Un baiser pour la nouvelle année | Laslana

Cette soirée avait tout pour plaire. Même si rien n’avait été calculé. Je m’attendais à passer une bonne soirée, me disant que cela me changerait forcément les idées puisque je me retrouvais dans un endroit que je ne connaissais pas et avec quelqu’un qui ne connaissait rien de mon douloureux passé. J’étais donc assurée de ne pas avoir droit à des regards compatissants ou des petites réflexions qui pourraient sembler naturelles pour les autres mais me blesseraient sans doute bien plus profondément que n’importe quelle arme. Mais ce n’était pas comme ça avec Laszlo. Nous savions tous les deux que l’autre a perdu ses parents, sans en connaitre les détails. A notre âge et en ayant vécu une guerre, ça n’a rien de réellement choquant alors à quoi bon chercher comment ils ont disparu ? Cela n’aurait servi à rien d’autre qu’à modifier l’ambiance de notre soirée. Et puis finalement, nous voilà, à nous amuser comme des enfants et nous embrasser dans la neige comme deux adolescents. Je ne saurais pas trop dire ce que je ressentais pour lui. J’avais largement dépassé l’âge de croire au coup de foudre, au grand amour ou même au prince charmant. Ce genre de chose, on vous en parle dans les contes, pour vous vendre du rêve. Mais ce n’est que de la poudre aux yeux, quelque chose pour faire rêver toutes les petites filles de beau mariage et de belle robe blanche. Je crois que j’ai eu ma dose à ce sujet ! Mais ce qui est indéniable c’est qu’il se passe tout de même quelque chose entre nous, une forme d’attirance que je serais bien en peine d’expliquer.

Mais le froid ramène bien vite à la réalité, cette réalité qui me dit que j’ai passé l’âge de rester pendant des heures dans la neige à m’amuser. Même si je ne peux pas nier qu’étant plus jeune, j’adorais prendre une forme de renard ou quelque chose dans ce goût là pour bondir dans la neige. Bon d’accord, j’aime encore le faire par moment mais soyons honnête : prendre une forme de petite renarde ne serait pas une bonne idée pour le moment. Et puis autant en profiter pour créer une certaine proximité avec le dragon. Qui ne semble d’ailleurs pas s’en offusquer ! Mais je suggère tout de même que nous allions nous mettre au chaud. Je ne comptais pas rester allonger dans la neige toute la nuit dans tous les cas. Il n’avait visiblement aucune difficulté à m’aider à me remettre sur mes pieds, poids plume que je dois être en comparaison avec sa carrure. Tandis qu’il ramassait son chapeau, je me retrouvais à croiser les bras sous ma poitrine pour tenter de me réchauffer un peu, le tout en grelotant. Je pense que je ne me roulerais plus dans la neige avant un bon bout de temps, même si l’expérience avait été des plus agréables. Il ne fallut tout de même pas bien longtemps pour que je ne sois plus seule à lutter face au froid qui avait décidé de m’envahir, me retrouvant avec un sourire niais en sentant le bras du Kovacs m’entourer. En retour, je passais mon bras à sa taille et c’est de cette manière qu’il me guida jusqu’à ce que je supposais être chez lui.

Une fois à l’intérieur, je comprenais ce qu’il voulait dire quand on parlait de son bordel organisé. J’en venais même à avoir peur de casser quelque chose en l’accrochant sur mon passage ! Je lui lançais alors un petit regard amusé. Clairement, un dragon comme dans les films qui amasse ses trésors ! J’étais tout de même curieuse de savoir tout ce qu’il pouvait bien conserver dans cette boutique. “Tu n’avais pas menti en parlant de bordel ! Et je confirme que mon appartement te semblerait terriblement vide.” Le laissant passer devant, je tentais de me souvenir du chemin qu’il faisait pour ne pas risquer de renverser ou casser quoi que ce soit. Mais finalement, il me restait une solution. Prenant légèrement appui sur la porte se trouvant derrière moi, j’enlevais mes chaussures. A choisir, je préférais sentir le sol sous mes pas plutôt que de gagner en hauteur ici. Je pointais tout de même un index presque accusateur vers Laszlo, mes escarpins dans mon autre main. “Interdiction de faire une remarque sur ma taille !” Tentant de retrouver plus ou moins la grâce féline du tigre dont j’aime tant prendre l’apparence, je veillais donc à ne rien foutre par terre sur mon passage. J’aurais pu sautiller sur place en signe de victoire en arrivant au pied de l’escalier. Mais j’allais tout de même rester un peu plus mature cette fois. Une fois à l’étage, constatant que j’aurais un peu plus d’espace pour ne pas risquer de tout envoyer valser, j’enlevais rapidement mon manteau trempé, ne pouvant retenir un petit soupir d’aise. Bon d’accord, la robe n’avait pas été totalement épargnée. Mais c’était tout de même plus supportable !

Est-il possible de rougir à chaque fois qu’on reçoit un compliment ? J’en ai bien l’impression. Du moins tant que ça vient de Laszlo, il semble que mes joues chauffe à chaque fois. Alors, plutôt que de rougir bêtement, je reportais mon attention sur les lieux, veillant à ne rien faire tomber mais surtout... En étant un peu curieuse. Je n’y voyais pas grand-chose, ce serait sans doute mieux en plein jour. Après tout, il avait dit qu’il avait peut-être des objets zouwus ! Mais pour le moment, j’étais tout de même bien plus intéressée par autre chose que par les babioles. Et non, je ne parle pas de me mettre au chaud ! De toute façon, je suis déjà un peu plus à l’aise ici que dehors. Pour le moment je dois surtout faire attention et même si je ne pensais pas devoir enlever mes chaussures pour ces raisons, je dois bien admettre que c’est toujours un réel plaisir que de pouvoir marcher pieds nus. Certes, cela me rend encore un peu plus petite à côté du hongrois. Enfin ce n’est pas comme s’il faisait deux têtes de plus que moi non plus ! J’avais tout de même préféré le mettre en garde, il m’avait déjà qualifié de minuscule. D’accord, j’ai conscience d’être petite... Mais ce n’était quand même pas très fair-play de me le rappeler ! Cela dit, j'avais ouvert les hostilités en le qualifiant de gros lézard. Donc je suppose que c’est de bonne guerre dans le fond. Mais visiblement, il en avait fini de me dire que j’étais petite et mon cœur en bondissait dans ma poitrine

Une fois à l’étage, je me retrouvais à observer les lieux après avoir enlevé mon manteau. Décidément, le rangement n’était pas le point fort du dragon. Voilà donc une de nos différences : personnellement j’aurai presque tendance à devenir maniaque dans certains cas. Déjà, j’aime que les choses soient ordonnées chez moi. Mais quand je reçois... C’est que la maniaquerie pure et dure, entre le ménage à fond, la chasse à la moindre trace de saleté et autre. Je me retrouve pourtant à rire doucement en constatant que mon manteau est mieux traité que ses affaires visiblement. “Tu sais, tu n’es pas obligé de traiter mon manteau comme s’il avait une grande valeur ! Ça fait déjà un moment qu’il était dans mon dressing.” Personnellement, je l’aurais placé sans hésiter avec le sien ! Bon d’accord, il y avait aussi un petit but caché à cela. Que voulez-vous, je suis le genre de femme capable d’emprunter un vêtement juste parce qu’il aurait une odeur particulière. Et pas emprunter, comprenez bien me l’approprier totalement. Plutôt que de remettre mes chaussures, je les déposais près de la porte. De toute façon, je doute d’en avoir besoin tout de suite ! Je haussais légèrement les épaules à sa proposition tout en observant les livres qui pouvaient se trouver sur mon passage. “Est-ce que tu as du lait et du sucre chez toi ? Parce que tu es plutôt café noir donc à moins de prévoir de recevoir, je ne vois pas ce que tu ferais avec du lait et du sucre !” Evidemment que j’avais retenu ce genre de détail. Ça m’avait même amusé de voir qu’il était plutôt café noir alors que j’aime ce qui est plus sucré en général.

Je m’approchais finalement du coin cuisine où il se trouvait déjà. “Quant à quelque chose de plus fort, tout dépend ce que tu as. Si on reste dans les clichés, tu vas être plutôt bourbon alors que personnellement, j’ai toujours eu un petit faible pour les cocktails !” S’il me répond que j’ai vu juste avec le bourbon, j’aurai de quoi rire. Mais il fallait tout de même faire un choix entre la caféine et l’alcool et pour le coup... “S’il faut boire du café noir chez toi, je m’en contenterais ! Je préfère être alerte et en pleine possession de mes moyens plutôt prise dans des vapeurs d’alcool.” Ou comment dire que je préfère pouvoir me souvenir de la soirée plutôt que d’avoir quelques souvenirs vagues au réveil. Et surtout, comment ne pas suggérer aussi qu’il y a bien d’autres moyens de se réchauffer... Je ne vais en revanche pas me priver de certaines petites choses. L’air de rien, avec un petit regard innocent, je décide de venir me serrer doucement contre lui, en passant mes bras autour de son coup. “Par contre, le café a un petit inconvénient, il se prépare mon vite qu’un verre d’alcool. Donc désolée mais... Moi je viens chercher un peu de chaleur !” Oui je sais, ce n’est pas particulièrement crédible. Parce qu’on doit bien avoir eu aussi froid l’un que l’autre dehors. Mais il fallait bien que je trouve un argument, non ?

Ça me semblait presque impensable qu’il ait du sucre ou du lait chez lui. Pour moi, il était rapidement devenu Monsieur café noir. Et ça, ce n’était pas forcément mon truc. J’aime ce qui est plus doux, ce qui est sucré et pas trop fort. Du moins quand il s’agit de quelque chose qui passe sur ma langue. Quoique, je suis aussi capable d’apprécier les choses un peu plus fortes, avec plus de caractère. Tout dépend généralement du contexte. Je me retrouve avec un petit sourire amusé quand Laszlo me confirme ce que je pense. Au moins, j’ai bien la preuve que le fait de m’amener ici n’était pas particulièrement prémédité. Sinon, il aurait sans doute été capable de prévoir certaines petites choses, comme, justement, du lait et du sucre. Cela dit, je pense que je ne me serais pas vexée pour autant, ce serait même plutôt flatteur que de savoir qu’il aurait pu avoir ce genre de pensée me concernant. Aurait-il pu les avoir s’il avait connaissance de mon passé ?  Je préférais ne pas m’en préoccuper. Bon sang, comment juste du café peut me donner ce genre de pensée ? Enfin j’ai passé l’âge de me dire que ça ne se fait pas la premier soir je crois bien. Ou alors, j’en ai peut-être tout simplement envie sans vouloir me l’avouer, ce qui ne serait pas particulièrement étonnant. Non Lana, ressaisis-toi ! Ce n’est pas le moment d’avoir ce genre de pensée ! Parce que de base, je n’étais pas venue pour ça tout de même. Je ne suis pas comme ça non plus ! Mais il y a quelque chose qui m’attire irrésistiblement vers le dragon et c’est grisant...

Je penchais légèrement la tête sur le côté. Bon, il semble qu’en terme d’alcool je sois tombée à côté de la plaque. Je ne suis pas forcément coutumière des alcools européens, bien plus habituée à ce qu’on a chez nous et aux cocktails. Je secouais doucement la tête avec un petit sourire amusée quand il me parla de vodka qui me tenterait sans doute autant que le bourbon, à savoir pas du tout. Il commençait visiblement à bien me connaitre. Etais-je donc si facile à cerner pour lui ? Enfin entre connaitre mes goûts et savoir qui je suis vraiment, il y a tout de même une différence notable. Peut-être que je lui en parlerais, un jour. Pour le moment, je voulais surtout profiter d’être avec lui, d’où le fais que j’aille me coller contre le Kovacs, sans même lui laisser le temps de commencer à préparer du café. J’aime sentir ses mains dans mon dos. Cela m’arrache un léger frisson. Mais quelque chose en moi voudrait plus, voudrait qu’il n’y ait pas ce bout de tissue entre ses mains et ma peau. Je roulais légèrement des yeux face à sa petite remarque. Bon d’accord, j’avais réellement un peu froid quand même. Mais à voir son expression, je me doutais bien qu’il n’était potentiellement qu’à moitié désolé de m’avoir fait tomber dans la neige. Parce que ça nous donnait une parfaite occasion de ne pas nous éloigner l’un de l’autre finalement. Qui refuserait ça en même temps.

Il suffit d’un nouveau baiser. Un seul, un peu plus intense, pour qu’une décharge parcourt ma colonne vertébrale, pour que ma peau s’électrise et que je me retrouve avec l’impression qu’elle va s’embraser au moindre contact. Et finalement, voilà qu’il propose une couverture...Avant de proposer de but en blanc d’aller se mettre sous les couvertures. Je commence alors à me mordiller la lèvre inférieure... Pour ne pas rire de la démarche quelque peu abrupte. Et finalement, quand Laszlo se met à rire et qualifie sa manière de faire de beauf, j’éclate de rire en collant mon front contre son torse. Je sais, c’est mal de se moquer. Mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce que la proposition soit formulée de la sorte. Une fois calmée, je relève la tête vers lui, le rire encore dans le regard. “Technique foireuse mais au moins le message est clair ! Même si je dois admettre que la proposition est intéressante et que d’aller sous les couvertures nous réchauffera plus efficacement.” Je me retenais, honnêtement. Mais comment voulez-vous ne pas glisser une petite pique ? “Alors c’est ça d’être un vieux lézard grincheux qui reste dans son coin, on en perd ses bonnes manières et on invite une femme dans ses draps sans la moindre finesse ? Il va falloir retravailler sur ce point monsieur Kovacs !” Par contre, je dois admettre que sa proposition était particulièrement intéressante et je me retrouvais à laisser passer ma main sur son torse, y allant du bout des doigts malgré le tissu qui formait une barrière de laquelle je me serais bien passée.

C’est tellement facile de l’embêter. Et le dois dire qu’il me le rend bien et que ça ne me dérange pas. Parce que finalement, ce n’est qu’un jeu. Aucun de nous ne semble se vexer à ce que l’autre peut dire et c’est sans doute ça qui rend la chose plaisante. Ce n’est peut-être dû qu’à l’attrait de la nouveauté et au fait qu’on ne connaisse pas particulièrement la vie l’un de l’autre mais avec Laszlo, je ne me vexe pas. Je n’ai pas cette impression de devoir marcher sur des œufs en abordant certains sujets, ce qui est assez plaisant également. D’habitude, je me méfie toujours de certains sujets. Mais étant donné qu’on a pu se parler mutuellement de nos familles, je doute que des sujets comme nos habitudes puissent pousser à ce que l’un de nous ne se vexe. Surtout qu’il semble faire preuve d’autodérision, que ce soit depuis le début de la soirée ou pendant toute la période où on a pu communiquer par messages. C’est dans ces mots que l’un comme l’autre, nous devons ressembler à des adolescents qui se cherchent et se chamaillent juste parce qu’ils n’osent pas se dire qu’ils se plaisent l’un à l’autre. Pourtant, ma dernière petite moquerie semblait ne pas passer. A la réaction du dragon, je me retrouvais à prendre une mine contrite, désolée de l’avoir fait réagir de la sorte. Parce que ce n’était clairement pas mon intention tout de même que de le rendre grognon.

Il avait visiblement décidé de me prendre de cours. Je lâchais même un petit cri de surprise. Bon... ça fait deux fois qu’il me soulève quand même ! Su je voulais une preuve que je suis légère pour lui, je n’aurai pas pu avoir mieux. Même si je doutais fort de glisser, je repassais tout de même les bras à son cou. Il aurait été dommage de se vautrer ici, ça aurait été moins amusant que la neige dehors je pense. En apercevant le lit, je me retiens de faire la moindre remarque. Mais c’est sans doute beaucoup trop de place disponible pour ce qui va se passer. On n’a pas besoin d’un aussi grand lit quand même ! Finalement, mes pieds retrouvent le sol. C’est un peu à regret mais ça peut quand même s’avérer plus pratique pour certains détails. Je me retrouvais alors à rire aux mots du Kovacs. “C’est pas si mal quand tu es direct. Mais es-tu certain de pouvoir faire pire ?” Je lui lançais un petit regard de défi mais la voix était plus enjôleuse. Je ne me préoccupais plus forcément des règles de bienséance. De toute façon, il y a bien longtemps que je ne suis plus une ado timide qui commence à paniquer quand on lui proposer d’aller sous la couette. Je ne vais pas m’insurger de ce genre de proposition. Certainement pas ce soir, et certainement pas avec le dragon.

Mon cœur semble se fracasser dans ma poitrine, comme pour en sortir. Mes mains glissent à nouveau sur le torse du hongrois, cette fois pour me débarrasser de cette barrière de tissu qui empêche mes mains d’entrer en contact avec sa peau. Et moi qui avait trouvé ça si attrayant... Je suis à deux doigts de le maudire d’avoir opté pour le costume trois pièces... Beaucoup trop long à enlever, c’est une véritable torture que de me dire qu’il en reste encore autant à enlever. Mais j’arrive finalement à mes fins et sans enlever entièrement le tissu, je ne résiste pas à l’envie de laisser mes mains glisser sur le torse de Laszlo. En avais-je eu envie depuis le restaurant ? Totalement. Et je dois bien reconnaitre que je ne suis pas mécontente de pouvoir enfin céder à cette envie.

Comment réussir à s’abandonner de la sorte quand on ne l’a pas fait depuis si longtemps ? Et surtout, comment le faire sans avoir l’impression de trahir le passé. Parce qu’il est bien là mon problème et c’est bien pour ça que jusqu’ici, je n’avais jamais eu la moindre relation. Parce que même si le temps a passé, je n’ai pas oublié. Parce que je me sens toujours liée à un autre alors qu’il n’est plus là. Parce que ma peau a été marqué de cette histoire et que cela ne me quittera jamais. Mais pour la première fois, je me sens prête à tenter quelque chose, à me laisser porter par une nouvelle histoire, peu importe où elle me mène. Parce que pour la première fois depuis sept ans, j’ai envie d’envoyer balader toutes les règles de la bienséance. Mieux encore, il est temps de chanter pour les bienséants les délices de l’indécence. Alors, je me laisse totalement porter. Par ces sensations retrouvées après autant de temps mais aussi par les nouvelles. Morphée m’entraina pourtant rapidement, comme si j’avais tant attendu que tout ce que j’avais pu ressentir m’avait épuisé, à m’envahir de la sorte. On pourrait même dire que c’est du sommeil du bienheureux que m’endormie, calée contre Laszlo. Il était évident que non, je n’avais plus froid malgré ma tenue devenue plus que légère. Une petite part de moi espérait tout de même qu’il ne déciderait pas de s’éloigner peu à peu de moi, comme certains le font après avoir obtenu ce qu’ils veulent.

Je me retrouvais avec un sourire niais sur les lèvres en me réveillant à ses côtés. C’est toujours quelque chose de particulier de voir les gens quand ils dorment ou quand ils se réveillent. C’est quelque chose que je trouve très intime, on découvre la personne d’une autre manière, entre l’apaisement et le côté un peu sauvage. Doucement, je m’extirpais du lit, veillant à ne pas réveiller le dragon. Je ne comptais évidemment pas partir comme une voleuse. Mais je voulais profiter de son sommeil paisible pour aller récupérer mes affaires. Rapidement, je m’habillais pour pouvoir sortir. Je farfouillais tout de même dans mon sac avant de partir. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète ou qu’il se dise que je n’allais plus jamais revenir. Alors, après avoir trouvé un bout de papier et un crayon, je lui laissais un petit mot pour le prévenir que je n’en avais pas pour longtemps, me laissant même aller à ajouter un petit cœur en guise de signature. J’espérais tout de même revenir avant qu’il ne se réveille mais je laissais le mot bien en évidence dans la cuisine. Quasiment tout le monde passe par là le matin, pour se faire un café ! J’attrapais, tant bien que mal, mon manteau, avant de chercher une clé pour pouvoir sortir sans tout laisser ouvert non plus.

Une fois dehors, je réprimais un frisson. Heureusement, j’avais largement de quoi me changer à mon hôtel. Utilisant mon téléphone comme une touriste perdue, je n’eux pourtant pas trop de mal à retrouver mon chemin. J’avais tout intérêt à ne pas perdre de temps. Rapidement, je passais par la petite salle d’eau, grimaçant en voyant mon visage dans le miroir. Niveau tête de panda, je n’aurais pas fais mieux même en prenant l’apparence de l’animal ! Je réparais la casse tant bien que mal et pris une douche rapide avant de me changer. J’avais beau adorer ma petite robe noire et mes talons, ce n’était pas la meilleure des tenues par ce temps ! J’optais donc pour un jeans, un débardeur que je surmontais d’un pull large et des boots. Certes, j’avais conservé les talons avec ces chaussures mais ils étaient tout de même moins haut ! Rapidement, je fourrais toutes mes affaires dans mon sac avant de repasser par l’accueil pour y déposer la clé de la chambre. Une fois ressortie, je n’avais plus qu’une idée en tête : retourner rejoindre le Kovacs. Mais je ne comptais pas arriver les mains vides ! Ressortant mon portable, je commençais à chercher un café ou au moins un petit magasin. Par chance, il y avait justement un café sur ma route ! Je commandais donc un latte pour moi et un grand café noir pour Monsieur. J’accompagnais le tout de viennoiseries, prenant un peu de tout puisque sur ce point, je ne savais pas ce qu’il aimait.

En arrivant devant la porte de la boutique, j’avais les bras tellement chargés que je manquais de tout faire tomber en cherchant les clés dans ma poche. Par chance, je parvins à garder les cafés en équilibre, lâchant même un soupir de soulagement. Pour me libérer une main, je dessinais de coincer le paquet de viennoiseries entre mes dents. Oui je sais, on fait mieux quand même ! Cette fois, il était plus facile de se frayer un chemin parmi tous les objets que le hongrois collectionnait puisque j’y voyais quelque chose ! Il était donc beaucoup plus simple d’arriver jusqu’à l’escalier. Une fois dans l’appartement, je déposais rapidement le petit-déjeuner dans la cuisine, posant les clés juste à côté. Puis j’enlevais mon manteau et alors que je m’apprêtais à tenter de le remettre sur la patère... Je me retrouvais avec un petit sourire amusé avant de limite le jeter sur le fauteuil, là où Laszlo avait laissé son manteau quand nous étions rentrés. J’enlevais mes chaussures avant de retourner dans la chambre. Et au risque de l’entendre grogner, je bondis presque sur le lit, revenant me nicher contre lui en l’embrassant doucement sur l’angle de sa mâchoire. Je veillais tout de même à prendre une voix suffisamment douce, pour l’aider à émerger. “Bonjour Monsieur le Dragon.” Autant apporter un peu de douceur, surtout si je ne voulais pas me faire jeter du lit !

J’avais clairement l’impression de retrouver une âme d’adolescente, même de bon matin. J’aurai presque pu faire du trampoline sur le lit... Juste pour l’embêter et espérer me faire attirer contre lui. Mais j’avais opté pour venir m’y nicher de moi-même. Ne connaissant pas forcément ses préférences ni ses humeurs au réveil, autant éviter de mal commencer. Cette journée me semblait déjà plus que prometteuse et je ne voulais donc pas risquer de la gâcher. Bon, au moins je ne me retrouvais pas jetée hors du lit, c’était même tout le contraire ! Je me retrouvais alors avec un large sourire, me blottissant presque comme un chat. En tout cas, il aurait été impensable pour moi de partir comme une voleuse, au petit matin. Ça, c’est bon pour les gens qui veulent juste s’amuser pour un soir. Et même si je m’étais amusée, les relations d’un soir ne sont pas forcément pour moi. Je crois que je suis un peu trop romantique pour ça dans le fond pour avoir des relations éphémères. Et il semblerait que Laszlo ne soit pas mécontent de me trouver à ses côtés en se réveillant, ce qui n’est franchement pas pour me déplaire. Je me retrouvais à rire légèrement face à son petit commentaire. “J’avoue que je n’avais pas trop le cœur de te réveiller tout de suite. Donc j’ai un peu vaqué à mes occupations.” En même temps, comment aurais-je pu le réveiller alors qu’il semblait si paisible dans son sommeil ? Ça aurait été un crime que de le tirer des bras de Morphée ! Et au moins, je n’étais pas revenue les mains vides, ce qui ne pouvait qu’être apprécié à mon sens.

Un peu distraitement, je laissais courir le bout de mes doigts sur le torse du dragon. “Puisque je ne savais pas trop comment notre soirée allait se finir, j’avais pris une chambre dans un petit hôtel. Je suis allée récupérer mes affaires.” Soyons honnête, il ne sert strictement à rien de payer une chambre que je n’occupe pas. Autant qu’elle puisse être utile à d’autres au besoin. Mais j’avais tout de même un fol espoir maintenant que j’étais là, celui de pouvoir y rester un peu plus longtemps que prévu. “Et puisque j’ai récupéré mes affaires...” J’étais presque un peu honteuse de dire ça alors qu’il n’y avait pas lieu de l’être. “Si tu n’as pas envie de me mettre à la porte de chez toi... j’ai de quoi rester un jour de plus.” Bon d’accord, ça donnait un peu l’impression que je voulais m’incruster. Alors qu’il avait peut-être autre chose à faire que de vouloir rester avec moi ou qu’une nuit lui avait suffi ? Quoique, à en juger par son bras autour de moi, on peut sans doute en conclure qu’il n’est pas particulièrement prévu de m’enjoindre à regagner mes pénates. Je finis tout de même par m’installer un peu différemment, me mettant à plat ventre et en appui sur mes coudes. C’est une posture un peu plus pratique pour pouvoir l’observer. “Bon j’avoue, je ne suis pas juste allée chercher mes affaires. J’ai dû passer pour une touriste aux yeux des rares personnes que j’ai croisé mais c’est un détail !”

L’air de rien, je viens voler un baiser au Kovacs. “Je ne dirais pas que je suis contre un round supplémentaire avec toi mais... Personnellement, je ne suis pas fan du café froid. Donc si tu veux ton grand café encore chaud et des viennoiseries qui, avec un peu de chance seront encore tièdes, t’as tout intérêt à bouger tes grosses fesses de lézard du plumard !” Je plaide coupable, j’adore le taquiner. Je me retrouvais finalement à arborer un petit air mutin. “Ou alors, en échange d’une contrepartie, je peux être sympa et aller chercher le petit-déj sans que tu ais besoin de bouger le petit doigt !” Je ne sais pas quelle option me tentait le plus pour le coup ! Parce que rien ne nous empêchait de nous lover ensuite si on en avait envie.