Re: Meeting at gunpoint [ft. Erin Gallaway] [[Violence/Armes]]

Meeting at gunpoint

Erin Gallaway

J'avais au moins sa parole, qu'elle essayerait. C'était un début. Et si elle essayait, je pouvais l'encourager à réussir. Tout n'était peut être pas merdique avec elle. Fastidieux, long et chiant. Elle y mettait un peu de bonne volonté, enfin. Dès lors qu'il ne fallait pas me donner des infos sur elle, ca allait mieux. M'enfin, ca restait très étrange qu'elle soit aussi réticente. Si elle me donnait des infos, cela voulait-il dire que j'allais la reconnaitre ? Je sais pas... c'est pas comme si un paquet des gens que j'avais vraiment connus étaient morts... mais si quoi... Je savais pas quoi en penser... Et j'aurais probablement pas de réponses avant qu'elle ne se décide...
A parler. Pas d'elle, pour le moment, mais elle essaya aussi de parler. C'était un bon début. Un début auquel je devrais songer aussi... Bordel... dans le fond je me rendais compte qu'elle me coiffait au poteau, à force d'essayer autant. Un peu honteux, je me contins le temps de l'écouter religieusement. Une fois finis, je la suivis des yeux dans ses cents pas, un petit sourire aux lèvres.
"Parce que tu te défends, et tu résistes. C'est comme si tu manquais de confiance en moi -bof ça encore je peux comprendre- mais surtout en toi même. Et ça c'est dommage. T'as le droit de te détendre une seconde... je t'assures. T'es pas condamné. Mais crois moi, je connais ça aussi comme mécanisme..."
De l'auto-défense négative, destructrice. Lorsque l'esprit refuse d'aller mieux. Voilà pourquoi guérir ses maux était si fastidieux... Bordel... Je faisais quoi maintenant ? Aller dans son sens... mais pas totalement ? Elle voulait aller mieux... mais relevait le fait que ce n'était pas le cas. Ok... donc c'était à moi de jouer. Réfléchissant un instant, je tournais ses mots dans ma tête, cherchant par quel axe les prendre. "Qu'a-t-elle envie d'entendre fils ? A ton avis ?" Confus, je tournais la tête dans le vide. Putain... un début d'hallu... Ok... rester calme. "Le calme est le meilleur outils du guérisseur. Calme, analyse et action." Bordel... combien de fois je l'avais entendu dire ça ? Ca m'était resté encré dans les tympans... Cessant de lutter, je suivis le mouvement -ou l'action- et repris.
"Déjà, pourquoi la peur serait un truc affreux et inavouable ? Sans peur pas de courage. Sans peur, pas de force. C'est justement parce que tu as peur que tu es courageuse. C'est justement parce que tu as peur, que tu es forte. Sinon, c'est là que tu serais tarée justement. C'est l'absence de peur qui est une tare, pas sa présence. M'enfin, la peur n'est qu'un élément, l'important est de savoir si tu te laisses guidée par cela, ou si tu les surmonte. Et une fille forte et courageuse comme toi, ça a bien l'air de les surmonter. Bravo, tu as déjà fait quelque chose que je fuis encore, perso."
Courir, voler, fuir, me cacher. Quelques part, je voyais pas quand est ce que je n'avais pas fuis. C'était toujours ma meilleure défense, l'esquive. Esquiver une agression comme un sujet difficile. Bordel... j'abusais en fait... Un peu songeur, j'ajoutais finalement, à voix plus basse et le regard un peu dans le vide.
"Puis mal, qu'est ce que ça veut dire au fond ?" repris-je un peu en automatique, pensif. "Mal et bien, c'est subjectif. Après tout, beaucoup de gens sont persuadés d'être les gentils de leurs histoires. Sauf ceux qui vont mal comme toi. Mais au fond tout ça n'est qu'une question de perspective. Demande toi deux choses : Quels sont tes buts ? Quelles est ton éthique ? Tu ne pourras pas changer ce que tu as déjà fait. Mais tu peut chercher à corriger ton tracé pour le faire coller à ton idéal. Tu le peux encore aujourd'hui"
Je relevais un regard plus sincère sur elle, doux et direct.
"On a tous des passages à vide. Ca fait pas de tout le monde des raclures irrécupérables. Et si tu te crois si exceptionnelle au point d'être l'exception : le monstre démoniaque qui se retrouve damné par un mal absolu et irrattrapable à cause de ce qu'elle du faire. Ba déjà, j'espèce que ça va les chevilles. Puis de deux, dit le moi tout de suite que je t'en foute une."
Un sourire avenant pour conclure cela, comme pour adoucir ma promesse violente plus ironique qu'autre chose. J'avais été assez sincère, malgré une forte impression que j'avançais bien plus en aidant quelqu'un d'autre que moi même. Ouè... personne n'est une raclure. Ok, moi qui disais ça, fallait l'enregistrer. Au fond, pour elle, j'y croyais, sans arriver à y croire pour moi. Comme si c'était moi le meurtrier. Pourtant, à chaque overdose de la ville, j'avais un peu plus de sang sur les mains. Un toubib ça dose, mais moi du dosage je m'en étais lavé les mains... C'était indigne de moi... ça.
Et pourtant, j'essayais de suivre une forme d'éthique, de poursuivre un but. J'étais juste... incapable de redevenir le fier dragon que papa avait élevé... Pas encore, pas pour l'instant. Moi aussi j'avais besoin de temps, finalement. "C'est pas grave garçon, ça viendra. Ah ! Ta gueule...

awful

Meeting at gunpoint

Cette fois-ci, tu n’endosse plus le rôle de la tueuse. Tu n’es plus la criminelle ou le monstre. Devant Farell, il n’y a que toi. Le reste d’un souvenir du passé. Comme s’il avait réussi à voir à travers ton armure pour atteindre la petite sœur qu’il avait laissé derrière lui. Après tout ce temps, toi-même tu croyais qu’il n’y en avait plus une seule trace. Quand tu avais commencé à parler, à dire quelque chose, il y avait quelque chose qui t’empêcher d’en dire trop. Comme si tu sentais que quelque chose t’interdisait d’en dire trop. Comme si, dès que tu faisais un pas en avant, les souvenirs revenaient et te faisaient reculer de deux pas en arrière. Il pensait que c’était un problème de confiance. Confiance en lui. Confiance en moi. A une époque, tu étais persuadé d’agir pour le bien commun, de faire ce qu’il fallait. Tu savais que malgré les écarts que tu faisais, tu faisais ce qu’il fallait. Mais toutes tes certitudes s’étaient écroulées comme un château de carte. Une vague d’incertitude avait déferlé sur toi. Elle avait tout emporté. Ne laissant que des regrets et des cadavres derrière elle. Il croyait que tu n’étais pas condamné. Il croyait que derrière les ténèbres, se cachait une âme troublée. Mais tu connais trop ce comportement. Auto-destruction. Quand on te blesse, tu blesses aussi. Parce que tu sens qu’après ça, tu vas bien. Tu sens que ça va mieux. Mais ce n’est pas sain. Tu le sais très bien.

Il pense que la peur n’est rien de plus qu’un sentiment. Il parle. Il dit qu’il n’est pas psy. Mais il semble qu’il parle comme. Les même personnes qui semblent tout connaître. Tout savoir. Tu te dis que tu ne peux pas être courageuse si tu as peur. Parce que tu regarderas toujours derrière toi. Tu ne seras jamais tranquille. Tu sais que tu ne peux pas baisser ta vigilance. Par parler à Farell, c’est différent. Tu te parle à ton frère et une partie de toi, cette partie qui se souvient du passé, a enfin de le prendre dans tes bras. Comme à l’époque. Tu te souvenais qu’il y a longtemps, tu avais eu très peur. Quand tu as vu que tu n’avais pas de mère. Elle est partie trop tôt. Trop vite. Tu ne sais même pas à quoi elle ressemble. Mais Farell était là. Avec lui, tu savais que n’avais plus besoin d’elle. Parce qu’il était là. Malgré son envie de voir le monde, il avait été toujours là. Même aujourd’hui, alors qu’il avait toutes les raisons du monde de partir sans se retourner. Tu l’entendais dire qu’il fuyait ça. Ce type de comportement. Tout chez toi pourrait lui donner envie de fuir. Te prendre ses jambes à son cou.

Il y a longtemps, on t’avait appris ou était le bien et ou était le mal. Tu savais que tendre la main à quelqu’un, c’était quelque chose de bien. Mais enlever une vie, c’était mal. Ce n’était pas que tu ne faisais plus la distinction. C’était juste que les lignes devenaient de moins en moins claire. Cela faisait des années que tu vivais dans des nuances de gris. Tu ne pouvais rien faire pour changer tes actes. Comme il le disait si bien, tu pouvais encore changer de cap. Redresser ta vie avant de basculer et de sombrer de nouveau. Il te laissait une bouée de sauvetage. Et tu étais déjà en train de couler. Te sentais-tu d’accepter sa main tendu ?

- Je crois que j’ai envie de faire mieux.

C’était différent. Tu sentais que c’était différent par rapport aux passages à vide qu’il décrivait. Il voyait le bien. Il voyait quelque chose qu’il empêcher de te laisser sur le côté. Tu te demandais ce qu’il voyait quand il te regardait. Tu te demandais les derniers souvenirs qu’il a de toi. De la petite sœur fragile et innocente qu’il a laissé. Tu esquissais un léger sourire quand il parlait de te donner un coup. Cela te faisait sourire de croire qu’il pouvait le faire. Il avait tremblé quand l’arme était encore dans sa main. C’était un signe. Un signe qu’il restait quelqu’un de profondément bon.

- Tu n’y arriverais pas, de toute façon.

Tu le regardais encore une fois. C’était encore compliqué. Mais tu avais fait un pas. Il t’en restait encore plein d’autres à parcourir. Et la route était toujours en mouvement. Tu te demandais, si un jour, cette même route te ramènerait ton frère. Si l’Univers s’arrangera pour que tu interviennes de nouveau dans sa vie comme une tornade. Sachant très bien que c’était comme jouer avec le feu. Il y aurait un moment ou tu finirais par payer ton imprudence.

- Tu continues à croire que tu peux essayer de me sauver. Tu n’es pas le premier à tenter ta chance, mon grand.

Ignorant et fermant les yeux. Tu savais pertinemment ce qui étais arrivée. Au malheureux qui avait croisé ta route. Qui t’avait aidé. Et qui n’était plus là pour en parler lui-même.

Meeting at gunpoint

Erin Gallaway

Une fois que sa carapace de "fille forte" tombait, elle semblait plutôt gentille. Perdue, confuse, éparpillée, mais gentille. Un début de sourire affectueux se dessinant sur mon visage lorsqu'elle affirmait vouloir faire mieux, je l'écoutais me mettre au défi d'effectivement lui en mettre une. Ok, elle disait que j'en étais pas capable, mais ça sonnait vraiment comme un défi en fait. Mes sourcils se levèrent, un peu d'un air demandant "vraiment ?", alors que je croisais mes bras, comme pour marquer mon désaccord. Ok, la tuer pour la tuer : je peux pas. Mais lui en mettre une bonne sur le coin du crâne pour lui remettre les idées en place, je m'en sentais capable. Après tout, pour remettre une épaule en place ou une clavicule déboitée, fallait mettre un bon coup, frapper fort. Le coup restait thérapeutique, et non mortel.
Ce qui était d'un mortel ennui, c'était son obstination. Alors qu'elle avait fissuré sa carapace un instant, elle recommençait à me dévaloriser pour essayer de garder artificiellement des distances. Mais ça marchait plus. J'étais persuadé à présent qu'elle ne me ferrait aucun mal, quoi que je tente. Alors elle ne pourrait me contraire à rester loin d'elle. Elle avait besoin de quelqu'un, malgré ce qu'elle affirmait. Aussi, sur ses mots, je secouais la tête de droite à gauche d'un air légèrement réprobateur.
"Ne pas être le premier ne veut pas dire que je vais pas essayer. Bien tenté Bellone."
Ouè, je savais être têtu aussi. Et elle semblait encore l'avoir oublié. Stoppant mon mouvement de tête, je posais un petit sourire sur elle.
"Et ne pas être le premier ne veut pas non plus dire que je serais pas, peut être, celui qui réussira. Prend le temps de réfléchir à ça deux minutes, sans tout ton discours fataliste et alarmiste. Ca peut valoir le coup."
Simple statistique. Qu'il y en ait eux avant ne faisait pas tomber mes chances à zéro. Au contraire, ceux d'avant avaient probablement engagé un processus qu'il restait à finir. Qu'il me restait à finir en somme. Bordel... la poisse. A la fois il m'étais impossible de penser ne pas tenter. Mais à la fois, j'étais le traque de merder...
"Tu sais, je suis pas psy, pas toubib non plus. Je suis juste un petit dealer de merde moi. Mais si l'âme est blessée, ça doit être plus compliqué à soigner qu'une petite plaie à recouvrir d'antiseptique et de bandages. Ca je suis au courant. Une blessure, ça prend du temps à soigner. Ce temps donne le toi." Tout comme je me le donnais, tout compte fait... "Mais peut importe où est la plaie, qu'elle soit du corps ou de l'âme. Ce genre de merde ça cicatrice plus vite et mieux dès lorsque que c'est bien traité. Et ce traitement je te l'ai proposé."
Je lui sourit, plus doux et moins cynique qu'au début.
"Alors fuit le traitement tant que tu veux. Il faut déjà du temps à cette blessure là pour se refermer, celle qui te fait fuir. Alors on fera avec. Mais le traitement, lui, il te suivra le temps qu'il faudra, et ce que tu le veilles ou non. Désolé."
Ok, la métaphore était peut être étrange... mais pour moi elle faisait sens. Foutus maux de l'âme. Si durs à soigner. Pour ça je n'avais ni expérience ni études. Juste du ressenti et de l'improvisation. Mais à force d'improviser, je savais me débrouiller. Et j'espérais me débrouiller pour elle. J'espérais vraiment pas foirer... Vraiment...
Puis on verrait pour moi plus tard... ouè... plus tard... "Quand tu le voudras."

awful

Meeting at gunpoint

Tu aurais pu continuer longtemps. Tu en avais des raisons. Tu pouvais encore continuer longtemps. Parce que tu savais que cela ne pouvait pas durer. Malgré ton envie de retrouver le lien fraternel qui t’avait uni à Farell, tu devais oublier. Oublier tout ça. Ce n’était pas raisonnable. Toi-même tu le savais. Il y avait trop à perdre. Beaucoup trop en jeu. Ce n’était pas seulement ta vie qui été menacé. Et tu savais, qu’un jour, ton frère ne se contenterait plus de tes explications. Il aurait d’assez d’attendre des réponses qu’il ne supporterait pas. Tu devrais être loin de lui. Avant qu’il sache. Avant qu’il comprenne. Qu’il prenne conscience du terrible tourbillon de problème qu’il venait de côtoyer. Et qu’il ne pourrait rien faire pour l’empêcher de couler. Tu gardais l’idée de le mettre au cas où. En cas d’être urgence. Tu n’avais pas envie de lui faire du mal mais tu savais qu’il fallait le faire.

Et malgré tout, tout tes efforts pour l’éloigner de toi, il n’en fit rien. Vraiment rien du tout. Au contraire, il s’obstinait à vouloir rester à mes côtés. Toujours cette idée de vouloir essayer de t’aider. Tu pensais que de vous deux, tu étais la plus têtue. Tu avais compris que tu t’étais trompée. Lourdement. Tu n’avais pas envie qu’il te sauve. Tu voulais qu’il se sauve lui. C’était comme ça. Lui, il était digne d’être sauvé. Toi, non. Lui, il avait peut-être le sang de ses consommateurs mais il n’avait jamais tué de sang-froid. Lui, il essayait d’aider alors que toi, tu avais croisé le regard des personnes qui était sur le point de mourir. C’était ton drame, tu n’avais pas peur de mourir. Tu avais peur de vivre. Il pensait qu’il pourrait essayer. Qu’il pourrait tenter de réussir, là ou d’autres avaient échouaient. Une partie de toi avait envie de le secouer, de lui faire comprendre qu’il fallait pas qu’il fasse ça. Mais tu savais que c’était pas la bonne chose à faire. Il n’arrêterait pas car plus tu refusais, plus il était sûr de faire ce qui était bon pour toi. Tu te demandais même s’il était pas au courant pour votre lien de parenté.

- J’ai pas besoin d’y réfléchir.

Il arrêtait pas de parler du temps qu’il t’accordait. Le temps que tu avais besoin. Ta blessure de guerre. Selon lui, tu avais plus qu’à te mettre à table, parler de tes problèmes pour en ressortir différente. Mais je ne croyais pas à ça. Je savais qu’il en fallait plus que ça. Tu n’étais une patiente idéale. Tu étais trop compliquée. Trop têtu. Trop désinvolte. Tu n’avais pas besoin d’entrainer quelqu’un d’autre dans ta chute. Il te serait difficile de remonter la pente si Farell était lui aussi à terre. Il ne voulait pas s’éloigner et toi, tu n’avais pas assez d’imagination pour trouver une autre excuse. Un autre mensonge à raconter pour qu’il oubli. Il y aurait un moment ou il finirait par comprendre. Il saurait.

- J’ai l’impression que tu m’écoutes pas. J’ai pas besoin de tes excuses. J’ai pas besoin de ton aide. Tu te souviens de ta colère quand tu as su que je te suivais ? Eh bien, c’est pareil pour moi. J’ai pas envie que tu m’aides.

Tu te lèves, te rapprochant du mur d’en face. Tu ne le regarde même plus. Pas par peur. Tu connais ce regard par cœur. Il est trop familier. Tu dois retrouver la raison. Maintenant. Tu devrais être forte pour lui. Même si tu devais faire en sorte qu’il te déteste. Il fallait qu’il te haïsse. C’était le seul moyen pour toi de t’assurer qu’il vivrait encore.

- Ne m’oblige pas à te faire mal pour te convaincre d’arrêter d’essayer de me sauver.

Tu ne savais plus rien à ce moment. Mais tu ignorais sa réaction. Te laisserait-il faire ? Sachant que son abandon serait un vrai coup de poignard dans la poitrine. Mais tu étais prête à prendre le coup pour éviter que ce soit lui qui le prenne à ta place. Tu n'avais pas besoin d'un flingue pour ça. Tu avais d'autres armes à ta disposition.

Meeting at gunpoint

Erin Gallaway

Têtus, on étaient deux... Mais ça je l'avais bien tilté. C'était d'ailleurs son obstination à elle qui me forçait à déployer des trésors de volonté. Ca tournait en rond ? Ouè... probablement. Justement, je cherchais une issue. Pas de réponses -ça je m'étais fait une raison que je n'aurais rien- mais une option où elle ne re-disparaitrait pas sans laisser de trace jusqu'à la prochaine agression. Etait-je prêt à me mettre en danger volontairement juste pour qu'elle réapparaisse à mon regard ? A voir, mais c'était pas exclu. Bordel. Je réfléchissais vraiment à une grosse connerie... Mais tant pis. C'était agaçant de voir que les blessés de l'âme mettaient autant de cœur à l'ouvrage pour refuser les soins. Ouè bon ok... c'était l'hôpital qui se foutait de la charité... Mais j'avais mes habitudes. Moi je me soigne en soignant, pas en me faisant soigner... Déformation professionnelle ? Familiale plutôt. Ouè ouè... familiale
Je soupirais face à ses réponses fermées et bornées. Ba oui, tu voulais pas que je t'aide, sinon t'aider serait pas aussi compliqué et les précédents auraient déjà réussis... Elle comparait même son refus à ma colère lorsqu'elle était arrivée... Mais elle y était pas du tout... Tellement pas qu'elle finit par me menacer. Une seconde perplexe, j'hésitais. Mais non... je voulais faire confiance à mon intuition. Elle ne me ferrait pas de mal : on tue pas la cible qu'on protège. Ca n'a aucun sens. Et elle agit de façon trop réfléchie pour être tarée comme ça.
"Va y alors. Casse moi la gueule. Au final, entre me faire lyncher par des types qui veulent me came, et une fille profondément triste et seule, ça change pas grand chose à ma soirée. Enfin si : dans le premier cas, je prend cher juste à cause de l'avarice d'inconnus, dans le second je me sacrifie temporairement pour le bien d'une fille bien et profondément mal dans sa peau. Alors ça me va."
Relevé et le regard vers elle, je dis cela avec une portée de voix lui permettant d'entendre. Un peu loin, mais pas trop. J'avais bien capté le message. Si elle n'allait pas me faire réellement du mal, elle pouvait toujours m'assommer. Et là, c'était échec et mat pour moi. Retour à la case départ. Alors je voulais une petite distance, au moins de quoi me transformer pour esquiver. Me transformer, mais pas m'envoler finalement. Surtout rester à terre, ça rappelle des souvenirs...
"Puis au risque de te contre dire encore, ta colère est pas pareille que celle que j'ai ressentis quand t'a débarqué. Moi j'étais énervé parce que je savais rien. Toi tu l'est parce que tu veux pas que je sache. Et je sais pas encore pourquoi. Désolé, mais si tu voulais le cacher, c'est assez évident. D'un coté, il y a la colère d'un type qui subit une situation qui n'est pas de son fait, et qui fait avec malgré tout. De l'autre, il y a la colère d'une fille qui s'impose son supplice, et qui peut le stopper à tout moment... Qui en a vraiment la capacité, je t'assure."
Je baissais un peu le regard, confus, mais toujours alerte. Qu'est ce qu'elle pouvait bien cacher de si affreux ? Plus cela allait, plus j'étais triste pour elle en fait. Elle se faisait si mal... Confus, je resongeais à toutes ces fois où j'avais refusé de parler du passé... C'était similaire à elle ? Qui pourrait le dire...
"Alors tu veux pas parler, pigé. Juste, promet moi de resurgir de temps en temps. Sans parler si tu veux, juste... passer du temps. Tu te sentiras moins seule comme ça peut être."
Seule, sa distance était comme une prison. Je savais pas comment le dire autrement, mais je ressentais son comportement ainsi. C'était... triste à voir.
"Me force pas à faire des conneries pour que tu reviennes parfois... Si tu veux partir maintenant, je ne te retiens pas... mais ne me forces pas à ça vraiment..."
Une fille triste, une âme en peine qu'il me coutait même de laisser s'envoler temporairement. Mais j'avais pas d'autres idées... Je préférais au moins m'assurer qu'elle revienne, quitte à retenter des choses plus tard... Là il fallait éviter de tout perdre. J'avais déjà ressentit ça, de tout perdre.
Je ne savais pas réellement dire pourquoi, mais lui parler à elle était bien plus simple que de réaliser des choses, pour moi. Et si chaque mot que j'avais dit était resté dans un coin de ma tête, je peinais encore à les assimiler pour mon propre cas. Mais ça cogitait. C'était déjà ça. Je voulais pas en rester là. Si elle me promettait de revenir, je pensais réellement la laisser partir. Si elle tentait de m'assommer... alors on verrais si j'étais tant sans défense que ça... Si elle partait par les toits... c'était là que je m'envolais : mais pas pour fuir cette fois.

awful

Meeting at gunpoint

Il semblait être prêt à tout. Il semblait être invulnérable. Peu importe tes attaques. Peu importe les mots. Il était encore et toujours là. Tu n'avais jamais eu peur d'utiliser la violence. Si c'était le meilleur moyen de le garder en vie, peu importe ce qu'il dirait. Mais tu savais que tu ne pourrais pas le blesser. Pendant des années, tu avais fais en sorte qu'il soit en sécurité. Tu avais traqué. Tu avais tués ceux qui le menaçaient à l'époque. Tu serais bien la dernière personne qui pourrait lui faire du mal. Jamais, tu ne pourrais. Il était de la famille. Tu devais accepter son caractère. Ses qualités comme ses défauts.
Même si les mots qu'il disait te faisait mal, tu savais qu'il était vrai. Tu étais bel et bien perdue. Tu étais seule. Tu menais une vie à ton image. Solitaire. Terrifiante. Tu avais du mal à voir le chemin avec toutes erreurs commises. Tous les cadavres que tu avais fini par dissimulés. Cachés.

Tu savais que tu avais été en colère. Que tu es en colère. Mais par forcément contre Farell. Contre son envie de te sauver, toi. Parce qu'il voulait être là, malgré tout. Malgré les erreurs. Il était encore là. Il avait été témoin de ta part la plus noire. Ta part la plus sombre. Tu pourrais en avoir, des raisons pour être en colère. Tu aurais pu dire que tu étais en colère de Farell à cause de ce qu'il s'est passé. Ce jour-là. A cause de la vie terrible que tu avais été obligé de savoir. Tu avais tellement eu peur. Tu savais aussi que tu ne voulais pas te retrouver celle à cette époque. Tu étais si jeune et tu avais vu tellement de chose. Alors tu avais sauté, tu avais choisi cette vie. Et encore aujourd'hui, tu affrontais les conséquences de tes choix et de tes actes.
Mais la seule personne contre qui tu étais en colère, c'était contre toi. Uniquement toi. Tu étais la seule fautive. Mais c'était plus facile. De rejeter la faute sur les autres. C'était quelque chose d'instinctif. Un vieux réflexe. Tu t'étais forgé ta carapace pour te protéger. Mais avec Farell, elle commençait à se fissurer. Tu ne pouvais pas prendre le risque de la perdre. Tu te retrouverais trop vulnérable. Tu devais rester forte. Aussi bien pour toi que pour ton frère. Vous ne pouviez compter que l'un sur l'autre à présent. Cela serait toujours comme ça. Un point, c'est tout.

Il voulait que tu restes. Pas pour parler. Pas pour discuter. Mais juste pour passer un moment. Mais tu avais assez trainé. Tu étais resté plus de temps qu'il ne fallait. Tu t'étais trop attardé. Tu savais que tu devais le quitter. Il fallait qu'il fasse son chemin et que toi, tu fasse le tien. Séparé. Mais c'était mieux. Mais il le comprendrait. Il ne le comprenait pas. Tu n'avais pas le temps d'essayer de le convaincre. Il avait fait trop de concession. Trop de sacrifices. Il ne voudrait pas. Il était trop têtu. S'il te suivait, cela le conduirait sur des chemins dangereux. Ces mêmes chemins qui le conduiront jusqu'à la tombe.

- Je crois que ce serait pas bien. Aussi bien pour toi que pour moi.

Les derniers mots qu'il prononçait. Le fait qu'il serait obligé de faire une bêtise dans le seul espoir de te retrouver. Tu ne pouvais pas le laisser faire. Mais sa déclaration était si sincère. Si pure. Tu ne pourrais jamais lui dire à qu'elle point tu l'aimes. A quelle point tu admire sa force, cette capacité qu'il a de pouvoir pardonner tous les maux du monde. Chez lui, il y avait encore de la lumière. Elle était toujours présente. Tout ce que tu voyais toi, dans ton propre reflet, c'était la noirceur. Tu ne voulais pas qu'il devienne comme toi. Ce n'était pas une vie. Ce n'était qu'un enchainement acte désespérée. Comme toi.
Tu devais l'empêcher de te suivre par tout les moyens. Il le fallait. Même si cela te soulevait le cœur. Même si cette simple idée te donnait envie de vomir et de te détester encore plus.

- Je suis désolée.

Pas à cause de ce qui s'était passé. Non, pas ça. Mais plutôt pour le coup que je venais de lui donner. Suffisamment fort pour le faire tomber sur le sol. Il finirait par être inconscient et il ne verrait pas par quelle coté je partirais. Alors que je sentais qu'il allait bientôt fermer les yeux, je m'approchais de lui, posant un genou à terre et approchant mon visage du sien. J'étais une mauvaise personne. Je n'étais pas la fille idéale, je n'étais pas la petite sœur idéal. J'étais juste, moi.

- Tu seras bien mieux sans moi, Farell.

Regardant une dernière fois mon frère, je me releva. Essuyant une larme qui avait décidé de filer, je partis sans me retournais une seule fois. Ce que j'avais fais, ce que j'avais été contraint de faire, cela me rendait malade. Faire ça. J'espérais qu'il reste loin de moi. Pour son bien. Faire une croix sur lui pour faire en sorte qu'il ne devienne pas un survivant. Qu'il soit juste lui. Et qu'il ne change jamais.

Meeting at gunpoint

Erin Gallaway

J'avais bon espoir, au moins d'arriver à lui tirer ça. Bon espoir qu'elle se calme au moins un peu... Bon espoir qu'elle me laisse d'autres chances de l'aider, au moins. Dans une vigilance toute relative, le manque commençait à se refaire sentir. Bordel... qu'elle dise juste oui et je filais pour régler ça... Au lieu, elle s'approcha rapidement... Merde... J'ai tenté de me transformer, mais trop tard. Pas assez rapide. Le coup qu'elle me porta était précis. Précisément porté sur un point qui déstabilisait la pression sanguine. Elle cherchait à m'assommer. Le coup était partit et je me sentais déjà flancher en arrière. Heurtant le mur, je me retins d'une main avant de glisser. Manque, douleur, corps qui faiblissait. C'était affreux comme sensation. Assez affreux pour me rappeler une perte de connaissance. La perte de connaissance. Celle dans la grotte... Je voulais pas.. mais ça venais...
"Pas... pas encore..."
Mon dos glissant inlassablement contre le mur, je finis au sol. Une voix plus basse. J'avais déjà les oreilles qui bourdonnaient, et la vue qui se floutait. Tout était floue, comme après une grosse chute, quand on à l'impression de se réveiller dans son lit, un matin. On prend quelques secondes à se rappeler qu'on vient de tomber, et qu'on ne se réveille pas du tout. Sauf que moi, au lieu d'un réveil, je me rappelais d'un couché. Pour vu que le sommeil ne soit pas aussi long...
"Erin... je suis désolé..."
Un dernier murmure délirant répondant à ses excuses à elle, que j'entendis à peine. Des yeux se fermant, sans trop savoir où il se rouvriraient. Ca aussi ça avait un trop gros gout de déjà vu...

********

Au réveil, je suais, j'haletais. Bordel... Inquiet, je relevais un œil pour voir les premières lueurs du jours. Les cadavres étaient toujours là... Putain... Je devais pas trainer. Secoué et ne repensant pas à ce qu'il venait de se passer, je me levais et me transformais. Sac à dos dans mes griffes, je décollais pour rentrer. Mes ailes, un peu trop grandes pour la ruelles, ripèrent sur le béton, éraflant la mosaïque qui la composait. Mais tant pis... je voulais rentrer, m'éloigner des cadavres, prendre ma dose. Je me soignerais bien ensuite. Je filais donc par le ciel sous un soleil montrant ses premiers rayons. Plus de Bellone en vu, forcément. Tant pis... je lui avais pourtant dis de ne pas me forcer à faire de connerie... Mais pour le moment... dose, et sommeil. J'avais pas les idées clairs pour y réfléchir correctement. Mais ça viendrait.

awful