(F/NB) Alba — gorgone — 30/32 ans (réservée)

◊ Déjà enfant, Alba n'aime pas le bruit, les explosions, les éclats de voix ou les disputes. Tout, plutôt que d'entendre un ton réprobateur ou une porte qui claque. Elle est sage, tranquille, observatrice. Elle est la neige lorsque Bea n'est que braises. Elle sait que leurs parents leur cachent quelque chose, mais contrairement à son aînée, elle ne creuse pas, elle se dit qu'ils ont leurs raisons, qu'elle ne pourrait sûrement pas comprendre et que de toute façon, elle préfère rester dans l'ignorance toute sa vie plutôt que de demander et qu'on lui dise non. Elle fait tout pour être acceptée à l'école, se lie d'amitié avec les filles populaires en rendant service sur service, et finalement lors d'une soirée pyjama, elle cède à leur chantage affectif et leur révèle le secret qu'elles lui demandent pour faire véritablement partie de la bande : la situation un peu confuse des papiers de ses parents. Lorsque ICE vient le lendemain pour déporter ses parents, Alba est convaincue que c'est de sa faute, à tort. Les deux filles sont recueillies par des cousins en Arizona.

◊ En grandissant, elle a appris à utiliser l'affection et l'amour comme monnaie d'échanges, ce qui en a détraqué tout le sens pour elle lorsque ça comptait. Alors que sa soeur Beatriz s'éloigne d'elle, Alba se persuade que c'est à cause de son rôle dans le départ de leurs parents, et la laisse faire. Sa vie est plus simple sans elle de toute manière, elle n'aime pas l'attention qu'apportent les crises et les rébellions de Bea, et mature beaucoup plus vite. La distance la fait néanmoins basculer, elle se retrouve impliquée dans de nombreuses toiles d'amitié à sens unique et un peu compliquées, et très vite, elle ne supporte plus ses pouvoirs de zouwu face aux émotions des autres. Lorsqu'elle sacrifie sa nature pour devenir gorgone, c'est le dernier clou dans le cercueil du lien entre les deux soeurs, Bea considérant cela comme une trahison envers leurs ancêtres.

◊ Son détachement et sa neutralité désarmante lui semblent être un atout chez les gorgones, et si elle avait le vocabulaire et la présence d'esprit de se dire que non, "tout ne va pas bien", elle se rendrait compte que son état a un nom : dissociation. Alba aurait pu se marier, mais le gars lui a embrassé le front et a préféré partir plutôt que d'épouser quelqu'un qui ne serait jamais capable de l'aimer comme lui il l'aime. Elle a l'impression que quoi qu'elle donne, ça ne sera jamais assez.

◊ Son sens de la justice est très aiguisé, parfois un peu controversé :  elle veut être acceptée des humains et prône la point, au point d'être parfois considérée comme une traîtresse à sa race et accusée de les favoriser. Constamment piégée entre deux eaux, elle prend une décision conséquente lors de la guerre ; de risquer la sacro-sainte neutralité des gorgones pour libérer Bea de la prison surnaturelle de Blackwater. Si elle a considéré ça nécessaire pour se racheter pour la déportation de leurs parents, ça lui coûte la confiance de ses soeurs, et elle passe quelques années en probation au sein des gorgones. Si les deux Barbosa parviennent à renouer, Alba refuse néanmoins de la suivre en Colombie, où elle sait que pour sa part, elle ne trouvera pas de réponses aux questions qu'elle ne saurait même pas se formuler.

◊ Pendant des années, à force d'essayer sans jamais comprendre ce que les gens attendent d'elle, elle préfère suivre les instructions qu'on lui donne, parce que ça lui semble juste. Mais elle guette la réapparition du frisson qu'elle a ressenti quand elle a osé aller à contre-courant. Ainsi, chaque intérêt, chaque passion passagère tombe dans l'excès et l'obsession, Alba persuadée qu'elle a enfin trouvé un fragment de qui elle est, et les retombées sont dures, les chutes sont vertigineuses. Lorsque Bea revient aux Etats-Unis avec un sombre objectif, Alba est forcée de considérer encore une fois ce que le sang vaut face aux certitudes qu'elle a difficilement construites.