Il s'était passé que quelques jours. J'ignore combien. Deux ? Trois ? Enfin, qu'importe. L'attente m'a parut interminable. Pour moi. Je pensais beaucoup à elle depuis que je l'avais rencontrée. A ce qu'on s'était dit. A ce qu'on avait fait. Nos deux mains entrelacés. Mon corps frêle contre le sien. Cela avait été si court. Mais pourtant, je n'avais jamais ressenti quelque chose de semblable avant. Je ne m'intéressais pas beaucoup à ce genre de chose. La drague. La séduction. Ce n'était des sujets ou j'étais très doués. Je voyais des tas de personne le faire. Ça semble facile quand on les regarde. Je me souviens quand elle était là, à quelle point j'étais troublée par sa présence. Pas ses mots. Ses compliments à mon égard. Je réfléchissais sans cesse à ce que je pourrais faire en retour. Mais je crois que je devais simplement changer de tactique. J'ai arrêter de réfléchir. J'ai simplement agis. Une nouvelle expérience qui semble bien fonctionner pour le moment.

Je finis par arriver sur le port. Un endroit peu connu ou je n'avais jamais mis les pieds. Circulant sur le quai, je me contente de marcher. Chaque fois que je fais un pas, mon cœur bat de plus en plus vite. De plus en plus fort. Mon regard se pose sur les bateau qu'ils y a. Des gros. Des petits. De toutes sortes. Je finis par la voir. Elle m'attend. Je suis soulagée qu'elle soit là. Qu'elle n'est pas préféré annuler. Je suis contente de la voir. J'ai l'impression qu'elle aussi.

- Bonjour Devon ! Je...je suis contente de te voir moi aussi. Et...je n'ai pas eu d'ennui, je crois que c'est surtout à toi que je le dois.

Je ne sais pas trop quoi faire. Je me pose des milliers de questions. Mais heureusement pour moi, je n'ai pas à faire quoi que ce soit. La zouwu prend ma main que je serre doucement. J'ai l'impression que c'est devenu notre truc à nous. Pas besoin de mot. Juste d'un geste simple. Tellement apaisant.
Elle avait peur que je viennes pas. Que je change d'avis. Peut-être l'aurait-je fais si elle me faisait pas autant d'effet.

- Je t'ai fais une promesse. Je m'en serais voulu si j'avais manquée à ma parole.

Elle me guide sur son bateau. Je garde ma main dans la sienne pour monter dans le bateau. Pour ne pas tomber. Je regarde partout. J'aimerais éviter une chute. Ce serait idiot. Parce que je ne veux pas être maladroite. Surtout devant elle. Quand on rentre dans la cabine, je me sens bien. J'ai pas froid. Je m'installe sur la banquette. Je l'a regarde faire ses réglages, ses dernières vérifications avant que l'on parte sur la mer. Elle me parle de la route que l'on va faire. Du chemin qu'on va emprunter. J'aurais même droit à une petite surprise.
Je vois qu'elle a préparée beaucoup de chose. Tout ça pour moi. Je suis touchée. Personne ne s'est jamais plié en quatre pour moi. Autant d'attention pour moi. Je la sens stressée. Comme moi, je l'étais quand nous nous sommes vu pour la première fois. Elle veut pas que je sois déçu. Je le sens. Je le vois. Je me demande si c'est moi qui la rend comme ça. Ou seulement les circonstances.

Elle manœuvre avec son bateau. Elle est dans son élément ici. C'est son monde. Son univers. J'aime bien . Le fait de pouvoir en découvrir un peu plus sur elle. Connaître une nouvelle facette de sa personnalité. Comme j'ai eu son autorisation, je regarde ce qu'elle a préparé. Elle a vraiment tout bien préparée. Je m'y attendait pas. J'ai l'impression que c'est Noël. Je prend quelques gâteaux au passage. J'aime le sucrée. Une manie que j'ai héritée de ma mère. Sans nul doute.

- Tout ça pour moi ? Personne ne m'a jamais gâté autant, tu sais.

Je me sers une tasse de chocolat. J'en prépare une pour Devon. Je serais une très mauvaise invitée si je lui propose pas ça. Mais j'aimerais faire plus. Pour elle. Parce qu'elle est tellement...elle. Je suis moins troublée, maintenant. J'ai encore ses sensations. Je fais avec. Je m'approche d'elle, j'espère que je ne l'a dérange pas. Je ne veux pas m'imposer. Je lui tend la tasse que j'ai préparé pour elle.

- Je suis contente que tu es acceptée de partager ton univers. Avec moi.
 

Je regarde partout autour de moi. Le bateau. Le tableau des commandes. Un petit refuge sur l'eau. Même si je ne peux pas voir encore le paysage à cause du brouillard, je sens le bateau qui bouge au rythme des vagues. Je sens que l'on ne va pas trop vite quand on se déplace sur l'eau. Je me demande si elle fait ça pour pas que j'ai peur. Si c'est le cas, j'apprécie l'attention. Parce que je me dis que si on va trop vite, la journée se déroulera elle aussi très vite. J'ai envie de profiter de chaque minute à ses cotés.
Je regarde toutes les choses qu'elle a préparée, qu'elle a acheté pour moi. Je ne m'attendais pas à ça. Chaque fois que je la regarde, j'ai l'impression qu'elle est prête à tout pour me faire plaisir. Je sais que pour ça, je n'ai pas besoin de grand chose. Si elle est là, je sais que je peux très bien me passer du reste. Parce qu'on peut toujours avoir les meilleurs choses au monde mais si on a personne pour les partager, à quoi ça sert ?

Je profite du doux contact de sa main sur ma joue quand elle remet une mèche de mes cheveux. Je ne peux m'empêcher de sourire quand elle est là. Quand elle fait ça. Si je pouvais, je lui reprendrais sa main. Mais je sais qu'elle en a encore besoin pour manœuvrer le bateau. Je n'ai pas très envie qu'on s'échoue parce que je ne pouvais pas m'empêcher à prendre sa main. Elle me dit qu'elle voulait le partager. Avec moi. Je suis touchée. Qu'elle s'ouvre à moi. Qu'elle accepte que j'empiète dans son monde. Son territoire. Parce que tout ceci est si mystérieux. Avec elle, tout est si tranquille. Personne ne peut m'atteindre ici. Comme si on était dans un autre monde. Que le temps était ralenti.

- Alors, j'ai beaucoup de chance.

Puis, elle m'attire doucement vers elle, vers le tableau de commande. Avec tous les boutons et autre appareils électroniques. Elle me montre comment ça marche. Comment on fait pour faire avancer le bateau. Elle me propose de pouvoir le conduire quand il y aura moins de brume. Que l'on y verra plus clair. Mon regard se pose sur elle tout en allant sur les différents moyens qu'elle me montre au fur et à mesure. Je suis attentive à tout ce qu'elle dit. Je n'ai pas envie de faire une erreur. D'habitude, j'arrive à retenir pas mal de chose. Surtout si le sujet m'intéresse. Sa présence est réconfortante. Le fait qu'elle puisse intervenir me rassure. Je n'ai pas envie d'être livrée à moi-même. C'est si grand, ici.

- Je pourrais tenir les commandes ? Pour de vrai ?

Plus le temps passe, plus je vais de surprise en surprise. Je ne sais pas à quoi m'attendre pour le reste de la journée. Mais je sens que ça être une bonne journée. Je le sais. Parce que même si on avait rien fait de particulier, j'aurais été contente de pouvoir passer du temps avec elle. Je me demande si on peut dire que c'est un rendez-vous ? Peut-être. Ca ne me déplairait pas de dire que s'en est un.

- Si je le fais, tu ne devrais pas t'éloigner d'accord ?

Je veux pouvoir être sûr qu'elle puisse intervenir en cas de problème. Je ne fais pas ça tout les jours. Mais peut-être que c'est simplement une excuse. Pour qu'elle reste avec moi. Pour que je puisse encore compter sur sa présence. Qu'elle puisse être fière de moi.
 

Quand elle me propose de prendre le volant, quand on sera sortie de la brume matinale, je ne peux m'empêcher de sourire. Si elle me le propose, c'est qu'elle doit avoir suffisamment confiance pour me laisser prendre le contrôle de son bateau. Je suppose qu'elle ne le laisse pas à n'importe qui. Du moins, c'est ce que je suppose. Je l'a regarde. Je regarde ses gestes. Essayant de mémoriser un maximum d'information. Mais mes yeux sont souvent posé sur elle, pour dire vrai. C'est vrai, je la trouve très belle. J'aime ses yeux quand il pétillant. Quand elle parle des choses qu'elle aime. Son visage qui prend quelque chose de doux quand je lui parle. J'essaie d'éviter de la fixer pour pas qu'elle se sente mal à l'aise. Mais c'est compliquée. Je me retrouve à gérer ses émotions, des sentiments incontrôlable. J'ai envie de prendre sa main. De me retrouver dans ses bras comme la dernière fois. Parce que je ne m'étais jamais senti aussi bien avec quelqu'un.

Le soleil montre timidement le bout de son nez. Il va faire beau, selon elle. Je lui fais pleinement confiance. Ce n'est pas moi, la spécialiste. Elle me demande alors si j'ai bien pris mon maillot de bain. On en avait parlé, je me souviens. Je ne sais pas ce qu'on va faire. Je sens mon cœur battre de plus en plus vite. Et je sais que Devon n'a rien a voir avec ça. J'ai peur. Je sais que j'ai mon maillot, c'est la première chose que j'ai dû mettre dans mon sac. Non, c'est pas ça. Ce n'est pas ce qu'elle a prévu qui me rend terrible nerveuse. C'est plutôt les conséquences. Parce que je serais contrainte de dévoiler mes terribles cicatrices à une personne à qui je tiens. Et que je ne veux pas gâcher ce qui se passe en ce moment. Je veux être avec elle. Plus que tout. Je l'a suivrais partout.
Mais si elle voyais mes blessures. Gravée sur ma peau. Je craignais sa réaction. Son rejet. Son abandon. Je ne voulais pas de ça. Non, je ne voulais pas. J'avais l'impression que j'allais tout gâcher. Alors qu'elle s'était donnée tellement de mal pour me faire plaisir. J'avais l'impression d'être monstrueuse.
Je tentais de maintenir les apparences. Garder le sourire malgré tout. Mais je pouvais difficilement camoufler les sentiments que je ressentais à ce moment là. Et je connaissais que très peu les Zouwu pour savoir ce que Devon pouvait comprendre ou non.

- Je...Non...non, je l'ai pris.

Je n'étais pas une très bonne menteuse. D'habitude, j'arrivais à maintenir les apparences. A faire comme ci tout allait bien. Mais pas avec Devon. Je me sentais pas de lui mentir. De la regarder dans les yeux en prétendant que tout allait bien. Alors, je saisis la première opportunité pour regarder ce qu'elle me montrait. La direction de son bras me rendit la tâche plus facile. Mais je n'étais pas très fière de moi, sur ce coup. J'étais lâche. Pas courageuse. Non, ça non. Si je l'étais, je lui aurais tout dit.

- J'arrive pas à croire qu'on soit allés aussi loin.

Je croisais les doigts. J'espérais que j'avais pas tout gâcher. Je ne voulais pas m'éloigner d'elle. Parce que j'étais bien avec elle. Je ne voulais pas qu'elle croit que j'étais triste à cause d'elle. Justement, elle m'aidait à aller mieux. C'était elle qui m'avait sauvée des ténèbres, de la peur de vivre de nouveau. Elle m'apprenait à vivre. A respirer. A mettre un pas devant l'autre. Sans elle, je ne pourrais pas faire tout ça. Je posa ma main sur la sienne tout en l'a regardant tendrement. Je n'étais pas capable de dire tout ce que je ressentais pour elle. C'était difficile de dire des choses aussi forte avec de simple mot. Elle était tellement plus !
 

Elle me parle d'autre chose. Elle parle de la route. De l'endroit ou on est. Je lui en suis reconnaissance. De ne pas chercher à comprendre. Et je ne lui reproche d'avoir poser la question. Ni même d'être curieuse de savoir ce qui me tourmente vraiment. Comment pourrais-je lui expliquer alors que je n'ai pas les mots ? Je pose mon regard sur le paysage qui nous entoure. Je me demande comment on a fait pour aller aussi loin en si peu de temps. On est ni trop loin. Ni trop près. Je me suis jamais autant éloigné de chez moi. C'est vrai. Mais ce n'est pas quelque chose qui me fait peur. Parce que je suis pas seule. Parce qu'elle est là. Parce qu'elle a le pouvoir de faire taire la souffrance qui est la mienne.

Il m'invite alors à prendre sa place. Face au volant. Je n'ai pas besoin de dire quoi que ce soit. Elle m'indique ou poser ma main droite et ma main gauche. Je me contente de me laisser guider. Je ne veux pas me laisser surprendre par la vitesse. Mais je n'ai pas besoin de m'inquiéter pour ça aussi. Elle m'aide. Elle me soutient. J'ai moins peur. Parce que je sens sa présence. Elle est juste derrière moi. Je sens son corps tout près du mien. Le contact de sa main sur la mienne. Son souffle sur mon épaule. Son visage est à quelques millimètres de mon cou. Je souris. Je ne sais pas si c'est bien. Mais je sais que ce n'est pas mal. Parce que, moi, j'aime bien. Je suis presque déçu quand elle s'éloigne très légèrement.  J'apprécie ses gestes envers moi. Je l'ai trouve agréable. Si agréable. J'ai pas envie que ça s'arrête. Non. Pas envie.

Elle me dit qu'elle se sent bien près de moi. Elle se demande aussi si c'est pareil pour moi. Si je ressens les sensations qu'elle ressent. Sa voix est hésitante. Elle ne sait pas. J'aimerais pouvoir trouver les bon mots. Pour tenter de lui expliquer. Mais je dois être au même niveau qu'elle. Parce qu'il n'y  a pas que mon ventre. Il y a aussi sa présence qui m'apaise, qui me calme , qui me donne du courage. Il y a les frissons que je ressens sur tout le corps quand elle est près de moi. Quand elle me tient la main. Quand son souffle caresse ma peau comme une brise. Je suis bien contente d'avoir à fixer l'horizon, pour ne pas nous faire échouer. Ce n'est qu'une excuse pour ne pas croiser son regard empli de tendresse et redevenir aussi rouge qu'une tomate.

- Oui...je ressens ça moi aussi. Je pense que c'est une bonne chose. Je sais que ça arrive quand...une personne...en aime une autre. Enfin, je crois.

C'est dans ce genre de moment que j'ai envie qu'elle me reprenne dans mes bras. Comme je suis plus petite qu'elle, cela me donne l'impression qu'être protégée. A l'abri. Et de me sentir la personne la plus aimée de l'univers. J'ai pas envie qu'elle parte. Mon corps s'est habitué au sein. Je me suis habitué à elle. Ne me quitte pas. Ne t'éloigne pas. Reste avec moi.
J'aimerais pouvoir lui rendre son affection. Comme ce qu'elle fait avec moi. Je me demande si son cœur bat aussi vite que le mien, à ce moment là. Mon visage se tourne vers le sien. Je me rend compte qu'on est vraiment très proche. On a jamais été aussi proche. Je réussi néanmoins à l'embrasser sur sa joue, non loin de ses lèvres. Je préfère jouer la prudence. D'autant que je suis au volant. Je ne veux pas qu'on est un accident.

- Alors...comment je me débrouille, Capitaine ?

Je sais qu'elle m'aide beaucoup. Mais bon, je ne peux m'empêcher de poser la question. Peut-être qu'elle a envie de reprendre la main. C'est son bateau après tout. J'ignore la distance qu'on a parcouru ni le temps qu'il s'est écoulé. Peut-être qu'elle le sait ? J'ai l'impression qu'elle me laisserait faire si je lui demande.
Je me demande si je me comporte comme il faudrait. Si j'arrive à lui donner le sourire comme elle la fait depuis que je l'ai rencontrée. Si j'arrive à la rendre heureuse. Si je lui montre à qu'elle point elle est unique. A qu'elle point je tiens à elle. C'est devenu comme une drogue. Impossible d'arrêter de penser à elle. Impossible. Je ne veux pas qu'elle s'éloigne.
 

Devant le volant, je me sens différente. En tenant le volant, j'ai l'impression de tout contrôler. Non seulement la direction. La vitesse. C'est un sentiment plutôt grisant. C'est comme de monter dans un manège. Ca fait un peu peur au début mais finalement, il n'y a plus de regret. Que de la joie. Et un cœur qui bat à la chamade. Elle me dit que je me débrouille bien. Je sens bien que j'ai évoluer seule mais elle est encore là. Je la sens. Non loin. Elle m'indique l'endroit ou elle reprendra le volant. J'ai presque envie de ralentir pour avoir encore quelques minutes de plus. Rien que quelques minutes. Mais pourtant, nous arrivons rapidement à l'endroit convenu.
Au moment ou je me demande ce que je dois faire, je n'ai pas besoin de tourner la tête quand je sens ses lèvres sur mon cou. Je les sens remontait jusqu'à ma joue ou je sens qu'elle m'embrasse avec une infini douceur. Elle retrouve sa place de capitaine. Je ne m'éloigne pas pour autant. J'ai dû mal à m'éloigner d'elle. Maintenant que je sens que tous ce que je ressens semble réciproque. Qu'elle semble éprouver tout ça elle aussi.

Le reste de la route se passe sans encombre. Rien que le paysage à perte de vue. Mon regard posé sur l'inconnu. Sur ces rivages dont je n'avais jamais vu. Et pourtant, me voilà. Je laisse mes doigts se promener sur le bras de Devon. Je dois me contenter de ça puisqu'elle a les mains prises.
On est arrivés, je le sens, le bateau s'arrête. On ne bouge plus. Alors, on est à Vancouver. Je sais ou on est. Je ne sais pas ce que Devon me réserve de plus. Elle me parle de cette surprise depuis déjà un bon moment. Cela titille ma curiosité. J'ai hâte de savoir ce que c'est. Je l'attend donc à l'extérieur du bateau. J'ai bien fais de prendre le plaid que Devon m'a apporter. Couverte et bien au chaud, je regarde partout autour de moi. J'ignore si j'aurais l'occasion de retourner ici. La brise souffle légèrement, je sens mes cheveux qui se soulèvent au rythme du vent. Je n'ai pas à attendre trop longtemps. Je sens les bras de Devon autour de moi avant d'entendre sa voix.
Elle me demande si je lui fais confiance. C'était une évidence. Elle m'avait sauvée la vie. Elle veillait encore sur moi aujourd'hui. J'étais prête à lui confier ma vie. Et peut-être même mon cœur.

- Oui, je te fais confiance. Toujours.

Je la regarde faire apparaitre son portail. Je l'ai déjà vu faire ça. Quand elle est devenu chez moi. Je ne peux pas m'empêcher de la regarder. D'admirer tout ce qu'elle fait. De l'admirer, elle. Elle me prend la main. Je la serre fort. J'ai pas envie de la perdre quand on réapparaitra. D'ailleurs, je ne sais pas ou on va. J'ai envie de savoir. Alors je me contente de savourer la douce pression de nos mains entrelacés. Je n'ai pas envie de la lâcher. Je n'ai pas envie de m'en aller. Ni de fuir. Sauf si c'est vers elle.

- Est-ce que je dois fermer les yeux ?

Je n'ai pas beaucoup de surprise. Maman m'en faisait parfois quand j'étais plus petite. Maintenant, j'ai toujours vu les surprises comme des moments ou on ignore tout. On ne sait pas. Je devrais avoir peur. Mais je ne veux pas. Parce qu'il y a Devon. Parce que Devon est devenu ma surprise. Mon cadeau. L'être le plus précieux. C'était ma lumière. Mon espoir de rédemption. Celle qui me faisait croire que j'avais le droit d'être heureuse. Parce que j'ai le droit, non ?
 

Je ferme les yeux. Elle m'a dit qu'il fallait que je les ferme. Que je devais pas les ouvrir. Alors, je me prête au jeu. Je ferme les paupières et je me laisse guider par Devon. C'est elle qui a tout organiser. Elle sait mieux que moi ou il faut aller. Dans le noir, je serre la main de Devon. Quand on franchi le portail, on est ailleurs. Je le sens. Sous mes chaussures, le sol est mou. Comme du sable. Je sens l'odeur de la mer. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir que l'endroit sera beau. Je finis par ouvrir les yeux après qu'elle m'ai dit que je pouvais le faire. Quand je m'execute, je ne peux pas m'empêcher ne regarder partout. N'importe ou. Tout est sublime. La couleur de l'eau. Le sable chaud. La petite brise. On est coupé du monde. Des autres. C'est un petit coin de Paradis.

Je la suis jusqu'à un abri bien installé. C'est son territoire. Son monde. Sa maison. Son Paradis. Un endroit qu'elle aime beaucoup. Elle me demande si l'endroit me plait. Elle, elle l'aime beaucoup. Elle me dit qu'elle y passe beaucoup de temps. Elle y a vécu. Je me demande si elle s'est pas déjà senti seule. Il y a peut-être les requins et le paysage de carte postale. Il y a le fait qu'elle n'aime pas beaucoup les humains. C'est l'endroit parfait pour avoir des petits moments de calme.

- J'aime beaucoup. Je crois qu'il y a pas de mot assez fort pour décrire cet endroit. Je suis touchée que tu me le montres.

Je l'a regarde qui installe la nourriture. Je prend place près d'elle, sur la couverture qu'elle a disposé sur le sable. Mais mon regard se pose sur les créatures des mer qui sont dans la mer couleur turquoise. Les requins. Je sais que Devon les aime bien. Elle les aime beaucoup. C'est sa famille. Elle me dit qu'ils sont gentils. Que je ne crains rien avec eux. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une certaine appréhension. Je connais beaucoup de film avec des requins. Et dans aucun d'entre eux, ils sont bon. Généralement, ils mangent les gens. Je n'ai pas envie de finir dans son estomac comme un amuse-gueule.

- Je veux bien te croire, c'est juste que les requins sont...plutôt impressionnant.

J'enlève mes affaires parce qu'il fait bien trop chaud pour garder des vêtements aussi chaud. Je finis par enlever les couches superflu avant de rester en débardeur et en jean. Je ne peux pas faire comme Devon. Je sais ce qu'il se cache en dessous. Mes terribles blessures de guerre. Je préfère garder tout ça, du moins, jusqu'à que je sois obligé de les montrer à Devon. Je devrais affronter son regard. Son jugement. Et je crains tout ça. Je sais pas pourquoi. Je me concentre sur la salade qu'elle me tend. Et sur les sushi qu'elle dispose entre elle et moi. Il y a vraiment beaucoup.

- Oui, j'ai faim ! Surtout que tu as concocté un vrai festin !

Je mange, je picore quelques sushi. J'aime bien. J'aime beaucoup. C'est comme dans les films. Un pique-nique. Sauf qu'il y a aucun qui se déroule dans un endroit comme celui-là. Un endroit idyllique. Je sens que le repas s'achève bien trop vite. Je sais que je ne fais que retarder l'inévitable. A quoi bon servir des excuses comme la peur des requins ? J'ai envie de passer du temps avec elle. De braver le danger des requins avec elle. D'être près d'elle. De sentir ses bras autour de moi. Mais je ne pourrais rien avoir si je ne fais pas le grand saut. Je sais pas trop comment le dire. Je me demande si je dois lui montrer d'abord. Ou lui parler. Je trifouille le bas de mon débardeur. Le stress. La peur.

- Devon, avant qu'on aille se baigner...il faut que je te dise quelque chose...Enfin...il y a quelque chose...que je dois te montrer.

Affronter ses peurs est bien plus dur que je le pensais. Vraiment. J'avais envie d'être aussi courageuse que Devon. Avoir son assurance. Mais j'étais pas comme elle. J'étais moi. La fille un peu timide. Une fille sous le charme d'une Zouwu rebelle. Une fille brisée qui se met à nu devant celle qui lui plait. Si ce n'est pas une preuve d'amour. Ou simplement de vérité.
 

Il y a tout ce qui faut pour être bien. Un paysage magnifique. Un décor comme celui d'une carte postale. Mais le plus important, c'est la personne avec qui je vis tout ça. La personne avec qui je partage ça. Devon. Ma Devon. Ma Zouwu. Mon armure. Je pourrais être n'importe ou tant que ce serait avec elle. Je pourrais me contenter de peu tant qu'elle continu à me donner son amour. Son affection. Sa protection. C'est le plus important. Rien d'autre ne compte que elle. Elle est mon tout. Ma bouée. Mon oxygène. Sans elle, je ne suis rien de plus qu'un puis sans fond. Devon est la lumière dans la nuit. La clarté dans mon obscurité. La personne qui me fait me sentir plus forte. Plus vivante.

Je vois les requins qui nagent dans l'eau turquoise. Mais ce n'est pas ses créatures qui me terrifie. Ce sont les autres. Les ombres sans visage que je voyais pendant 5 ans. Les personnes qui m'ont fait tellement de mal. Ils m'ont détruites. Mentalement, je ne suis qu'une épave. Mon cœur brisée en million de petits morceau. Pourtant, il continu à battre encore. Comme si il était possible que je puisse encore me servir de cet organe si abimée.
Je sens le regard de la Zouwu. Son sourire se fane. Elle a compris. Que quelque chose était différent. Qu'il y avait plus qu'une simple peur des requins. Je me lève. Je me dis qu'il faut que je m'en aille. Maintenant. Tout de suite. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas partir. Quitter Devon. Lui tourner le dos.
J'entend sa voix. Elle me dit que je n'ai pas à avoir peur. Qu'elle était là. Elle était là. Je me répétais cette phrase en boucle dans ma tête. Encore et encore.

J'enlève mon débardeur, ne restant qu'en maillot de bain. Si seulement il y avait que ça. Mais ce n'est que mon corps frêle et pâle qu'elle a devant les yeux. Mes cicatrices. Certaines plus récentes que d'autres. Il y en a partout. Sur le bas de mon ventre. Sur mon dos. Je me sens si vulnérable. Complètement à découvert. Je ne sais ce que dois penser Devon. J'aimerais le savoir, au fond. Je ne veux pas voir de la pitié. Non, je ne veux pas. A quoi cela servirait ?

- Je...je ne l'ai jamais montré...à personne.

C'est pas la faute de Devon. Je le sais. J'aimerais qu'elle le sache. Parce que ce n'est pas quelque chose que je pouvais cacher indéfiniment. Mais c'est tellement personnel. Tellement intime. Mais elle me fait confiance pour me montrer cet endroit. Son petit coin de paradis. Moi, je lui fais confiance aussi. Pour lui dévoiler mes blessures de guerre. Même si je ne me sens pas encore de lui dire que je suis revenu d'entre les morts et que j'ai tué mon frère accidentellement. Une chose à la fois. Un pied devant l'autre.
J'ai dû mal à ne pas serrer mes bras autour de moi. Pour cacher. Masquer tout ça. Mais à quoi bon ? Elle est au courant. Elle n'oubliera pas. A la place, je lui prend la main. Je la serre doucement. Ne me quitte pas.

- Je...je voulais te donner une meilleur image de moi. Parce que je veux pas que tu t'en aille. Que tu me quittes. Parce que je tiens à toi. Je tiens à ce qu'on partage toutes les deux. C'est pour ça que j'ai rien dis quand on s'est vu la première fois.

Je sais trop ce qu'elle va faire maintenant. Comment elle va réagir ? Chaque parole qu'elle dit. Chaque geste qu'elle pourrait faire. Je n'ai plus qu'à attendre. Qu'elle enregistre tout ce qu'elle vient de voir. Ce que je lui es dit. L'attente semble duré des heures. Si elle partait, là maintenant, je ne pourrais pas m'en remettre. Parce que je saurais que tout ceci est de ma faute. Uniquement de la mienne.

- Je t'en pris, ne m'en veux pas.
 

Je me dévoile. Je lui montre ce qui me fait si peur. Ce qui me fait le plus de mal dans la vie. Je sens ses yeux. Je sens son regard. Mais elle ne s'en va pas pour autant. Elle ne me quitte pas. Elle me dit que je suis magnifique. Devon voit de la beauté là ou il y en a pas. Sa main caresse doucement les nombreuses cicatrices que j'ai sur le corps. Il y en a beaucoup. Trop sans doute. Je le sais.
Elle me regarde, son regard me rassure. Il me fait me sentir bien. A ma place. Elle me dit que je ne suis pas obligée de lui dire. De lui expliquer ce qui s'est passé. La raison de tant de blessure sur mon corps. Elle me dit qu'elle ne laissera plus personne me faire du mal. Plus jamais. Peu importe la menace, elle serait là. Toujours là.
Les mots seraient insuffisant pour lui montrer à qu'elle point ses paroles me touchent. A qu'elle point, ils me font me sentir en sécurité. La pression de sa main dans la mienne me réconforte. Maintenant, elle sait. Je n'ai plus à avoir peur de sa réaction. Maintenant, elle est au courant. Comme un poids qui disparait de ma poitrine, j'ai l'impression que je peux respirer normalement.

- Merci...d'être là

Ses bras autour de moi. Ses lèvres sur ma joue. Ce ne sont que de petits gestes. Mais ils sont important. Si important. Je savoure chaque instant ou je suis près d'elle. Ou je partage un contact avec elle. J'ai envie que cela dure des heures. Puis, elle me lâche et se dirige vers l'océan. Vers les requins. C'est sans doute la seule raison qui me pousse à la rejoindre avec plus de réserve. J'aime pas être loin d'elle. Alors, je m'avance petit à petit. L'eau est bonne, à la bonne température. Je n'ai pas à me plaindre. Plus j'avance, plus je me dis que je vais finir par rencontrer les requins. J'essaie de me dire que ce sont des poissons. De gros poisson. Avec des dents.
J'écoute la voix de Devon. Petit à petit, je me déplace dans l'eau turquoise. Je vois les requins. Ils sont ni trop loin ni trop près. Devon est dans son élément. Beaucoup d'entre eux lui tournent autour. Je n'ai pas envie de m'interposer entre elle et ses cousins. Mais je prend le risque. Elle m'a dit que je risquais rien. Elle me l'a dit. Et je lui fais confiance. Suffisamment pour nager avec elle et entourer par toutes ses créatures aquatiques. Puis, je vois un des requins qui s'approche. Oui, il s'approche de moi. Ce doit être celui dont Devon m'a parlée. Le requin qui aime le contact. D'habitude, je me contente de les voir à travers une vitre ou derrière la télévision. Là, il est si proche. Je le sens quand il va à ma rencontre. Il me bouscule. Doucement. Je me contente d'un léger contact. Très bref. Mais je n'ai pas envie d'y laisser une main. Je tiens à la garder.

Je suis face à Devon, peu de distance nous sépare l'une de l'autre. J'essaie d'oublier la présence des requins non loin de nous. Je me dis que si je ne vais pas les embêter, ils ne me feront rien. Enfin, je crois.

- C'est la première fois que je vois un requin d'aussi près.

Spike revient vers moi et Devon. Si elle a l'habitude de le côtoyé, ce n'est pas encore mon cas. Je décide d'essayer de suivre son exemple. Je n'ai pas envie de lui faire de mal. Au requin. J'ai envie de voir ce que je peux faire. Si l'ancienne ''moi'' est encore là. Pour le moment, je me fais petit à petit à l'esprit que je nage avec des requins. Je me rapproche. Je me dis que j'ai le droit à un petit quelque chose. Comme une récompense. Je ne plonge pas dans l'océan rempli de requin pour n'importe qui. Je colle mon front contre le sien. On est si proche. Mes mains sont sur ses épaules. J'ai beaucoup de chance de pouvoir compter sur elle. Qu'elle ne se soit pas encore lassé de moi.
Mes lèvres sont qu'à quelques centimètres des siennes. Je sens son souffle. Ses yeux posés sur moi. Personne ne m'a jamais regardé comme elle me regarde moi. Quelque chose se passe. Je pose doucement mes lèvres sur les siennes. Je n'ai rien prémédité. Non, vraiment rien. J'ai juste fais ce que j'avais envie. Je voulais faire quelque chose. Je me demande si j'ai bien fais. Je recule un peu, m'étant fin au baiser que je lui ai donné. Je me demande si elle ressent la même chose.

- Je...je sais pas ce qui m'a pris. C'est juste que...j'en avais envie.

Je n'ai pas envie de m'excuser pour ça. Parce que j'en avais eu envie depuis si longtemps. Depuis le moment ou j'étais montée sur son bateau. Qu'elle m'avait laisser le conduite. Qu'elle m'avait fait cette surprise. Et surtout. Le plus important. Le fait que je lui fasse confiance. Confiance au point de lui dévoiler une de mes plus grandes peurs. Je sais qu'il y a des mots qu'on doit dire. Pour dire ce qu'on ressent. Trois petits mots. Ils sont minuscules. Mais ils veulent dire tellement de chose.
Je me demande pourquoi c'est si dur à dire. A cause de Devon. Parce que j'ai cette minuscule petite crainte. Celle qui me dit que Devon mérite mieux que ça. Mieux que moi. Moi, une sorcière en quête de trouver un sens à sa vie. Cette vie si compliquée.

Une chose est sûre, c'était que j'étais prête. Prête à me battre pour elle. Pour être meilleur. Pour pouvoir l'aimer et lui donner autant d'affection qu'elle me donne en permanence. Je me dis que c'est possible. Je vois que c'est possible. Si elle le veut. Si elle reste avec moi.