Je suis en train de nager avec des requins. J'ai besoin de le dire. De le répéter. Pour me rendre compte de ce que je suis en train de faire. Si cela avait été avec n'importe qui, je serais restée sur la plage. Je n'aurais pas bougé, je n'aurais pas voulu le faire. Parce que je ne fais pas ça d'habitude. Ce n'est pas moi. Pourtant, avec Devon, je suis déjà à l'eau. Je ne suis prête à faire n'importe quoi. Je bouscule mes habitudes. Je me bouscule, moi. Mes peurs. Mes angoisses. Je n'y pense pas. Je n'y pense plus. Comme si ce havre de paix pouvait empêcher toutes ses horreurs de venir gâcher ce moment. Cette journée que je passe avec ma rebelle.

J'accepte quelques caresses à la plupart des requins. Certains s'approchent, restent à l'écart. Je me déplace pour revenir jusqu'à Devon. Elle me dit que je m'en sors bien. Qu'elle est contente de m'avoir près de moi. A ses cotés. Je me demande ce que je lui apporte. Ce que je peux faire, moi, pour qu'elle se sente aussi bien que moi. Pour moi aussi, c'est important. Très important.
Je m'approche d'elle, mes lèvres touchent les siennes. Je ne sais pas combien de temps ça dure. J'ai l'impression qu'elle aime bien. Elle ne s'éloigne pas. Elle reste. C'est moi qui m'éloigne. Je sais pas pourquoi. Pas peur. Par rejet. Je ne sais pas. Juste, j'attends. Qu'elle dise quelque chose. Qu'elle fasse quelque chose. N'importe quoi. Elle me demande si elle peut m'embrasser, elle aussi. J'hoche la tête et je retrouve rapidement les sensations. Toutes les sensations qu'on ressent comme si c'était encore la première fois. Difficile à dire de savoir si c'est mieux à chaque baiser. Je n'ai pas de réponse.

J'aime bien quand elle me prend dans ses bras. Je me sens bien quand je suis là. J'ai pas besoin de me demander si je fais quelque chose de bien. Si je suis quelqu'un de bien. Si je suis capable d'être moi-même. Parce qu'elle me dit que je suis la première. Sa première. La première fille avec qui elle ressent toutes ses choses. Elle me dit qu'elle fera tout pour moi. Et si je veux d'elle. Mais je ne peux pas vivre sans elle. Je ne peux plus. Non.

- Toi aussi, tu es la première. La première personne a qui je peux tout dire. Je me sens protégée quand je suis avec toi. Je me sens en sécurité quand je suis avec toi. Personne ne m'a jamais autant d'amour que toi, Devon. Tu es la seule personne à qui j'ai montrer mes cicatrices. Je veux que tu fasse partie de ma vie. Parce que...j'ai besoin de toi.

Je rougis encore, je crois que je le ferais toujours quand je suis avec elle. C'est notre truc. Après que l'on se tienne les mains, bien entendu.
Je vois qu'elle s'éloigne, qu'elle s'approche de la plage. Je cherche à comprendre et je finis par trouver quand elle me dit qu'elle va se transformer. Je reste là ou je suis. Je l'a regarde quand elle se change en requin. Par curiosité. Je n'ai jamais connu de Zouwu. Des djinns, ça oui, mais pas de Zouwu ! C'est bizarre de voir Devon sans voir sa forme humaine. Je me souviens quand elle s'est changée en loup pour me sauver face aux humains. Je trouvais ça déjà très fort. Là, on est sur un autre niveau. Je trouve ça impressionnant. Elle est là, elle me regarde. Je sais que c'est elle. Mais c'est un requin. Alors, je m'approche d'elle. Je sais que c'est elle. Ma Devon. Je suis près d'elle. Je lui offre un baiser que je pose sur son museau. Es-ce que les sensations sont les mêmes ? Sent-elle mon baiser sous sa forme animal.

- Tu es...incroyable !

Je reste à ses cotés. Sa taille est bien plus grande que ce que j'avais prévu. Mais j'arrive à m'approcher à son aileron. Elle m'a dit que je pouvais le faire. Et puis, je me dis que ça vaut le coup. Je ne veux pas lui faire de la peine. Elle tient à sa ballade. J'espère qu'elle n'ira pas trop vite, j'ignore la vitesse de ses bêtes là. Mais les requins doivent être rapide. J'en ai déjà vu dans les films quand ils mangent les gens.

- Allons faire un ballade ! A moins que tu veuilles rester avec tes cousins !
 

Je me demande ce que j'ai pu faire pour avoir autant de chance. D'avoir eu la chance de croiser le chemin de Devon. D'avoir la chance d'entrer dans sa vie. Et qu'elle fasse partie de la mienne. J'ai besoin d'elle. C'est quelque chose de vital. Je pourrais pas vivre sans elle. Je ne pourrais pas supporter de la perdre. Sa force me donne des ailes. Son courage me donne envie d'être moi-même. D'être capable de ne pas avoir peur. De ne pas me retourner sans cesse derrière. De ne pas avoir peur. Je vois que mes paroles la touche. Je suis contente que ça lui fasse plaisir. Qu'on soit sur la même longueur d'onde. Qu'on ressente la même chose l'une pour l'autre.

- Tu me perdras pas. Non, Devon, tu me perdras jamais.

Je ne peux pas m'empêcher de la regarder. D'observer ses moindres faits et gestes. Je la trouve fascinante. Je l'a trouve incroyable. Je lui redis encore quand elle est sous sa forme de requin. Je n'ai pas peur d'elle. Je ne pourrais pas avoir peur d'elle. Je ne pourrais jamais avoir peur elle. Elle me protège. Elle veille sur moi. Je m'accroche à elle. Je ne veux pas risquer de la perdre en pleine mer. Elle ne va pas trop vite. Je le sens. J'ai l'opportunité de voir la faune sous-marine. Les poissons et autres petits animaux aquatiques. Je peux tout voir grâce à la clarté de l'eau. Tout est si beau. Tout est sublime. Je pourrais rester des heures rien qu'à la regarder. Je comprend pourquoi Devon aime tellement cet endroit. Et pourquoi elle aime tant travailler ici. Une partie de moi a envie de prendre un crayon et dessiner ce que j'ai devant les yeux. Pour immortaliser cette faune. Ce moment. Je tâche de ne pas oublier. Ce pourrait être une belle attention pour Devon. Après tout, elle m'a offert tellement de chose. Tellement plus.
Puis la balade se termine, on retourne sur la terre ferme. Elle me regarde, elle me prend dans ses bras. Je ne veux pas la lâcher mais il le faut. Je sais qu'il le faut. Je voudrais avoir la force de la retenir dans mes bras.

- Non...je n'avais pas peur. Ce n'est pas très grave pour la tortue. Peut-être que je l'a reverrais la prochaine fois.

Oui, j'aimerais revenir. Oui, j'aimerais être encore avec elle. Dans cet endroit. Ce pourrait être notre petit coin. Je ne sais pas si elle voudrait le partager. J'espère que oui. J'aimerais bien. L'avantage, c'est que j'aurais besoin d'elle pour venir puisque c'est elle qui a le portail. C'est elle qui a la clé de notre petit coin de paradis.
Je la suis. Je me rabille pour ne pas avoir froid. Mes cheveux sont encore humide mais je sais qu'ils vont sécher avec le temps qu'il fait. Je l'a regarde mettre des boissons devant moi et d'autres choses aussi. Elle me gâte. Elle m'apporte tellement. Je me demande si je peux lui donner autant d'amour. J'aimerais bien. J'aimerais pouvoir. Petit à petit. Je sais que j'y arriverais.
Je choisis de l'eau pétillante. J'aime bien les bulles. J'aime bien ça. Elle me dit que je peux prendre ce que je veux. Avec Devon, j'ai l'impression que c'est un Noël perpétuel. Ou Pâques. Chaque fois, il y a une surprise qui m'attend là ou je m'y attend pas. Je souris. Je prend un de ses mèches de cheveux que je coince derrière son oreille. Je laisse ma main se promenait sur son bras jusqu'à atteindre sa main. Que je prend. J'aime bien prendre sa main. J'aime beaucoup.

- J'aimerais faire quelque chose pour te remercier. Pour tout ce que tu fais pour moi.
 

Je tâche d'enregistrer un maximum d'information. Un maximum d'image au cours de cette traversée en mer. La balade en bateau. Le repas. La nage à travers l'eau turquoise. La confrontation avec les requins. Le regard de Devon. Notre baiser. A la fois doux et explosif. Comme un feu d'artifice. Je veux me souvenir de chaque moment. De chaque instant à ses cotés. Je ne veux pas oublier. Je veux garder mes souvenirs vivants. Je veux pouvoir me rappeler de tout même des années après. Me souvenir de la petite déception quand je n'avais pas vu la petite tortue. Me souvenir de la joie que j'ai vu dans les yeux de Devon quand je lui ai dis que je voulais revenir. Oui, j'ai envie de revenir avec elle. J'ai envie de la revoir encore et encore.
Le fait de savoir que je suis une des plus belles récompenses pour elle représente une certaine fierté. Quelque chose de bien. Savoir qu'elle n'a pas besoin de grand chose venant de moi. Juste de moi. Juste moi.

Puis je vois le jour qui commence à s'en aller. Le jour qui fait place à un jolie coucher de soleil. Petit à petit les couleurs semblent prendre vie dans le vie. Toutes ses couleurs. Toutes ses nuances. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. Comme si c'était presque irréelle. Devon me dit qu'elle n'a jamais vu de coucher de soleil avec quelqu'un. Personne. Seule. Je me souviens de la joie que j'avais quand j'arrivais juste à temps pour en voir un. J'aimais bien le voir avec Isida. Ou avec Maman. J'aimais bien regarder le ciel. Pour voir les couleurs dans le ciel ou simplement voir les étoiles. Comme si l’insouciante Isis était encore là. Comme si elle était encore en moi. Je l'a regarde avant de regarder le ciel. Je n'ai pas envie d'être seule. Je n'ai pas envie qu'elle soit seule. Non. Plus de solitude. Plus de peine.

- Je suis surtout contente d'être avec toi.

Elle me dit qu'elle n'a jamais vu de coucher de soleil aussi beau. Pas à cause des conditions météo. Mais parce que je suis là. Je suis près d'elle. Je sens le contact de son corps près du mien. Moi aussi, je suis bien. Je n'ai pas envie de m'en aller. Je pourrais rester avec elle. Vivre dans notre petite bulle. Dans notre petit monde. Ce serait égoïste de demander ça. Mais, au fond de moi, je suis une meilleur version de moi quand elle est là. Je n'ai pas envie de gâcher ce moment. Mais quelque chose me titille. Un point d'interrogation.

- Alors...avant moi...il n'y a jamais eu personne ?

Je ne sais pas si on peut appeler ça de la jalousie. Pour moi, Devon est la première. La première femme qui m'aime tel que je suis. Avec qui je me sens bien. Avec qui je peux tout dire. Tout faire sans être juger. Et elle ?
Je ne veux pas me sentir en concurrence avec d'autres que moi. Avec des fantômes du passé. J'aimerais savoir ce qui a pu l'attirer chez moi. Ce qui fait qu'elle m'aime, moi et pas une autre. La raison pour laquelle je suis avec elle. Et pas une autre. Parce que je n'échangerais pas ma place. Jamais.
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