira, pour une réponse qui n'apporte que plus de questions.

Il s’approcha d’elle et fouilla dans sa valise, lui offrant une bouteille d’eau, souriant alors qu’il baissait les yeux vers ses mains qui s'entrecroisent, tremblant de nervosité. Il fronça les sourcils et retourna croiser son regard et cru apercevoir une étincelle dans ses yeux. Puis il vit autre chose, quelque chose que le soldat ne connaissait plus depuis longtemps. L’inquiétude dans sa voix semblait si sincère qu’il n’avait pas d’autre choix que de la croire, là, sur le banc, parmi des centaines d’étranger qui n'osaient même pas les regarder. Il n'était en aucun cas un homme facile à tromper, mais il y avait quelque chose en elle qui le rendait un peu insouciant.

Il fronça les sourcils profondément. Elle n’était pas tout à fait naïve mais comment pouvait-elle savoir quoi répondre alors qu’elle avait toujours des attaches dans ce monde de fou ? Il esquissa un sourire triste lorsqu’elle valida qu’il était en effet beaucoup plus facile de se mentir à soi-même, que de s’avouer la vérité, peu importe ce qu’elle était. L’homme était un être de mensonge, à soi-même et aux autres. C’était un vice implanté depuis toujours. Mécanisme de survie ou manipulation abusive pour survivre ? Isaac reposa son attention sur la fermeture éclair qu’elle tenait en main. Alors qu’il se creusait la tête pour une réponse, le son d’un chargement d'armes résonna près de sa tête. Ses yeux rencontrèrent de nouveau ceux de sa partenaire de crime, un sourire malicieux marquant ses lèvres. En une fraction de seconde, les deux dernières années de sa vie ont joué devant ses yeux et la réalisation sembla bien visible sur son visage bien défini. L’aiguille de la trahison empoisonna son âme et la colère le fit légèrement trembler. Il la regarda de nouveau et un sentiment de triomphe se lisait sur son visage. Ce qu’il avait fait ensemble, elle avait fait ça pour lui et il l’avait empêcher de prendre une nouvelle vie pour elle. À partir de maintenant, ils avaient mutuellement chacun une dette à payer envers l'autre.

-L’obscurité est solitaire. Elle ne vous tiendra pas compagnie. Elle prendra tout sur son chemin jusqu’à ce qu’il ne vous reste plus qu’un corps vide, courant sans raison, tuant, blessant, infligeant. Il est plus facile de devenir comme moi, que de faire marche arrière siffla t-il avec amertume et tristesse. Avez-vous des regrets ?


 

Be careful, the devil has a pretty face

T

The darkness is half of my soul, as the poet say.




La nuit commençait doucement à s'installer. Les lampadaires, géant, jonchant le bord des trottoirs commençait à éclairer le pavé. Répétition industrielle qui donnait une atmosphère complètement différente à la ville de Seattle. Une autre nuit à se morfondre et à chercher les ombres, les monstres et les traitres dans chaque recoin sombre. Le regard d'Isaac devint de plus en plus alerte, apeuré, sur les nerfs. Ses yeux ne cessait de tergiverser entre les passants, cherchant quelque chose qui n'existait pas, qui ne se trouvait même pas ici, ou peut-être que ci ? Inconsciemment et depuis longtemps, Isaac voyait chez chaque individu, le reflet de ceux qu'il détestait le plus. Il s'imaginait trouver dans chacun d'entre eux, des traits, des projections, des manies qui ne lui rappelait que les monstres qu'il c'était jurer d'exterminer.

Isaac n'avais jamais été fait pour sauver le monde, mais probablement pour le détruire. Il voyait en son humanité, tout ce qu'il faisait de lui un être misérable et assurément plus faible. Il ressentait cette cible sur son dos alors que les ténèbres prenaient de plus en plus d'ampleur. L'anxiété lui embrassait l'échine comme un prédateur narguant sa proie. Il entendait les rires et les échos de sa propre mortalité. Il était un homme, qui avait peur d'être humain. Un homme qui n'acceptais pas sa mortalité, son heure fatidique et qui la projetait en tuant, chassant et enfermant les êtres qui le faisait se sentir vulnérable. Il était de ces hommes qui ne souhaitaient plus pleurer personne. Il était de ces hommes qui déplorait les êtres lamentables, incapable de se battre pour survivre, pour faire une différence. Il était de ces hommes, du nouveau monde, qui ne courberait jamais l'échine devant le Dark Dragon. Il était de ceux qui ne renoncent pas, un chien enragés, un teigneux, un acharné. Il était de ceux capable de tout encaisser. Il était de ceux qui jouait selon leurs propres règles pour forcer le destin. Isaac n'était plus qu'un homme, sans rien. Un homme de tout, fait avec un rien. Un homme de toute possibilité, créer avec toutes sortes de tentative.

C'était un homme d'échec, avec toute la furie de la victoire. C'était un homme d'ambition, déchiré par des contradictions.

Il s'approcha délicatement, sans broncher, voir même sans s'en rendre compte et l'écouta avec encore plus d'attention. Les sourcils de nouveau froncé, cette fois, son attitude semblait plus calme, mais remplis de jugement. Elle était si naïve, si innocente et pourtant, elle était comme lui; rempli de rage, rempli de regret, déchiré entre le poids du passé et l'inévitable poids du futur. Tous deux étaient uniquement responsable de leur propre destin et était prédestiné à pouvoir blâmer quelqu'un d'autre pour ce qui leur était arriver. Isaac s'énervait tranquillement, sans ne laisser rien paraître. Il serrait les dents, alors qu'il ne comprenait toujours pas, même si l'idée l'amusa, que de tuer quelqu'un pouvait permettre une conversation aussi banale, avec une inconnue. L'était-elle encore réellement ?

-L'espoir du passé s'est foutu de nos gueule, alors la colère du futur le remplace.

Il se gratta de nouveau la délicate forme de sa mâchoire avant de soupirer et de lever les yeux vers le ciel.  Le ciel commençait à rapidement s'assombrir et Isaac regretta de nouveau de se sentir obscurcie par la pollution lumineuse, privé de pouvoir regarder les étoiles. C'est ce qui lui manquait le plus des longues nuits en Afghanistan. Les nuits sombres, silencieusement meurtrière, lorsque les deux camps n'étaient pas en train de se tirer dessus. Il se rappela les longues nuits couché à même le sable, invisible, le regard posé sur la lunette de son fusil de précision. Il se souvint, comme apaisé, l'espace d'un clignement de yeux plus posé, ces moments d'angoisse à retenir sa respiration, son corps entier mis sur pause, avant de tirer sur un ennemi égaré. Il s'ennuyait de la tranquillité entre deux balles sifflantes.

Il reprit sa respiration, revenant au moment présent, avec une angoisse de nouveau présente et une colère qui ne se taisait jamais vraiment.

-Ceux qui se pardonnent, et qui sont capables d'accepter leur vrai nature...s'en sortiront toujours vainqueur. Mon seul regret, c'est de n'avoir rien vu venir et de n'avoir plus qu'un seul chemin à suivre. Dont un des arrêts se trouve dans le contrat que t'A accepter.

 

One phone call away

T

The darkness is half of my soul, as the poet say.




Il se mit à entendre, au loin, le vrombissement des voitures et l'éclat désespérer d'une horloge qui criait son clairon, annonçant le début de la soirée. Et il était là, tous les deux, joncher sur un banc, deux étrangers se partageant les erreurs, les traumas, les regrets et la haine qu'ils ressentaient. Pour des raisons bien différente, Isaac ne ressentait pas exactement la même chose mais ils s'entendaient mutuellement pour dire que la vie les avaient bien battue et qu'elle n'aurait probablement jamais vraiment finis de torturer ce qui d'humanité chez eux. Une boule au coeur, Isaac se tourna vers elle et l'observa toujours un peu plus, essayant d'analyser tous les trépas dans son visage, les silences dans ses mots et la bataille qui semblait se jouer entre sa tête et son corps. Elle émanait la même chose que lui, quelque part, elle jetait le même dévolue et la même rengaine. Deux étrangers à la vie si peu différente.

Il soupira alors que l'air commença à légèrement se refroidir. Quelque chose dans la nuit le rassurait plus que tout autre chose, une petite paix temporaire, une accalmie rassurante dans les cris du monde. Le monde l'entendait-il crier ? Probablement pas, mais après cette conversation, une certaine accalmie c'était introduit dans son coeur. Une accalmie qui ferait bientôt par mourir lorsqu'il repartirais de son côté. Et les doutes, surtout les doutes. Y arriverait-il ? Avait-il bien choisis de faire confiance à une pure étrangère qui ne lui avait été que recommander par quelqu'un qui, comme lui, cherchait à se faire sa propre vangeance ? Il se pinça les lèvres et valida les paroles de la chasseuse de prime.

-J'aurai probablement appris quelque chose aussi, ce soir.

Il baissa les yeux, alors que ses doigts se mirent à danser sur une tâche de sang, camoufler dans le revers de la manche de sa chemise.  

-La prochaine fois je te laisserai te salir les mains lança t-il en riant de bon coeur

Sometimes we don't need someone to tell us it'll get better and to keep our heads up sometimes we need someone to tell us they know we're not ok they know we're hurting sometimes we need someone to know that we're broken just like everybody else. Ce soir, Isaac avait pris la peine d'en apprendre un peu plus sur son monde et avait partagé un peu du sien, un peu de ses problèmes et de ses propres histoires d'horreur et quelque part, une part qu'il n'avouerait jamais, ça lui avait fait un bien de fou. Elle avait momentanément mis sa vie sur pause. Ils étaient des êtres qui naviguait une solitude, obsédé par les eaux de la mélancolie. Un courant aveugle avait guidé son sang et en avait fait couler d'autre. Partie à la dérive,  aller au-devant de tous les désastres. Tout ce qu'il savais, c'est qu'il ne comprenais pas pourquoi il avait fallu qu'ils soient ainsi voués à perdre le contrôle de leurs destinées.

Il se mit à suivre un banc de corbeau qui c'était envoler vers les grattes-ciel en silence et un court instant, une partie de son instinct avait envie de partagé de nouveau avec quelqu'un ce qu'il devinait derrière les choses, mais il n'y avait plus personne. Cette nuit, Belonne était cette dernière bouffé d'air avant de retourner enfouit, noyé dans les tourmentes des sentiments humain. Il était la seule personne à pouvoir comprendre sa douleur et il resterait seul le reste du chemin, car personne ne pouvait souhaiter de partager un chemin aussi sombre qu'il avait emprunter il y a quelques années. Il avait le mal du pays pour des mains qui ne le toucherais plus jamais. Pour des rires sur des lèvres disparu.

Une question se répétait sans cesse alors que leurs regards c'étaient de nouveaux mélanger. ''Why don't you go back ?'' il répondit, silencieusement, au fantôme de sa propre personne: ''because it's too late''. Le silence engloutissait l'air ambiant et était puissant, inébranlable mais entachant la douce symphonie du vent froid qui passait à travers chaque petite pièce de chair. Brisé, ce fut quelques minutes plus tard que la personne parla à nouveau d'une voix douce et familière. Il ne saurais définir ce qu'il avait perdu, ni quand cette perte a eu lieu, mais le vide qui s'est ouvert alors, lui, il n'avait jamais su le combler et aujourd'hui, Isaac vivait avec l'état de fait qu'il était le seul responsable. Il soupira de nouveau, comme une nouvelle bouffé d'air, cette fois il savait qu'il devait retourner de là où il était partie et lorsqu'il lui tournerait le dos, il serait de nouveau des étrangers, mais cette fois des étrangers avec des souvenirs.

-Mon destin à une ivresse pour les promesses non tenu, mais mon coeur s'enivre à les haïr.

Il marqua un silence, ce silence rassurant et menaçant puis se leva. Il lui offrit sa main, pour l'aider à se relever et remis doucement son veston. Sa valise dans une main il relâcha celle de Belonne de l'autre avant de boutonner son veston. Il pointa ensuite le bout de papier qu'elle avait de nouveau ranger, sur lequel il était inscrit les informations qu'il cherchait et le téléphone qui se trouvait dans sa poche.

-Si tu à des questions, un coup de fil ou un texto suffira.